Comme sources-rivières formées sous terre (on ne sait au pas juste comment):,'
il faut noter en France :
Vaucluse d’abord, l’illustre fontaine célébrée p ar Pétrarque et qui a fait
nommer sources vàuchtsiennes tous les ruisseaux qui sortent comme elle d’une
gueule de caverne* ;
Ensuite, en Dauphiné, dans les'Alpes de l’Isère, Sassenage et la Balme*,
Dans le Jura et la Franclie-Comté, la Loue, la Dessoubre, le Lison, la ’Cuis-
sance, la Seille, etc. ;
Puis les sources des Causses : celles riveraines du Tarn (Gastelbouc, Saint-
Chély, etc. ), les Douzes, la Sorgues, la Vis, le Durzon, etc. ;
Enfin celles du Quercy (causse de Gramat),- tributaires de la Dordogne.
La rivière souterraine de Padirac est la première, croyons-nous, dont on ait
trouvé la source in t é r ie u r e même dans les entrailles du sol. Mais on ne sait
encore où elle débouche (F. p. 80).
Quand on entreprendra, avec les moyens d’investigation nécessaires, la pénétration
méthodique de toutes celles de ces sources qui peuvent donner passage
à un bateau, on fera des découvertes aussi précieuses pour les savants qu’attrayantes
pour le touriste.
Aux rivières souterraines se rattache l ’étude de ces curieux trous qui, comme
la Pôik-IIoehie ou le puits de Trebiciano, sont pratiqués à la surface des plateaux
calcaires : ce sont les avens1 des Causses (F. p. 77), lés embues, bois-
tout, anselmoirs, scialets, bétoires, lindouls, fontis, entonnoirs, ragagés, abîmes,
gouffres, puits, igues et cloups des.diverses régions de France ; les foibe, trichter
ou do/mas du Karst ; les sink-holes ou swallow-holes d’Angleterre et des États-
Unis; les Ponors des Slaves; les katavothres de Grèce.
Voyons un peu ce que nous disent les auteurs à leur sujet :
E t d ’abord Elisée Reclus :
« En amont des sources, le cours des ruisseaux souterrains est le plus souvent
indiqué par une série de gouffres ou puits naturels ouverts au-dessus de l’eau
courante. Les voûtes des grottes intérieures n’étant pas toujours assez fortes pour
supporter le poids des masses surincombantes, elles doivent, en effet, s’écrouler
çà et là. C est ainsi que.se forment, au-dessus des ruisseaux cachés, ces espèces
de puits que l’on désigne dans chaque pays par les noms les plus divers.
« C est par ces gouffres naturels que l’on peut atteindre les rivières souterraines
et se rendre compte de leur régime. » (La Terre, t. I er, p. 3S0.)
L abbé Paramelle émet les mêmes idées sur la production de puits par effondrement
et sur le jalonnement des- cours d’eau souterrains par des bétoires. (L’Art
de découvrir les sources, cbap. xx:)
Il est constant que l’on a vu des gouffres se former dans des terrains notoirement
caverneux et sillonnés de courants intérieurs inconnus : ainsi, en 1783 des
affaissements se produisirent à neuf lieues en amont de Vaucluse, et pendant
plusieurs jours la fontaine fut troublée. — En 1880—sur le causse de Mende, il
s est ouvert un vaste avenc, « par renfoncement d’un rocher, sorte de clef de voûte
1. Beaucoup de ces cavernes sont impénétrables (Vaucluse, Sorgues de l’Aveyron, Pêcher de Florac, eiç.j',
parce que 1 eau occupe la section des galeries de projection : à Vaucluse, en Î878, un plongeur vêtu d’un
scaphandre a pénétré à 20 mètres sous l’eau dans un siphon descendant. D’autres, au contraire, sont ouvertes
en larges voûtes, sous bien peu desquelles on a osé s’aventurer.
2. Le mot avenc vient du celtique avain, qui veut dire ruisseau (ovin en Écosse et Irlande, uivcn dans la
basse Bretagne). (Daubrée, Eaixxsouterraines, t. Ier, p. 297.)