
que ïe ramage de leurs parens ; & lés moineaux
qui nichent fous le toit des maifons ,
n’ont qu’un piaulement répété dans des intervalles
très-courts , parce qu’ils n’écoutent
que le chant des oifeaux de leur efpèce. La
maniéré dont la voix fe développe dans les
jeunes individus & les progreffions qu’elle
fuit jufqu’au moment où elle a acquis toute
fa plénitude, méritent de trouver place dans
cet article.
Le premier fon que fait entendre I’oifeau
nouvellement éclos, eft une efpèce de piaulement
, formé d’un ton fimple 8c très plaintif,
dont il fe fert pour demander la nourriture
à fa mère. Ce cri eft foible ; & il diminue
à mefure que l’oifeau prend de i’accroiflement,
de forte qu’on n’en trouve-plus aucune trace
dans le chant, lorfque l’oifeau eft devenu
adulte.
Environ un mois après fa naiffance le
jeune animal rend un fon différent que les
oifeleurs nomment appel. Dans la plupart des
efpèces, c’eft la répétition d’une même note
que i’oifeau conferve toute fà vie.
Le chant qui fe développe dans ïe cours
de leur jeunefie, fe nomme tantôt Jiffiement,
tantôt gazouillement. On peut comparer les
efforts que font ces petits animaux pour chanter,
à ceux d’un enfant qui tâche de bégayer.
On diroit que ce premier effai né contient
pas même les elémens du ramage, dont par
la fuite I’oifeau doit affeâer fi agréablement
nos oreilles : cependant on s’apperçoit facilement
qu’il ne s’exerce ainfi que pour former
fon gofier ; car dès qu’il a heureufement lâifi
quelque paffage., il le répété, il le conferve.
S'apperçoit-il au contraire qu’il prend un ton
faux ou peu concordant avec celui qu’il
cherche? Auffi-tôt il l’abandonne; & Iorfqu’il
ne s’eft pas entièrement rendu maître de fon
ton j il gliffe légèrement comme s’il ne vou-
loit pas fe faire entendre, ou comme fi ce
paflàge ne lui convenoit pas, & qu’il craignît
de fe compromettre (1 ). Le pinçon nous
rappelle tout ce qui fe paffe dans ce premier
âge , lorfqu’au retour du primtemps, il tâche
de fe reffouvenir de fon ancien ramage.
(*) Statius eft le feul de tous le poètes qui ait parlé de
toutes ces gradations dans le chant des oifeeux.
Nunc volucrum novi
Queftus, inexpertumque carmen
Quad, tacitâ jlatuere brum&. Hv. IV. égîog. Y.
Le jeune oifeau s’exerce ordinairement a I
fiflïer pendant dix ou onze mois; alors., étant ■
sûr pour ainlî dire , de fes notes; & fe voyant I
en état d’exécuter tomes les parties de fon I
chant, il ne varie phis dans fa mélodie; il I
les chante de fuite, 8c en lie les différens I
paffages fans fe repofer.
Il paroît donc que le chant des oifeaux I
n’eft qu’une fucceffion de trois notes diffé- I
rentes on d’un plus grand nombre, continuées ■
de fuite dans un intervalle qui correfpond à il
une mefure de quatre noires ou bien l’efpace I
de quatre fécondés. On ne peut par confé- I
quent, donner le nom de ramageVa Vappel I
du coucou ou au gloujfement de la poule , qui
ne confident qu’en deux notes, ni à ces courts I
éclats de voix que les oifeaux font entendre ||
quand ils s’efforcent de le difputer à d’autres- I
par le chant , 8c qu’ils forment une efpèce I
de concours vocal : alors leur chant ne fe y
continue pas quatre fécondés. Il eft vrai que ||
les notes du coucou 8c de la poule furpaffént I
en nombre, celles que nous avons dit for- I
mer l’appel d’un oifeau ; on peut donc ap- I
peiler cette fucceffion un appel varié j tel eft I
le développement qui s’opère dans la voix I
des oifeaux , depuis le moment de leur naifi- I
fance,jufqua ce qu’ilsfoient devenus adultes: I
il s’agit *aduellement de confidérer en quoi I
leur chant reffemble aux intervalles de nôtre 11
mufique, qui ne font jamais moindres d’un | |
femi - ton, quoique nous puiffions former tou- 9
tes les gradations depuis un ton jufqu’à un ■
autre ton, foit en gliffimt légèrement le doigt M
fur la corde d’un violon , ou en couvrant |fl
fucceffivement l’embouchure d’une flûte. La
voix cependant ne pourroît pas former à vo- |
lonté d’auffi petits intervalles ceux par exemple
, d’un quart de ton , qui d’ailleurs ne font
pas admis dans notre fyllême mufical. Le
chant d’un petit nombre d’oifeaux offre à la
vérité des paffages qur correfpondent aux intervalles
de la gamme de notre mufique :
l’appel du coucou en eft un exemple frappant
8c bien connu ; mais la plus grande partie
de leur ramage, ne pourroît s’exprimer en
caradère de mufique; fa rapidité empêcherôit
de le faifir : d’ailleurs plufieurs efpèces d’eL
féaux ont la voie fi perçante, qu’elle eft beaucoup
plus élevée que les notes les plus aigues
de nos inftrumens ; & l’on fait que nous pou-!
