
binées produifentBeanconp de différences dans
la maniéré de voler.II y èn a qui ,en volant,
étendent leurs ailes & ne les remuent que rarement
( i ) ; d’autres les agitent plus fréquemment
, mais feulement aux extrémités ( 2 ).
Dans quelques - uns, l’expanfion des ailes j
tandis qu’ils volent, met leurs flancs entièrement
à découvert ( 3 ) ; quelques - autres ne
les découvrent qu'en partie ( 4 ). Plulieurs,.
efpècesimitent dans leur vol, le jet d’une balle
lancée avec la main ( 5 ) ; d’autres, la chute
perpendiculaire des corps graves ( 6 ). Les
uns ne prennent leur eflor qu’après s’être mis
à courir ou en profitant de l’avantage de quelque
hauteur ( 7 ) j les autres s’élèvent perpendiculairement,
même au-defius de l’eau ( 8).
Ceux-civolentenfuivantuneligne droite ($) ;
ceux là tracent en l’air des arcs ondulés, ou
femblent décrire un dédale mobile & fugitif,
dont les routes lé croilfem, s’entrelacent,
fe fuyent & fe rapprochent ( 10 ) : enfin, quelques
efpèces, réunies en troupes femblent fou-
mifes à une taélique régulière ; elles obéilîent
à la voix d’un chef, & forment des légions dif
pofées en triangle ( 1 r ) ; les autres mêlés con-
fufément ne fuivent que la, voix de l’inflinâ
& repréfentent une efpèce de tourbillon fort
agité, dont la malfe entière, fans fuivre de
direction biens certaine, paroît avoir un mou-
Vetnent général de révolution fur elle-même(i 2]
On croiroit qu’il eft auffi effentiel à l’oifeau
de voler, qu’au poifîbn de nager & au quadrupède
de marcher ; cependant, il y a dans
tous ces divers ordres d’animaux, des excep
rions à cette loi générale : & de même que dans
les quadrupèdes , il y a des familles entières ,
comme celle des chauve-fouris, dont les individus
volent & ne marchent pas ; d’autres qui
commecelledesphoquesne peuvent que nager,
ou qui, comme celle des caflors & des loutres,
marchent plus difficilement qu’ils ne nagent ;
d’autres enfin, qui comme ceile du parefleux
( I) Le bufe, le milan , Xéperv'ier3 & plufieurs autres
©i féaux de proie diurnes.
(2.) L’alouette qui s’élève en chantant,
( 3) Le pigeon , 1a tourterelle.
(4) Les hirondelles. ,
. (5) Les perdrix,
(6\ L’alouette. •
( 7) Le vautour, le corbeau 8c les oifeaux de proie,
(8) Les canards fauvages 8c domefiiques,
(<?) L a pigeons , les grives.
(10) Les hirondelles.
(II) Lee aies , les canards , les grues, les cicognes.
(1 z) Les étourneaux & les linottes pendant l'hiver.
peuvent à peine fe traîner 3 de même , parmi
tes oifeaux, on trouve l'autruche > ie cafoar „
le droute , ie thouyon qui ne peuvent voler ,
& font réduits à marcher ; d'autres, comme
les guiüemots, les macareux qui volent & qui
nagent j d’au très-ffco m me les pingouins & lés
manchots qui nagent Si ne peuvent point voler;
êc d’autres qui, comme les oifeaux de paradis
, ne peuvent marcher ni nager, & ne
prennent du repos qu’en volant tant la nature
fe plaît à diverfifîer le plan de fes ouvragés
, & à diftribuer parmi les différens ordres
des êtres créés, des points d’union & de
lignes de prolongement par iefquelles tout
s'approche, tout fe lie , tout.fe tient.
