J urassique. — Le bajocien (oolithe inférieure] comporte :
1° La zone à Ammonites Murchisoni (calcaires à fucoïdes d’E. Dumas), calcaire
gris foncé bien stratifié, avec veines de chaux carbonatée et des lits de marnes
très argileuses, pauvre en fossiles ;
2° Des calcaires à pentacrines (calcaire à entroques) et des dolomies ; le tout
gris, noir, jaune ou même rouge, à cassure cristalline et fétide.
Le bathonim (grande oolithe) débute par la zone à Pholadomya Murchisoni,
calcaires gris clair mouchetés de blanc, à-cassure conchoïde, contenant les
stipites ( V. ci-après), très développé dans les vallées du Trévesel, de la Dourbie,
de la Jonte ; — se continue par les grandes dolomies massives, sans stratifications
et sans fossiles, puissantes de 100 à 20û mètres, qui forment les plus beaux
escarpements des CaussesBEll se termine par le calcaire à Ammonites macroce-
phalus, bancs minces à facettes nacrées. Calcaire oolithique coralligène.
Cet étage possède les fameux lignites des Causses, ou charbons de S’époque
secondaire. —j Sur le Larzac, « aux environs de Millau, notamment à la Cavalerie
et à laL iq u isse , des couches généralement minces, mais exploitables, d’une
houille sèche ligniteuse s’observent dans l’étage bathonien. Ces lignites font
partie d’un ensemble de couches fluvio-marines épais de 30 mètres et reposant
sur une dolomie, tandis qu’il est recouvert par des calcaires compacts en dalles,
probablement calloviens. Les lignites se trouvent à la fois dans l’Aveyron' et dans
le Gard, où on leiir donne quelquefois le nom de stipites, créé par Brongniart,
à cause des débris de tiges de cycadées qui prédominent en général dans les
combustibles de l’ère secondaire. » (E. Dumas ; de L apparent, p. 989.) On en trouve
aussi sur le pourtour du causse Noir, à Peyreleau, Lanuéjols, Trêves et Revens.
Dans 1 & callovien s’observent trois zones de marnes diverses, différenciées par
leurs ammonites (Macrocephalus, Anceps, Coronatus) et bélemnites respectives;
elles sont rudimentaires sur les Causses, et bien développées autour d’Alais et
d’Anduze. — M. Fabre donne au callovien plus d’extension que M. Jeanjean.
(V. Bull, de la Soc. géologique, 3° série, t. XVII, p. 331.)
P o u r Voxfordien, trois zones :
1“ Ammonites cordatus et transversarius : calcaire gris marneux ;
2° Ammonites bimammatus (étage argovien inférieur) : calcaire marneux'et
schisteux gris ou jaune, marnes bitumineuses, fossiles rares ;
3° Ammonites polyplocus1 (étage argovien supérieur) : bancs minces à cassure
abrupte, calcaire gris.
Ici, petite controverse : M. Jeanjean croit que l ’ammonite polyplocus appartient
à l ’oxfordien supérieur. Au contraire M. Fabre, dans sa coupe de la Tes-
sonne, Je place au sommet du rauracien (corallien)5.
Le corallien a deux zones, d’après M. Jeanjean :
1 ° Terebratula janitor et cidaris glandifera, calcaires massifs, ruiniformes, mal
stratifiés (environs de Ganges) souvent dolomitiques1;
2“ Terebratula moravica et diceras lucii, calcaire compact jaune ou blanc
crayeux avec polypiers et dolomies (200 m. à la Séranne), « le plus haut terme
1. V. H é b e r t , Bull, de la Soc. géologique, 18 novembre 1872; — Dj e u l a f a i t , Bull, de la Soc. géologique,
3e série, t. VI, p. 111; — J e a n j e a n , Oxfordien des Cévennes : Association française pour l’avancement des
sciences, Montpellier, 1879.