vons moins facilementapprécier les intervalles
des odtaves les plus élevées & les plus balles f
que ceux des oétaves qui gardent le milieu*
II eft donc certain que l’élévation des notes
de l’oifeau, fe trouvant portée à un plus.haut
dégré que celle de nos inftrumens, nous nous
trouvons dans l’impoffibilité de les exprimer
par des caradères de mufique & d’appliquer
nos caradères aux notes qu’on diftmgue avec
précifion. Ce qui forme une difficulté mlur-
montablej c’eft que l’oifeau met entre un
ton 8c un autre des intervalles fi petits ,
li peu fenfibles pour nos oreilles , qu’il
eft abfolument impoffible de ' les comparer,
aux intervalles qui entrent dans la di-
vifion de notre odave. Notre fyftême étant
repréfenté par la divilîon du monocorde ,
exprimée par les nombres 1 ,2, 3,4 ,5,6 , 7,8,&c,
notre gamme ut, re,mi> f a , fo l, la, fe * u t ,
correfpond à peu près aux nombies 8 , 9 »
1 0 , 1 1 , 1 2 , 1 3 , 1 4 , 15 & Nous exprimons
encore avec des figures , les notes
intermédiaires'de l’odave fupérieure : ainfi,
ut étant 8 ou f d’une corde & re étant 9 ,
l’odave d’ut 8 eft 1 6 , l’odave de re 18 . Or ,
le nombre intermédiaire 1 7 , eft exprimé par
le figne d’ut dièfe ; mais li vous parcourez
un diapafon pins élevé, favoir celui cl ut 3 2 ,
double odave d’ut 8 , la double odave de ;
re 9 , fera re 36 : mais de 31 à j .5 , il n’y
a que l’intervalle 34 qui puifie être rendu
par notre dièfe , comme, double odave dut
dièfe, nous ne pouvons donc exprimer les ,
intervalles 3 3 & 3 y. Cette difficulté efl doublée
dans le diapafon que parcourent la plupart
des oifeaux , favoir celui d'ut 6 4 , donc le fécond
terme efi re 72 1 l’ut dièfe fera 68 ; 8c
les intervalles <5y , 6 6 , 67 , 69 > 7 ° & 7 1 >
formés par le ramage des oifeaux ne peuvent
plus être rendus par aucuns de nos lignes.
Quoique nous ne puiffions pas , comme les
oifeaux, rendre des intervalles fi petits 8c fi
délicats, quelques-uns néanmoins parmi eux,,
fifff ni des airs, même avec les plus grands
intervalles, tels font les ferins &c. On doit
cependant convenir que ce fi file ment, n’eft
que la répétition des airs qu’on leur a appris
depuis l’inftant qu’011 les a pris dans le nid;
& fi l’infirument avec lequel on les inftruit,
n’eft pas d’accord , leur fifflement eft auffi faux
que les notes indiquées par rinftrument.
Examinons maintenant Ci le chant des oï-
feaux fuit toujours la même modulation.
Quoique je ne puiffe. rien dire de précis
à ce fujet par les raifons indiquées , dit M.
Barrington, je vais préfenter les conjedures
qui m’ont paru iesplus probables. Si on écoute (
chanter une douzaine d’oifeaux d’efpèces différentes
, rafTemblés dans un même lieu, l’oreille
n’eft frappée d'aucune diflonance défa-
gréable. Il eft cependant bien étonnant qu«
plufieurs oifeaux qui chantent tous différemment,
ne troublent jamais l’harmonie, comme
cela arrive dans ce qu’on appelle concert à la
flamande, dans lequel on joue plufieurs airs à
la fois. Pour rendre ces concerts agréables ,
il faut donc que les oifeaux chantent tous
d’après la même gamme : je fuis même porté
à le croire ; & voici fur quoi j’établis ma
fuppofition. J’ai long-temps prêté l’oreille ,
la plus attentive au chant des oifeaux ; &
lorfque je recourois aufiî-tbt à un infirmaient
quelconque, il m’étoit impoflïble d’exécuter
& même de me fouvenir de la férié de leurs
notes & de leur modulation. Cet obflacle
111e détermina à prendre avec moi un homme
qui pinçoit fupérieurement de la harpe ; &
je le chargeai de marquer toutes les notes
qu’il auroit diftinguées, en écoutant attentivement
pendant plufieurs heures le chant de
différens oifeaux. Voici le tableau qu’il m’en
a remis.
F ut fa , chant naturel de l’alouette des lois.
A mi la, chant naturel dans un coq-ordinaire*
C fo l .ut, chant naturel dans l’oifeau moc~
queur mile.
B fa f i , dans un très-gros coq.
C fol ut, tombant communément en A mi,
la, dans le coucou.
A mi la , dans les grives.
D la re, dans quelques chouettes.
B fa f i , dans d’autres.
Ces obfervations nous fournilfent cinq notes,
favoir ,la ,fi b , ut, re, 8c fa , auxquelles je puis
en ajonier un fixième qui eft f o l , que j’ai ob-
fervé fur un rojjtgnol, qui a vécu trois ans
en cage & à qui j’ai fou vent entendu répéter les
notes ut 8c fa.
Quand on a remarqué dans différens oi-
féaux , les notes la ,Ji b J utJ reJfa ,fo l, il ne
manque plus que mi pour completter la
gamme; cependant les fix premières notes
fiiffifent pour nous donner à penfer à l’égard
de la gamme,filr laquelle on peut fuppofer que
les oifeaux c chantent ; qu’on ne peut trouver
cette réunion de notes que dans la gamme
de fa , tierce majeure, où dans celle de fol