resserrées; on passe auprès en suivant le pittoresque sentier qui conduit de ce
côté au Riou-Sëe et à la Roque-Sainte-Marguerite.
. C irque des A mats. — Au nord-est, un petit plateau carré qui porte le pilier
dit la Quille, haut de plus de 20 mètres (n° 2 1 ), s’appuie sur le rocher du
Grand. Sphinx (n° 19) [813 m.], coiffé et allongé, comme celui de Gizeh, entre les
Amats et les Rouquettes ; trois avenues descendent de ce plateau ; la plus vaste,
celle des Obélisques (n° 2 2), où abondent les aiguilles de pierre minces et
droites qui rappellent les ruines de Louqsor, ne mesure pas moins de 50 mètres
de large ; elle possède la plus capricieuse fantaisie de tout Montpellier-le-
L’Amphore. — Phot. C. Julien.
Vieux : la Porte de Mycènes, haute de 12 mètres (n° 23), exactement disposée
comme celle des Lions à Mycènes, la capitale d’Atrée et d’Agamemnon. Quelques
pas plus loin, une autre arcade, plus-petite et irrégulière, se dissimule
dans un fourré ; à côté, les paysans ont, à l’aide d'un mur en pierres sèches,
établi une bergerie sous un rocher surplombant; au milieu des Amats, un long
rocher mince représente le Sarcophage, que d’autres personnes ont assez justement
comparé à une carène de navire debout sur la quille (n° 24); pareil à une
pièce de marine émergeant d’un sabord, le Canon (n° 25) semble pointer vers la
Citadelle, comme si des assiégeants imaginaires se trouvaient déjà maîtres du
mur d’enceinte extérieur; en se dirigeant vers la sortie des Amats et le chemin
muletier de la Combe et de la Roque, on passe successivement devant la porte
ogivale dite Porte double (n°26), haute de 17 mètres, dont 12 pour 1 arcade seule;
la Tour (27) et la tète de Chien ou roc Camparolié (champignon), aux noms significatifs;
en face, le Château-Gaillard (28) veille au dehors sur le fossé de la Dour-
Lie, comme le donjon de Richard Coeur de lion sur la vallée de la Seine, aux An-
delys ; on ne peut le gravir ; mais du plateau rocheux et couvert de ruines qu il
domine, la vue est sublime entre la grande cité morte, les escarpements rouges
d u causse Noir, le plateau ensoleillé du Larzac et la sombre et profonde Dourbie,
qu’égayent la grande route et les bois verts. Les géants, imaginaires aussi, qui
ont bâti Montpellier-le-Vieux
devaient à peine pouvoir passer
la tête à travers l’étroite lucarne
pratiquée en haut d’une
cloison peu épaisse (n° 29) ;
vers l’est des Amats, on se perd
rait avec délices dans les replis
de l’épaulement découpé derrière
lequel se creuse le cirque
de la Citerne; à l’ouest aussi,
par-dessus la croupe du Grand
Sphinx, les grimpeurs s’amuseront
fort à descendre tout
droit dans les Rouquettes ; le
chemin frayé passe au sud, par
un col aisé.
Plusieurs heures s’écoulera
ien t vite dans ce dédale. Les
grands pins verts, les arbousiers
rouges, les houx chatoyants,
et un petit champ de
seigle qui s’étiole dans un étroit
fond plat entre quatre murs
hauts de 10 mètres, viennent
ajouter le charme du contraste
à l’impression de grandiose
'horreur éprouvée par le visi- La Q u i l l e » Phot. e . Trutat.
teur. Mais nous ne sommes pas
à la moitié de la course, et, déviant vers l’ouest, il faut nous élever le long d’une
haute paroi pour sortir des Amats. Sur la crête, nous nous arrêtons soudain, une
fois de plus stupéfaits. Un gouffre de 400 mètres de profondeur s’ouvre sous nos
pas, et, jusque dans le lit de la Dourbie, les dragons indiens et les pagodes chinoises,
brisés et culbutés, s’éboulent les uns sur les autres dans une tumultueuse
dégringolade ; à gauche se continue le chaperon de la crête, vertigineuse corniche
sans garde-fous, coupée d’infranchissables créneaux; tout au bout, le Château
Gaillard, l’ouvrage de la cité le plus avancé vers le sud, perché sur le bord
de la falaise ; au pied du rempart, des chemins de ronde extérieurs devraient
nous y conduire, mais ils sont sapés par le temps, et la promenade serait hasardeuse.
En face, le Larzac et le causse Noir ont d’effrayants à-pic aussi, jaunes
e t écarlates, de chaque côté de la Dourbie, dans la direction de Millau.