
 
		«  C est  en  effet  un fait général que la  suroxydation des éléments ferrugineux  
 de  la  surface  du sol ;  le  fer  qu’ils  contiennent passe à l ’état de peroxyde hydraté  
 par  1 action  de  l’oxygène  des  eaux  météoriques.  De  là  résulte  la  rubéfaction  
 habituelle  des  roches  au  voisinage  de  la  surface.  Très  souvent  l’oxyde  de  fer  
 s isole  en  veinules  ou  en  nodules;  il  est  alors  accompagné  d’une  notable  proportion  
 de  peroxyde de manganèse. Telle  est la nature  des veines  noires  à  surface  
 brillante,  qu’on voit si  souvent  circuler  à  travers la masse  rocheuse  «  ("De   
 L a p p a r e n t ,  p .   330.)  '  ' 
 Toutes  les  falaises  des  Causses  sont  ainsi  colorées. 
 P h é n o m è n e s   d ’é r o s io n . —   R u is s e l l e m e n t .  — A c t io n , d e s   e a u x .  —   «  Le  ruissellement  
 est  l’écoulement  superficiel  des  eaux  pluviales  se  rendant  directement  
 aux  thalwegs,  sans  passer par l’intermédiaire  des  sources. Il  se produit  partout  
 ou  le  sol  est  imperméable. 
 Ü  AlTIlS1 !  sur  “ n  fond  d’argile  ou  de  schiste  argileux  l’infiltration  est  imposé  
 sible  Les  eaux  de  pluie  sont  donc  obligées  ou  de  séjourner  quand  le  terrain  
 est  plat,  en  formant  des  marécages,  ou  de  se  rendre  aux  thalwegs  en  suivant  
 partout  les  lignes  de  plus  grande  pente  et  en  constituant  beaucoup  de  cours  
 d eau  de  faible  importance.  • 
 «  Au  contraire,  dans  les  régions  perméables,  l’eau,  se  réunissant  en  nappes  
 profondes,  ne  circule  pas  à  la  surface,  mais  s’échappe  par  les  sources  en  des  
 points privilégiés,  et  se  concentre  dans les grandes  coupures  du terrain,  sous  la  
 lorme de  cours  d eau  importants  et  espacés.  » 
 Le  ruissellement  effectue  aux  dépens  des  roches  un  travail de  désagrégation  
 d enlevement de substance,  que  l’on appelle  érosion  (érodere,  ronger). 
 _ Dans  les  terrains imperméables,  et même  dans  les  perméables lorsque  la précipitation  
 est considérable,  « les  eaux  des  grandes  pluies  cheminent  à la  surface  
 tlmsol  suivant toutes sortes  de directions, méritant ainsi le nom d'eaux sauvaaes  
 qui  leur  est souvent  attribué.  Elles  dégradent  plus  ou  moins  le  sol  sous-jacent  
 et peuvent  en  changer  beaucoup  la  configuration  extérieure.  Parmi  lés  grès  ou  
 les  conglomérats  offrant  de  gros  blocs  solides  noyés  dans  une  matière facile  à  
 désagréger,  telle  que  du  sable,  l ’action  des eaux  sauvages tend  à  isoler  les  blocs  
 et à  les  laisser  en  saillie  à  la  surface  du  sol. 
 «  Ainsi  se  produisent  des  blocs  perchés,  des  pierres  branlantes,  des  accumulations  
 souvent  très  pittoresques,  des  chapiteaux  naturels  couronnant  des  
 colonnes  de roche plus  friable,, etc. 
 «  Si  le  terrain  est  meuble,  étant  formé  d’argile,  de  grès  tendre,  de  sable  ou  
 de gravier  les  eaux  sauvages y tracent une infinité  de  rigoles,  qui  finissent  par  
 découper  le sol  en  longues  aiguilles  pyramidales  destinées  à   s’écrouler bientôt  
 «  Au  sein  des  roches  consistantes,  mais  divisées  par  des  systèmes  de fissures  
 verticales,  1 eau  des  fortes  pluies  profite  de  ces  fissures  et  découpe  la  roche  en  
 prismes  ou  en  colonnes  tout  à  fait  semblables  aux  aiguilles  que  la mer  isole  en  
 avant de  certaines  falaises  à  pic,  ou  encore  en  escarpements  naturels,  absolu-  
 ment comparables  aux  ruines de ces Vieux  châteaux  qui  couronnent  en  Europe  
 la  crete  de  ta n t  de vallées. 
