
N a r in e s . Les organes qui fervent à l’èdofat,
différent ,auffi parleur forme & par leurfitua-
• lion. Tantôt ils font placés à la bafe du bec
de l’oifeau ; tantôt vers le milieu de fa Ion I
gueur; tantôt enfin à Ton extrémité. Dans les
uns, ce font deux ouvertures ovales ; dans les
autres, deux fentes étroites & alongées; ceux-
ci n’ont point d’ouverture extérieure, c’eft-
à-dire, point de conduits ouvertsau-delfus.du
bec, en forte qu’ils ne peuvent recevoir les
odeurs que par la fente intérieure qui eft dans
- la bouche; ceux là , indépendamment des ouvertures
du dehors, ont encore deux autres
trous par Iefquels s’écoule la faliye (i Les
narines du coucou repréfentent par leurllruc-
ture un tube vertical, garni à l’extrémité d’un
rebord circulaire; celles âupetrel8e de ['albatros
font ouvertes en forme de petits rouleaux
ou étuis, & couchées vers la racine du bec,
dans une rainure qui , de chaque côté , le
fillonne dans toute fa longueur : mais quelle
que foit leur conformation extérieure, les narines
font ta pi (Té es intérieurement d’une membrane
qui fait la continuation de celles du go-
lier, delà bouche, del’cefophage, de l’efto-
mac , & font garnies de veffies à petits tubes
* 8c de nerfs vifibles qui viennent des proceffus
maxillaires par l’os cribleux. Ces nerfs font
plus gu moins nombreux dans les différentes
familles d’oifeaux : ceux qui ont le bec plat,
qui cherchent leur nourriture en tâtonnant
ou en fouillant dans la terre, comme les oies ,
les canards, 8c qui ne peuvent difcerner que
par l’odôrat les alimens quileur conviennent,
ont dans les narines trois paires de nerfs, dont
les ramifications s’étendent jirfqu’à l’extrémité
du bec : lesbeccajfes, les barges, &c. en ont le
même nombre ; 8c déplus, l’extrémité de leur
bec efl garnie d’une efpèce de hibHancë charnue
, que M. de Buffôn regarde comme un
fixième fens. Ces nerfs font encore plus gros
8c en plus grand nombre dans les oifeaux de
proie; il y en a beaucoup dans le faucon ,
V aigle 8c le vautour ; suffi ces oifeaux ont-ils
l’odorat plus fin que lés autres. On dit qu’après
la bataille qui décida de l’empire du monde,
entre Céfar 8< Pompée , les vautours raflaient
de f Afie à Pharfale.
Le mecanifme de l’odorat s’exécute de la
même manière dans les oifeaux & dans les
quadrupèdes. Les particules odoriférantes,
contenues dans l’air, font attirées avec force
(i) Tel eft le Percnoptcrf,
dans les narines“ par I’infpiration; alors elles
vont frapper vivement les fibres olfactives
que les parois intérieures de ces organes leur
repréfentent; & c’eft de cette impreffion, communiquée
enfuite au cerveau, que réfultent
les différentes odeurs dont la -combinaifon
éft infinie.
L angue. Tous les oifeaux en général font pourvus
d’une langue , qui fert non-feulement à
modifier les- accens de la voix 8c à faciliter
la. déglutition des aümens , mais encore à
faifir& à retenir la proie. Cette dernière faculté,
d’où dérive fans doute cette prodigieufe
variété qu’on obferve dans la nourriture des
Oifeaux , fuppoTe auffi dans la ftruèture de
finfirument qui l’exerce, une multitude de
formes toutes analogues aux moeurs & à
l’inflinâ de chaque famille. En effet, la langue
de ces animaux préfente une multitude
de différences, tant par fa forme que par fes
dimenlions. Dans les uns , elle eft épailfe ,
arrondie 8c d’une figure à peu près femblabîe
à celle de l’homme (i). Dans les autres elle
eft étroite, effilée & fourchue (z ; ceux-ci l’ont
robufte ou heriiïee de piquans retournés en arrière
(5) ; dans ceux-là elle eft entièrement liffe
dépourvue de mamelons (4.); celle des tétras ,
des cajje-noix, de la fpatule, eft très-courte &
comme perdue dans le gôfier; celle des pics
8c des torcols au contraire, eft longue, effilée ,
arrondie 8c femblabîe à un ver de terre. Les
grimperaux ont la langue fimple ; dans les
colibris elle eft divifée en deux tuyaux demi-
cylindriques. La langue de Varimanou eft remarquable
en ce qu’elle eft pointue 8c terminée
par un pinceau de petits poils blancs : celle
d,u toucan eft encore plus extraordinaire, c’eft
une plume dans l’acception la plus Aride; on y
diftingue la tig e , qui eft d’unefubflance carti-
lagineufe, large de deux lignes, & les barbes
qui font très-ferrées & toutes pareilles à celles
des plumes ordinaires. Ces barbes dirigées en
avant, font d’autant plus longues qu’elles font
limées plus près de l’extrémité de la langue,
qui eft elle-même auffi longue que le bec. Avec
un organe auffi fingulier & fi différent de la
fubftance & de la forme ordinaire de toute
langue, on feroit porté à croire que ces oifeaux
doivent être muets; cependant ils ont
( 1 > Le Perroquet, le. merle, le geai, le fanfonnet, &c.
(z) Le ferin 3 la linotte , le bouvreuil, 1 zch.arcj.Qnne.-*
ret, Scc.
