Nous regrettons, au lieu de simplement donner les sources, de ne pouvoir
citer, faute de place, les curieux passages des mémoires de ces auteurs.
Mais nous maintenons fermement que la trouvaille de 1883 à Nabrigas démontre
péremptoirement, par les conditions de son gisement :
! L existence de 1 homme dans la Lozère à l’époque du g’rand ours;
2 La connaissance de la poterie à cette même époque.
C H A P I T R E X X V I I I
GAULOIS ET ROMAINS
Cabales, Volces et Rutliènes.vi- Les femmes galates : histoires de Chiomara et do Camma. —
Conquête de la Gaule p a r les Romains, — Villes et voies antiques. ^ La table de Peutinger.
— Bibliographie. >
Trois peuples gaulois se partageaient le territoire des Causses et des Cévennes.
Au nord, les Gabales, entre la Truyère, le Lot et l’Ailier, occupaient le.
Gévaudan actuel, ayant pour capitale Anderitum (Javols) et pour villes Castrum
Gredonense (Grèzes) et Mi-mate (Monde). -■ A l’ouest, les Butkènes ont donné
leur nom au Rouergue, et Rodez a remplacé Segoldum ou Segodunum. ■— Au
sud-est, les Volces Arécomices s’étendaient jusqu’à Nemausus (Nîmes,) et à la
mer, possédant Condatemagus {près Millau), Vindomagus ( Valleraugue), Luteva
(Lodève), Aganticum (Ganges), Andutia (Anduze), Avicantus (le Vigan)’ .
Du temps de César, les Gabales dépendaient des Arvernes : sub imperio Arver-
norum esse consueverant. Us n ’ont pas d’histoire spéciale, ayant suivi la fortune
de leurs patrons et des Ruthènes.
Les Volces, originaires de Belgique, aimaient les expéditions lointaines. Dans
la première moitié du iv" siècle avant Jésus-Christ, ils franchirent le Rhin et envahirent
la Gaule septentrionale. « Deux de leurs tribus seulement, les Arécomices'
et les Tectosages, parvinrent à traverser le territoire gaulois dans toute sa longueur
et s’emparèrent d’une partie du pays situé entre le Rhône et les Pyrénées
orientales ; les Arécomices subjuguèrent llbérie-Ligurie. entre les Cévennes et
la mer; les Tectosages s ’établirent entre ces montagnes et la Garonne et adoptèrent
pour leur chef-lieu Tolosa. » (A. T h ie r r y , Histoire des Gaulois, livre II,
chap. icr.) Leurs migrations ne s’arrêtèrent pas là : des bandes de Tectosages, vers
l an 281, s’en furent par la forêt Noire (Hercynienne), la vallée du Danube et
1 Ulyrie, guerroyer en Grèce sans succès.
En 278, une portion de ces bandes passa en Asie Mineure et se lit concéder par.
les rois de Bithynie d’immenses territoires : ainsi fut fondé le fameux royaume
logie,ie fascicule de 1887, Mémoire de MM. F raipont et Braconnier sur la Poterie en Belgique à l'dge du mammouth
: Annales de la Soc. géologique de Belgique, Liège, t. XIII, p. 21 ; — Exploration de la grotte de Sm, par
MM. de P uydt e t L o h e s t, Bull, (le la Soc. d'anthropologie p o u r 1887, p. 521 et 600.
de Galatie (Gaule asiatique), dont le nom rappelait la patrie lointaine et qui posa
sa capitale à Ancyra (Angora). Puissants en eux-mêmes, ces Gaulois d’Orient se
mirent successivement à la solde des souverains asiatiques, de Pyrrhus et de
Carthage contre les Romains., ■ ■ _ . ^
Leur prospérité ne dura que jusqu’en 189, jo u r où le consul Cn. Manlius les
battit en un combat sanglant et assura ainsi à Rome la possession de 1 Asie
Mineure. Mais, loin d’user de rigueur envers cette race belliqueuse, énergique,
les vainqueurs ne lui dictèrent que d honorables conditions, voulant à toiit prix
se l’attacher : c’était assez de l’avoir humiliée, il ne' fallait pas la pousser à un
dangereux désespoir, car les Volces et Gaulois d’Asie avaient l’âme grande et le
caractère fortement trempé.
On en jugera par deux traits que rapportent Valère-Maxime, Plutarque et
Polvbe. ■ " _ 1 S|
Parmi les captives de Manlius se trouvait la belle Chiomara, femme d un
tétrarque gaulois. Le centurion qui la gardait, homme violent, lui fît subir le
dernier outrage ; puis, pour racheter le crime, il ménagea son évasion. Pendant
sa fuite, iChiomara ordonna à deux fidèles serviteurs d’égorger le centurion, et
enveloppa la tête dans sa robe. Rendue à son époux, elle repousse ses premiers
embrassements, jette à ses pieds le chef sanglant, et lui apprend à la fois 1 affront
et la vengeance. « 0 femme, s’écrie l’heureux époux, que la fidélité est une belle
chose ! »s. ‘ ? V
Non moins admirable la constance de Camma, prêtresse de Diane, mariée au
tétrarque Sinat. Aimée d’un autre télrarque^Smona:, elle le repousse; la passion
conduisit Sinorix au meurtre de Sinat; puis, sous la pression de sa propre
famille, Camma fut contrainte d’accorder sa main à l’assassin du premier époux
tan t pleuré. Le jour des noces, la belle veuve, souriante et calme, tend à Sinorix,
selon l’usage, la coupe de vin que tous deux vident ensemble : elle était empoisonnée
; Sinat se trouvait vengé, et Camma mourante eut la joie de voir sous
ses yeux l’infâme Sinorix succomber avant elle.
G’est contre les fils de pareilles femmes que les Romains, pendant plusieurs
siècles, eurent à lutter aux quatre coins de leur empire.
En 218, les volces livrèrent passage à Annibal.
‘'Les Ruthènes sont, comme les Gabales, clients des Arvernes. Au n e siècle, lors
de la première guerre contre Rome, ils fournirent au célèbre Bitûit, roi des Arvernes,
vingt-deux mille archers ; les Allobroges s’étaient j-oints aux deux peuples.
En 122 avant Jésus-Christ, le consul Q. Fabius Maximus et le proconsul Domi-
lius vainquirent au bord du Rhône l’armée des Gaulois alliés, forte, dit-on, de
deux cent mille hommes. Bituit, considérant le petit nombre des Romains, s’était
écrié d’un ton méprisant : « Il n ’y en pas assez pour nourrir mes chiens. » Il
n ’en fut pas moins battu : la charge des éléphants romains et la rupture d’un
pont de bateaux mirent le désordre au comble dans les rangs gaulois ; les ennemis
n ’eurent qu’à égorger : douze mille hommes périrent selon Tite Live,
cent cinquante mille suivant Orose. Bituit échappa d’abord, puis fut pris par
trahison et transporté à Rome chargé de chaînes.
Alors le midi de la Gaule fut province romaine, et le peuple allobroge sujet
romain. Deux ou trois ans après, et par extension insensible de la Province, les
Ruthènes mêmes se trouvèrent divisés en deux parts : les indépendants, qui restèrent
groupés autour de Segoldum, et lès provinciaux, annexés avec leur ville d'Al