
à çelui-ci par la netteté , la richeffe ôc l’éclat
des couleurs ; elles ont les nuances de l’arc-
en-ciel , le brillant de l’émail ÔC le luftre de
la foie. Le bec eft noir, épais à la bafe ,
filé droit en I pointe ÔC long de dix - fept
lignes ; la langue courte , large, pointue , de
couleur rouge ou jaune comme le dedans
& le fond du bec. La tête ôc le haut du cqu
font feraiés de petites taches bleues , tranf-
verfales , fur un forid d’azur. On voit fur
les parties latérales de la tête deux plaques
rouffes; l’une eft fituée entre la narine ôc
l ’oe il, au-deffus d’une tache noire ; l’autre eft
pofée vers l’ouverture de l’ouïe ; celle - ci
eft fuivie d’une bande blanche mêlée de
roux. Tout le milieu du dos ainfi que le deffus
de la queue, eft d’un bleu-clair ÔC brillant,
qui , aux rayons du foleil, a le jeu du fa-
phir ÔC l’oeil de la turquoife : le vert fe
mêle au bleu fur les ailes ; & la plupart
des plumes y font terminées ôc ponûuées
d’une couleur d’aigue-marine. La gorge eft
d’un blanc lavé de roux : Gëfner compare
le-1 jaune-rouge-ardent qui colore la poitrine
au rouge-enflammé d’un charbon. Le milieu
du ventre eft d’une couleur un peu plus
claire ÔC blanchâtre. Les pennes des ailes
font brunes en deffous; deffus, elles
ont du bleu-foncé du côté extérieur ôc du
brun fur leur bord intérieur ; la troifième.
eft la plus longue de toutes : celles de la
queue font d’un bleu-foncé en deffus ôc
brunes en deffous, La conformation des doigts
antérieurs mérite d’être obfervée: l’extérieur
eft étroitement uni à celui du milieu jufqu’à
la troifième articulation ; de manière qu’il
en réfulte l’apparence d’un doigt fourchu
plutôt que celle de deux doigts diftin&s, ce
qui forme en deffous une plante de pied
large ôc applatie : le doigt intérieur eft très-
court ôc plus que celui de derrière. Les
jeunes M a n ia s - pêcheurs préfentent quelques
différences de couleur : ils ont la tête rayée
tranfverfalement de noir ôc de bleu-verdâtre ;
deux taches de feu, l’une fur les yeux en
Uvant; l’autre plus longue fous les yeux ÔC
qui, fe prolongeant en arrière , devient blanche.
Au bas du cou, près du dos , le bleu
devient plus dominant ; ôc une bande ondoyante
de bleu, mêlée d’un peu de noir,
parcourt la longueur du corps ÔC s etend
jufqu’à l’extrémité des couvertures de la
queue » p.il le bleu devient plus vif. (Les couvertures
des ailes font brunes, pointillées de
bleu; les pennes moitié brunes ôc moitié
bleu-rembruni ôc les re&rices d’un bleu-foncé.
La gorge eft blanchâtre, ainfi que le ventre ;
ôc la poitrine rouffe ombrée de brun : le
deffous de la queue eft d’un roux prefque
aurore. Cet oifeau porte dans nos provinces
différens noms : on l’appelle Àlcyon, Drapier
, Garde - boutique , Bleuet , Tartarieu : il
eft fauvage, trifte, folitaire ôc fréquente les
bords de la mer Ôc le cours des petites
rivières. Son vol eft rapide ôc filé ; il fuit
ordinairement le contour des ' ruiffeaux en
rafant la furface de l’eau ; ÔC fait entendre
en volant une voix perçante ki, k i, ki, kl,.
dont Tl fait retentir les rivages. Au printemps,
il a un autre chant qu’on ne laiffe pas
d’entendre malgré le murmure des flots Sc
le bruit des cafcades. Comme il eft très-friand
de poiffon , il fe met prefque toujours à
portée de ,1e faifir au paffage. Au défaut de
branches avancées fur l’eau , il fe pofe fur
quelque pierre voifine du rivage ou même
fur le gravier ; & au moment qu’il apperçoit
un petit poiffon, il fait un bond de douze
ou quinze- pieds Ôc fe laiffe tomber à plomb
de cette hauteur. Souvent on le voit-s’arrêter
dans fon vol rapide, demeurer immobile &
fe foutenir au même point pendant plufieurs
fécondés. Lorfqu’ii a faifi fa proie, il la porte
fur la'terre ôc la divife avant de l’avaler:
il vit aufli de petits coquillages ôc même
d’infeâes. Il niche au bord des rivières &
des ruiffeaux dans des trous creufés par des
rats d’eau ou par les écreviffes, qu’il approfondit
lui-même ôc dont il maçonne ôc rétrécit
l’ouverture. On y trouve des petites
arêtes de poiffon Ôc des écailles fur de la
pouflière, en forme de nid ; ôc c’eft fur
cette pouflière que la femelle dépofe fes oeufs,
au nombre de fix, fept ôc même dé neuf?
félon Gefner. Sa chair a une odeur de mule
ôc n’eft pas bonne à manger ; mais on attribue
à cet oifeau defféché de grandes propriétés :
on dit qu’il repouffe la foudre ; qu’il fait
augmenter un tréfor enfoui ; qu’il communique
à qui le porte avec foi la grâce &
la beauté ; qu’il donne la paix à la maifon;
le calme à la mér ; qu’il attire le poiffon &
rend la pêche abondante ; ôc qu’enfermé dans
une armoire ou dans un magafin, il çon-
ferve les draps ôc les autres étoffes de laine :
cette dernière vertu eft fans doute la moins
fabuleufe i
O R N 1 T H
fâbuîeufe : fon odeur de faux mufe pourroit
bien écarter les teignes ôc éloigner les infectes.
