« Tout est curieux à Saint-Guilhem... C’est u n séjour délicieux pour l'historien,
le poète et l’artiste. » (Baron Taylor, Ch. Nodier et A. de Cailleux.)
A une heure au nord du village, dans la, sauvage combe de ïArbousier que
domine le roc de la Vigne (haut de 712 m.), se trouvent l ’ermitage de Notre-
Dame de Belle-Grâce et' deux grottes. L’une, celle de Baume - Cellier (ait.
344 m.),. longue de 120 à 150 mètres, haute de 24 mètres, attire chaque été de
nombreux touristes de Montpellier, mais ne vaut pas sa réputation. L’autre,
celle du Sergent ( ait.
210 m,), dont nous avons
fait le 5 juillet 1889 la
première exploration et le
plan ( V. chap. XXIII), est
infiniment plus-Curieuse,
quoique inférieure en
beauté à la salle de la
Vierge de Ganges : ses
ramifications mesurent en
tout 1 ,10 0 mètres de développement,
dont 480
pour la principale branche.
A l ’extrémité de cette
branche nous avons rencontré,
â 60 mètres en
dessous du niveau de l’u nique
orifice de la caverne,
une nappe d’eau de
10 mètres de diamètre,
qui paraît s’enfoncer bien
bas dans le coeur de la
montagne ; car la grotte
du Sergent est une source
temporaire, qui coule
quelques jours seulement
par an, après la fonte des
- neiges (plus de deux-semaines
en 1868, 1875 et
Ravin des Arcs : le Grand Arc. — Phot. Chabanon. 1886) ; sa bouche est assu-
■ rément le trop-plein et
elle-même est le réservoir de la fontaine Pérenne (intarissable) de Cabrier, qui
faillit à 1 kilomètre au sud-est et, à 120 mètres en contre-bas (ait. 90 m.),
au bord de l’Hérault. On y remarque, à différents niveaux, dans des dépressions,
plusieurs petits lacs ou bassins, restes du dernier dégorgement par en
haut. Quelques groupes de stalactites ou stalagmites (les Sept Colonnes, le
Dais, les Draperies, la Forêt, le Gros Pilier) feraient honorable figure à Dargilan
même. Le parcours de la grotte est très aisé.
« L ’Hérault sort de l’oolithe par les gorges de Saint-Guilhem-le-Désert, au loin
fameuses, quoique n ’étant point les plus belles de la Cévenne, superbes d’ailleurs,
et l’on y admire un de ces sites méridionaux où l ’herbe, le gazon, les
bosquets, les forêts, la verdure, ne sont rien ; où la pierre, l’eau vive et le soleil
sont tout ; où l’homme aussi n ’est rien ou peu de chose; par des jardins arides,
des murs d’enclos, des moulins, des maisons que le temps a dorées ou brunies et
qui sont de loin semblables au roc. Le fleuve y descend de rapide en rapide,
entre deux parois à pic ou de surplomb, pur, et parfois si serré qu’en dessus de
certains gouffres muets un vigoureux sauteur essayerait de le franchir*. La fin de
ce pas est au Gouffre Noir, sous le pont du Diable, en aval de la cascade de Cla-
mouse, qui jette sur son
onde immobile une fontaine
du rocher : il passe alors,
par 45 mètres d’altitude,
dans une large vallée, domaine
de la vigne et du poudreux
olivier. » (0 . R eclus,).
Dans cette vallée reposent
Aniane (1,582 hab. la
comm., 2,135 aggl.), dont
la célèbre abbaye de bénédictins
fut fondée en 708
par saint Benoît, fils du
comte de Maguelonne ; Gi-
gnac, Clermont-lTIérault ;
mais le causse et le canon
ont disparu, et devant l ’olive
et la poussière notre
sujet nous ramène au nord.
L ’autre route, de Ganges
à Aniane, nous intéresse
moins encore,car dès Saint-
Bauzille dépassé elle ne
voit plus du tout l’Hérault :
elle contemple cependant à
l’est le dernier ressaut des
Cévennes, lé « superbe pic
Saint-Loup, aux vertigineux
précipices », qui, haut de
633 mètres, troue la plaine „R av■i n d. es A. rcs : un gour. — MPhoHt. MChaHbaInon,
comme une corne de 400
mètres de saillie. Une chapelle et les restes d’une tour de Cassini couronnent sa
crête aiguë, d’où la vue est belle. Sa crête orientale porte, à 294 mètres d’altitude,
les ruines importantes du château de Montferrand, des cachots duquel, au moyen
âge,*« on sortait pour être envoyé aux galères, banni du royaume ou pendu2». A
1. Ces gorges,^ absolument impraticables à tout bateau, même au Crocodile, sont moins belles, que celles-
de Puéchabon situées en amont. (V. supra.) — Le moulin de Clamouse existait en 1122. — On construit
en ce moment, a partir de la source de Cabrier, un canal d’irrigation (1888-1892), large de 3m,50 à 5 mètres,
long de 56 kilomètres, dont les tranchées et remblais gâtent tout le paysage. Il doit arroser les campagnes,
d’Aniane et de Gignac.
2. V. J. P ouchist, Excursion au pic Saint-Loup : Soc. lanquedodenne de qéooraphie,.t. III, n03 5 et 6, décembre
1880, 35 p. et pl.