
drnairement de la femelle qu’il s’efl cfioifie;
c’eli une alliance raifonnée, volontaire »fondée
d’abord fur une fympathie naturelle , & dont
les liens fe relTerrent d’autant plus fortement,
que les deux individus font dans une obligation
étroite de remplir les devoirs de i’u-
nion conjugale, 8c de s’entraider dans un
travail , pour lequel la nature a fçu les in-
térefter tous deux également. Ce qui- prouve.,
dit M. de BnfFon ( i ) , que ce mariage 8c
ce moral d’amour ne font produits dans les oi-
Teaux , que par la néceffité d’un travail com mun,
c’eft que ceux qui ne font pas de nid
ne fe marient point & fe mêlent indifféremment.
On le voit par l’exemple familier de
nos oiféaux de baffe-cour. Le mâle paroît feulement
avoir.quelques attentions de plus pour
fes femelles j que n’en ont les quadrupèdes,
parce qu’ici la faifon des amours n’eft pas
limitée ( i ) \ qu’il peut fe fervir pluslong-temp
de la même femelle; que le temps des pontes
ell plus long; qu’elles font plus fréquentes;
qu’enfm , comme on enleve les oeufs, les
temps de l’incubation font moins preffés 8c
que les femelles ne demandent à couver que
quand leurs puiffances pour la génération fe
trouvent amorties & prefqu’épuifés. ~
C onstruction du n id . Les oifeaux ne font
pas plutôt unis qu’ils s’occupent dès-lors de
la conftruéfcron de l’édifice où doit loger leur
poftérité. Les uns l’établiffent dans les trous
qu’ils creufent dans la terre ; les autres les
pofent dans les fentes des rochers ou fur des
tertres élevés. On en voit encore' fur les ro-
feaux, fur les arbufles , dans l’inrérieur des
maifons, fous les toits, à la cime des arbres
ou fufpendiis à l’extrémité des branches flexibles
; enfin, en quelqu’endroit qu’ils le pofent
, c’eft: toujours fous quelque abri, hors
• de la portée de l’homme 8< de i’infulte des
animaux. Les petites branches de bois fec ,
l’écorce des arbres ,les feuilles sèches,le foin,
la paille, la moufle, le crin, la laine, le coton
, la foie, les toiles d’araignées, les plumes
& le duvet, tout eft mis en ufage pour la
conftruétion de cet élégant édifice. Il eft or- *1
( i ) Difcours fur la nature des oifeaux, v o l . i , p. 7 1 .
( 1) 'L'influence de l’homme s’eft étendue jufques finie
fentimcnt de l’amour des animaux;, c’eft-à-dire, qu’il
en a prolongé la durée & multiplie les effets dans les
quadrupèdes & dans les oifeaux qu’il retient en domefti-
cité, pûifqu’on voit le coq, le pigeon, le canard., s’unir
& produire prcfqu'cn toute faifon ; au lieu que les oifeaux
fauvages (ont bornés à une ou deux faifons, & ne cherchent
à s’ unir que dans ce fcul temps de f année.
dinairement creux , d’une forme hémifphé-
rique pour mieux concentrer la chaleur , 8c
d’une capacité exactement proportionnée au
nombre & au volume des individus qui doivent
s’y loger. Tantôt le mâle & la femelle
travaillent de concert à le conftruire ; tantôt
l’un ou l’autre s’en occupe féparément. Les
déhors font compofés de matières grofîieres
qui fervent de fondement ; on y trouve des
épines, des joncs, de gros foin & de la moufle
la plus épaifle. Sur cette première aflife encore
informe, on voit des matériaux plus délicats,
étendus, entrelaeés, pliés en rond &
dilpofés de maniéré à fermer l’entrée aux
ventsj aux infeéles & aux reptiles, enfin,
la couche intérieure efi tapifîee de laine, de
duvet & de coton ; de peur que les oeufs ne
fe froiffent & pour entretenir üne douce chaleur
autour de la mère & des petits.
On ne peut voir fans étonnement-avecqu'elle
diligence les oifeaux travaillent a la conftruc-
tion de leur petit maiioir ( i ) : l'excellence
de la vue dont ils font pourvus, leur fert à
découvrir de loin les matériaux qui leur con-
viennent. Iis ont foin dé bien les fecoueren
tout fens pour en ôter là poufiiere , & ils les
tiraillent enfuite pour lefe rendre fouples. Ils
n’emploient jamais les cheveux d’homme : les
poils des animaux ayant plus de roideur font
aufli plus propres à être trèfles & enlacésavecles
autres matériaux; d’ailleurs les cheveux,étant
très-longs & très-flexibles, pourroient s’entortiller
aux pieds des jeunes ou des vieux,
& entraîner ainfi quelque petit hors du nid,
lorfque le père & la mère s’envolent.
L’art que les oifeaux empioient dans la
conftruétion du nid eft telle que les plus habiles
artiftes parmi les hommes, ne pourroient
rien inventer ni exécuter de plâs parfait. Il
n’eft pas néceftàire pour exciter notre admi-
rarion , d’aller chercher les nids des perroquets
de Guinée, dont parle Gefner , nous n’avons
qu’à jetter nn coup - d’oeil rapide fur les e s pèces
qui diffèrent le plusentr’eiles pour la po-
fition & la forme du nid.
Quelques pingouins, les manchots, le tadorne,
ont avec le renard un rapport unique & fi ngu-
lier;ils fe gîtent comme lui dans un terrier, &
font leur couvée dans des trous qu’ils di fputent
' & enlevent aux lapins.
