
afin de Conferver la gradation que la nature femble avoir mife entre les familles;
mais comme la tribu des oifeaux eft fort nombreufe & qu’il eft fouvent très-difficile
de déterminer , fuivant les principes d’une feule méthode, dans quelle famille doit
être rangé tel ou tel individu, j’ai mis à côté de la table fynoptique, dont je viens
de parler, celle de Linné, afin que les imperfections de l’une puiffent être rectifiées
par les avantages de l’autre.
En traçant les caractères génériques J j’ai développé avec plus de détail qu’on
n’avoit fait jufqu’ic i, la conformation du corps & de la tête, la llruCture du bec,'
de la langue, des narines, des ailes, des pattes &de la queue. J’ai ajouté de plus, à
la fin de chacun de ces articles, un tableau abrégé de ce qu’il y a de plus intéreffant
dans les moeurs des oifeaux qui compofent ce genre : j’indique ordinairement le lieu
qu’ils habitent, la nourriture qu’ils préfèrent, l’endroit où ils conftruifent le nid ,
la forme & le nombre des oeufs, &c. ôcc.
J ai établi ,' comme tous les naturaliftes l’ont pratiqué jufqu’ici,' la diftinc-
tion des efpèces fur la différence des couleurs , mais je dois obferver que ce
caractère eft peu confiant & très-équivoque. Le plumage de l’oifeau, lorfqu’il
eft jeune , diffère confidérablement de celui de l’animal adulte ; la livrée du
mâle ne reffemble point à celle de la femelle : il y a encore d’autres différences
dans la couleur qui réfultent de l’influence du climat êc de la nourriture , de la do-
mefticité êc de la captivité, du tranfpott êc des migrations naturelles ou forcées.
Comment diftinguer à travers tant de caufes d’altération ou de dégénération , la
teinte qui appartient à chaque individu êc fixer par conféquent la ligne de démarcation
qui fépare les efpèces ? Nos plus grands ornithologues ont éprouvé avant
moi ces difficultés ; êc malgré les peines qu’ils fe font données pour les furmonter,
ils s y font mépris & ont fouvent décrit comme efpèces diftinCtes, des oifeaux qui
ne différent entr eux que par l’âge , le fexe , ou par quelques autres altérations qu’ils
avoient fubies en paffant dans des climats différens. J’ai corrigé beaucoup de ces erreurs à
mefure que je les ai rencontrées ; êc pour diminuer le nombre de celles que je fuis
dans le cas de commettre, j’ai rapporté dans la plupart des defcriptions, la différence
de couleur qui fe trouve entre Te mâle ôc la femelle, entre les jeunes oifeaux 6c les
adultes, & les autres traits’ caracfériftiques, tirés de l’organifation extérieure. La
couleur des pennes de 1 aile ôc de la queue, de l’aveu de tous les naturaliftes, eft
moins fujette à varier que celle des autres plumes ; auffi je n’ai prefque jamais né-t
gligé d’en faire mention.
J ’aurois voulu bannir da moa ouvrage les noms fpécifiques, fondés fur le pré-j
tendu pays natal d’un oifeau, dénominations prefque toujours fautives ; mais elles ont été
confacrées par des auteurs célèbres ; ôc tenter aujourd’hui de leur en fubftituer d’autres,
ce feroit furcharger la nomenclature de l’hiftoire naturelle êc la replonger dans le cahos.
Comme il eft important, pour avoir une notion exa£te d’un oifeau, de connoître
fes dimenfions ôc le nombre des pennes qui compofent l’aile 6c la queue, j’ai eu
foin, à la fin de chaque defcription, d’indiquer ces caractères par une abréviation qui
renferme quatre termes, ainfi qu’on peut le voir dans cet exemple, L. 24. E. 3 5. P. 26.
R. 12; les deux premières lettres capitales L. 6c E. défignent, l’une la longueur de
l’oifeau , êc l’autre l’étendue qu’il y a entre les deux extrémités des ailes déployées ;
les chiffres fuivans indiquent le nombre de pouces : ainfi dans l’abréviation que
je viens de citer, la longueur totale eft de vingt-quatre pouces êc le vol ou l’envergure
de trente-trois (1). Les lettres P. ôcR. des deux derniers membres, expriment,
l’une les pennes de l’aile; l’autre les reClrices ou pennes de la queue : les chiffres qui
les accompagnent déterminent le nombre de ces plumes ; fçavoir vingt-fix pour l’aile êc
douze pour la queue.
Afin de compléter, autant qu’il eft poffible , cette hiftoire des oifeaux j j’ai mis
à la fuite des efpèces , toutes les variétés qu’on a obfervées jufqu’ici.
Les gravures qui font partie de cet ouvrage ’, forment une des plus nom-
breufes colleflions qui ait été faite fur l’ornithologie ; elle comprend $8 $
oifeaux diftribués en 232 planches. Le choix des objets doit fur - tout la rendre
précieufe. On y trouvera non - feulement les individus rares que M. de Buffon
a recueillis dans fes planches enluminées, êc dont les différences font faillantes êc
bien prononcées; mais j’y ai réuni encore les efpèces nouvelles, qui ont été publiées
depuis quelques années, par M. Brown, Sparrman, Jacquin, Nofeman , Bruce, des-
Fontaines, Paterfon, êc plufieurs autres figures contenues dans la Zoologie du nord, les
nouveaux mémoires de Pétersbourg de Stockolm, ôc dans plufieurs autres ouvrages
étrangers. M. Bénard qui eft chargé de la gravure de ces planches, femble avoir
redoublé de foin êc d’attention en faveur des oifeaux : fon exécution mérite les plus
grands'éloges , tant pour la fidélité des deffins que pour la variété des attitudes. On
verra qu’il n’a rien négligé pour que chaque portrait donnât l’idée nette ôc diftinCtede
fon original. Les petits individus ont été gravés dans leur grandeur naturelle ; les
autres ont été réduits à des proportions exaêles dans toutes leurs parties : plufieurs
d’entr’eux ont un module tracé au-deffus de la figure. Au moyen de cette échelle,
( 1) Il importe d1 obferver que 'j’ai prefque toujours pris la longueur de I'oifeau, depuis la pointe du brc
jpfqu'à l'extrémité de la queue , lorfqu’elk eft plus alongée que les pieds ; ou jufqu'à l'extrémité des pattes , lorfe
quelles dépaftent la-queue.