parti de tout pour leur amufement , ont bien
ïu mettre en oeuvre cette antipathie invincible
que la nature a établie entre un Coq ôc un Coq;
ôc ils ont cultivé cette haine innée avec tant d’art,
que les combats de deux oifeaux de balTe-cour
font devenus des fpeéfcacles dignes d’intéreffer
la curiofité des peuples même polis. On a vu ôc
on voit encore tous les jours dans plus d’une
contrée , des hommes de tous états accourir en
foule à ces grotefques tournois ; fe divifer en
deux partis > chacun de ces deux partis s’échauffer
pour fon combattant j joindre la fureur des
gageures les plus outrées, à l’intérêt d’un fi beau
fpeétacle, ôc le dernier coup de bec de l’oifeau
vainqueur renverfer la fortune de plufieurs familles.
C’étoit autrefois la folie des Rhodiens,
des Tangriens, de ceux de Pergame; c’eft aujourd’hui
celle des Chinois, des habitans de
Philippines, de Java, de l’Ifthme de l’Amérique
ôc de quelques autres nations des deux Continens.
b. Lç Coq huppé (P. Crijiatus. ) ne diffère du
Coq ordinaire que par une touffé de plumes ,
qui s’élève fur la tête ; il a ordinairement la
crête plus petite. Les Poules huppées les plus
recherchées, font celles dont les couleurs offrent
les plus riches nuances ôc les plus variées ; telles,
que les dorées ôc les argentées , la blanche à
huppe noire ôc la- noire à huppe blanche ; les
agates Ôc les chamois ; les ardeifées ou peri-
nettes; celles à écailles de poijjon Ôc les her-
minées; la Poule veuve, qui a de petites larmes
blanches, femées fur un fond rembruni j la Poule
couleur de feu ; la Poule pierrée, dont le plumage
fond blanc eft marqueté de noir ou de
chamois, ou d’ardoife ou de doré, &c.
• c. Le Coq À cinq doigts ( P. Pentadaclylus. )
diffère des autres par le nombre des doigts :
il en a cinq a chaque pied ; favoir, trois devant
Ôc deux derrière : il y a même quelques individus
qui en ont fix.
d. Le Coq frifé ( P. CrifpusJ) a les plumes ren-
verfées en dehors, de forte quelles paroiffent
frifées. -
e. Le Coq fans croupion ( P. Ecaudatus. )
n’a point de croupion, ni par conféquent de
queue : du relie, le bec ôc les pieds font bleus ;
il â une. crête fimple bu double ôc point de
huppe. Le plumage eft de toutes les couleurs.
Cette variété eft originaire de la Virginie; ôc
les habitans de ce pays affurenr que lorfqu’on
y tranfporte de ces oifeaux, ils perdent bientôt
le croupion & la queue.
f Le Coq nain ( P. Pumüio. ) eft aulli gros
que le Coq ordinaire, mais fes jambes font très-
courtes : on l’appelle encore Coq de Camboge.
g. Le Coq de Bantame ( P. Banticus. ) a les
pieds couverts de plumes , feulement en
dehors : celles des jambes font très-longues ôc
lui forment des efpèces de bottes, qui defcen-
dent beaucoup plus bas que le talon : l’iris eft
rouge.
A. Le Coq pattu (P . Plumipes.) reffemble,
par fa taille ôc fes couleurs , au Coq ordinaire :
il en diffère feulement, en ce que fes pieds
font couverts de plumes jnfqu’à l’origine des
doigts. On dit que la plupart des Coqs ou Poules
pattues n’ont point de huppe.
i. Le Coq de Turquie (P . Turcicus.) n’eft
remarquable que par fon beau plumage.
k. Le Coq de Padoue ou de Caux ( P. P ata-
vinus. ) eft beaucoup plus gros que les autres.
11 a louvent la crête double , en forme de couronne
ôc une efpèce de huppe, qui eft plus
marquée dans les Poules. Sa voix èft forte, grave
ôc rauque. Son poids va quelquefois jufqu’à dix
livres,
/. Le Coq d’Angleterre ( P. Anglicus. ) ne
furpaffe point le Coq nain en groffeur , mais
il eft beaucoup plus haut monté. Sa tête eft
ornée d’une efpèce d’aigrette : fon bec &
fon cou font dégagés ; ôc il y a au-deffus des
narines deux tubercules de chair, rouges comme
fa tête.
m. Le Coq de Hambourg (P.Hamlurgenfs.)
eft appel lé auffi culotte de velours, parce qu’il
a les cuiffes ôc le ventre d’un noir velouté. Sa
démarche eft grave ôc majeftueufe ; fon bec
très-pointu ôc l’iris de fes yeux jaune : les yeux
font entourés d’un cercle de plumes'brunes,
d’où part une touffe de plumes noires, qui
couvrent les oreilles. Il y a des plumes à-peu-
près femblables derrière la crête Ôc au-deffous
des barbes ; & de taches noires, rondes &
larges fur la poitrine : les pattes font couleur
de plomb, excepté la plante des pieds, qui eft
jaunâtre.
n. Le Coq nègre ( P. Morio. ) a la crête,
les barbes, l’épiderme ôc le périofte abfolumenc
noirs. Ses plumes ont aufli la même couleur,
mais quelquefois elles font blanches. J’en ai
vu plufieurs de cette dernière couleur à la ménagerie
de Cha.ntiili.
o. Le Coq à tête callâufe ( P, Tophaceus.)
porte fur la fête, fuivant M. Pallas, une efpèce
de tubercule de fubftance calleùfe.
p* Le Coq de Java ( P. Javanenfts. ) eft de
la grolfeur du Pigeon : du refte, fon plumage
eft peint de diverfes couleurs.
q. Le Coq à duvet ( P. Lanatus.) a une huppe
fur la tête ôc toute la livrée blanche : les barbes
des plumes font détachées & reffemblent affez
à du poil. De plus, fes pieds ont des plumes
en dehors jufqu’à l’ongle du doigt extérieur.
