niant petit cloître roman et ogival, bien conservé, sert de frais promenoir en été •
dans 1 église se range le foin ; la salle eapitulaire subsiste aussi, lit ces restes austères,
appropriés sans dégradation à leur moderne u sage, ne manquent pas de
cachet dans leur solitude. Fondé à la fin du x ir siècle, le monastère fut supprimé
en 1772 ; les constructions subsistantes datent du xu* au xv* siècle. Aux
environs se voient plusieurs dolmens1.
La route nationale d’Espagne et de Perpignan à Paris, après avoir dépassé
Lodève, ne s élevait jadis sur le Larzac, dans la direction de Millau, que par un
très long détour vers l’est. Elle quittait la Lergue à Soubès (266 ml), traversait
le beau cirque calcau-e de Samt-Elienne-de-Gourgas(300 m . ; 448 hab. lacomm.,
aggl.), liseré de cascades, aux gradins chargés de châtaigniers, profond de
45o mètres, large de 4 kilomètres et appelé la Fin du mondey atteignait le pla-
teau à Saint-Pierre-de- la-Fage (627 ni.), e t se recourbait là à angle droit au
nord-ouest vers le Caylar, en laissant à droite la route du Vigan par Madières.
Tout récemment rectifiée, elle suit maintenant, droit au nord, la rive gauche
de la Lergue (dont les flots roulent beaucoup de galets de basalte noir arrachés
aux volcans éteints d’alentour), par Soubès et Pégairolles (310 m.), effectuant
peut-être la plus grandiose escalade de causse qui existe : le pas de l’Escalette.
En larges méandres, elle se hisse"; magnifiquement dominante, entre les grandes
murailles qui resserrent de plus en plus le défilé de la Lergue ; ce qui lui donne
plus de beauté qu’à^ aucune des voies tracées aux flancs' du Sauveterre, du
Méjean et du Noir, c est que la rivière chante en contre-bas parmi les arbres
ravine alpestre emboîtée dans le fond d’un canon caussenard. Les dolomies
supérieures ont 120 mètres de hauteur, et derrière leur sommet des chaos de
pierres (nommés dans le pays le Roc) rappellent un peu Roquesaltés ou Madasse.
Vers la source de la Lergue, que,cache à l ’ouest un pli de te rra in , un petit
cirque se reeourbe, un puits plutôt, au fond duquel le voyageur est surpris de
voir bondir du terrain calcaire la vigoureuse cascade de TEscalettè, qui moud
le blé du moulin du Viala (éboulement récent). A 623 (ou 616) mètres le vallon
de la Lergue se clôt : les roches, de 80 mètres de hauteur, ne laisseht qu’un
étroit passage à la route seule-; c’est un portique, un pylône égyptien, le pas de
l escalette, plus architectural encore que le roc de la Bôuillère à Meyrueis Trop
court est ce corridor géant, qui légitimerait à lui seul le voyage à Lodève, si
»orgues n ’était sur la route et Mourèze tout à côté ; et derrière, changement à
Va^ ° ’ i^us d’eau, plus d ’arbres; à gauche, on laisse Saint-Félix-
de-l Héras (103 hab. la comm,, 47 aggl.), d’où un sentier descend au vallon de
1 Urb, né dans les mêmes prés que la Lergue ; puis, à 3 kilomètres du pas, on
atteint 753 mètres d’altitude, et le causse morne recommencé. On ne le quitte plus
jusqu’à Millau, distant encore de 40 kilomètres (59 de Lodève). A pied, ce parcours
est trop ennuyeux pour être possible; en voiture, il n ’y a qu’à’dormir,
hur place, n en à voir de plus que sur la carte ou le Guide Joanne : le Cayla
r (714 hab. la comm., 679 aggl.), chef-lieu de canton, autre exil de juge de
paix, route du Vigan, débris de remparts et vestiges de voies romaines ; — à la
Fezade 0 8 1 m -)> auberge, gendarmerie, routes de Cornus et du Mas-Raynal à
1 ouest, limite de TAveyron et de l’Hérault, pierres, taillis, rochers, pâturages,
W K Ê i B o u rq u e lo t, Notice sur le prieuré de Saint-MicheLde-Grandmont, etc. •• t. XX I des Mémoires de la
des pniùrn ^ lf u(P‘es ( Frangé, séance du 29 décembre 1851 ; — V i n a s , Mémoire sur l des environs es monuments druidiques de Lodève; Lodève, in-8», 1866. ■ . •
monotonie, laideur, bâillement, spleen! |j^A 710 mètres, croisement de la route
de Saint-Affrique—Cornus—Sauclières—le Vigan; — l ’Hospitalet (511 hab. la
comm., 511 aggl.).,. et rien; — plaine du. Temple -(797 m.), piètre hameau
dont le nom rappelle les templiers et les hospitaliers de Saint-Jean (en 1158, le
vicomte de Millau donna le Larzac aux Templiers ; en 1312, le pays passa aux
mains des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem , ou de Malte) ; — à 833 mètres,
le point culminant de la ro u te ;—; la Cavalerie (800 m. ; 1,333 hab. la comm.,
1 ,2 2 1 aggl.), débris du mur d’enceinte, carrefour de la route de Saint-Affrique
à Nant ; W encore 12 kilomètres de solitude mortuaire. -—. Soudain, à un
coude, réveil en su r s a u t, sensation de tomber dans un précipice : adieu le
triste plateau, revoici la vie ! A 400 mètres de profondeur, le Tarn et la Dourbie
Le Roc (Larzac). — Phot. J. Vallot.
brillent au soleil, Millau bourdonne, la locomotive siffle ! Au grand galop, en
bas de l’attractif bassin ! Arrière le Larzac, son pôle répulsif !
Pour les archéologues seulement il reste à noter deux points : 1° La Couvertoi-
rade (736 hab. la comm., 252 aggl.), à 4 kilomètres ouest de la Pezade, la
mieux conservée de toutes les commanderies du Larzac, avec ses remparts du
xiv* siècle aux trois quarts intacts, construits par les hospitaliers de Saint-Jean
de Jérusalem1, entourant le village presque entier, non moins intéressants que
ceux de Sainte-Suzanne (Mayenne) ou Provins (Seine-et-Marne), surprenants
surtout à retrouver dans cet isolement de désert, si bien qu’à la vue de « cette
enceinte brunie par le temps, qui cache aux yeux les habitations intérieures, le
voyageur, après avoir pris plusieurs fois des rochers pour des bourgs, est tenté
de prendre ce bourg pour un rocher et de passer o u tre2. » Le baron de Mira-
1 . V. A. M o n te il, Description du département de TAveiron. An X ; réim p rim é à Villefran ch e, 1 8 8 3 .
2. V. H. V ig u ie r , Une Cornmanderie des chevaliers du Temple sur le Larzac : Bull. de la Soc. languedocienne de
géographie, 1 . 1 " , 1 8 7 8 - 7 9 .