La fécondé efpecé de mouvement que les
oifeaux partagent avec les quadrupèdes, &
qui dérive communément de l’agitation alternative
des jambes, ne produit ni la même
viteffe dans fes effets, ni le même intérêt dans
fon exécution. C’eft une marche tantôt lente,, •
tantôt rapide , félon que les jambes fe rapprochent
plus ou moins du centre de gravité & du
point de l’équîbre. Lespingouins8c les manchots,
dont le corps eft redrefle en ligne perpendiculaire
avec la tête Sc le cou , peuvent à
peine, je ne dis pas avancer ,mais fe foutenir
fur leurs pieds courts , pofés tout à l’arriere
du ventre : les canards qui ont leurs jambes
pofées hors de l’abdomen , ne peuvent garder
l’équilibre fur terre, ce qui leur donne des
mouvemens mal dirigés, & une démarche vacillante
: les hirondelles ont les pattes fi courtes
& les doigts fi mal conformés , qu’elles rampent
plutôt qu’elles ne voient : les perdrix
au contraire remuent alternativement les
pattes & courent avec beaucoup de rapidité :
les râles de terre néanmoins les fupaflent en
viteffe : les moineaux avancent par bonds Sc
fautillenr.les grues ont une allure particulière;
en marchant, elles jettent le pied en avant
par grands pas mefurés, ainfi que les cicognes.
A m o u r . Lorfque le foleil, parvenu au ligne
du bélier, vient nous annoncer le retour de
la plus belle des faifons , les noces de la nature
& l’époque d’une régénération univer-
Lelle j la terre, les plantes & tous les animaux
travaillent de çoncert à embellir les
apprêts de cette fête merveilleufe : les oifeaux
fe parent des couleurs les plus vives ; leur
* voix fe ranime & effare déjà fes-charifons mé-
lodieu fes. Lesefpèces éloignées fe rapprochent:
chacune paroît fucceffivement an pofte qui
Jui a été affigné. Le canard, les oies fauvages,
les cygnes argentés, formant dans les airs
de longs triangles , s’avancent jufques dans
les ifles voifines du pôle : la grue, la cicogne
jadis adorée dans l’Egypte qu’elle abandonne,
traverfe l’Europe , Sc s’arrête çà & là jufques
dans les villes, fur les toits de l’Allemagne ;
Iiofpitaliere : les hirondelles, les cailles quilttent
l’Afrique; & rafant les flots de la Médriérannée,
elles fe répandent autour de nos maifons,
ou dans nos vaftes prairies : le loriot, le chardonneret,
le coucou, le roffignol Sc la fauvettè
parodient auffi dans nos climats : les uns arrivent
déjà appariés, les autres à leur retour
cherchent une compagne. C’eft un fpe&acle
amufant d’obferver alors ce qui le pafîe fous
le feuillage ; i amour s’y produit fous mille
formes diverfes. Dans quelques efpèces, c’eft
un fer. timenf doux, tranquille, qui s’exhale
par des accens plaintifs, des carefles tendres ,
des baifers timides ; dans d’autres, on ne voit
point ces préludes affedueux, cette émotion
intérieure , ces fentimens graduésmais on
apperçoic au contraire3 des mouvemens brufi
ques Si précipités qui n’indiquent que le befo.in
pour foi-même. Ici, c’eft un mâle impétueux
qui difpute à fes rivaux la pofTeffion de fa
conquête; là, c’eft une femelle ru fée , qui
emploie avec adrefle toutes les reftources de
la coquetterie : elle cherche à irriter lesdefirs
du mâle, tantôt par des carefles, tantôt par
des refus ; & dans le temps où elle cède avec
emportement, elle donne encore à fes faveurs
l’air de la complaifance Sc du facrifice ( 1 ).
Enfin, les gages de l’himen font reçus; &
les amans s’envolent dans les lieux où les
conduifent leur inftind, le plaifir , leurs be-
foins Sc les foiqs de leur fûrete : les uns fe
répandent dans les prairies ; les autres dans
les bois : ceux ci fe plaifent au fond des dé-
ferts; ceux-là préfèrent lès bords efearpés d’une
riviere ou les arbres penchés fur le courant
d’un ruifleau. Chaque petit ménage, dans la
plupart des efpèces , eft l'image de la fociété
conjugale la plus tendre & la plus parfaitef 2).
( i)D an s les oifeaux, il y a plus d attachement & plus
de morale en amour que dans les autres animaux 3 on y
retrouve auflî tous les germes de la rivalité, de la coquetterie
& de la jaloufic.
