
font moins féconds ( i ) , parce quece font les
petits qui naidènt & non leurs oeufs, qui fervent
à la nourriture de l’homme.
3 °. Les oifeaux de mer les plus flupides ,
font ceux qui pondent les plus gros oeufs ,
mais en petit nombre } & fî malgré ce peu
de fécondité, on en voit des troupes nom-
breufes , c’efl qu’ils habitent des clim atsdé
ferts, & que d’ailleurs ils vivent long-temps.
Obfen'ations générales fur la couleur des oeufs.
i°. La couleur blanche appartient aux oeufs
des oifeaux domeLliques; c’elt aulîi la teinte
que portent les oeufs des. oijeaux de proie Se
des plus petits oifeaux, comme le roitelet, le
troglodyte.
2 °. Les oeufs de la plupart des oifeaux ont
plulieurs couleurs à la fois, allez confiantes
félon l’age & le climat.
3°. La couleur des oeufs des oifeaux de mer
les plus flupides ellfort inconllantedeur forme
eft aulli différente de celle des autres oifeaux
aquatiques ; ils font plus longs 8c plus pointus.
Les oeufs du lumme font tantôt verts,
tantôt blanchâtres avec des lignes & des taches
qui repréfentent des caraéteres turcs ou
des cartesgéographiques.
Nous pourrions ajouter à ces remarques
générales, que les oifeaux produifent d’autant
plus qu'ils font mieux nourris,plus choyés,
mieux fervis : & fi nous ne confidérons que
ceux qui font livrés à eux mêmes & expofés
à tous les inconvéniens qui accompagnent
l’entiere indépendance , nous trouverons ,
qu’étant continuellement travaillés de befoins,
d’inquiétudes & de crainte , ils n’ufent pas
à beaucoup près, autant qu’ils le pourroient,
de toutes leurs puilïànces pour la génération ;
ils femblent même en ménager les effets &
les proportionner aux citconllances de leur
fituation (i). Un oifeau, après avoir confirait
fon nid & fait fa ponte, que je fuppofe de
cinq oeufs, celle de pondre & ne s’occupe
que de leur confervation ; tout le relte de
la faifon fera employé à l’incubation & à
l’éductttion des petits , & il n’y aura point
d’autres pontes; mais fi par hafard on brife
les oeufs, on renverfe le nid , il en confirait
bientôt un autre , & pond encore trois ou * (i)
( i ) Les oifeaux de proie font les moins féconds de tous
les oifeaux;1 l’a t^ e , par exemple & Vorfraie ne pondent
que deux oeufs.
( i ) Difcours fur la nature des oifeaux ■ par M. de
Buffoa, tout-1 > Pag. 7<>.
quatre oeufs ; & fi on détruit ce fécond ou.
vrage comme le premier, l’oifeau travaillera I
de nouveau & pondra encore deux ou trois I
oeufs. Cette fécondé & cette troifieme ponte I
dépendent donc en quelque forte de la volonté j
de l’oifeau. Lorfque la première réuffit, & j
tant qu’elle fubfifle, il ne fe livre pas aux
émotions d’amour 8c aux affedions intérieures
qui peuvent donner à de nouveaux oeufs la j
vie végétative nécelfaîre à leur accroiffement
8c à leur exclufion au dehors : mais fi la
mort a moifîbnnéfa famille naiffante ou prête
à éclore, il fe livre bientôt à fes affedions,
& démontre par un nouveau produit que fes
puiffances pour la génération n’étoieut que
fufpendues & point épuifées; 8c qu’il ne fe
privoit des plailîrs qui la précèdent, que pour
îatisfaire au devoir naturel du foin de fa famille.
Le devoir l’emporte donc encore ici
fur la paffion , & l’attachement fur l’amour.
L’oifeau paroit commandera ce dernier fenti-
ment bien plus qu’au premier , auquel du
moins il obéit toujours de préférence ; ce
n’efl que par la force qu’il fe départ de l an
tacitement pour fes petits, 8c c’eft volontairement
qu’il renonce aux plaifirs de l'amour
quoique très-en état d’en jouir.
Les femelles n’ont pas befoin du mâle pour
produire des oeufs ; il en naît fans cefl'e de
la grappe commune de l’ovaire, lefquels indépendamment
de toute communication avec
le mâle, peuvent y grollîr ; en grofiîllatit
acquièrent leur maturité,fe détachent de leur
calice & de leur pédicule , parcourent l’ovi-
duiïus dans toute fa longueur ; chemin faifant,
ils s’affimilentpar une force qui leurell propre
la lymphe dont la cavité de cet oviduclus eft
remplie , en compofentie blfoc, leurs membranes,
leurs coquilles; & ne refient daijs ce
vifcere que julqu’à ce que fes fibres élafti-
ques & îenfibles étant génées, irritées par
la préfence de ces corps devenus déformais
dés corps étrangers, entrent en contraâion
& les pouffent au-dehors, le gros bout le
premier fuivant Ariflote. Ces oeufs^ font
tout ce que peut faire la nature prolifique
de la femelle feule & abandonnée à elle-
même ; elle prôduit bien un corps organifé
capable d’une forte.de vie; mais non un animal
vivant femblable à fa mère, & capable de
produire d’autres animaux femblablesà'.lui;
il faut pour cela le concours du mâle & le
mélange intime des liqueurs féminales des
deux fexes. Lorfqu’une fois ce mélange a
eu
eu lieu , les effets en font durables. Harvey
a obfervé que l’oeuf d’une poule , fcpare du
coq depuis vingt jours, n’était pas moins fécond
que ceux qu’elle avoit pondus peu a
près l'accouplement ; mais 1 embryon qu i
contenott n’étoît pas plus avancé pour cela,
& il ne falloit pas le tenir fous la poule moins
de temps qu’aucun autre pour le faire éclore,
preuve certaine que la chaleur ne fuffit palpeur
opérer ou avancer le développement du
poulet ; mars qu’il faut encore que l’oeuf foit
formé ou bien qu’il fe trouve en un lieu ou
il puifle tranfpîrer pour que l’embryon qu ii
renferme foit fufceptible d’incubation 3 autrement
tous les oeufs qui refteroient dans
Ÿovidu6tus , vingt-un jours après avoir été
fécondés, ne manqueroient pas dy éclore ,
purfqu’ils auroîent le temps & la chaleur né-
ceflaires pour cela; & les poules feroient tantôt
ovipares, tantôt vivipares.
