
ioS O R N I T H
.. Seine : on en voit encore une grande quantité
fur les belles eaux de Chantilly ; ôc c’eft dans
ce féjour délicieux qu’ont, été faites les plus
belles obfervations fut les moeurs de ces oifeaux.
Ils entrent eh amour de Très-bonne heure ;
leur ardeur fe manifefte par les rudes combats
que les mâles fe livrent pour la pofieftion des
femelles : fouvent un jour entier ne fuffit pas
pour vuider leur duel opiniâtre : enfin lorfque
le vainqueur eftafiuré de fa conquête, le mâleôc
la femelle travaillent enfemble.à la conftru&ion
diünid, qu’ils placent tantôt fur un lit d’herbes fè-
ches au rivage,tantôt fur un tas de ro féaux abattus,
entâffés ôc même flottans fur l’eau. La femelle
couve pendant fixfemaines au moins; elle commence
à pondre au mois de février ; ôc met,-
comme Y Oie, un jour d’intervalle entre la
ponte de chaque oeuf. Elle en produit de cinq
d huit ôc communément fix ou fept. Ces oeufs
font blancs , oblongs ; ils ont la coque épailTe
ôc font d’une groüeur confidérable. Le mâle,
, pendant l’incubation, ne perd prefque jamais
de vue fa femelle. Les petits naiflent fort laids. .
ôc feulement couverts d’un duvet cendré_ou
gris. Leurs plumes ne poulfent que quelques-
femaines après ôc font encore de la même
couleur : ce plumage change à la première mue,
qui a lieu au mois de feptembre; ils prennent
alors beaucoup de plumes blanches-} d’autres
plus blondes que grifes, fur-tout à la poitrine
ôc fur le dos : ce plumage chamaré tombe à
la fécondé mue ; & ce n’eftqu’à dix-huit mois
Ôc même à deux ans d’âge, que ces oifeaux ont
pris leur belle robe d’un blanc éclatant ôc .
fans tache. Les jeunes Cygnes fui vent leur
mère pendant le premier été : j’en ai vu plu- .
fîeurs couvées cette année à Chantilly; & j’ai
remarqué quelles choifilfoient, de préférence ,
les endroits les plus tranquilles Ôc les plus retirés.
11 n y a peut-être pas dans la nombre ufe
tribu des oifeaux, de mère qui ait plus d’attachement
pour fes petits & qui les défende
avec plus de courage i elle ne craint ni l’aigle,
ni le chien le plus fort Ôc empêche même l’a-,
proche de l’homme. Une femelle qui s’étoit
établie, avec fa famille, fur un canal qui
bordoit un fentier étroit qui conduifoit dans une
petite prefqu’île j nous empêcha d’avancer. Un
coup dé fes aîles auroit fuffi pour nous cafier
la jambe, tant il eft prompt ôc violent : il
eft vrai qu’avec un bâton nous ferions parvenus
à lui faire quitter fon pofte, mais nous
ne voulions pas faire du malà cette mère cour-!
O L O G I E .
ro u c é e , dont nous admirions avec plaifir la
tendrèfie Ôc le dévouement pour fa progéniture.
L e Cygne nage avec tant d e vîteffe* qu’un
h omme , marchant rapidement au r iv a g e , a
grande peine à le fu iv re : il fe nourrit d ’herbes
m a ré c a g eu fe s, de graines & de poiflfons. On
prétend qu’il vit trois cents ans. L ’été il hab
ite le s contrées fep tentriona les; en automne
il pafie dans des climats plus doux. Bri(J\
Ornith. tom. 6 . p. 2.88. Bujf. ibid. La Rujfie ,
la Sibérie , la Perfe la mer Cafpienne &
toutç l’Europe.
L . 5 4 . E .. 96. P .. R . 20 .
* L e C ygne ud C h il i. 2 . A. Melancoryphus. A:
Corpore fuprà & fubtus albo lucido : capite &
collo fuperiori nigris : rojlro femicylindrico ,
rubro.
