
du colibri : tout le feu 8c l’éclat de la lumière
femblent fe réunir fur fon plumage ; il rayonne
comme un petit foleil ( i ) : c’eit encore dans
ces mêmes climats., que les perroquets , les
aras y les loris> les amafones, les cotingas, les
bengalis, les tangares,les oifeaux mouches 8cc. 8cc.
préfentent ces incomparables livrées émaillées
des plus vives couleurs : dans nos pays tempérés
au contraire,les teintes font plus foibles,
plus nuancées 8c plus douces ; le coq, le lo-.
riot, le ma; dn^-pêcheur, le chardonneret, la
perdrix rouge, font prefque les feuls qu’on
puilfe citer pour la vivacité des couleurs ( i .
Il paroit, d’après la remarque de M. deBuffon^
que toutes chofes égales d’ailleurs,les efpèces
d’oifeaux les plus brillantes, comme les fleurs
•ïes plus variées en couleur, feront toujours celles
, qui dans leurs différens états , auront
été le plusà portée d’éprouver la lumière. Nous
voyons eu effet, les linottes perdre lous nos
yeux , dans les prifons où nous les tenons enfermées
, le beau rouge qui faifoit l’ornement
de leur plumage,, lorfqu’à chaque aurore .,
elles pouvoient faluer en plein air la lumière
naiflanre , 8c tout le long du jour fe pénétrer,
s’imbiber, pour amfi dire , de fes bénignes
influences: par les mêmes rai fan s , les
fleurs, qui croiflent malgré elles 8c qui vé-
*gètent triflement fur une cheminée ou dans
l’ombre d'une ferre, n’ont pas cet éclat vif 8c
pur que le foleil du printemps répand avec large
ffe fur les fleurs de nos parterres, &' même
fur celles de nos prairies : cette obfervation paroit
d’autant plus exa&e , qu’en général la
vivacité des couleurs qu'on admire dans les oifeaux
de la zone torride, s’affoiblit infenfible-
ment en tirant vers le pôle , de forte qu'en
Norvège & en Laponie, tous les oifeaux font
blancs, d’une . couleur peu éclatante.
3VÎUE. Tous les oifeaux en général, font fujets
à la mue, comme les quadrupèdes. La plus
grande partie de leurs plumes tombent alors &
fe renouvellent ; & même les effets de ce
changement font bien plus -fenffbles que dans
les quadrupèdes. Cette mue eft pour eux une
efpece de maladie , qui leur eft fou veut fu-
( 1 ) In fummâ fplendet ut fo l . Margrave.
(2) On diroit que la nature n’a accordé les prérogatives de
la beauté , comme celles du chant, qu’ aux oifeaux dont la
vie eft eh queque forte innocente. & peu rapprochée de celle
l’homme, à ceux par exemple | qui le nourriffent de graines
ou d’infeftes ; & qu’eilc a refufé ces deux qualités aux
oifeaux de proie & a la plupart de ceux qui fréquentent la
mer: prefque tous ont des couleurs terre aies & des cris désagréables.
nefte : elle arrive , Iorfque les tuyaux des plumes
ceflent de prendre de. la nourriture & fe
deflèchent : auffi-tôt les fucs nourriciers qu’elles
ne s’approprient plus, font portés au germe de
plume, qui eft fous chacune de celles-ci; il
croît & force l’ancienne plume, au bout de
laquelle il eft litué, de lui laiflèr la place 8c
de tomber. La plupart des oifeaux font trilles,
fouffrans 8c malades dans la mae (i); quelques
uns en meurent ; aucun rie produit dans
ce temps : la poule la mieux nourrie celle de
pondre : la nourriture organique, qui auparavant
étoit employée à la réprodudion, fe
trouve confommée , abforbée& au-delà par
la nutrition de ces plumes nouvelles; 8c cette
même nourriture organique ne redevient fura-
bondante que quand elles ont pris leur entier
accroiflement (2). Il n’y a point de temps fixe
& déterminé pour la mue des oifeaux; les
lins commencent plutôt, les autres plus tard.
Le faucon-gentil mue dès le mois de mars ;
les perdrix:, les faifanSj les canards fauvages,
vers la lin du juillet; le faucon pelerin en août ;
les poules & nos oifeaux de baffe-cour, à la
fin de l’été ou en automne; le coucou en novembre;
les cailles quittent leurs plumes deux
fois par an, à la fin de l’hiver & à la fin de
l’été,-Les oifeaux muent ordinairement dans
la première année ; & les couleurs du plu-
mage font prefque toujours, après cette première
mue, très-differentes de ce qu’elles
étoîent auparavant. Ce changement de couleur
après le premier â g e , eft affez général
dans la nature & s’étend jufqu’aux quadrupèdes
qui portent alors >ce qu'on appelle la
livrée. Dans les oifeaux de proie , l’effet de
cette première mue change li fort les couleurs,
leur dillribution & leur pofition , que
des naturalifies ont été induits en erreur 8c
ont donné comme des efpèces diverfes, le
même oifeau dans ces, deux états differens ,
dont l’un a précédé 8c l’autre fuivi la mue.
Les changemens de Gouleur, qui fuivent la
fécondé mue & les fubféquentesne font pas
fi marqués, 8c l’on peut dire que les plumes
(T) Les oifeaux qui v'ivent en. liberté , fouffrent beaucoup
moins dans la mue que ceux que nous avons rendus
captifs : en général cette maladie eft d’autant moins
dangereufe, qu’elle arrive plutôt, c’cft-à-dire, en meilleure
failon. Les-jeunes oifeaux des dernières couvées, qui ne
font nés qu’en feptembre ou plus tard , courent plus de
rifques que ceux qui font nés au printemps; le froid eft
très-contraire à cet état.
