une vaste enceinte de roches crénelées haute de 280 à 300 mètres, un sentier
mène de Tournemire, le long duquel il n ’y a rien à admirer que la vue étendue
du signal de Cougouille (912 m.).
Sainte-Eulalie n ’a gardé que quelques restes des remparts de sa célèbre com-
manderie fondée en 1188. A 4 kilomètres de Tournemire, le chemin de fer
monte au seuil ou col des Poiriers (881 m.), pour redescendre dans le bassin
de la Sorgues, le long du ruisseau de Lavadou. Les escarpements du Larzac
continuent à se dresser à gauche, entre 230 et 350 mètres plus haut.
•La station suivante, S a in t-J e a n -e t-S a in t-P a u l.(499 m.], est à 3 kilomètres
au nord-est des ruines intéressantes ( x i i i ° et xve siècles) de l’abbaye de femmes
de Nonenque (fondée en 1248 ou en 1145), pittoresquement enfoncée dans un
très profond ravin (446 m.).
De Nonenque, un agréable détour par la jolie vallée de la Sorgues et la route
de Saint-Affrique au Yigan ferait regagner le chemin de fer à Montpaon-Fon-
damente, vieux château ruiné (939 hab. la comm., 780 aggl.). De là, magnifique
excursion, d’une journée à Cornus, la source de la Sorgues, l’avenc du
Mas-Raynal-et le Bois-Guilhomard.
Entre Montpaon et Cornus, la route s’élève d’environ 250 mètres sur la rive
droite dé la Sorgues.
Cornus est un chef-lieu de canton de 1,614 habitants (la comm., 715 aggl.),
dont le juge tle paix doit se trouver bien isolé du monde; le village, qui fut
baronnie au moyen âge, dans une niche du Larzac profonde d’environ 80 mètres,
est un des plus pittoresques de la région : le mur du causse l’entoure de trois
côtés, et une forte source rappelle celle de Burle. (F. p. 33.) Sa position mérite
une visite ; de plus, on y déjeuné bien.
Après l’escalade de la conque où repose Cornus, la route se subdivise : la
principale branche, à travers le causse solitaire, ondule entre 700 et 800 mètres
ju sq u ’à Sauclièrés (F. p. 193) ; l’autre bras rejoint à Fest, et près de la Pezade,
la route dé Millau à Lodève.
Avec la carte de Fétat-major ët le Guide Joanne, on trouve sans peine l’excellent
chemin qui, de Cornus, descend en une heure à la fontaine de la
Sorgues (630 m. d’alt.).
Derrière un moulin, parmi le plu s luxuriant/fouillis de verdure, elle jaillit
du roc même, en vraie rivière, toujours froide; car sous la surplombante
falaise de 120 mètres de hauteur, et à travers les dômes épais des grands arbres,
le soleil ne pénètre jamais, et l ’ombre fraîche règne perpétuelle. Le Tarn lui-
même n ’a point d’aussi exquise fontaine sur ses rives. A Bramabiau, c’est la
sauvagerie, le tumulte, l’étrangeté, le cataclysme. Ici, le poème champêtre, le
murmure joyeux, la source classique, la nature simple, quoique grande! Charm
an t vallon discret et calme, où plane la plus douce rêverie !
Yirgile.eût fait en ce lieu de bien beaux.vers!
« J ’ai vu à l’étiage les sources des deux Sorgues : l ’une, illustre entre toutes,
la fontaine de Yaucluse; l’autre, inconnue ou à peu près, celle de la Sorgues
du Larzac; et j ’avoue tout bas que je reviendrai à cette dernière plutôt qu’à la
fontaine de Pétrarque. » (A. L e q c e u t r e . )
Par-dessus l’admirable fo u x , un sentier monte raide au hameau du Mas-
Raynal (746 m., au sud-ouest), à vingt minutes au sud duquel bâille le plus
fameux avenc de tout le Larzac (785 m.). Entourée d’un petit chaos de roches où
l’on distingue quelques aiguilles et .une ogive naturelle, bordée de pins et ar
brisseaux, sa bouche immense et noire ne peut être abordée qu avec précau tio n .
un faux pas sur la mousse humide m ènerait droit où va la pierre, q u e l on n e n tend
pas arriver au fond, [à 200 mètres de profondeur, disent les paysans, dans
la rivière souterraine qui alimente la puissante Sorgues, car ils ont remarqué
qu’après les orages les eaux de la fontaine deviennent rougeâtres comme les
terres qui environnent le haut gouffre. Qu’y a-t-il de fondé dans leur déduction?
Faute d’avoir été interrogé directement, l’avenc du Mas-Raynal n a pas
encore répondu à cette question. On y descendra quelque jour, et l ’on verra ou
Mourèze. — De s s in d e P ru d e n t, p h o t. Ch ab an o n .
.(Communiqué p a rle Club alpin.)
il conduit les pluies; mais on ne saurait déboucher par la Sorgues, car elle
n ’est pas issue d’une caverne ; un bouillonnement de fond la livre au jo u r par
les fentes de pierre, où l’onde seule sait se glisser.]
Entre crochets nous laissons subsister le texte primitif du manuscrit donnant
l’impression de notre première visite (1885) : on a vu (p. 77) que depuis
(le 7 juillet 1889) nous avons réussi à descendre dans l’abîmé du Mas-Raynal,
profond de 106 mètres seulement; nous y avons rencontré et suivi pendant 130
mètres environ un petit lac très ramifié sous des voûtes basses et un torrent
puissant; selon nos .prévisions, nous n ’avons pu, à cause de l ’étroitesse de la
fente, sortir à la Sorgues, qui voit le jour à 2 kilomètres et demi vers le nord-
ouest; mais la direction du courant et l’égalité de température (10 °,5 dans le