livre tout entière à une large et magnifique chute de 15 mètres de hauteur. ( F. la
gravure.) De part et d’autre de la cascade, le village et ses moulins se sont bâtis
à l’ombre, et peut-être la main humaine n ’est-èlle pas restée étrangère à l’établissement
de cette coupure; dans la boucle asséchée, dans l’ancien lit abandonné,
il y a quelques céréales et vergers, maigre richesse du hameau.
C’est du bord du causse de Blandas, et notamment du point 642, que l’on admire
dans toute sa beauté ce site, qui deviendra célèbre un jour, quand une route aisée
de voitures aura été tracée, en haut ou en bas, de Madières à Novacelle, et évitera
la lenteur et la fatigue pédestres du cheminement de la Vis ou de l’ascension du
plateau ardu. Car entre les deux villages il reste, au choix, 15 kilomètres et
dix-neuf méandres de rivière à longer, ou bien 300 mètres de causse à gravir
puis à descendre, avec 5 kilomètres à franchir d’un escarpement à l’autre.
Quoique un peu lassante, la course du canon de la Vis est superbe à faire, même
après celles des gorges lozériennes.
Madières est à 223 mètres d’altitude; le Larzac, au sud, a 373, 364 et 568 mètres;
le causse de Montdardier, 563 et 672. Sur le pont du village passe la grande
route de Lodève auVigan (p. 199), qui d’un plateau à l’autre s’abaisse, entre les
fourrés de buis, de 339 mètres, jusqu’à la Vis, pour remonter d’à peu près autant
dans la direction septentrionale de Rognes et Montdardier (pierres lithographiques).
Des deux parts, ses lacets offrent de beaux points de vue. Si les itinéraires
dans la région des Causses comportaient le parcours de Lodève au Vigan, ce
serait un véritable charme que celte traversée du val de Vis.
A Madières, le canon cesse, le vallon s’évase, les mûriers et les vignes font
leur apparition, et la rivière tourne au nord-ouest, direction qu’elle conserve jusqu’à
son confluent avec l’Hérault (ISO m. environ d’alt. et 17 kil. de distance); à
gauche (nord-ouest), elle est dominée par les pittoresques crêtes calcaires des
rochers de la Tude (896 m.) et à'Anjau (865 m.), points culminants du quadrilatère
montagneux qui sépare l’Hérault, l’Arre, la Vis (Gaoges, le Vigan,
Madières), tout percé de grottes et abris préhistoriques, tout semé de verdoyantes
villas, de cabanons où, de Montpellier même, les citadins du Midi viennent chercher
en été l’ombre et la fraîcheur. | J A droite (sud-est) se profile en l’air la sierra de
la Séranne, attachée au Larzac sous le méridien même de Madières (F. p. 197),
haute de 782 mètres à Peyre-Martine et de 943 mètres au Roc Rlanc.
Sur son flanc sud-est coule, parallèlement à la Vis, le ruisseau de Buèges,
tributaire de l’Hérault, qui lui-même baigne les pentes nord-orientales de la
Séranne, mais descend dans un sens absolument opposé à celui de ses affluents,
que la montagne sépare.
« Si les auberges y étaient mieux pourvues et si les villages présentaient plus de
ressources, Madières serait un excellent centre d’excursions.' Une route de voitures
le relie à Ganges et suit fidèlement le thalweg, sur l’une ou l’autre rive alternativement.
Les belles eaux vertes de la Vis, qui coule à pleins bords malgré la
sécheresse, les bouquets d’arbres qui la bordent, les grandes murailles des
rochers de la Tude et d’Anjau, font de ce tranquille vallon un des plus beaux et
des plus charmants paysages que l’on puisse imaginer. De distance en distance,
on aperçoit sur la rive droite la crête blanche de la Séranne. Ce n ’est pas grand
comme les gorges du Tarn, mais c’est une de ces délicieuses promenades que
l ’on voudrait pouvoir faire souvent et pendant lesquelles on flânerait tout à
loisir. » (A. L equeijtbe.)
De Gorniès (7 kil. de Madières; 446 hab. la comm., 159 aggl.), on fait en
deux à trois heures la rude et chaude escalade du Roc Blanc, très pauvre en
chemins frayés. Le panorama en est splendide : à l’ouest, le canon béant de la
Vis et l’immense Larzac ; au nord, les monts du Vigan, que l’Aigoual couronne
comme un diadème ; au nord-ouest, le soleilleux bassin de Ganges, dont la
verdeur et l ’industrieuse animation contrastent profondément avec les roches
chauves et désertes d’alentour; au sud-est, plusieurs plans : d’abord le secret
ravin du Buèges, en contre-bas de 600 à 700 mètres; puis le plateau du causse
Cascade de la Vis, à Novacelle. — Phot. Chabanoa.
(Communiqué par le Club alpin.)
de la Selle, qui sépare le Buèges de l’Hérault ; ensuite la gorge moyenne du fleuve ;
enfin les plaines de Montpellier, à l’entrée desquelles se dresse la corne aiguë
du pic Saint-Loup (633 m.); au sud, la Méditerrannée (à 11 lieues seulement)
et le ciel confondent leurs deux bleus jumeaux dans la courbe d’un horizon
distant de 117 kilomètres.
La Séranne est aujourd’hui très dénudée, privée de ses forêts de chênes blancs,
que les charbonniers ont toutes consumées; le buis seul y reste vivace et
pousse en véritables arbres ; coupé, toujours il se reforme, en deux ans à peu
près. Il ne compense pas toutefois la suppression des chênes et des frênes. P a r la
crête même de la Séranne et le village do Cazillac, on peut descendre tout droit
à Gànges.
Cependant la Vis vaut bien d’être suivie ju sq u ’au bout.