L e defius ôc le défions du corps d ’un blanc-v
luifant : la tête ôc la m o itié fupérieure du cou
! noires : le bec d em i- c y lin d r iq u e & ronge.
I l eft à-peu-près de la même grofieur que
le Cygne d’Europe, dont i l fe rapproche encore
par la figure ; mais i l en d iffère par la
couleur noire des plumes dont la tê te, ôc la
m oitié du cou fon t couvertes. T o u t le refte du
corps eft d’un blanc éclatant. L a fem e lle pond
o rdin airement fix oe u f s , d’ou n aiflen t autant
de petits : la mère, ne les laiflfe jama is feuls ;
elle les emporte même fu r fo n dos lorf-
qu’e lle v a chercher fa nourriture. M.. l’abbé
Molina. Hifl. duChil. p. 2 0 7 . Le Chili.
* L e C ygne a co u n o ir . $ .A . Nigricollis. A.
' Corpore fuprà , & fubtus albo : collo nigro :
rojlro femi-cylindrico, rubro : pedibus incar-
natis.
L e defius ôc le defibus du corps blancs :
le cou noir : le bec demi-cylindrique ôc rouge :
les pieds couleur de chair.
C e fon t là tous les détails que nous avons
fu r la conformation de cet o i f e a u , que D om
P e rn etti a indiqué le premier dans l ’hiftoire
d e fo n v o y a g e ; il paroît être le même que
ce lui dont il eft fa it mention dans la col-
leétion des voyage s. Vol. IIL p. , 1 0 1 . 1 1 7 . .
Hifl. d’un voy. aux îles Malouines. p. 16, Les
îles Falkland, le fleuve de la Plaça x le détroit
de Magellan..
* L e C ygne n o ir de la nouvelle H ollande.'
4 . A. Nova-HoIIandi&. A. y Corpore fuprà &
fubtùs nigro : ails margine albis : rojlro
rubro.
L e defliis ôc le defibus du corps noirs t.
le s aîles bordées de blanc ; le bec rouge.
O R N I T H
Nous ne connoifions cette nouvelle efpèce
que par la courte notice qu’on en a donnée
dans la relation du voyage du gouverneur
Philipp à , Botany-Bay. Au commencement
du chapitre onzième , on y. lit ce qui fuit :
\ ft Le mois d’avril ne fut diftingué par aucun
évènement qui mérite 'd’être rapporté, à l’exception
de deux expéditions du gouverneur
Philipp. La première fois il partit le 15 ( du
port Jackfon ), avec des provifions pour quatre
jours, accompagné de plufieurs officiers ôc d’un
. petit détachement de foldats. Ils prirent terre
à la pointe d’une petite crique , appellée Shell-
- cove, près de l’entrée du port ôc du côté du
nord. En fuivant cette direction , ils arrivèrent
à un grand lac, qu’ils examinèrent, mais avec
beaucoup de peine. Il étoit environné par
une étendue confidérable de fondrières ôc dé
marécages, dans lefquels ils enfoncèrent fouvent
jufqu’à là ceinture. Sur ce lac , ils obfer-
. vèrent, pour la première fois , un Cygne.noir,
dont Tefpèce , aftez - rare dans les autres, parties
du monde pour avoir donné1 lieu au proverbe,
ne l’eft point dans ce pays, ôc a ete
trouvée fur la: plupart des lacs. C’étoit un
oifeau très-majeftueux, plus gros que le Cygne
ordinaire ôc d’une forme auffi belle..On tira
fur lui; il prit fon vol ôc laifia voir des aîles
bordées de. blanc : fon bec étoit nuancé de
rouge ». Voy. du Gouverneur Philipp , traducl.
. f ranci chap. XI. p. 117. Botany-Bay.
