
XXX I N T R O D
fa famille ; la fauvette, le rouge-gorge, la mè-
fange, le rojftgnol, l’alouette &c ( i ) ; le bruant
le repouiïe Iorfqu’il fe préfente pour pondre
dans fon nid.
Divers autres petits oifeaux, quoique fort
ïnüruits dans l’art de bâtir , fe difpenfent de
cé travail, Iorfqu’ils rencontrent des nids étrangers
ou des logemens qui leur conviennent
& dont ils peuvent difpofer : le moineau,
le fmfonnet nous en fournilfeut des exemples.
Les oifeaux de baffe-cour font auffi du nombre
de ceux qui à proprement parler, ne
çonflruifent pas des nids. C’eft que l’homme ,
avec lequel ils vivent depuis G long-temps
en fociété, leur en épargne la peine. Ils en
conftruifoienc apparemment dans l’état de liberté
; mais depuis qu’ils font devenus fes
.efclaves, ils ont perdu une partie de leurs
facultés naturelles ou primitives. Ils vivent
dans une G grande abondance de toutes choies
qu’ils font devenus pareffeux & indolens, néanmoins
leur changement d’état n’a pas détruit
leur affeflion pour les petits qu’ils font éclore
dans les nids que la main de l’homme leur
prépare ; on fait qu’ils en prennent le plus
grand foin.
Quelques naturaliftes ont cru qu’on pou-
voit tirer un grand parti de la ftructure du
nid pour reconnoitre les efpèces; mais ils
fe font trompés, puifque les mêmes oifeaux
emploient fouvent des matériaux diGérens :
tous ceux de la même efpèce n’exécutent
pas même invariablement le même plan de
conftruâidn; ils ne choiGIFent pas non plus
les mêmes lieux : l’aigle, par exemple, niche
tantôt fur les rochers, tantôt à la cime des
arbres. " .
Accoüpiement. Comme dans les oifeaux, les
moeurs font plus pures en amour, de même
suffi les moyens d’y fatisfaire fontplus Gmples
que dans les quadrupèdes ; ils n’ont qu’une
feule façon de s’accoupler (2), au lieu que
parmi les quadrupèdes, il y a des exemples
de toutes les fituations : feulement dans lesef-
pèces , comme-celles de la poule & du pigeon,
la femelle s'abailfe en pliant les jambes ;
U C T I O N.
dans d’antres, elle ne change rien à fa po- j
fitron ordinaire 5c demeure droite fur TesI
pieds <i). M. White , cite une obfervatronl
nouvelle qu'il a faite relativement au martiA
net-noir ; il prétend qu’il s’accouple en volant : I
( i ) I I n’ eftpas probable, ditM. Nfh’te , que le coucou
dc-pote fes oeufs indiflinâemetlt dans le premier nid qu’il
rencontre ; mais il cherche une nourrice qui ait des
rapports avec fon efpèce.. , , J ’en ai trouvé un dans le
nid d’une alouette. The natural. kift. and antiquit. o f
ÿelèurne , &c. p. 1 28. _ .
( i ) Gênas avium omne eodem îUo ac Jttnphci more
..çonjiingitur nempe , feminam mare fupçrgrediente. Arifi.
fard, animal, lib, Y ! edp, 8q,
qu’on obferve, dit-il, ces oifeaux un beaul
matin du mois de mai, lorfqu’ils font à miel
très-grande hauteur, on en verra un fe re- j
pofer fur le dos de Vautre, 5c tous les deuxI
defcendre rapidement pendant une efpace
confîdérable, en pouffant un grand cri, je J
regarde ce cri comme le lignai de leur union(2).
Dans tous les oifeaux, le temps de l’accou- j
plement efî court, 8c plus court encore dans
ceux qui fe tiennent debout, que dans ceux
qui s’abaiftent : cette différence dépend de j
la conformation 8c de la ftrudure des parties
de la génération , dont la grandeur , la
pofition, le mouvement 5c l’a&ion varient
dans les diverfes familles : aufïi il paroit qu'il
y a une intromiftion réelle dans les uns, 8c
qu’il ne peut y avoir dans les autres qu’une
forte compreftion ou même un fimple attouchement.
Dans tous les cas, il eft néceffaire
pour opérer la fécondation des femelles que
la matière prolifique parvienne jtifqu’à l’o vaire.
P onte et incubation. Auffi-tôt que le nid eft
achevé, la femelle commence la ponte , qui
dure un temps plus ou moins confîdérable J
félon le nombre c|es oeufs qu’elle dépofe;
elle ne fait ordinairement qu’un oeuf chaque
jour. Il y aufli un jour de repos pour la plupart
des grandes efpèces, entre chacun de!
ceux où elle pond. L’incubation régulière
ne commence que quand la ponte eft finie;
alors la femelle 8c le mâle couvent tour-à-
tour ; néanmoins cette occupation regarde
plus fpécialement la fémelle. C’efl ici qu’on ne
peut s’empêcher d’admirer l’impreflion d’une
raifon fupérieure dans ces petites créatures :
elles ne favent affurément ni ce que contiennent
les oeufs j ni la nécefïité de les couver >
ni les moyens de les faire éclore ; cependant
ces animaux fi vifs, fî agiles 8c fï volages,
oublient en ce moment leur naturel; ils renoncent
à leur liberté, à leurs plarfîrs & fe
livrent aux foins pénibles de l’irnîubation. La
mère ne quitte prefque jamais fes oeufs 8c y
demeure collée pendant environ vingt jours
( 1) L e moineau , la. grue 3 & c .
