
tant de force & de' promptitude que l’air
ne peut refluer ; l'air devient alors un efpèce
de corps folide qui réfifte à l’action des ailes,
& qui fert de point d'appui au mouvement
de l'oifeau. Mais comme l’aile en fe relevant
. & en agiffant fur l’air de bas en haut avec
autant de force 6c de vîtefle qu’elle l'avoit
frappé de haut en bas , éprouveroit une ré-,
fïfiance capable de faire redefcendre le corps
de l’oifeau autant qu’il étoit monté , la nature
a paré à cet inconvénient par l’art induftrieux
avec lequel l'aile eft façonnée ; elle eft un peu
concave en deflous, afin que l’air fur lequel
elle s’appuie, s’enfermant dans cette concavité,
réfifte davantage, Sc qu’il glifie plus facilement
fur fâ convexité, lorfqu’elle fe relève.
Il arrive «ufli que les barbes de chaque
plume fe plient plus aifément de haut en
basque de bas eh haut, ce qui fait que quand
l’aile fe relève, elles obéiffentà l’air 8c diminuent
fon a&ion ; au lieu que dans le mouvement
contraire, elles la fortifient en lui ré-
liftant. Il faut obferver encore que les oifeaux
en relevant les ailes , ont la faculté de rapprocher
les plumes & de les faire couler l’une
fous l’autre , en les retournant un peu obliquement;
au lieu qu’en les abaiflant ils les
déploient autant qu’il eft poflible. La conl-
ttudrondes plumes 8c la faculté dont jouiflent
les oifeaux, tout annonce que la furface des
ailes eft augmentée lorfqu’elles s’abaiffent, &
qu’elle diminue lorfqu’elles fe relèvent; l’air
eft donc plus frappé dans un cas que dans l’autre
; d’où il doit réfulter une différence dans
le mouvement de l’oifeau.
Queue. Voici encore une autre partie qui a
une grande influence dans le mécanifme du
vol ; car en fuppofant le corps de Toifeau
fufpendu en l’air par l’aâion des ailes, qui
forment alors le centre de gravité, fi la queue
frappe l’air à droite ou à gauche, le vol change
auffiiôt de drreâion & obéit à ces diverfes im-
pulfions , à-peu-près comme un bâteau qui fe
tourne 8c retourne dirige par les mouvemens
d’un aviron. En haufiant la queue l’oifeau fe dirige
en haut ; par une raifon contraire , il fe
porte en bas quand ilia baifle ; & lorfqu’il la
Iiauffe-& la baifle fucceflivement, par des
mouvemens brufques & rapides, alors fon
vol fe dirige fimplement en avant. On
peut donc regarder la queue comme une
efpèce de gouvernail, d’où^dépend la diredion
du^oljilfufficpourcet effet qu’elle foit plate,
droiit, ferme 6c d’une futfa ce toujours égaie.
Plume. Quoi qu’on nomme plume en général,
tout ce qui recouvre le corps des oifeaux , on
en diftingue cependant de trois fortes, le duvet,
les plumes proprement dites 8c les pennes.
Il y a deux efpèces de duvet ; un léger, qui
revêt le corps du Jeune oifeau dont les plumes
n’ont pas encore pouffe; un autre, qui
croit fous les plumes 8c qui fe développe
en même-temps qu’elles ou à-peu près. Le
premier duvet ne confifte qu’en quelques barbes
effilées fans liaifon; fon infertion eft fupefr
ficielle à l’extrémité du tuyau des plumes qui
doivent pouffer; il les précède 8c il tombe à
mefure qu’elles commencent à croître. Le
duvet de la fécondé efpèce eft une plume
courte, à tuyau grêle, à barbes longues, égales ,
défunies, qui adhère à la peau. C’eft une fourrure
, un vêtement chaud & léger, interpofé
entre le corps 8c les plumes : voilà pourquoi
il eft plus fourni fur les oifeaux qui font ex-
pofés à fupporter de grands froids, foit parce
qu’ils s’élevént fouvent dans les hau tes régions,
comme Yaigle 8c les oifeaux de proie diurnes ;
foit parce qu’ils ne fortent que la nuit, comme
la chouette, le hibou; ou parce qu’ils vivent
dans de climats plus feptentrionaux, comme
les pinguoins, les manchots, ou qu’ils font fou-
vent fur les e a u x d o n t la température eft
plus froide. On appelle .encore duvet ces barbes
effilées qu’on trouve à la bafe des plumes,
à l’endroit ou finit la partie creufe du tuyau.
Les plumes proprement dites font tantôt “rondes,
tantôt oblongues, légèrement courbées,
pofées en quinconce 8c difpofées à recouvrement
depuis le fommet de la tête jufqu’à
la queue. Celles de la tête font ordinairement
plus courtes que celles qui revêtiflent le corps ;
les autres augmentent en grandeur à mefure
qu’elles approchent de la queue. Cependant
dans beaucoup d’efpèces., on voit fur le fommet
de la tête , des plumes longues 8c relevées
en forme de huppe. La plupart des oifeaux
qui portent cette efpèce d’ornement, ont la
faculté de plier 8c de renverfer ces plumes
en arrière, fur-tout ceux qui ont le vol long
8c rapide. Il y a encore des plumes d’une
flru&ure particulière fur le cou , au tour de
l’ouverture de l’oreille 8c qui font quelquefois
exceffivement .prolongées, comme on
le voit dans le coq ôc leJîfîlet; mais elles n’ont
point de dénomination particulière, quoiqu’elles
fervent toujours à caradérifer les efpèces.