(2) La mue dure ordinairement fîx femaines ou deux
mois.
qui repouffent après ces mues fucceffives,
offrent prefque toujours les mêmes teintes
qu’elles avoient auparavant: il y a cependant
quelques exceptions à cette ipi générale ( 1^,
notamment à l’oifeau de baffe-cour. M. de
* Réaumur avoit une poule dont les couleurs
changèrent annuellement, en paflant par la
couleur noire : il avoft auffi un coq, dont la
mue produifit un plumage fucceHivernent
roux;enfuite noir; puis blanc ; 8c finalement
le blanc devint d’un brun, clair.
Sens. Comme les fens font en général les premières
puiffances motrices de l’inflind des
animaux 8c le principe de leurs facultés naturelles
, il eft important pour connoitre les
mues 8c les habitudes des oifeaux , non-feulement
d’examiner leurs fens en particulier ,
mais encorel’ordre de fupériorité,que met en-
tr’eux le degré de perfection ou d’imperfection
de leurs organes. Ces diverfes queflions
ont été difeutées, par M. de BufFon, avec
tant d’ordre & de fagacité , que nous n’ayons
rien de mieux à faire que d’analyfer ici les
obfervations de ce grand homme.
Sens de là vue. Ce qui prouve que le fens
de la vue eft plus étendu , plus v if, plus net
& plus diftinét dans lés oifeaux que dans les
quadrupèdes , c’eft que l’organe qui reçoit
les fenfations , eft plus parfait , & que la
rature l’a travaillé davantage , ainfi que nous
l’avons déjà vu. En fécond lieu , ce fens.,
étant le feul qui produife les idées du mouvement
, le feul par leqùel on puiffe comparer
immédiatement les efpaces parcourus; & les
oifeaux étant de tous les animaux, les plus
habiles , les plus propres au mouvement ,
il n’eft pas étonnant qu’ils aient en même-
temps le fens qui le guide plus parfait 8c plus
fur: ils peuvent parcourir dans un très-petit
temps, un grand efpace ; il faut donc qu'ils
en voient l’étendue 8c même les limites. Si
la nature en leur donnant 1-a rapidité du v o l,
dit M. de BufFon , les eût rendus myopes, ces
deux qualités enflent' été contraires, i’oifeau
n’auroit jamais, ofé fe fervir de fa légèreté ,
ni prendre un effor rapide , il n’auroit fait
(z) Tous les yoyageurs, & plu fieu rs naturalises s accordent
à dire que les.bengalis font fujets a changer de couleur
dans la mue; quelques-uns même ajoutent que ces variations
roulent exclusivement entre cinq couleurs principales,
le noir, le bleu, le verd, le jaune & le rouge ; & qu’il
n’en prenne jamais plus d’une fois ; cependant les perfonnes
qui ont été à portée d’oblerver ces oifeaux en France, & de
les fuivre plufîeurs années , a {lurent qu’ ils n’ont qu une
feule mue par an t & qu’ils ne changent point de couleur.
que voltiger lentement, dans la crainte des
chocs & des réfiftances imprévues. La feule
vîteffe avec laquelle on voit voler un oifeau,
peut indiquer ia portée de fa vue, je ne dis
pas la portée abfolue, mais relative à un oir
feau , dont le vol très - vif -, direct & fou-
tenu , voit certainement plus loin qu’un autre
de même forme, qui néanmoins fe meut
. plus lentement & plus obliquement ; & fi jamais
la nature a produit des oifeaux à vue
courte & à vol très-rapide, ces efpèces auront
péri par cette contrariété de qualités,
dont l’une non-feulement empêche l’exercice
de l’autre .mais expofe l’individu à des rifques
fans nombre; de là on doit préfumer que les
oifeaux dont ie vol eft le plus court & le plus
len t, font ceux auffi dont la vue eft la moins
étendue; comme l’on voit dans les quadrupèdes
ceux qu’on nomme parejfcux (l'unau 8c
l'aï ) , qui ne fe meuvent que lentement, avoir
les yeux couverts & la vue baffe.
Sens de l ’ou ïe . « Après fa vue , l’ouie paroit
être le fécond fens de l’oifeau, c’eft-à-dire ,
ie fécond pour ia perfeflion. En effet, ce
fens paroit être non - feulement plus parfait
que l’odorat,,le goût & Je toucher dans l’oi-
feau , mais même plus parfait que l’ouie des
quadrupèdes. On ie voit par la facilité avec laquelle
la plupart des oifeaux retiennent &
répètent des fons, des fuites desfons, & même
la parole': on le voit parle plaifir qu’ils trouvent
à chanter continuellement, à gazouiller
fans ceffe, fur-tout lorfqu’ils font les plus heureux,
c’eft-à-dire, dans le temps de leurs amours.
Ils ont les organes de l’oreille &r de ia voix
plus fouples & plus puiffans ; ils s’en fervent
auffi beaucoup plus que les animaux quadrupèdes,
La plupart de ceux-ci font fort lilen-
cieux, & leur voix qu’ils ne font entendre
que rarement, eft prefque toujours défagréa-
ble & rude: dans celle des oifeaux, on trouve
de la douceur, de l’agrément, de la mélodie
».
Sens dd t o u c h e r . ’• Dans les quadrupèdes,
fur-tout dans ceux qui ne peuvent rien fai.
fir avec leurs doigts ,qui n’ont que des cornes
aux pieds ou des ongles durs ^le fens du toucher
paroit être réuni avec celui du goût dans
la geule; comme c’eft la feule partie qui foit
divifée, & par .laquelle ils puiffent faifir les
corps & en connoître la forme, en appliquant
à leur furface la langue, le palais & les dents;
çette partie eft le principal fiége de leur toucher,
ainfi que de leur goût. Dans les oifeaux.