le plus grand danger des grottes, et rien n ’est plus propre à les provoquer que
les explosions. — Lamine, dans une caverne, ne devra être employée que comme
dernier et suprême moyen de forcer un passage1.
Enfin, pour utiliser tout cet impedimentum et pour réussir à souhait, une équipe
d’hommes déterminés et agiles, à raison de deux par touriste en moyenne , est
plus nécessaire encore que des guides en montagne.
La barque est peut-être l’objet le plus indispensable. L'Osgoodportable folding
canoë (canot pliant portatif) est préférable à tous les autres systèmes. Il se compose
de trois éléments principaux : 1 ° une coque en toile imperméable, pliante et
pourvue de couples ou membrures rigides; 2° deux plats-bords démontables destinés
à tendre la coque ; 3° un plancher mobile en plusieurs pièces, sur lequel se
fixent les sièges. Il marche soit à l ’aviron, soit à la pagaie. Ce n ’est en somme
qu un gros canoë canadien à fonds absolument plats. Ses deux extrémités sont
symétriques. Il ne porte ni voile ni gouvernail.
Ceci dit sur l ’ensemble, passons aux détails.
^ L a cogue, en excellent tissu de coton, épais, serré, fort, sans lin et recouvert
d un enduit spécial imperméable, se compose de deux morceaux semblables
affectant la figure d’un segment de cercle qui aurait pour corde l’axe ou longueur
du bateau. La forme finale, après relèvement des flancs, ne correspondant pas
à une surface développable, on a dû prélever sur le bord courbe de chaque
segment de petits secteurs, évitant les plis et les recouvrements de l ’étoffe. Par
leur côté rectiligne, les deux pièces ont d’abord été cousues l’une à l’autre ; puis
°n a placé les membrures, relevé la toile selon leur courbure, fermé les secteurs
ménagés, et constitué avec un ourlet solide les bords mêmes de la coque. Les
couples sont en orme rouge du Canada ; il y en a onze, de 18 millimètres d’épaisseur
et de 2 à S centimètres de largeur ; leur profil ressemblé à un U majuscule
dont le fond aurait été aplati et chaque branche raccourcie de moitié, puis cintrée
vers 1 intérieur, ou mieux encore à un w grec privé de sa saillie centrale. On voit
ainsi que la carène est légèrement ventrue, présentant sa largeur extrême à la
flottaison. Naturellement les membrures médianes ont une plus grande ouverture
que celles des extrémités. Toutes n ’adhèrent à l’étoffe de la coque que par l’ourlet
des bords, qui recouvre et pince solidement leurs extrémités ; un cordeau qui fait
intérieurement le tour du bateau à peu près au niveau de la flottaison, les maintient,
une fois la toile bien tendue, dans des plans verticaux équidistants, et normaux
relativement au grand axe de l’ensemble.
Quatre tiges de fer (deux de chaque côté) obliques, inclinées de 70 degrés
sur l’horizon, sont rivées aiix cinquième et huitième couples et sous-tendent leurs
reoourbements : c’est pour contre-butter la flexion produite par la manoeuvre des
avirons, qui portent sur les extrémités de ces membrures. Aux deux bouts du
bateau, la toile est cousue et clouée après deux prismes triangulaires en bois disposés
verticalement et recouverts d’une feuille de tôle qui forme étrave. Pour
ployer cette coque et la réduire au volume'd’une valise, il suffit de rapprocher les
couples avec la main, en formant entre eux de gros plis, qui la feront ressembler
à un énorme accordéon.
Arrivons maintenant aux plats-bords. Chacun se compose de quatre lattes de
bois courbé et flexible (orme rouge de Canada; 38 millimètres de hauteur sur 15 d ’é-
1. Pour ma part, j ’y ai provisoirement renoncé. Le pic et la pioche suffisent, tant qu’il ne s’agit pas de forer
un véritable tunnel..
paisseur), s’ajustant bout à bout par des douilles en laiton ; leurs extrémités s’engagent,
en arquant légèrement avec les mains les quatre lattes une fois ajustées,
dans dos encastrements ménagés à cet effet au sommet des étraves de l’arrière
et de l’avant. Ainsi arc-bouté, le plat-bord est appliqué de la manière suivante
contre les bords de la coque, dont il assure la tension : au niveau des couples
renforcés par les quatre montants de fer, il porte une tige filetée formant vis, qui
s’introduit dans un oeillet et pénètre à la fois la toile de coque, l’extrémité de la
membrure et la patte rivée du renfort. Il y a quatre de ces vis qui, saisies et serrées
à l'intérieur par des écrous, constituent le principal trait d’union des divers
éléments du bateau. En outre, pour augmenter l’adhérence de la coque et du plat-
bord, celui-ci est muni de plusieurs paires de lacets, qui traversent des oeillets
jumeaux percés dans la toile et se nouent avec de simples rosettes. On voit qu’en
somme l’étroit plat-bord a pour objet de porter les avirons et de produire la tension
et la rigidité de la coque.
- Le plancher est en neuf pièces (tilleul d’Amérique) : quatre planches , — trois
Bateau d'Osgood monté.
tringles servant à les assembler au moyen de boucles en fer rectangulaires fixes,
■—1 et. deux flancs mobiles ; ses deux extrémités sont elliptiques, et terminées chacune
par un tenon qui s’encastre dans le pied des prismes d’étraves. Pour mettre
ce plancher en place,.on introduit un des tenons dans la mortaise qui doit le recevoir;
on arrive à faire pénétrer l’autre tenon à sa place en maintenant par son
milieu et courbé en arc de cercle tout le plancher, qui se trouve alors arc-bouté sur
ses deux .bouts ; une légère pression de la main suffit pour l’abaisser et lui rendre,
par un effet de ressort, sa forme plane; dans ce mouvement il vient, avec un bruit
sec, s’abattre sur les varangues (partie inférieure et transversale des couples),
et il achève de tendre complètement le bateau, qui peut dès lors être mis à l’eau.
Comme sièges, deux petits pliants très commodes s’adaptent au fond, sans glissement
possible, et d’une manière aussi simple qu’ingénieuse.
La pagaie se démonte eh trois pièces.
Les avirons (en deux morceaux) portent leurs systèmes. Les dames adhèrent
aux plats-bords ; il y en a quatre (deux de chaque côté), et leur place correspond
au sommet des deux membrures renforcées par des tiges de fer.
Deux personnes peuvent monter cette embarcation en moins d’un quart
d’heure ; une seule même y parvient avec un peu d’habitude.
La description circonstanciée qui précède permettra aux spécialistes de saisir
à priori les inconvénients et les avantages particuliers à ce type de bateau.
L’absence de quille le fait virer beaucoup trop facilement, et pour cette raison le
vent devient parfois très gênant; en revanche, dans les remous ou coudes à forts