
vii) A F E R T 1 S S E M E N T.
qui eft par-tout la douzième partie de la longueur de l’oifeau, mèfuré depuis le bout
du bec jufqu’à l’extrémité de la queue, on peut voir quelle eft la grandeur naturelle
de 1 animal : li le module a trois pouces de longueur , 1 oifeau aura trois pieds ;
s il n eft que de deux pouces, 1 oifeau fera de deux pieds de longueur. J ’aurois voulu
donner ainfi une échelle pour toutes les efpèces & même pour tous les animaux
dont j’ai déjà parlé ; mais il auroit fallu pour remplir cette tâche que les auteurs
, dont'j’ai emprunté les figures, euffent tracé les mefures des individus qu’ils ont
fait graver, ou que j’euffe pu moi-même prendre les dimenfions de ceux que j’ai décrits :
or il eft peu de naturaliftes qui portent auiïi loin la perfection de leurs recherches:
d’ailleurs il y a une infinité d’objets qu’il eft impoflible de fe procurer & qu’on eft
obligé de décrire fur le récit des voyageurs, ou fur la foi de quelques naturaliftes qui les
ont obfervés. Quoique j’aie été à portée d’examiner au cabinet du roi, un grand nombre
d’oifeaux que j’ai décrits, je n’ai pu cependant en prendre la mefure, par ce qu’ils
font enfermés dans des armoires vitrées , & fermées hermétiquement pour les p'réferver
de la vermine.
Je dois prévenir encore qu’on trouvera quelques oifeaux gravés hors de leur place;
ces tranfpofidons ont été inévitables, foit parce que ces individus me font parvenus
trop tard , foit parce qu’en travaillant à la defcription des efpèces , j’ai jugé nécef-
faire de faire quelques changemens dans la diftribution méthodique.
Enfin les peines & les foins que j’ai employés’', pour donner à ce traité toute
la perfection dont j’ai été capable, me font efpérer qu’il fera accueilli aufTi favorablement
que ceux que j’ai déjà publiés.
INTRODUCTION
I N T RO D
I l fiifût de jetter rapidement un coup d’oeil
fur les oifeaux , pour être convaincu qu’ils
pofledent des facultés fupérieures à celles
des autres animaux, & qu’ainfi ils devroîent
être, après l’homme , placés au premier
rang. La nature a raffemblé & concentré
dans • le petit volume de leur corps, plus
de force qu’elle n’en a départi aux quadrupèdes
les plus puifiàns : elle leur a donné
plus de légèreté, fans rien ôter à la foiidité
de leur organifatîon : elle leur a accordé
les attributs de l’indépendance 8c les inftru-
mens de la haute liberté en leur donnant
des ailes; aufli n’ont-ils de patrie que le
ciel qui leur convient; ils en prévoient les
viciflitudes 8c changent de climat en changeant
de faifon : elle leur a cédé un empire
prefqu’abfolu fur les habitans de l’air de
la terre 8c des eaux : elle leur a livré les
pouvoirs d’une domination exclufive fur la
tribu entière des infedes, qui ne femblent
tenir d’elle d’exiftence que pour maintenir
& fortifier celle de leurs deflruâeurs, auxquels
ils fervent de pâture : ils dominent de
même fur les reptiles dont ils purgent la
terre fans redouter leur venin ; fur les poif-
fons qu’ils enlèvent hors de leur élément
pour les dévorer (i); 8c enfin fur les animaux
quadrupèdes, dont ils font également des vie
times : on a vu la Bufe affaillir le renard;
le Faucon arrêter la gazelle; le Griffon dévorer
le chamois (2) ; l’aigle enlever la brebis ,
attaquer le chien comme le lièvre, les
mettre à mort & les emporter dans fon
aire : 8c fi à toutes ces prééminences de
force 8c de vîtefle, nous ajoutons celles qui
rapprochent les oifeaux de la nature de
l’homme , la marche à deux pieds, l’imitation
de la parole , la voix muficale, la
confiance dans leur union l’attachement
( 1) Voyez le fait que nous avons cité, fur le témoignage
deForsk al, dans la defcription du Chetodon uni-
corne. Ichthiologie 1 page 8 i •
(2 ) Lettres de William Coxe , à M. W. Melmoth,
fur l ’état politique , civil & naturel de la Suifle 3 trad.
par M. Raraon , vol, x, pag. art. du Lemmerm
m
U CT I ON.
pour leurs petits & toutes les autres qualités
fociales qui régnent dans leur petit ménage ,
nous les verrons plus près de nous que leur
forme extérieure ne paroît l’indiquer ; en
même-temps que par la prérogative unique
des ailes 8c par la prééminence du vol fur
la courfe, nous reconnoîtrons leur fupério-
rité fur tous les animaux terreftres.
Définition de l’Oiseau. Les oifeaux, ainfi
que les quadrupèdes 8c les cétacés, ont le
fan g chaud , deux ventricules au coeur, &
refpiren t par les poumons ; mais ils différent
de ces deux ordres d’animaux en ce qu’ils
ont deux pieds, deux ailes, unbecdefubf-
tance cornée 8c le corps couvert de plumes ;
un autre cara&ère qui les difiingue, c’eft que
leurs femelles font ovipares.
Forme du Corps et de la Tete. La conformation
intérieure 8c extérieure de l’oifeau eft
merveilleufement appropriée à l’élement qu’il
doit habiter & à la faculté qu’il a de s’éle-
- ver au haut des airs. Par une prévoyance
admirable, la nature ne lui a point donné ,
comme aux quadrupèdes, des lèvres, des
dents des oreilles extérieures, de queue
charnue, d’épiglotte > de diaphragme, ni
de veffie urinaire, &c. &c. &c. Toutes
ces parties en augmentant leur poids au.
roient rendu le vol plus pénible & rallenti
leur vîtefle; mais leur corps revêtu de plumes
renverfées en arrière , eft ordinairement
oblong, comprimé par les côtés , légèrement
arrondi fous le ventre , un peu applatî
fur le dos, aigu pardevant & renflé par derrière
: cette difpofition le rend plus propre
à divifer les molécules de Pair & à s’élancer
avec plus de rapidité dans le vague des
airs.
Prefquetous les oifeaux ont la tête petite,
relativement à la grofleur du corps, d’une
figure ovale > tantôt aplatie, tantôt convexe
fur le fommet & recouverte de plumes-
comme le r e f le du corps. Les oifeaux de proie
n o d u r n e s , tels que le hibou 8c la chouette, ont
la tête arrondie 8c furmontéè ordinairement
de deux aigrettes de plumes, relevées en
forme d’oreilles ; ce qui joint avec la len-
I tenr de leurs mouvemens & les autres traits