L’Oie de G uinée. 5. A. Cygnoides. .A. Corpore
.. fuprà ex grifeo-fufcoj marginibus pennarum dilur'
tioribus j Jubtàs canefcente : tuberculo ad baflm
■ rojlri j carnofo. : facco in gutture \pendulo :
rojlro rubro . : pedibus coccineis,
Le deflus du corps revêtu de plumes d’un
gris-brun, bordées d’une teinte plus claire; le
défions grifâtre : un tubercule charnu à la bafe
du bec : une efpèce de poche pendante fur
la gorge : le bec rouge : les pieds d’un rouge
très-vir. {P I. 28. fig. 2. )
La taille de ce bel oifeau furpafie de beaucoup
celle des Oies domejliques. Suivant MM.
Brifion ôc Mauduit, le bec eft d’un jaune-orangé;
félon d’autres Naturaliftes , ôc même d’après
la figure coloriée de M. de Buffon, il
eft noirâtre , ainfique le tubercule élevé qu’ôn„
voit à la bafe du bec : il ne faut pas cependant
conclure de-là que ces Naturaliftes foient en con-
tradiélion, parce qu’on peut fuppofer que dans
le premier âge, le bec de cette Oie, comme
celui du Cygne, eft noirâtre ôc qu’il ne devient
O L O G I E . 109
} jaune que quand elle eft adulte. Sa gorge e-t
enflée Ôc pendante en manière de jabot ou de
petit fanon , caractère tres-apparent & qui a
fait donner à ces Oies le nom de Jabouèrcs.
La tête, le cou ôc la poitrine préfenrent un
fond grifâtre, lavé d’une nuance couleur de
brique. Une bande foncée de cette dernière
couleur, prend, fon origine à la bafe du bec.,
pafie fur le foïnmet de la tête, fur le haut
du cou Ôc fe termine aux plumes fcapulaires.
Un large plaftron de brun-roufiâtre recouvre
aufîi la poitrine. Les plumes du dos, des aîles,
de la queue ôc des hypocondres font d’un
gris-cendré ôc liférées de blanchâtre : celles
du croupion font entièrement cendrées & celles
. du ventre grifâtres. La' partie nue des jambes,
les pieds , les doigts Ôc leurs membranes font
d’un jaune-orangé ôc les ongles noirâtres.;Cette
Oiè s’allie avec l’efpèce commune dans nos
contrées ; Ôc de ce mélange, il réfuie des métis
qui prennent de notre Oie le bec Ôc les
pieds rouges , mais qui reffemblent à. leur père
étranger par la tête, le cou ôc la voix forte ,
grave ôc néanmoins éclatante ; car le clairon de
ces grandes Oies eft encore plus retentifiant
que celui des nôtres , avec lefquelles on rémarque
bien des caractères communs. La même
vigilance paroît leur être naturelle : félon M.
Frifch, rien ne peut bouger pendant la nuit
que ces Oies de Guinée n’en avertifient par
un cri; pendant le jour , elles annoncent de
même les hommes ôc les animaux qui entrent
dans la bafie-cour; ôc fouvent elles les pour-
fuivent pour les béqueter aux jambes. Linn.f
n. 194. Bujf. tom. 17. p. 106. La Sibérie ,
la Chine, la mer Cafpienne, l’Europe.
L. 40. E. 6 6 . P._ R. 18.
a. U Oie de Mofcovie n’eft probablement
, qu’une variété de l’efpèce précédente. Elle a
l’iris des yeux d’un beau jaune ; le bec orangé
ôc furmonté d’un tubercule rond , charnu, de
la même couleur que le bec, mais noir à fcn
origine avec une bordure blanche. Une efpèce
de membrane charnue pend aufii fous la gorge ?
la tête ôc le cou font d’un brun-fombre, plus
foncé fur le fommet ôc fur le haut du cou.
Les plumes du dos ôc de la queue font brunes
ôc frangées de blanchâtre. Toute la furface inférieure
du corps ôc lès pennes de l’aile, font
blanches. Les pattes font orangées. La femelle
a la tête , la gorge, le cou ôc la poitrine fauves :
les- plumes du . dos imitent, par leur couleur >
celles du mâle ; les pennes de l’aîb ôc de .W