Les Pennes font les plumes qui garnifîent le
bord
bord poftérreur de l’aile 8c qui compofent la
queue fi). Ce font les plumes les plus fortes
du corps ; leur tuyau eft gros ; leurs barbes
font longues , élaftïques, 8c très-intimement
unies les unes avec les autres.
Les pennes de l’aile font étroites d’un côté,
élargies de l’autre & différemment échancrées,
leur longueur n’a fouvent aucun rapport avec
le volume du corps ; ainfi de très-petits oi-'
féaux' ont les pennes beaucoup plus longues
que ceux d’une groffeur moyenne; celles des
hirondelles-de-mer 8c des mouettes , font beaucoup
plus longues que celles du pigeon 8c du
geaij qui les furpaffent en groflfeur. En général,
plus les pennes de l’aile font longues, plus
le vol eft élevé, rapide & foutenu ; mais ce
qui met de grandes différences dans la rapidité
du v o l, ç’eft que dans certaines efpèces
les barbes des pennes forment, de la bafe à
la pointe), un tout continu, qui va en décroif-
fant infenfîblement ; tandis que dans d’autres
individus, les barbes fe racourciflent tout-à-
coup, tantôt du côté intérieur, tantôt du
côté extérieur; 8c les pennes paroilîent alors
échancrées. Lbrfqu’elles font toutes pleines,
l’aile eft à cet égard conformée de la manière
la plus favorable pour le v o l, parce qu’elle
frappe l’air par une furface plus grande 8c
non interrompue; au contraire , quand il y
a des pennes échancrées ou plus courtes que
les autres, la conformation de l’aile eft moins
heureufe 8c moins favorable; aufli voyons-
nous que les oifeaux qui s’élèvent très-haut,
qu.; forcent le vent & q u i fe fo u tien n en t lo n g temps
en l’air, ont toutes les pennes entières ;
tandis que ceux qui volent bas, qui ne fau-
roient forcer le vent 8c dont le vol eft court,
ont les pennes plus ou moins échancrées..
Les pennes de la queue font communément
plus longues & plus larges que celles
de rafle ; elles vont en s’élargiffant de la bafe
à l’extrémité , 8c fe terminent en un épanouif-
fement plus" ou moins arrondi, où dont les
-angles font émouffés. Un des caractères qui
les diftingue des pennes de l’aile , c'eft que
leurs barbes font égales de part & d’autre.
Ces pennes, réunies à leur infertion, 8ç rangées
fur un fegment dè cercle, peuvent au gré de
l’oifeau s’écarter en forme de rayon ou fe
rapprocher les uns nies autres. Les oifeaux,
dont le vol eft puilïant 8c élevé , excepté les
t ( i) Les pennes de la queue portéac encore le nom de !
direüriee , parce qu’ elles fervent à diriger le v. Voyezla dif- I
pofition des re&rices. PI, i.fig . 3 ,R, 1 , 2 , 3 , 4 , y, 6 , Sic. |
hérons 8c les cicognes, ont les pennes de la
queue a (fez longues 8c vigoureufes ; mais à
l’égard des oifeaux qui n’ont pas le vol très-
long ni fi élevé, la nature femble s’être jouée
à varier les pennes de la queue; tantôt elles
font plus longues, à mefure qu’elles s’éloignent
du milieu de la queue vers fes bords,
8c alors la queue eft fourchue , comme
dans Vhirondelle domejlique ; tantôt les pennes
les plus longues occupent le centre, 8c
les plus courtes font graduellement placées
fur les côtés ; la queue paroît alors étagée ,
comme dans le paon. Quelquefois il n’y a que
deux pennes plus longues que les autres ;
8c ce font dans certaines efpèces, celles du
milieu de la queue, comme dans la veuve dominicaine
8c le grimpereau àt&te violette; dans
d’autres ce font celles qui font placées le
plus extérieurement de chaque côté, comme
on le voit dans le rollier d'AbiJJînie 8c Yoifeau.
mouche à longue queue noire. Il feroit trop long
d’entrer à ce fujet dans des détails, qui feront
rapportés en traitant de chaque efpèce en particulier.
Outre les trois fortes de plumes, dont
nous venonsdeparler il y en a encore d’autres
qui prennent differens noms, fuivant les parties
qu’elles recouvrent: ainfi on diftingue les plumes
fcapulaires, les couvertures des ailes 8c celles
de la queue.
Les plumes fcapulaires naiffent près del’in-
fertion de l’aile avec le corps, fur la partie qui
répond à l’omoplate : leur nombre, leur gf ân-
deur varient félon la diverfité des efpèces:
elles font toujours dirigées fuivant la longueur
du corps, 8c flottent entre l’aile & ’je
dos qu’elles recouvrent en partie ; tantôt elles
font plus courtes & tantôt plus alongces que
les pennes de l’aile. Cette fortéde luxeeff allez
ordinaire dans la famille du héron;' les plumes
fcapulaires de l'aigrette font très-recherchées
pour en faire des ornemens 8c des panaches.
On appelle couverture des ailes les plumes
qui revêtiflent l’aile, depuis fon infertion avec
le corps jufqu’au pli qui répond au poignet. Les
unes font placées au-deffus , 8c les autres au-
deffous de i’arle. On diftingue celles de la
furface fupérreure en grandes , moyennes 8c
petites. Les grandes couvertures font celles qui
recouvrent les pennes & qui font placées immédiatement
au-deffus (0 : les petites couvertures
garniflent le haut & le pli de l’aile (2) :
les moyennes font ainfi nommées foit par leur
( 1 ) Voyez la pl. 1 . fi g. 2, a, a , a.
(z)Voyez la pl. I. fîg. x , ç , c , c .