Quand on ouvre avec précaution l’oeuf
d’un oifeau , on trouve d’abord fous la coque
une membrane commune qui en lapine
toute la cavité ; enfuite le blanc externe ,
qui a la forme de cetre cavité j puis le blanc
interne qui eft plus arrondi que le précédent j
& enfin au centre de ce blanc, le jaune qui
eft fphérique. Ces différentes parties font contenues
chacune dans fa membrane propre 3
& toutes ces membranes font attachées en -
femble à l’endroit de fes chaland ou cordons,
qui forment comme Ies deuxpôlesdu jaune. La
petite véficuie lenticulaire, appellée cicatri-
cule, fe trouve à-peu-près à fon équateur,
& fixée folidement à fa furface. La firuéture
de l’oeuf eft foit vent altérée par des accidens
dont il eft facile de rendre raifon 3 d’après
l’hiftoire de i oeuf , même de fa formation.
Il n’efl pas rare de trouver deux jaunes
dans une feule coque; cela arrive lorfque deux
* oeufs également mûrs, fe détachent également
en même temps de l’ovaire, parcourant en-
fembie Voi'iduiïus, & formant leur blanc fans
fe féparer, fe trouvent réunis fous la même
enveloppe.
Si par quelque accident facile à fuppofer ,
tin oeuf détaché depuis quelque temps de
i’ovarre , fe trouve arrêté dans fon accroiffe-
ment, &r qu’étant formé autant qu’il peut
l’être, il fe rencontre dans la fphére d’aéfcivité
d’un autre oenf qui aura toute fa force, celuici
l’entraînera avec lui , & ce fera un oeuf dans
un oeuf(i).
On comprendra de même, comment on
trouve quelquefois dans la capacité d’un oeuf,
une épingle ou tout autre corps étranger qui
aura pu pénétrer jufques dans i’oviduttus.
Il y a des poules qui donnent des oeufs
hardés ou fans coque, foit par le défaut de fa
matière propre dont fe forme cette écorce
extérieure, foit parce qu’ils font thalles de
Yoviduftus avant leur entière maturité 3 auflï
n’en voit 011 jamais éclore de p oui e t, & cela
arrive j dit - on , aux p iules qui font trop
grade s. Des eau fes directement oppof.es
produifentles oeufs à coques trop épa-fes, 8c
même des oeufs à double coque. Ou en a vu
qui avoient confervé le pédicule par lequel
ils étoient attachés à l’ovaire 5 d’autres qui
étoient contournés en forme de croiffant;
d’autres, qui avoient la figure d’une poire;
d'autres enfin, qui portoient fur leur coquille
l’empreinte d’un foleil, d’une comète, d’une
éclrpfe ou de tel autre objet dont on avoit
l’imagination frappée ; toutes ces altérations
de la forme de l’oeuf, ou les empreintes à
fa furface, ne doivent s’attribuer qu’aux différentes
corn p refilons qu’il avoit éprouvées dans
le temps que fa coque étoit affez fouple pour
céder à l’effort 3 & néanmoins affez. ferme
pour en conferver l’imp refit on.
11 ne feroit pas aufii facile de rendre raifon
des oeufs lumineux dont parle un docteur
allemand (1 ) 3 mais comme le fait qu’il
cite eft abfolument unique, il eft prudent de
bien en conftater la certitude avant de s occu^
per d’en donner l’explication.
On ne fçait pas encore quel doit être pré-
cifément la condition d’un oeuf pour qu'il
puiffe être fécondé, ni jufqu’à quelle dtf*
tance faétion du mâle peut s’étendre; en un
m o t, malgré le nombre infini d'expériences
& d’obfervations que l’on a faites fur ce fujet,
on ignore encore plufieurs des principales cir-
conltances de'la fécondation. Q ie ceux qui
fe perfuadent qu’il fuffit de lire les meilleures
descriptions pour avoir une connoiiïdnce
exaéte des corps, dit M. Vicq d’Azir, veuillent
bien confidérer avec moi jufqu’à quel point
leur efpoir eft trompeur, 8c de quelles joutf-
(î) Collc£t, académique, part, franç. tom. t , p. 388
& rom. 2 , pag.'3&7>
( ; ) Ephémérides des curieux de la nature, déc. n ,
année 6 , append. obf. 15,
e