
pofîtron entre les grandes & les petites, foit
parce qu’elles tiennent le milieu par leur volume
(ij .
Les couvertures inférieures de Vaïle\, c’efl-
à-dire, celles qu’on trouve fur la partie
rieure de l’aile, font obiongues, douces
au toucher , légèrement courbées de devant
en arrière & de dehors en dedans.
Leur tuyau eft petit ; leur barbes font peu
ferrées, 8c elles ne s’étendent guère au delà
de-l’origine des pennes de l’aile.
Au defliis des couvertures inférieures., & à la
jorîâion de l’aile avec le corps, naiftent des
plumes qui méritent d’être obfervées. Elles
ont une forme alongée & une largeur médiocre:
leur tuyau eft gros & fort 5 leur extrémité
arrondie : leurs barbes font également
longues de part & d’autres , & très-ferrées :
elles font dirigées de devant en arrière, &
pofées fur une. même ligne tranfverfale par
rapport au corps : leur nombre, leur forme
8c leur longueur varient dans certaines efi
pèces. Quand l’aile efl plicée elles font
couchées contre le corps; mais elles s’en écartent,
lorfque l’aile eft étendue ; alors fi le
vol de l’oifeau efl oppofé. à la diredion du
vent, ces plumes n’arrêtent pas fa vîteffie;
fil’oifeau vole vent arrière, l’air frappant contre
ces plumes le relève , 8c elles deviennent
une véritable voile, contre laquelle il exerce
fon impulfion.
On donne encore le nom de couverture de
la queue ( 1 ) aux plumes qui environnent cette
partie à fon origine, tant en delïus qu’en défi
fous. Les couvertures fupérieures font généralement
longues J larges , arrondies à leur
extrémité, fouples 8cdouces au toucher,celles
inférieures qui environnentl’anus font encore
plus douces 8c plus foyeufes ; mais celtes qui
font plus en arriéré, & qui s’étendent d’avantage
fous la queue , ont plus de folidité,
de largeur 8c de longueur. Ce font les couvertures
fupérieures, qui dans l’oifeau appellé
la veuve, fe prolongent exceftîvement, 8c forment
cette fauffie queue flottante,,qui entoure
8c qui cache la véritable : ce font de même
les couvertures fupérieures de la queue , qui
fie produifent dans le coq fous la forme de plumes
longues J étroites 8c recourbées : ce, font
encore ces couvertures , qui prolongées ex-
eeflivement dans le paon ,.& terminées par
un épanouiflement arrondi 3 compofient fa
riche parure, & recouvrent la véritable que
dont la couleur efl brune.
Les plumes en général font compofées du
tuyau 8c des barbes. Le tuyau eft cette tige
qui s’implante par fa bafe arrondie dans la
chair de l’oifeau , 8c qui parcourt toute la
longueur de la plume en s’aminciflant par
degrés infienfibles ; elle efl ordinairement Iifîe,
convexe par-deffus, cannelée par-défions ,
creufie à fia bafe , 8c remplie intérieurement
dans le refte de fia longueur d’une fiubftance
blanche , légère , poreufie 8c femblabie à la
moelle des plantes, mais plus compacte. L’ex-
trcmité de la bafe du tuyau eft ouverte circu-
lairement ; elle donne paflàgeà un canal membraneux
dans les oifieaux adultes, & charnu ou
pulpeux dans les jeunes. Ce canal fioutient 8c
dirige les vaifieaux fanguins & lymphatiques,
qui fourniflent la nourriture de la plume. A
mefure qu’elle s’étend & que fies barbes fie développent
, les vaiffeaux qui fe font accrus
Sc diyifés, perdent de leur fiouplefie, &' le canal
'de pulpeux qu’ilétoit devient membraneux.
