
eft la plus extraordinaire. “Nous en avons vu
un vivant à Paris , il y a quatre ans. Sa tête,
qui imite par fa forme celle de YO ie , eft
fort petite, nue fur le fommet, & terminée
antérieurement par un bec applati, noir à l'extrémité
& aftez femblable à celui du C an ard.
Les parties latérales de la tête & la moitié
fuperieure du cou' font revêtues d’une peau
rougeâtre, garnie d’un duvet blanc qu’on
prendroit pour du poil. Les jeunes Autruches
font d’un gris-cendré la première année , ôc
ont des plumes par-tout ; mais ce font de
fauffes plumes qui tombent bientôt d’elles-
mêmes , pour ne plus revenir fur les parties
qui doivent être nues, comme la tête, le haut
du cou , les cuiftes, les flancs & le deffous
des aîles. Elles font remplacées fur le dos, la
poitrine, le ventre ôc le croupion, par des
plumes noires dans le mâle, & par des plumes
d’un gris-cendré dans les femelles. Quelquefois^
cependant on trouve des A utruches dont
la livrée eft mélangée de gris ôc de noir. Les
plumes les plus courtes occupent la partie inférieure
du cou ; elles deviennent un peu plus
longues fur le ventre & fur le dos : les plus
alongées font aux extrémités de la queue &
des-ailes ; celles-ci, du moins les plus grandes,
font entièrement blanches. La pofition & la
ftru&ure de ces plumes mérite d’être obfervée.
Elles ne font pas appuyées les unes fur les
autres , comme celles des autres oifeaux, ni
difpofees pour frapper l’air avec avantage ; elles
n ont aucune conflftance , aucune adhérence
réciproque ; leurs barbes, font défunïes, détachées
les unes des autres, Ôc ne peuvent par
conféquent oppofer à l’air une réfiftance convenable
: de-là vient que cet oifeau eft attaché
a la terre, comme par une double chaîne ,
fon exceflive pefanreur & Ja conformation de
fes ailes ; ôc il eft condamné à en parcourir
laborieufement la furface, comme les quadrupèdes
, fans pouvoir s’élever dans l’air. On
trouve de chaque côté, fous les aîles, deux
_ergots d’environ un pouce de long ; l’un eft au
bout de 1 aile, ôc 1 autre â l’extrémité de l’aî-
leron. Les cuiftes font fort grofles , très-muf-
culeufes , couvertes d’une peau brune &
marquées de rides un peu élevées , qui fe
croifent les unes les autres & laifTent entre
elles des efpaccs quarrés: Les pieds font nerveux
Sc divifés en deux doigts feulement ; le plus
long eft arme d’un ongle noirâtre; l’autre n’en
n en a point, \ J A utruch e fe nourrit de végétaux ;
elle avale aufli avec voracité les fubftances Iej
plus dures, comme les pierres, le cuivre, |e
fer, &c. ; mais c’eft moins fans doute po(lt
en faire fa nourriture , que pour fuppléer {
la trituration dont elle eft privée par le dé-
faut des dents. La femelle eft très-féconde*
elle fait plufieurs pontes par an de vin?!
oeufs y de trente ôc même davantage ; elle
les dépofe fur un amas de fable , lès confie
à la chaleur du foleil pendant le jour ôc ne
les couve que la nuit. A4 . Vaillant nous 1
donné des détails fort curieux fur l’incubation
de l’Autruche. « Je fis lever , dit - il , une
» Autruche femelle. Arrivé fur fon nid , le
» plus confidérable que j’eufle vu, j’y trouvai
** trente-huit oeufs en un tas, Ôc treize dif-
» tribués plus loin, chacun dans une petite
» cavité. Je ne pouvois concevoir qu’une
» feule femelle peut couver autant d’oeufs ; ils
»» me paroiflbient d’ailleurs de grandeur iné-
1 gale. Lorfque je les eus confidérés de plus
» près, j en trouvai neuf beaucoup plus petits
» que les autres. Cette particularité m’inté-
» refloit vivement. Je fis arrêter Ôc dételer d
« un quart de lieue du nid, Sc j’allai m’en-
»* foncer dans un buifton, d’où je la voyois
” a découvert & dire&ement à portée de la
I balle. Je n’y fus pas long-tems fans voit
»> arriver une femelle qui s’accroupit fur les
| oeufs ; ôc pendant le refte du jour que je
»> paflai dans ce buiflon, trois autres fe ren*
»» dirent au même nid. Elles fe relevoient
« 1 une apres 1 autre : une feule refta un quart*
” d’heure â couver, tandis qu’une nouvelle
>» venue s y ecoit mife à côté d’elle ; ce qui me
« fitpenfer que quelquefois, Sc peut être dans
” les nuirs fraîches ou pluvieufes, elles s’en-
» tendent pour couver à deux, Ôc même davan-
55 tage. Le foleil touchoit à fon déclin : un
n mâle arrive , qui s’approche du nid pour y
” prendre place ; car les mâles couvent auffi
» bien que les femelles : je lui envoyai mon
« coup qui l’érendit mort........Cette parti-
» cularite touchaut les moeurs de l'Autruche,
” dont la femelle fe réunit avec plufieurs
” autres pour 1 incubation dans un même nid»
» eft d’autant plus faire pour réveiller latten-
» rion du Natiiralifte, que, h’étanr point uns
n réglé generale, elle prouve que les circonf-
» rances peuvent quelquefois déterminer les
». aétiôns des ces animaux ôc modifier leurs
» fenrimens ; ce qui tendroit à rehauftèr leur
» inftinéfc, en leur donnant une prévoyance
» plus réfléchie qu’on ne la leur accorde or-
„ dinairemenc. N’eft-il pas problable que ces
„ animaux s’aftocient pour être plus en force,
„ ôc défendre mieux leur progéniture (1) ? »
L’obfervation véritablement intéreftante que
M. Vaillant a été dans le cas de vérifier ,, fa-
voir, que Y Autruche place toujours à portée de
fon nid un certain nombre d’oeufs proportionné
à ceux quelle deftine à l’incubation ; cette ob-
fervation, dis-je, n’eft point nouvelle ; il en eft
fait mention dans les Tranf. philofophiques.
