LES CÉVENNES
■Ce n ’est pas d’ailleurs la seule ressemblance de formes entre les bords de l’Elbe
et ceux du Tarn. Mais combien les gorges de celui-ci sont plus imposantes !
La profondeur de la rivière attéint 20 mètres Au delà de l’ilot des Chèvres,
gros bloc de rocher tombé de la muraille, qui semble taillée en tourelle, se
montre à gauche le hameau de la Croze et sa jolie grève ensoleillée.
Milieu dû Détroit; — Phot. G. Julien.
Ôn peut y descendre (à 435 m. d’alt.) et prendre un sentier escarpé, très
rude, conduisant, au milieu de bois et de' rochers, à Saint-Préjet-du-Tarn, en
face des Yigries. C’est un vrai casse-cou, mais les vues sont-superbes.
Plus paisiblement, les barques continuent à passer en revue les files de rocs
alignées sur les hauteurs. Certains ont reçu des noms dus à leurs formes accusées
: ainsi la Dame à l’Ombrelle. Cette pseudo-dame de 30 mètres de hauteur
porte, en effet, sur un prolongement imitant le bras replié, un pin parasol qui
végète dans une fissure et qui figure plaisamment une petite ombrelle. Plus loin
se groupe un assemblage bizarre, ou une grande roche arrondie, surmontée d’un
chapeau, s’entoure d’une série d’aiguilles dolomitiques à base évasée. Un touriste
a baptisé cet ensemble du nom de Cour de Louis X IV . Avec une forte
dose de bonne volonté seulement on peut distinguer le roi sous sa perruque et
son chapeau, au milieu de dame en robes à queue et de magistrats en toge !
Dans ces parages se trouve le plus grand gouffre du Tarn depuis sa soiirce
ju sq u ’à' Millau. Il produit un vaste remous, très lent, sans danger pour le bateau.
Sortie du Détroit. — Dessin de Voilier, phot. Chabanon.
(Communiqué par le Club alpin.) ■-
Deux ou trois poussées de perche font dépasser ce MaSlstrom en miniature,
puis le voyageur se trouve de nouveau en proie à un violent accès d’admiration.
En effet, il pénètre dans le cirque des Baumes, colossal amphithéâtre où un
coude du Tarn permet à la plaque photographique de saisir les deux rives à la
fois ; les falaises se recourbent en sens contraire de part et d’autre, formant
ainsi un véritable puits cylindrique, un abîme circulaire étroit et sombre; ce
qu’il faut remarquer, c’est le développement extraordinaire des escarpements
inférieurs, qui dépassent en Ce point 200 mètres de hauteur. Quand leurs faces
rouges s’illuminent aux rayons du soleil couchant, quand le cirque entier ressemble
alors à un brasier flamboyant, quand des nuages échevelés et empourprés
chevauchent au-dessus du gouffre comme des panaches de fumée tordus
par le vent, la fantasmagorie du lieu est presque effrayante. ,