2. Bull, de la Soc. géologique, 3° série, t. XVII, p. 331,1889.
3. D e R o u v i l l e et T o r c a p e l , Bull, de laSoc. géologique, 2e série, t. XXIX, p. 687.
de la formation jurassique des Céyennes. » ( J e a n jea n .) Au contraire, Zittel et
d’autres savants tiennent ce niveau pour tithonique1.
En effet, à propos du jurassique supérieur (kimmeridgien, portlandien, pur-
beckien, virgulien, etc., ou tithonique), les géologues sont, pour les Cévennes, en
désaccord;complet; :Qu’on en jpge ; _ -
<( Les affleurements tithoniques (portlandien e tp u rb e çk ien )... se poursuivent
aux environs de Sumène, de Ganges et de Saint-IIippolytè... Ce sont des calcaires
massifs et ruiniformes, d’une puissance comprise entre 80 et 300 mètres, qu 011
désigne ,sous, le nom de Banne ou Bannelle. On peut les suivre presque sans
discontinuité depuis l’Ardèche, par Saint-Ambroix, ju sq u ’à Ganges. » (De L app
a r e n t , p. 1007.))- __^ ^
« Le calcaire ruiniforme, épais à Ganges de 200 mètres, se relie de la manière
la plus nette au calcaire blanc crayeux du bois de Mounier et de la Séranne.
Ce calcaire est puissant'de 300 mètres dans cette dernière localité... Les calcaires
blancs coralligènes de Ganges sont superposés aux calcaires massifs ru iniformes
et dolomitiques et établissent le passage graduel de la faune oolithique
à la faune infra-crétâcée, par l’intermédiaire des calcaires à Terebratula
diphyoïdes. » (F. P a r r a n , Bull, de la Soc. géologique, t. XI, p. 843.)
« 11 y a dans l’Ardèche un passage gradué, 011 peut même dire une continuité
véritable:,dans les sédiments et dans les faunes entre la série du jurassique
supérieur et la série néûcomienne. Là présence dans les calcaires massifs ru iniformes
de types précurseurs des types néocomiens cessera de surprendre si
ljon réfléchit au rôle prépondérant que les dépôts et la faune néocomiens ont
joué dans le sud-est de la France. Avant d’atteindre sôn épanouissement, la
faune néoeômienne, si riche et si caractéristique, a dû s’enraciner et puiser les
premiers éléments de sa sève dans les dépôts jurassiques supérieurs. » ( P a r r a n .)
La localité de Berrias, près des Vans (Ardôche), offre le type d e là zone de
passage entre le jurassique et le crétacé... Ses premières assises s’échelonnent
du callovien au séquanien... On observe au Bois-de-Païolive un calcaire
blanc compact, en bancs épais do 30 mètres, d’aspect ruiniforme, parcouru
de grottes et de labyrinthes,) coupé de grandes fissures verticales qui le divisent
en masses cubiques irrégulières » (E. D umas), mais très pauvre en fossiles.
Ce calcaire a souvent été qualifié de klippenkalk, à cause de son analogie
avec le calcaire de ce nom, qui, dans les Carpathes, donne naissance à des
escarpements caractéristiques. Ce calcaire ruiniforme supporte un calcaire marneux
gris clair, remarquable par plusieurs blancs de calcaires bréchiformes et
caverneux. Enfin au sommet apparaît le calcaire de Berrias proprement dit,
épais de 80 mètres au moins, et remarquable par ses caractères de transition.
( F . de L a p p a r e n t , p. 1006.) En 1846, E. Dumas croyait le Bois-de-Païolive
oxfordien.
MM. Dumas, Vélain, Coquand, Hébert, de Sarran, etc., ont longuement discuté
pour savoir si les calcaires blancs de Ganges étaient coralliens ou kimrae-
ridgiens.
De son côté, M. Jeanjean s’exprime ainsi : « Il existe une lacune considérable
entre le dernier étage jurassique e t le plus inférieur des terrains crétacés. Emi-
1. Rappelons que la création du lithonique est due au géologue allemand Oppel, qui, en 1865, supprima
le corallien, mit la zone a Ammonites polyplocus dans le kimmeridgien et assimila le tithonique au portlandien.