Chose très remarquable : sous les Causses semble exister une sorte de trait
d’union entre ces petits volcans du midi de la France et les grands centres
éruptifs du Velay, de l’Aubrac et de l ’Auvergne. En trois points le basalte se
montre, comme s’il avait inutilement tenté de s’épancher sur les plateaux jurassiques
: en plein Larzac, au nord de la Pezade ; en plein causse de Sauveterre, par
1,040 mètres d’altitude; et surtout (fait que ne relate ni la carte géologique de
Dufrénoy et E. de Beaumont, ni celle de Yasseur et Carez, ni celle, au 1,000,000°,
des travaux publics) au fond même de la gorge du Tarn. On a vu (p. 66) quelle
est la dimension du curieux dyke de basalte injecté en travers des cours d’eau.
Ces trois intrusions ne semblent-elles pas jalonner, sous les Gausses, entre le
plateau central et la Méditerranée, une immense fente épanouie en éventail vers
le nord, qui aurait craché tous les volcans français, mais qui n ’aurait pu cependant
crever la lourde et épaisse croûte jurassique ?
Telle est, à grands traits, la géologie des Causses et des Gévennes.
BIBLIOGRAPHIE
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Soc. d’agriculture de la Lozère, 1860, p. 375. (Travail important.)
CHAPITRE XXI I I
LE S EAUX SO U TER RA IN E S
Sols perméables e t imperméables. — Infiltration. — Ilydrolo gie~so u terrain e. — Les sources. —
Formation des cavernes..— Rivières souterraines. — Le Karsl, la ïtecca, la Poik. — Les avens.
" — Leur formation. — Marmites des géants. — Hydrologie intérieure des Causses. — Creusement
des canons : théorie des anciennes grottes.
Toute l’eau qui tombe du ciel se comporte sur terre de deux façons différentes,
selon la nature du sol qui la reçoit.
Si ce sol est imperméable, comme l ’argile ou le granit, elle glisse de suite le
long des pentes de la surface, conformément aux lois de la pesanteur, et forme
goutte à goutte les ruisseaux, torrents, rivières et fleuves.
Si lederrain est perméable, au contraire, elle en pénètre l’intérieur; elle s’y
infiltre, y reste emprisonnée plus ou moins longtemps et ressort sous forme de
sources, au çontact de couches imperméables, à des distances du point de chute
fort variables.
L ’étude des phénomènes d’infiltration, c’est-à-dire du mode souterrain de .la
transformation des pluies en source, est l’objet de l'hydrologie souterraine.
Nous allons voir dans ce chapitre comment cette étude est intimement liée à
la grottologie.
« L’infiltration est la pénétration lente, à travers les fissures et les interstices
du sol, de l’eau qui provient de la pluie, de la condensation des brouillards ou
de la fonte des neiges. Ce phénomène ne peut se produire que dans les terrains
perméables, que cette perméabilité soit inhérente à la roche, comme c’est le cas
pour les sables, ou qu’èlle résulte d’un grand nombre de fissures qui la traversent,
comme dans la plupart des calcaires et des grès.
« L e s e a u x , en p é n é tr a n t d a n s le so l, fin is s e n t p a r s’y a c c um u le r , e n d o n n a n t
n a is s a n c e à d e s n a p p e s d ’in f iltr a tio n . E n effet, à m e s u re q u ’e lle s s ’e n fo n c e n t,
e lle s d e v ie n n e n t de m o in s en m o in s a c c e ss ib le s à l ’é v a p o r a tio n ; le s p a r tie s d e
•l’é co rc e s itu é e s à u n e c e r ta in e p ro fo n d e u r n e p e u v e n t d o n c m a n q u e r , à la
lo n g u e , de se s a tu r e r d ’e a u , e t a in s i se c o n s titu e n t le s n a p p e s s o u te rr a in e s q u i,
to u te s le s fois q u e le u r n iv e a u e s t a tte in t p a r u n e d é p re s s io n d u so l, se r é p a n d
e n t a u d e h o r s so u s la fo rm e de so u rc e s . »..(De L a p p a r e n t , p . 140 .)
Or cés accumulations d’eau affectent deux formes différentes, à raison mémo
de ce qn’il y a deux sortes de roches perméables, les unes sans cohésion (sables),
le s autres compactes, mais fissurées (calcaires et grès). En effet, « il convient
d’établir, au point de vue de la perméabilité, une distinction fondamentale entre
les terrains, sablonneux et ceux qui sont formés de calcaires ou de grès solides.
Dans les sables, les nappes d’eau sont continues et régulières .
« Dans les calcaires et les grès, quand même la surface en serait fendillée au
point d’agir comme un véritable crible, il arrive généralement qu’en profondeur
la roche est compacte.
« L’eau n ’y peut donc pas former de nappes continues ; elle se concentre dans
des poches ou des fissures. Pour cette même raison, tandis que les sables offrent
des suintements tout le long de la.ligne d’affleurement de la nappe d’infiltratiou,
l ’écoulement des nappes des calcaires se fait par de véritables points d’élection,,
ce qui donne aux sources des régions correspondantes une importance spéciale.
Souvent ces sources débitent de l’eau qui, avant de s’y rendre, a dû accomplir
sun long parcours souterrain. Quelquefois elles représentent le résultat combiné
du ruissellement et de l’infiltration : lorsqu’un cours d’eau, coulant sur un sol
argileux superposé à un calcaire, se perd tout à coup dans une crevasse de ce
dernier, pour reparaître bien loin de là, à un niveau inférieur. Dans ce cas le
volume des sources peut être considérable, et leur constance remarquable. Plus
d’une source émergeant du sein des calcaires oolithiques, dans les Ardennes, a
ainsi son origine dans la perte d’un cours d’eau qui avait commencé à couler s u r
les argiles oxfordiennes et qui est venu disparaître dans un abîme ou une fosse-
située à la jonction des argiles avec l’oolithe. » (D e L a p p a r e n t , p. 2 4 5 .)