Ces oeufs n’étant point couvés, fe confervent
frais très-long-tems; &.l’inftin<St prévoyant de
la mère les deftine à la première nourriture
de ceux, qui vont éclore : du refte, chaque
oeuf eft lifte ôc d’un blanc légèrement teint de
jaunâtre ; fa coque eft: fort épaifte : on en fait
des efpèces de coupes qui durciftenc avec le
tems & reftemblent en quelque forte à l’ivoire.
Cet oifeau procure trop d’avantages à l’homme
pour qu’il puifte être en fureté dans les défères.
Des peuples entiers ont obtenu le furnom de
Strutophages , par l’ufage où ils étoient de
manger de Y Autruche. L’Empereur Héliogabale
fit un jour fervir la cervelle de fix cents • de
ces animaux dans un feul repas. Les habitans
de la Lybie ôc de la Numidie en nourriftent
encore aujourd’hui de privées, dont ils mangent
la chair ôc vendent les plumes, qu on
emploie comme ornement ôc comme diftinélion
militaire. Les Arabes écorchent les A u tru ch e s ,
& font de leur cuir des efpèces de foubre-
veftes qui leur tiennent lieu de cuirafte ôc de
bouclier. On fait même plus que les appri-
voifer : on en a dompté quelques-unes au
point de les monter comme on monte un
cheval; ôc cet ufage étoit connu des anciens,
puifque le tyran Firmius, qui régnoit en Egypte
fur la fin du troifième fiècle, fe faifoit porter,
dit-on,. par de grandes Autruches (2). On
prétend qu’elles courent plus vîce que le meilleur
coureur anglois (3). Lin n , f . n. 1 6 5. B u ff.
tom. 2. p . 212 (4). B r i jf . Ornith. tom. 5, p . 3.
Y A friq u e & le s p a y s circonvoifins.
L. 144. E. 113. P.. R.. (*),
I I?. G B N R e;
CASOAR , C a fu a r iu s , Lin n . f . n.
Corpus g ra n d e , ovatum , p lum is nigris , fu fe is
St g r ife is veftitum , qua è longinquo intuentihus9
p i l i potiufquam pluma, videntur.
Caput p a rvum , modb plum o fum , modo c a l-
v um y fe u p o tiu s ra r is p i l i s obfitum , e x a tro -
coerulefcens. G a le a cornea in vertice p r im a
fp e c ie i. R oflrum cohicum x rectum , apice p a rhm
incurvatum. P a le a r ia b in a in medio ja g u l i ; in
fe c u n d â fp e c ie nu lla . N a r e s fu b ro tu n d a , versus
apicem roflri pofita. Lingua margine denticulata\
Collum longifjimum , fu p erne nudum, b aß mi-
niatum 3 fub-plumo furn . C a llu s in medio pectore.
A U b re v ijjim a , f e u po tiu s rudimenta quadam
alarum : remigum loco quinquè tantum f c a p i ,
e lo n g a t i, teretes.
C ru ra c r a jja , fq u am is tecta. P e d e s t r id a ü y li :
d ig iti très antici unguiculati 3 p o fiic o nullo.
C au d a n u lla .
Cafuarius infularum Moluccarum & Sumatra
incola , celerrime c u r r it , vo la r e n e fe it : f e r o x ,
fu i s in fià r g ru n n it , eq u im o re p e d ibu s calcitrat ;
verlern fa c i le m an fuefeit. Vz g e tab ilibu s v ic lit a t
& quae urn que ei objiciuntur déglutit, bcemina o v a
ponit. m ax ima , fub cine rea , extrema p a rte vi-
rtfe entia , & creberrimis tuberculis fa tu r a t c
v irid ibu s inßructa.
Le corps 'grand , ovale ôc revêtu de plumes
noires, brunes ôc grifes, qui de loin reffem-
blent à des poils plutôt qu’à des plumes,
La tête petite, tantôt couverte de plumes,’
tantôt nue, ou plutôt garnie de poils claii>
femés. Une forte de cafque de fubftance
cornée fur le fommec de la tête , de la première
efpèce feulement ; la fécondé efpèce
n’en a point. Le bec en cône droit, un peu
recourbé à la pointe. Deux appendices fur le
milieu de la gorge. Les narines arrondies ôc
pofées vers l’extrémité du bec. La langue dentelée
fur le contour.
Le cou très-long , dépourvu de plumes a
l’extrémité fupérieure, d’un beau rouge à la
bafè ôc garni de petites plumes. Une callcfité
fur le, milieu de la poitrine.
(1) M. Vaillant, Voy. en Afrique , tom. 2 , p. }Ct Sc 143»
(2) Textor apud Gefnerum , p. 573.
(3) M. Adanfon , Voy. au Sénégal , p. 48.
(4) Voyez l’édition in-80. de l’imprimerie royale, 17 8 1 . . , . , r
(*) Nota. Les nombres indiqués par des chiffres dans les deux premiers termes de cette abréviation, _delignenc
des pouces; & les dimenfions des oifeaux que nous donnerons dans le cours de ce Traité, feront toujours priies epuis
la pointe du bec jufqu’à l’extrémité de la queue, lorfque cette partie excédera la longueur des pieds ; ou jufqu a 1 extrémité
des ongles, lorfque les pieds dépafferpnt la queue. A 2.