Cette variété fe tro,uve au Japon ôc à la Chine.
Nous avons repréfenté la Poule à duvet (PL 87,
mÊKBt
Le Faisan. 2. P. Colchicus. P. Corpore fuprà &
fubtus permis variegatis vejtito : vertice ex viridi-
aureo : area oculorum nudâj coçcineâ, papillofâ :
reüricibus duabus mediis longiorïbus : rojlro
corneo : pedibus grifeo-fufcis.
Le deffus ôc le deffous du,corps garnis de
plumes de diverfes couleurs : le fommet de la
tête d’un verd-doré : le tour des yeux dégarni
de plumes ôc femé de petits mammelons d un
rouge-vif : les deux pennes intermédiaires de
la queue plus alongées : le bec couleur de corne :
les pieds d’un gris-brun. (PL 87 , fig. 4. )
, Il y a peu d’oifeaux qu’on puifle comparer
à celui-ci pour la nobleffe du port Ôc la beaute
du plumage. Sa groffeur égale, à quelque chofe
près, celle du Coq ordinaire. Il a le bec dune
couleur de corne ôc long de quinze lignes; l’iris
jaune ; les joues dénuées de plumes ôc couvertes
feulement de petits mammelons charnus, d’un
rouge très-vif. Le fommet de la tête & la
nuque font d’un verd-doré obfcur : cette meme
couleur reparoît fur le front , la gorge Ôc la
partie du cou la plus voifine de la tête, m^is
elle brille en cet endroit de reflets bleus, chan-
geans en violet-édatant. Ce qu’il y a encore de
très-remarquable dans la phyfionomie de cet oi-
feau, ce font deux bouquets de plumes d’un verd-
doré , qui, dans le tems des amours , s’élèvent
de chaque côté au-deffus des oreilles. Le cou,
la poitrine, le haut du ventre ôc les côtés font
garnis de plumes d’un marron-pourpré , très-
brillant ôc bordées par le bout d’un noir de
velours, luftré de violet. Les plumes du cou ôc
au croupion ont, à l’extrémité, une échancrure
en coeur, comme certaines plumes de la queue
du Paon ; ôc la bordure noire remonte on cet
endroit vers l’origine de la plume , en fuivant
la direétion de cette échancrure : celles du dos
& des épaules font brunes dans leur milieu ôc
liférées de marron-pourpre : de plus, chacune
de ces plumes a dans le brun, une bandelette
blanche , tirant fur le jaune , parallèle à fa circonférence
î cette bande eft quelquefois variéede
taches brunes.. Le bas-ventre, les cuiffes ôc
les couvertures inférieures de la queue font d’un
rouffâtre mêlé de brun. Les couvertures de l’aîle
préfentent un mélange de brun, de fauve ôc de
marron-pourpre. On voit fur les grandes pennes
de l’aîle, de taches triangulaires, de blanc-rouf-
fâtre, pofées tranfverfalement fur du gris-brun :
les moyennes ont aufli de taches tranfverfales
de la même couleur, mais difpofées fur un fond
brun , tirant fur le fauve. Les deux reétrices
intermédiaires ont environ vingt pouces de longueur
; elles font d’un gris-olivâtre, avec de
bandes tranfverfales, noires ôc une bordure de
marron-pourpré ; les autres, qui décroiffent
graduellement en longueur, font variées de
gris-olivâtre, de brun , de noir, de marron ôc
de pourpre. A la partie poftérieure de chaque
pied, on trouve un ergot court, mais très-
pointu. Les couleurs ont beaucoup moins d’éclat
dans la femelle que dans le mâle ; elles font
âuflî diftribuées différemment : tout leur corps
eft mêlé de brun, de gris, de roux ôc de noirâtre
: fes joues font couvertes de plumes. Elle
eft un peu plus petite que le mâle. Le Faifan
eft originaire de la Colchide, où il étoir confiné
avant l’expédition des Argonautes : ce font les
Grecs, dit-on, qui, en remontant le Phàfe pour
arriver à Colchos, virent ces beaux oifeaux répandus
fur les bords du fleuve; ôc qui, en les
rapportant dans leur patrie, lui firent un pré.fenc
plus riche que celui de la toifon-d’or. De la
Grèce, ils fe font répandus dans toute l’Europe
; mais, quoiqu’accoutumés à la fociété de
l’homme , quoique comblés de fes bienfaits, ils
confervent leur naturel farouche ôc s’éloignent le
plus qu’il eft pôflible de toute habitation humaine.
Ils vont s’établir dans les bois en plaine, fur-tout
dans ceux qui avoifinent les endroits marécageux
ôc les lieux les plus humides. Pendant la
nuit, ils.fe perchent au haut des arbres ôc ils
y dorment la tête fous l’aîle. Frifch prétend
que, dans l’état fauvage, ils n’ont chacun qu’une
feule femelle; mais l’homme, qui fait gloire
de foumettre l’ordre de la nature à fon intérêt
ou à fes fantaifies, Tl changé pour ainfi dire le
narurel de cet oifeau, en accoutumant chaque
Coq à avoir jufqu’à fept Poules : cependant ,
quelques économiftes ne donnent que deux femelles
à chaque mâle. La Faifane fait fon nid
à elle feule : elle choifit pour cela le recoin le
plus obfcur de fon habitation ; elle y emploie
la paille , les feuilles Ôc autres chofes femblables.
Elle ne fait qu’une ponte chaque année