Muf. Adolph. Frid. i. p. iC. Scop. ann. /.
p. 5 5 . n. 64. Buff. tom. 13. p. 242. JJEurope,
l ’A f e , ÜAfrique.
L. 6 J. E. 10 f. P. 22, R. 12.
a. Le Martin - pêcheur du Sénégal , connu
fous le nom de Baboucard, a tant de reffem-
blance avec celui d’Europe, qu’on peut croire
que ces deux efpèces n’en font qu’une. Cette
conje&ure eft d’autant plus plaufible, qu’il
eft très-probable que le nôtre eft un étranger
égaré dans nos climats, ôc qu’il eft originaire
des contrées plus chaudes. Le Ba-
boucard diffère principalement du Martin-
pêcheur , en ce qu’il a le bleu du dos mêlé
de fauve ; la tête ôc le haut du cou Amplement
tiquetés de bleu ; ôc enfin, en ce que
tout ce qui eft bleuâtre dans le précédent,
eft d’un bleu tirant fur le vert dans celui-
ci. BrijJ. Ornith. tom. 4, p. 48 5 . n. y. Le
Sénégal. L. 6 j, E. 8 P. 22. R. 12.
* Le Martin- pêcheur demi-bleu. 32. A.
Semi-ccerulea. A. Corpore fuprd anticï nigro ,
pof ich cotruleo ; fubtits ferrugineo : capite obfcure
cinerafcente : remigibus ïntùs niveis, ex tus cceru-
leis : rojlro pedibufque miniatis.
La partie antérieure, du dos noire ; la
poftérieure bleue ; le deffous du corps rouf-
fâtre : la tête d’un cendré-obfcur : les pennes
de l’aile blanches en dedans, bleues en
dehors : le bec ôc les pieds d’un beau-
rouge.
Cet oifeau a le bec droit, d’un rouge-
éclatant Ôc long de plus d’un pouce ; les
narines oblongues ôc découvertes ; la langue
très - courte, en forme de coeur , entière ,
, obtufe ; la tête ôc là nuque d’un cendré-
obfcur ; les épaules noires ; les couvertures
de l’aile bordées de bleu; ôc les dix premières
pennes de cette même couleur,
avec des taches blanches du côté extérieur
ôc du noir à la pointe : les moyennes ÔC
les fuivantes ne montrent que du bleu en
dehors ; en dedans ÔC à la pointe, elles
font noires. La poitrine eft pâle ; ÔC le
ventre d’un roux - ferrugineux. La queue
eft courte, compofée de plumes bleues,
doublées de noir ; les deux latérales feule-
wiçnt ont du bleu en dehors & d^ noir
O L O G I E ,
en dedans. Il a environ une palme de longueur.
Forsk. Defcript. Animal, p. z. n. 5 ,
V Arabie.
L.. E.. P. 23. R. 12.
Le Martin-pêcheur tacheté. 33. A. Jnda'.
A. Corpore fuprd viridi ; fubtits aur.intio :
vertice nigro : lineâ fuprd infraque oculos fulvâ :
fafciâ peciorali nebulofâ : alis albo punclatis :
rojlro nigro : pedibus rubris.
Le deffus du corps vert ; le deffous orangé :
le fommet de la tête noir : une ligne fauve
au-deffus ôc une autre au-deffous des yeux :
une bande nébuleufe fur la poitrine : les
ailes tiquetées de blanc : le bec noir : les
pieds rouges.
Cet oifeau eft remarquable par l’éclat ÔC
l ’affortiment de fes couleurs. Il a le haut de
la tête noir ; le bec taché d’orangé à la bafe
de la mandibule fupérieure ; deux ligner
rouffâtres de chaque côté , l’une au - deffus
ôc l’autre au-deffous de l’oe il, ôc une tache
verte fur les joues : cette dernière couleur
domine fur le haut du cou, le dos, les ailes
ôc la queue ; mais de plus, les pennes, les
reârices ôc lé croupion font femés de petites
taches blanches. Le deffous du corps eft:
d’une couleur fauve ou plutôt orangée : une,
large bande noire, frangée de gris-cendré^
traverfe la poitrine. Edwards eft le premier
Naturalifte qui a donné la defeription Ôc la
figure de ce Martin-pêcheur. Edw. Glan. p lm
s3g5. Linn, f . n. lyq. Les Indes occidentales x la
Guiane*
L. 7. E.. P.. R..
Le Martin - pêcheur a front jaune. 344
A. Erithaca. A. Corpore fuprd coeruleo ; fubtits
flavo ; vertice & uropygio rubefeentibus : fronts
luteâ : fafciâ oculari nigrâ : femi-torque albâ 4
rojlro pedibufque rubris.
Le deffus du corps bleu ; le deffous jaune :
le fommet de la tête ôc le croupion rougeâtres
: le front jaune : une bande noire
fur les yeux : un demi - collier blanc : le
bec ôc les pieds rouges.
Il eft A extraordinaire de voir le jaune
le rouge réunis fur le plumage des Martins-
pêcheurs , que plufieurs Ornithologiftes ont
révoqué en doute l’exiftence de celui - ci »
dont Albin a donné le premier la figure Ôc
la defeription, Son bec eft rouge, ainfi, qu$