(3) Les o/«.y, les canards , les hurles, &c,
(f) L’autruche 9 Sec,
autant de voix que les autres & font entendre
très-fouvent une efpèce de fifflement qu’ils reitèrent
avec promptitude , & .a (fez long-temps,
pour qu’on lésait appellés oifeaux prédicateurs
( 1 ). Il faut obferver que certains oifeaux ,
quoique très-rapprochés par l’analogie de
leurs rapports extérieurs, quoique réunis dans
le même genre, différent cependant entr’eux
par la configuration de la langue. On le voit
par exemple de la huppe de nos contrées,
8c par celle du Cap de Bonne-Efpérance. La
première a la Ianguedongue 8c entière; celle
de la fécondé efpèce eft pareillement longue ,
mais divifée en deux filets à l’extrémité. Enfin,
la langue eft un organe qui influe d’une manière
particulière, non-feulement fur la manière
de vivre , mais, encore fur les habitudes
naturelles des oifeaux. Ceux qui ont la
faculté de la mouvoir 8c de la replier vers
le gofier, ont le talent d’imiter la parole,
d’articuler des mots 8c de répéter des phrafes,
dont l’explication heureufe nous furprend quelquefois
& nous étonne: ceux qui ont la langue
fourchue, comme prefquetous nos petits oifeaux,
fifflent plus qu’ils ne jafent ; & leur gazouillement
eft fouvent agréable : ceux enfin ,
dans Iefquels cette organisation propre à fi filer
fe trouve réunie avec la fenfibilité dei’oreille
8c la reminifcence des fenfations reçues par
l’organe de fou ie, apprennent aifément à
répéter des airs, c’eft-à-dire , à fiffier en
mufique 8c à foutenir les modulations cadencées
dont l’expreffion nous ravit 8c nous
enchante.
Cou. Dans les oifeaux terreftres, le cou eft exactement
proportionné à longueur des jambes,
afin qu’ils puilfent commodément prendre
leur nourriture fur la terre ; les cygnes au contraire
& plufieurs autres oifeaux aquatiques,
qui vont chercher leurs alimens au fond des
vafes, ont un cou beaucoup plus long que
les pattes. Cette longueur de cou plus ou
moins çonfidérable, fert encore à contrebalancer
le corps dans le vol, comme il paroît dans
les canards 8c les oies : en effet touscesoifeaux,
lorfqn’ils volent, étendent la tête & le cou,
8c forment de. cette manière un équilibre
exad du corps qui pèfe également de part &
d’autre furies ailes. Dans toutes ces efjpècës.
( 1 ) Les fauvages de l’Amérique attribuent de grandes
vertus, à cetre.langue de plume; & ils l’emploient comme recède
dans plufieurs maladies. Voyage à la rivière des Aïïia-
Zpnnes, Paris 1745,
les dimenfions du cou ne peuvent nuire à U
faculté qu’ils ont de nager , puifqu’elles le
redreffent fur le dos; & que d’ailleurs les ailes
font attachées hors du centre de gravité &
plus près de la tête. Dans le héron, la tête 8c
le long cou , quoique replié furie corps, lorsque
l’oifeau vole , emporteroit l’équilibre fur
la partie poftérieure du dos, fi pour fuppléeE
à la brièveté de la queue, il n’étendoit les
jambes en arrière pendant tout le temps du
vol.
A iles. Les ailes confidérées comme des inftrame
ns dont l’oifeau fe fert pour voler , font
des efpèces de rames qui frappent un fluide
dont la réfiftance leur offre un point d’appui.,
8c qui contribuent par leur agitation à élever
& à foutenir dansTair, le corps de l’animal.
Elles remplacent les pattes de devant des quadrupèdes,
avec lefquelles on trouve d’ailleurs
beaucoup d’analogie par le nombre 8c la forme
des os qui les foutiennent., mais ils font
beaucoup plus légers & jouent dans leurs charnières
avec plus de facilité , foit pour étendre
les ailes, foit pour les relferrer vers le
corps. On remarque auffi que les nmfclesde
la poitrine fur lequels repofent la charpente
de l’aile , font plus forts & plus vigoureux
à proportion dans les oifeaux que dans
l’homme & dans les autres animaux (1 ).
Toutes les parties qui entrent dans la conf-
trudion des l’ailes, annoncent la force 8c la
légèreté; des os remplis d’air & dépourvus de
moelle; de mufcles ; de nerfs ; & quelques
membranes ou cartilages compofent la folr-
dité de ces membres, qui font longs, un peu
arrondis 8c compofésde quatre articulations,
dont la dernière repréfente les doigts d’un
quadrupède. Toute la furface de l’aile eft revêtue
de pi une? es plus ou moins longues, 5c
d’une forme différente (2). Les pennes occupent
le côté poftérieur de l’aile 8c fontdifpo-
fées à la file (3).
Pour avoir une idée de la manière dont
s’exécute de vol, il faut obferver que Por-
feau ne peut s’élever qu’après avoir étendu
les ailes, 8c au moment où il les abaifleavec
(t.) Voyez ce que nous avons dit fur ces diverfes patries
dans le précis anatomique du corps des oifeaux.
(2) Les ailes des oifeaux font couvertes de plumes; &
ç’eft un des caradéres qui diftingue les oi (eaux des infectes
qui ont des ailes membraneufes, & des chauve - fouris qui
qui ont des ailes çompofées d’une efpèce de peau.
( 5) Voyez l’arrangement des pennes. PL 1 . fig. 2. P. P,
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