(i) M. Bonnet cite un exemple frappant des foins
affeétueux que les mâles d’une efpèce de perruche connue
lous le nom de moineau de Guinée ou de perruche a tête
rouge, prennent de leur femelle. Une pair; de ces petites
perruches étoit logée dans la meme cage. L’auget qui
renfermoit la nourriture étoit placé au bas Le mâle étoit
prefque toujours perché fur le même juchoir à côté de fa
femetlc. Ils le tenoient collés Sc fs regardoient iié-
La polygamie n’eft en 11 Page que parmi quelques
familles ifolées; le mâle fe contente orquemment
d’un air tendre. S ils s’cioiguoici.t 1 un de l'autre,
ce n’ étoit que pour quelques inflans , & on les voyoit
bientôt fe rejoindre & fe fcrr.r l’un cortre l’autre. Ils
alloienc enfemble prendre leur repas & r, tournoient bien
vite fe percher fur le juchoir le plus élevé de la cage : de
temps en temps ils fembloient lier une foi te de coi y création
à voix baffe & fe répondre 1 un à l’autre : ils faifoient
entendre alors de pet’ts fons allez variés qui hauffoient
& baiffoient alternativement : quelquefois meme ils pa-
roiffoiènt fe quereller; mais ce s pettes querelles n’etoiert
que paffa gères , & fe terminoient toujours par de nouvelles
tendreffes qu’ils fe produiguoier.t mutuelllcmcnt»
L ’ heureux couple paffa ainfi quatre ans dans un climat
bien différent de celui ou il étoit né; mais au bout de
ce tenjne , qui étoit apparamment affez long pour cette
efpèce de perruche 3 la femelle tomba dans une efpèce
de langueur qui avoit tous les caradères de la vieiileffe ;
fes jambes enflèrent & il y parut de.s nodofités, comme fi
elles euffent été goutteufes. Il ne lui fut plus poffible
d’aller prendre fa nourriture comme auparavant ; mais
le mâle toujours officieux & toujours empreffé, alloit
la prendre pour elle, & la lui dégorgeoit dans le bec. Il
fut ainfi fon vigilant pourvoyeur pendant quatre mois
entiers. Les infirmités de fa chère compagne accroiffoient
chaque jour Sc la reduifirent enfin à ne pouvoir plus fe
percher. Elle fe tenoic accroupie au bas de là cage & faifoit
de temps en temps d’inutiles tentatives pour gagner le
premier juchoir. Le mâle, qui s*y tenoit perché tout près
d’elle, fecondoic de tout fon pouvoir fes efforts impuif-
fans : tantôt il faififfoit avec fon b ec, le haut de l'aile de
fa femelle pour la tirer a lut ; tantôt il la prenoitpar le
bec & tâchoit delà foulever en réitérant fes efforts à plu-
fieurs reprifes. Ses mouvemens , fes geftes , la contenance,
là follicitude continuelle, tout en un mot, indi-
quoit dans l’intéreflant oifeau 3 ledefir ardent d’aider à
la foibieffe de fa compagne & de foulager fes infirmités ;
mais le fpedacle devînt bien plus touchant encore quand
la femelle fut fur le point d’expirer. Jamais on ne vit
dans les oifeaux de fcène plus atcendiiffante : le mâle infortuné
tournoie fans cefle autour de fa femelle expirante;
il rèdoubloit les emprelletnens & fes tendres foins;
il eflàyoit de lui ouvrir le bec pour lui dég >rgcr quelque
nourriture : fon émotion accroifloit d'inftant en inftant;
il alloit 8c venoit de l’air le plus agité & le plus inquiet ;
il poulfoit par intervalle des cris plaint fs ; d’airrc fois
les yeux collés fur fa femelle, il gardoic un morne fi'ence :
il étoit impoffible de fe méprendre for les exprefiions de
fa douleur ; je dirais prefque de fon défefpoir; & l’ame la
moins fenfibleen eût été émue. Sa fidèle compagne expira
enfin, & lui-même ne fi: plus que languir & ne lui fur-
vécut que quelques mois. Contemplation de la nature
vol. 3 , p a r t .X I, pag. n .
L e Kamichi offre encore un exemple bien remarquable
par fa fidélité conjugale. Xe mâle & la femelle dew
meurent unis toute leur vie & ne fe f parent piefque jamais.
Il fcmble même que la mort qui mer fin à tout,
ne puiffe rompre les doux liens, par lefquels l’amour
avoit uni les deux fexes: on voit l'individu qui a eu ,'e
malheur de furvivre à fa compagne , traîner une vie
languiffante, errer fans cefle en pouffant des cris lugubres
, & fe confumer près des lieux où il a per'u l’objet
de fes amours. On pourroit en dire autant de la tourte*
r d le , à célèbre par fa tendr.fle conjugale , &c,