Mais ces fossiles « ne révèlent le plus souvent leur origine que par leur forme
dont les détails se sont plus ou moins fidèlement conservés, pendant qu’à leur
matière se substituait, en tout ou en partie, celle des roches au milieu desquelles
ils se sont enfouis. » (De L a p p a r e n t . ) Ils ont perdu, en un mot, tout caractère
d’organisation, et ne sont plus que des squelettes, des coquilles, des empreintes.
La faune d’un terrain est l’ensemble de ses fossiles animaux; sa flore est
l ’ensemble des fossiles végétaux.
« Pour que les fossiles nous aient été conservés, il a fallu qu’après la mort
les parties les plus résistantes de l’organisme devinssent, par leur enfouissement
au milieu des dépôts protecteurs, totalement ou partiellement préservées de la
destruction qu’elles auraient encourue à l ’air libre. C’est ce qui a dû arriver
d’une manière h abituelle, pour les organismes marins des profondeurs et poulies
espèces qui vivent dans les eaux douces ou saumâtres
■ « Les animaux supérieurs, tels que les mammifères terrestres et les oiseaux,
n ’ont pu être conservés que par exception, quand leurs cadavres, flottés lors de
grandes inondations, sont venus échouer au milieu d’alluvions, ou lorsque les
animaux eux-mêmes, s’étant aventurés soit dans des marécages
instables, soit au-dessus de cavités dissimulées
par la neige, ont été enfouis,' de leur vivant, au milieu
de la vase et du limon.
« D autres fois, des émanations méphitiques, survenant
au bord de lacs ou de sources, ont déterminé l’asphyxie
de vertébrés ou d’insectes, en même temps que
celle des poissons, dont les restes, en pareil cas, se trouvent
réunis en grand nombre sur les mêmes plaqués de
sédiment. Des phénomènes analogues se sont souvent
produits dans les eaux marines où, de nos jours encore,
les violents orages ou les tremblements de terre font
Cristaux de quartz. périr de nombreux animaux. Enfin l’arrivée soudaine
d’une forte proportion d’eau douce dans l ’eau de mer,
ou réciproquement, suffit à déterminer la mort subite d’êtres que leur chute sur
le fond et leur enfouissement ultérieur préserveront d’une destruction totale. »
(D e L a p p a r e n t , p . 7 9 0 .)
La fossilisation est le remplacement total ou partiel de la substance animale
par celle de la roche encaissante ou par les matières q u ’amènent les eaux d’infiltration.
« Lorsqu’un débris organique est enfoui dans une vase argileuse , il y a d’abord
pénétration, par la vase, de tous les vides que ce débris pouvait présenter.
Il se fait ainsi un moule interne en argile. Quant à la matière organique, elle
se décompose lentement, et une partie peut revêtir la forme minérale, comme
c’est le cas pour les combustibles fossiles. La substance d’un animal, avant
de. se décomposer, peut laisser sur l’argile une empreinte et même un enduit destinés
à demeurer.
« Les' vases calcaires qui sont devenues plus tard les plaquettes lithographiques
de Solenhofen (Bavière) ont gardé la trace des plumes des reptiles empennés,
celle des. mâchoires d’annélides, et ju sq u ’à des empreintes d’animaux mous,
tels que les méduses.
« En outre il se p asse, sous la double influence de l’eau et de la chaleur
interne, des phénomènes de concentration moléculaire, pour lesquels lès corps
organiques en décomposition servent en général de centre d’attraction. L ’un
des plus fréquents est l’accumulation de la pyrite ou bisulfure de fe r à la surface
ou dans l ’intérieur des coquilles, comme aussi au milieu des fibres des végétaux
transformés en lignite.
« Dans les dépôts crayeux, la silice, intimement mélangée au calcaire, s’isole
autour des corps organisés. Plus tard, une partie de la silice entrera en dissolution
et viendra former des cristaux de quartz à l’intérieur des valves.
« Lorsque la substance ne pénètre pas dans les coquilles et se contente de les
envelopper, on obtient un moule externe.
« La préservation des structures organiques est remarquablement complète
quand des sources calcaires ou siliceuses ont servi de milieu pétrificateur.
« Le phosphate de chaux a souvent joué un rôle analogue à celui de la silice
et du Calcaire. Tantôt des incrustations de ce minéral ont opéré le contre-moulage
de corps organiques, comme ces curieuses reproductions de grenouilles et de
serpents que M. Filhol a découvertes daus les phosphorites du Quercy, et où,
l’animal ayant été extérieurement moulé par de „d’argile, le vide produit par sa
disparition a été rempli par du phosphate.
« On peut distinguer, dans la classe des empreintes, les empreintes orga-
niqxtes, ^ui ne sont ;ën réalité qu’une sorte de moule externe, comme les impressions
laissées par des feuilles et des insectes ; et les empreintes physiologiques,
qui sont des vestiges de l’activité organique des êtres disparus. A cette
dernière catégorie appartiennent les trous creusés dans' les roches par lès animaux
lithophages (et souvent remplis après coup par un sédiment), les per-,
forations, des tarets, les tubes-servant à l’entrée et à la sortie des annélides
dans un sédiment sableux ou vaseux, les pistes laissées p ar la marche des
vers ou des crustacés, enfin les traces de pas des reptiles, des oiseaux ou des
mammifères.
« Ce phénomène n ’est, du reste, pas particulier au monde organique. Des
gouttes de ptuie ont ainsi laissé leurs empreintes sur certains sédiments vaseux,
tandis que des dépôts, arénacés nous ont transmis, sous forme de rides à la surface
des couches, les traces de clapotement des vagues ipipple marks). » (De L a p p
a r e n t , p. 692 et suivantes.) --.
S t r a t ig r a p h ie e t p a l é o n t o l o g ie . — Nous avons vu que la géologie ou plutôt la
géognosie' recherche 1 âge relatif des diverses couchés de terrain superposées e t
fait leur histoire et leur description complètes.
Sa méthode est double, ce qui lui permet le contrôle.
Elle a, en effet, deux sortes de matériaux à analyser :
Les uns inorganiques, les minéraux, les roches et les.métaux.
Les autres organiques, les animaux et les végétaux.
La première méthode, dite stratigraphique, tire ses déductions de l’examen
même du sol, à l’aide de la stratigraphie, de la lithologie \V . p. 304) et même
de la minéralogie. Elle précise les rapports mutuels déposition des roches.
La seconde, dite paléontologique, trouve ses conclusions dans l ’étude des fossiles
par la paléontologie et la paléophytologie. Ces deux méthodes ont chacune
leurs principes tirés de l ’ensemble des faits expérimentalement reconnus.
"Voici le principe de la stratigraphie :
L’épaisseur des dépôts sédimentaires augmente sans cesse par le haut, et le u r