Les perdrix, les todiers , les alcyons nichent
( i) Les hirondelles ne mettent ordinairement que cinq
ou fis jours pour conftruire leur nid.
dans la terre qu’ils creufent avec leurs pattes
& leur bec.
Les goélands, les mouettes, les guillemots,
choififfène dans l’Iflande & la N o rv èg e , les
endroits inaceflibïes auxhommes & les rochers
les plus efearpés pour placer leurs nids. C’efl
un fpeétacle curieux de voir le polie que choifi t
chaque efpèce, fur les rochers tailles en amphithéâtre.
Le cormoran occupe le fommet ;
on voit enfuite fur des bandes circulaires,les
nids du goéland cendré,de la mouette grife tachetée
du petit guillemot, du pingouin, du petit pingouin
, du macareux ; le petit guillemot niche
toujours au dernier rang, prefqu’à la bafe du
rocher ( i .
Le grebe de nos étangs confirait fon md
avec des joncs & de grofles herbes entrelaces-,
il eft à demi plongé 8t comme flottant fur 1 eau,
qui ne peut cependant l’emporter, car il eft
affermi & arrêté contre les rofeaux ( i ). ^
Les jlamans n’ont pour nid que dejpetits
tas de terre glaife & de fange , 1 elevés d’environ
vingt pouces en pyramide au milieu
de l’eau , où leur bafe baigne toujours, &
dont le fommet tronqué, creux & lrfle , fans
aucun fit de plumes ni d’herbes , reçoit immédiatement
les oeufs que l’oifeau couve en
repofant fur ce monticule les jambes pendantes,
dit Catesby, comme urt-homme aflis
fur un tabouret. Cette finguliere fituation ell
néceflîtée par la longueur des jambes qu’il ne
pourrait jsmais ranger fous lu i, s’il étoit accroupi.
Le merle 8c la grive pofent ordinairement
leur nid dans les huilions, ou fur les arbres
d’une hauteur médiocre : il femble même
qu’ils foient portés naturellement à le placer
près de terre, & que ce n’efl que par l’expérience
des inconvéniens qu’ils ont appris
à le mettre plus haut. Le déhors eft revêtu
de moufle, de paille & de feuilles sèches;
l’intérieur eft fait d’une forte de carton aller
ferme, cOmpofé avec de la boue mouillée ou
du limon gâché, battu, fortifié avec des brins
de paille & de petites racines. C’eft fur ce
carton que la plupart des grive/dépofent leurs
oeufs a cru & fans aucun matelas : les merles
au contraire , compofent un liflu plus mollet
( l ) Üth.fabric.faun. Greenl. p.' 80. On trouve plu-
lîeurs rochers, ainfi divifés en compartiment circulaires,
depuis la bafe ju(qu’au fommet, dans l’ifle que les Grotn-
landois appellent Orpikfauk» & fur la montagne des oi-
feàux en Iflande.
( i) Obfervation de M. Lotcinger.
avec des brins d’herbe ou de petites racines.
M. Salerne raconte qu’un observateur ayant
enfermé un merle mâle & fa femelle,au temps
de la ponte, dans une grande volière , iis
commencèrent par pofer de la moufle pour
bafe du nid, enfuite, ils répandirent fur cette
moufle de la poufiiere, dont ils avoient rempli
leur go fier; & piétinant dans l’eau pour fe
mouiller les pieds, ils détrempèrent cette pottfi*
fiere,& continuèrent ainfi couche par couche.
Iis travaillèrent l’un 8c l’autre avec tant d activité
que l’ouvrage fut terminé en huit jours.
Le bouvreuil 5c. la linotte nichent fur le
. génévrier, les noiletiers 5c les jeunes taillis.
Leur petite demeure eft compofée de racines
8< de moufle en dehors ; d’un peu de plumes,
de crins & de beaucoup de laine audedans :
celui du bouvreuil a fon ouverture du coté le
moins expofé au vent.
Lès chardonnerets 8c les pinçons font, de tons
les oifeaux de France, ceux qui favent le mieux
conftruire leur nid, en rendre le tilîii plus
folide & lui donner une forme plus élégante.
Ils les pofent communément fur les arbres,
& de préférence fur les pruniers ou noyers
Ils choiliflent prefque toujours les branches
foibles, celles qui ont beaucoup de mouvement
; quelquefois iis nichent dans les taillis ,
rarement dans les arbufles épineux. Dans tons
les cas, le nid touche par plufieurs endroits
aux branches latérales, de maniéré qu’il ne
peut être dérangé par le vent ni par les orage?.
Ils travaillent d’abord au fondement de l'édifice,
qui confiile en petites racines , en
gros lichens & en boufes deftechces. Tous
ces matériaux font entrelacés avec beaucoup
d’art & liés entr’eux par des toiles d’araignée.
Iis élèvent enfuite fur ce fondement, les parois
ou les parties latérales du nid , qui font
compofés de moufle fine, de petits lichens,
de joncs, de la bourre des-chardons., dont
l’enfemble prefente un tiflu ferme & durable.
Mais ce qu’il y a de véritablement admirable
dans ce chef-d’oeuvre d’architeâure, c’efl
que le dehors du nid eft tapifle de la même
moufle , dont le tronc de l’arbre efl revêtu ;
au moyen de cet ingénieux ftratagême , la
couleur du nid efl confondue avec celle de
l’arbre, & on ne peut-le djftingner fur-tout
quand il fe trouve fi tué entre des rameaux
un peu épais. Lorfque ce paroi extérieur
efl achevé, l’oifeau travaille à la couche intérieure;
8c d’abord, il .bouche par dedans
toutes les ouvertures du fond & des côtes avec
dij .