l ’écorce produites surtout par refroidissement et cristallisation, d’une part, et
les véritables formations sédimentaires, d’autre part : ces dernières, oeuvre
exclusive des agents de la dynamique externe, étant composées de matériaux
détritiques, dans les premiers arrangements desquels la pesanteur a été seule
en jeu. » (De L a p p a r e n t , p. 647.)
I . T e r rains p r im it if s . — Les opinions les plus contradictoires ont été émises
sur la nature de ces terrains. « Aux yeux d’un certain nombre de géologues, dit
M de Lapparent, il serait impossible aujourd’hui
d’arriver directement à la connaissance de la croûte
fondamentale sur laquelle reposent les formations
d’origine externe.
« Cette écorce, enfouie, dans la suite des âgés, sous
de grandes épaisseurs de terrains et partout ramenée
sous l ’influence do la chaleur interne, a dû se modifier,
se refondre même, au point de pouvoir être ultérieurement
injectée, à titre de roches éruptives, dans les
fissures des masses surincombantes ; de la sorte, il n ’y
aurait pas aujourd’hui un seul point du globe-où l’ôn
pût se flatter de rencontrer, à l’état inaltéré, une portion
quelconque de la croûte de première consolidation.
Polypier du. corail.
« En principe, pour quiconqueadmet la fluidité primitive du globe, l’existence
d’une croûte de consolidation, base des premiers sédiments, accessible’à l’observation
directe, au moins dans les parties de l ’écorce qui ont subi de grands
bouleversements, ne semble pas susceptible d’être mise en doute.
« Il s’agit seulement de déterminer, parmi les formations aujourd’hui visibles,
celles qui doivent être-rapportées à la croûte originelle, tâche particulièrement
difficile, en raison du caractère
mixte qu’on ne peut
manquer d’y reconnaître.
En effet, cette croûte est en
quelque sorte le produit
d’une lutte entre la cristallisation
directe et la sédimentation
mécanique. De
plus, le métamorphisme(V.
p. 311) a plus d’une fois
fait naître, parmi les roches
certainement sédimentai-
rès, des variétés cristallines
qu’il .est très difficile dé
distinguer des éléments du terrain primitif. L’exploration minutieuse du terrain
doit être combinée avec les délicates investigations de la lithologie moderne.
Cette phase de l ’étude des terrains primitifs vient à peine de s ’ouvrir. » (De L app
a r e n t , p . 648.)
L’école adverse, qui est celle de MM. Michel Lévy en F ra n c e 1 et Rosenbuch
en Allemagne, s’exprime, au contraire, de la manière suivante :
1. Michel L évy, Origine des terrains cristallins primitifs : Bulletin de la Société de géologie, 3« série, t. XV'I,
21 novembre 1887.
- ' « Les gneiss et lés micaschistes paraissent être le plus ancien témoin subsistant
de la première consolidation de notre globe. Ils ne nous semblent pas, au moins
dans leur généralité, être cette première croûte même, qui a dû être trop triturée
pour avoir pris cette apparence schisteuse et que nous nous représentons plutôt
homogène, à la façon d’un granité. » (L. d e L a u n a y 1.)
■ Cependant le terrain primitif est remarquable entre tous, parce qu’il paraît contenir
à lui seul tous, les types des roches éruptives anciennes et parce que sa
coupe semble se retrouver la même en tous les points de la terre.
■ Généralement, en effet, on rencontre à la Base : 1 ° les gneiss, formés des mêmes
éléments minéralogiques que le granité et devant leur schistosité apparente à la
disposition du mica noir en feuillets, ainsi qu’à un certain étirement du quartz;
puis 2° un niveau, de gneiss, alternant avec les micaschistes et comprenant des
amphibolites, dés pyroxénites, des cipolins ; enfin 3° les micaschistes, se distinguant
du gneiss à l ’oeil nu p a r la continuité des membranes du mica.
Provisoirement, on peut partager le terrain primitif en deux étages ;
1° Gneiss (granitoïdes à 'ia base), affectant le caractère éruptif ;
2° Schistes divers, offrant l’aspect sédimentairé.-
Le terrain primitif est azoïque (sans vie), dépourvu de fossiles.
En 1863, M. Mac Mullen avait cru y trouver, au Canada, dans le calcaire, un
foraminifère dit Eozoon canademe. Ce n ’était pas un animal, mais un simple
accident minéralogique, ainsi que cela est résulté d’une longue et minutieuse
discussion.
. « Le gneiss est u n agrégat à texture rubanée, formé des éléments constituants
du granité : quartz, feldspath et mica. Il ne se distingue du granité que par le
parallélisme des lamelles de mica, et aussi, en général, par l’allongement des
grains de qu a rtz , qui affectent une forme lenticulaire. C’est l’alignement du
mica et sa concentration suivant des surfaces planes ou légèrement ondulées
qui déterminent la schistosité et la fissilité plus ou moins parfaite du gneiss. Au
microscope, le gneiss-se montre entièrement cristallisé et n ’offre aucun élément
que sa forme permette de considérer comme détritique. » (De L a p p a r e n t , p. 6S0.)
Principales roches du terrain primitif :
. Gneiss;
Micaschistes (Glimmerschiefer) : quartz et mica disposés en zones alternantes ;
Leptynite, grain fin, feldspath et quartz (granulite stratiforme) ;
Pétrosilex ou Halleflinta, leptynite compacte ;
Quartzites, agrégat compact de grains ou cristaux de quartz ;
Amphiboloschistes ou amphibolites, agrégat schisteux de quartz et d’amphibole
;
Chloritoschistes ou chloroschistes, schistes chloriteux;
Talcschistes ou talcites ou stéaschistes ou schistes sériciteux (la séricite est un
mica onctueux au toucher, qu’on prenait jadis pour du talc);
Cipolins, calcaires schisteux et cristallins (micacés, sériciteux ou chloriteux).
sortes de concentrations de carbonates de chaux intercalées dans les gneiss.
. Calcschistes micacés, intermédiaires entre les cipolins et les micaschistes.
II. T e r r a i n s s é d im e n t a i r e s . — « Les dépôts détritiques, qu’on appelle aussi
élastiques, résultent de la destruction, par les vagues de la mer, l’eau des
1. Étude sur les roches de Commentry, Bull, de la Soc. minérale de Saint-Étienne, 4° série, t. II, 4° livr., 1888.