 «  C’est la  force vive de  l’eau,  aidée  p a r le s   matériaux  transportés,  qui  constitue  
 1 agent  d’érosion.  Nulle  part  ces  analogies  ne  sont  plus  manifestes  que  
 dans  les  territoires  de  l’ouest  des  Etats-Unis,  notamment  dans  le  Colorado  et  
 les mauvaises terres duNébraska. Les  dessins qui accompagnent les belles publications  
 des  commissions  géologiques  américaines  représentent  toutes  les  
 variétés do  formes  q u e f ’érosion  a  fait naître  dans  ces pays,  composés de  roches  
 faciles à  désagréger,  à une époque  où le phénomène  dés pluies y  devait atteindre  
 une  intensité  extraordinaire.  Falaises  reetilignes  rongées  au  pied,  aiguilles  et  
 piliers isolés, comme les témoins  d’un ouvrage de terrassement,  roches  perchées  
 et découpées,  rien  n ’y manque,  et  tout  cela  est  l’oeuvre  exclusivement  des  eaux  
 sauvages.  » Dans  les  Alpes,  d’immenses  surfaces  ainsi  corrodées,  hérissées  de  
 monuments  naturels  et  appelées  Karenfelder  (Àutriche);-.ou  Lapiaz  (France  et  
 Suisse),  «  résultent  de  la  désagrégation  et  de la dissolution,  sous  l’influence  des  
 eaux  atmosphériques,'de  calcaires-relativement  purs,  tels  que  ceux  du ju ra ssique  
 supérieur  et  de  l’argovien.  Les  parties  les  plus  Solubles  sont  dissoutes-et  
 entraînées  par  les  eaux pluviales ;  les  autres  résistent,  dessinant  un  relief  aux  
 formes  les  plus  capricieuses  et  les plus  accidentées;  de faibles  variations,  soit  
 dans  la  porosité  de  la  roche,  soit  dans  la  proportion  de  silice,,-de  dolomie  ou  
 d’argile  qui  s’y  trouve contenue,  suffisent pour  produire  ce, phénomène  sur  des  
 surfaces  calcaires  horizontales  ou  peu  inclinées.  Si  l’eau  pluviale  sert  à  les  
 mettre  en  évidence,  parce qu’elle  entraîne les particules désagrégées, c’est  à  l ’altération  
 atmosphérique  qu’il  en  faut  attribuer l ’origine  première.  )>  (D e   L a p p a -   
 r e n t ,  p.  188  et  suivantes,  et p.  331.)  . 
 Montpellier-le-Vieux,  Païolive, Mourèze,  le  Rajol  et  tous  les  curieux  rochers  
 des  Causses  sont  dqs  types  d’érosion  non  moins  remarquables  que  ceux  des  
 Etats-Unis;  mais restés  inconnus  jusqu’à  ces  dernières  années.. 
 Cela  suffit  à, démontrer qu’une  sommaire  notion de  géologie  est indispensable  
 pour  apprécier les beautés  étranges  des Cévennes  et  à  excuser  aussi,  nous  l’espérons, 
   l’extrême longueur de  ce  trop  sérieux chapitre. 
 C H A P IT R E   X X II 
 GÉOLOGIE  DES,  CAUSSES  ET  D ES  CÉVENNES 
 Terrains de  toutes  les  époques. —  Géologues  des  Cévennes. — Gneiss  et  schistes. — Montagnes  
 de  granité. — Épanchement et  soulèvement de  la  Lozère. — Terrains  secondaires. — Subdivisions  
 du lias et du jurassique. —, Charbons secondaires de l ’étage b athonien. — Controverse sur  
 la transition  a u   néocomien. — Coupes  locales. — Fentes  à   bauxite. — Volcans basaltiques. 
 Toutes  les époques géologiques sont  représentées dans les terrains des Causses  
 et des  Cévennes,  quelques-unes  incomplètement  il  est vrai,  assez-bien toutefois  
 pour  que  le mot lacune  ne  puisse  être employé .en  général. 
 Les |gneiss  et  schistes  primitifs,  les  formations  azoïques,  ou  archéennes,  ou  
 cristallophylliennes,  composent le noyau même de  la  chaîne  des Cévennes. 
 Les  roches  éruptives  sont les granités  et  les granulites de  l’Aubrac,  de la Mar-  
 geride,  du mont Lozère,  du mont Aigoual et  des monts  du Vigani 
 Même les produits  volcaniques  ne manquent  pas,  car  les Basaltes  pliocènes se