tapissés de verdure et ombragés d’arbustes sauvages, de chèvrefeuilles et de
clématites gigantesques, qui n ’y laissent pénétrer qu’un demi-jour
« Ces couloirs conduisent tantôt sous un pont naturel qui rappelle le pont
d Arc, tantôt dans un cirque de 15 à 20 mètres de diamètre, tantôt dans un
délicieux boudoir. Mais soyez circonspect en vous aventurant dans ces retraites
mystérieuses qui vous invitent aux plus douces rêveries. >. (J. Dalmas, M n é ,
ratre du geologtie dans l Ardeche. Paris, 1872, in -8°.)
« Ces tours accouplées, aux larges bases, et entre lesquelles semble s’ouvrir
quelque porte triomphale, ces socles énormes sur lesquels se dressent de colossales
ébauches d animaux, là un chien d’un dessin presque achevé, ici une lourde
tortue marine, un peu plus loin quelque forme empruntée à la faune antédiluvienne
ou a la statuaire antique, donnent à ce chaos de roches l’aspect d’une
r f Ï Ï m u ° I1Unî en,l a f ’ mterromPue dans sa genèse par la génie malfaisant et jaloux. fureur de uq uelquue
« Il y a de tout dans ce désordre d’une indescriptible magie, que la végétation
recouvre de son manteau bigarré.
« L on peut y voir sans trop d’effort les ruines d’une civilisation éteinte
comme celle qui etale encore les splendeurs de son passé fabuleux au milieu des
broussailles e t des palmiers, là où fut Ong-Kor-la-Grande, la souveraine à jamais
decouronnee du Cambodge. • . . . . . , ; •
« On ne retrouve pas dans ce dédale de monolithes blanchâtres, usés par le
temps, ces purs chefs-d oeuvre de l’art humain, qui se traduisent, dans les merveilles
de 1 architecture orientale des belles époques, par la richesse des bas-
reliets, des sculptures et d une ornementation poussée jusqu’à la profusion.
« Mais on est saisi d’étonnemenf à la vue de ces assises cyclopéennes, de ces
piliers énormes, de ces entablements puissants, qui peuvent lutter, par la grandeur
et le nombre, p a r les formes et par le décor extérieur qu’elles engendrent
avec les ruines des grandes cités disparues du vieux monde asiatique.'
« bi, par la pensée, 1 on pouvait substituer aux vieux chênes de notre Europe-'
aux arbustes et aux lianes de notre région tempérée, les fûts élégants de l’arec’
les touffes épaisses du latamer et les sombres fouillis du figuier des pagodes
c est a peine s il manquerait à l’illusion de ce tableau féerique l’éclat d’un cieî
plus doux et plus lumineux. » (P. d’Ajæigny.) ’
« A chaque pas que l ’on fait, des grottes, des portiques; des ponts naturels,
des rochers penchés ou écroulés les uns sur les autres, tantôt tout blancs tantôt
couverts de verdure, apparaissent comme une espèce de fantasmagorie à travers
le feuillage des chênes, où, sous l’ombrage mystérieux, mille accidents de
lumière produisent des effets ravissants. » (J. De Malbos, dans l’Annuaire de
Largentiere de 1855.)
« De l’étymologie de Païolive je n ’ai que bien peu de chose à dire, car elle
est des plus hypothétiques, et je n ’ai pu mettre la main sur aucune explication
quelque peu plausible de l’origine de ce nom, qui paraît cependant assez ancienne.
, « Un a propose de faire dériver Païolive de Pagus Relviorum, ce qui me paraît
a la lois un peu ambitieux et d’une justification difficile au point de vue historique
et géographique
« L étymologie Pagus olivarum a été proposée, fort timidement d’ailleurs, par
un ingénieux chercheur ardéchois à qui je soumettais mon curieux désir de trouver
cette étymologie. Mais il faut bien reconnaître qu’elle ne satisfait point complètement
la raison : car si l ’olivier est cultivé dans cette région, comme dans
tout le bas Vivarais, à une faible altitude, cette culture ne semble avoir jamais
eu ou pu avoir, dans les rochers de Païolive, un développement propre à justifier
cette appellation spéciale et caractéristique.
« Toutefois cette étymologie a pour elle une certaine vraisemblance et un rapprochement
des plus naturels entre la forme latine et la forme actuelle du nom
de Païolive. Enfin il existe peut-être une certaine analogie de forme et de consonance
entre les mots patois peyro levado, pierre levée, en breton peulven, et
le nom de Païolive.
« Dans sa plus grande longueur, c’est-à-dire du nord-ouest au sud-est, de
Combevie à la Rouvière, le Bois-de-Païolive n ’a que 4 à S kilomètres en ligne
droite, et dans sa plus grande largeur, de l’ouest à l’est, il a environ 3 kilomètres
e t demi.
« Le bois de Païolive est situé de telle façon qu’il s’étend, avec ses dépendances
naturelles, sur quatre communes : Chassagnes, Çasteljeau, les Assions et
Berrias.
« Sa superficie, qui représente environ 1,300 hectares, est divisée en une quantité
de parcelles, dont les plus grandes ne dépassent pas 6 à 8 hectares pour le
même propriétaire.
« Ces parcelles, dans lesquelles poussent, au milieu des anfractuosités, des bancs
de calcaire compact ou des blocs éboulés, des chênes d’une assez helle venue,
mais dont la plupart n ’ont aujourd’hui que de faibles dimensions, portent le nom
local de buissières. Ce nom est appliqué dans nos montagnes aux localités rocheuses,
irrégulièrement boisées ou complantées d’arbres rabougris auxquels on fait
la rante, c est-à-dire que 1 on ébranche périodiquement pour en tirer des fagots.
: « Lorsque ces bois sont exclusivement plantés de chênes e t soumis à un aménagement
quelconque, ils prennent souvent le nom de rouvières, que portent
un assez grand nombre de localités dans le Midi.
« Païolive a conservé quelques chênes assez forts dans certains quartiers, qu’ils
décorent admirablement. Mais je n ’en ai pas rencontré qui ait plus de l m,20 à
l m,S0 de circonférence. » (P. d’Albigny.)
Le chaos du Bois-de-Païolive est partiellement esquissé sur la carte de l’état-
major au 80,000° (feuille d’Alais n» 209, angle nord-est), entre les Vans, la rivière
du Chassezac ( V. p. 287) et Berrias; mais son nom n ’y figurait pas avant 1888,
quoique la chapelle Sainl-Eugène y soit inscrite. ( V. ci-après.)
Si sa. surface a plus d étendue que celle de Montpellier-le-Vieux, ses cirques
et monuments naturels .sont de dimensions bien moindres, à peu près dans la
proportion du simple au triple, soit 3 0 .mètres au lieu de 100 pour les plus
hautes roches. Dans les détails, écoutons encore MM. Lequeutre et d’Albigny :
« Figurez-vous une immense table de calcaire à grain très fin, qui, soulevée
par de gigantesques pressions latérales, se serait étoilée en retombant sur place,
et dans les fissures de laquelle se serait développée une magnifique végétation-.
Entre des roches grises aux strates régulières, modelées par le gel, p ar les eaux,
des rues nous conduisent à des cirques aux gradins en retrait, à des théâtres
antiques, aux ruines de temples hindous, kmers ou javanais. Ici, ce sont de
larges boulevards, à la chaussée parfaitement nivelée, bordés de frênes, do
chênes, de tilleuls, et traversant des cités en ruine; plus loin, c’est la Rotonde,
grande salle de forme ovale ; au fond, entre deux monolithes, s’élève une estrade