(2) The natural y fofii and antiq, o f Selburne , &Ca
page 181 ,
I N T r o D
j de fuite (i) pour tes échauffer; elle les en-
jS vironne de fes ailes ; les remue doucement
S les uns après les autres, comme pour en jouir
i f plus en détail 8c leur communiquer à tous
| | un égal dégré de chaleur. Elle fe livre avec
M une telleardeur à cegenred’occupation qu’elle
en oublie le boire & le manger. On diroit
ÿ qu’elle comprend toute l’importance de la
K fonction qu’elle exerce : aucun foin n’eft K omis , aucune précaution n’eft oubliée pour
M achever l’exiftence de ces petits êtres com-
mencés, & pour écarter les dangers qui les
H environnent. Eft-elle forcée de les quitter :
I pouraller chercher la nourriture? elle couvre
I fes oeùfs avec des feuilles, pour les dérober
II aux recherches de leurs ennemis (i). Le père
j de fon côté, partage & adoucit fes peines
5c fes inquiétudes ; il appporte à manger à
K fa fidèle compagne ; il réitère fes voyages
If fans fe rebuter; il lui met dans le bec la
fl nourritture toute préparée , 8c il accompagne
| | fes fervices des maniérés les plus douces 8c
j» les plus jolies. S’il interrompt fes foins au-
près d’elle, c’eft pour la réjouir de fon chant;
If 8c il met tant de feu , tant d’enjouement 8c
1 graces dans ies ailées & les venues qu’il
■ fait pour e lle , qu'on ne fait ce qu’on doit
admirer le plus de l’afliduité continue de la
m, femelle, ou de l’inquiétude officieufe du mâle.
’(Eues. La. conformation extérieure d’un oeuf
K d’oifeaueft trop connue pour qu’il foit nécef-
|j faire d’en donner ici la defeription ; c’eft un
H corps tantôt rond j tantôt ovale qui fe forme
H dans les femelles de ces animaux; & qui,
IB fous une écaille qu’on nomme coque, ren
fa ferme un petit.animal de même efpèce ,
| | dont les parties fe développent 5c fe dilatent
j par l’incubation : on en trouve de toutes fortes
de couleurs 5c de toutes les grandeurs, depuis
M l’oeuf du plus petit mfeau mouche, jufqu’à celui
M de P autruche. On a tenté plufî-eurs fois d’é-
m tablir des caraélères propres à diftinguer les
M efpèces fur la forme, la couleur, la grandeur,
A le nombre 5c la fubflance interne des oeufs g
M niais leréfultat des obfervations qu’on a faites
i ( i) L a durée de l’incubation efl de treize à quatorze
H jours pour les petites efpèces , & de vingt à trente pour
B l é s grandes.
K (2) Les o r « , les canards , les anis, couvrent leurs
B oeufs avec des feuilles, lorfqu’ils font obligés de les
' quitter.
m (3) L ’oeuf du plus petit oifeau mouche eft de la
« g ro fleu r d’un pois ; le grand diamètre de celui de
autruche efl d’environ fix pouces; & fa circonférence
M de feize pouces,
Ü C T I O N , xx xj
à ce fufet, n’a pas paru favorffer cette en-
treprife. Plufîeurs individus, d’efpèces différentes
, pondent des oeufs d’une forme à-peu-
près égale : le ton de la couleur des oeufs
eft tantôt clair, tantôt foncé dans la même
ponte; quelquefois même abfolument différent
, comme on le voit dans les couvées
du cormoran 8c du guillemot» Le nombre 5c
la grandeur des oeufs varient félon Page ,
la vigueur de la femelle, 8c même fuivant
la température du climat ; ce qui doit également
s’appliquer aux oifeaux fauvages 5c
1 aux oifeaux domeftiques. La fubflance interne
de l’oeuf pourroît à la vérité fournir fouvent
quelques caraélèresdiftinétifs, mais on ne peut
point fixer le terme de ces différences. Les
obfervations fur les oeufs, ferviront donc plus
à eompletter l’hiftoire des individus , qu’à
fournir des renfeignemens politifs fur la dif-,
tindron des efpèces.
Voici les résultats des principales obfervations
qu’on a recueillies fur la grandeur
refpedive, le nombre 5c la couleur des oeufs
des oifeaux (1 ).
Obfervations générales fur la grojjeur des oeufs»
i°. Les oeufs des oifeaux terreftres font en
général propôrtionés à la grofteur de l'animal.
2°. Les oeufs des oifeaux terreftres font
proportionnellement plus petits que ceux des
oifeaux aquatiques.
3 °. Les oeufs les plus gros, relativement
à la grandeur des animaux, font ceux des oi-
r féaux de mer., qui habitent les rivages 8c
les ifles peu fréquentées. Les oifeaux qu’on
appelle arctiques t pourvu qu’on les trouve
" au-dela de 48 dégré de latitude, ne font qu’une
nichée très-peu nombreufe; mais leurs oeufs
font plus gros j afin que la chaleur ne les def-
fèche pas.
Obfervations generales fur le nombre des oeufs.
i°. Les oifeaux terreftres domeftiques font
des couvées nombreuses dans toutes les fai-
fons de l’année , parce que leurs oeufs pa-
roiftent plutôt deflinés à fervir de nourriture
à l’homme , qu’a la régénération de leur
efpèce.
2°. Les oifeaux aquatiques 5c domeftiques
(2) Steller, nov, cornai, petrop, vol. 4 , pag. 4X1.