On reconnoit alors qu’il eft compofé de godets
ou d’entonnoirs j reçus les uns dans les
autres ; que les vaifieaux fianguins rampent
au tour du canal ; que les lymphatiques ver-
fient le fuc nouricier dans les godets , d’où
il pafie par imbibition à travers la pulpe ou
moelle qui remplit la partie fhpérieure du
tuyau , 8c fie répand dans les barbes qu'il
alimente. Telle eft, félon M. Poupart, l’or-
ganifatîon & l’ufage de cette membrane , qui
fort du tuyau d’une plume , fous la forme
d’une veflie defiechée 8c pliflee ( 1 ). Ce canal
, étant fufceptible de dilatation , reçoit
encore l’air qui pafie des poumons par des ouvertures
que M. Campe a décrites; il coule
aufii jufqu’aux racines des autres plumes ; de
forte que toutes les parties del’oifeau fiemblent
„être pénétrées du fluide où il fie meut. La
partie du tuyau qui efl revêtue de barbes, eft
légèrement arquée & courbée, excepté dans
les pennes de la queue, qui font communément
droites. On y diftingue quatre faces,
deux latérales , une fupérieure 8c. une inférieure.
Les deux latérales font déprimées 8c
aplaties à angle droit'; c’efl fur ces deux faces
ou côtés que natlfera-t les barbes. La face
fupérieure efl un peu arquée , comme nous
l’avons déjà dit ; i’inféiieurê eft trayerfée dans
(4) Voyez la même pianclïe fig. z , b , b , b.
( l)P J . I . fig. 3 , t , t , c. _ (1) Me'm, de i’acad. des fciences, année 1699%
toute fia longueur, par un fillon qui le divifie
en deux portions égales, un peu arrondies.
Les barbes font de petites lames ou filets
minces, aplatis, pôles de chaque côté de la
tige , 8c réunies les uns avec les autres. Dans
les pennes de l’aile , les barbes font de longueur
inégale ; les plus longues font rangées
du côté interne ou du côté du corps ; dans
les pennes de la queue êc dans quelques autres
plumes, elles font égales de part 8c d’autre.
Les barbes d’un même côté*, quoique difi-
tinéles 8c indépendantes les unes des autres,
fe tiennent toutes & font étroitement réunies.
Vues au microficope , les barbes ne paroi fi
fient pas de fimples filets ; elles font rameufes,
8c fie fubdivifent en filamens droits & en fila-
mens crochus : ce font ces derniers fur - tout
qui, en embraffant les premiers & les liant,
contribuent à l’adhéfion qui régné entre les
barbes d’un même côté du tuyau (1 ). Tous ces
filamens font de la même fiubftance ,mais moins
compares que le tuyau ; & tirent leur nourri-
turedela lymphe dépofiée dans les godets,dont
eft compofé le canal membraneux qui remplit
la cavité de la portion inférieure du tuyau.
Suivant les obfervatrons de M. Poupart
la plume d’un jeune oifeau , au moment où
elle pouflè, pefe fix.foix autant que la même
plume parvenue à fa perfection; & les barbes
qui doivent garnir le tuyau , ne font qu’une
efpece de pulpe ou de bouillie roulée en cornet,
dans un long tuyau cartilagineux, rempli
de fucs & d’humidité qui fe fend , fe defsèche,
8c tombe par écailles, à me fifre que les barbes
s’allongent 8c acquièrent leur grandeur & leur
confiftance. On peut encore obferver à l’égard
des plumes qu’elle ne font nuancées ou variées
dans leur couleur, que dans la partie qui eft
apparente à la vue, & que fe couvrant les unes
les autres, la portion qui eji couverte, eft généralement
d’un ton de cou leur uniforme. Enfin,
les plumes font brillantes & luflrees dans un
oifeau bien portant. Cet éclat eft du à une humeur
fébacée ou deria nature des huiles ,
filtrée dans la plupart des oifieaux par une
feule glande; & dans quelques autres, par
deux glandes limées à l’extrémité fupérieure
du croupion. Ces glandes refiemblerkjt , par
leur conformation, aux mamelles des quadrupèdes
: l’humeur ©nctueufe s’y dépofie , 8c
lorfque les oifieaux preffent avec leur bec cette 1
( 1) Yoy. la théologie de Derham , part. 2, pag. 472.
efpece de réfervoir, la liqueur en fort en rayonnant
comme 1e lait, elle eft reçue par le bec,
qui l’applique eftfuite aux plumes en les pinçant,
8c les faifiant glifler entre fies mandibules
( 1 ). Si quelques-unes des barbes ont
été dérangées, elles font, à la faveur de leur
élaflicité, rétablies dans leur premier état par
cette même opération. C’efl de ce double foin
que. les oifieaux font occupés, Iorfiqu’on les
' voit pincer , luflrer 8c arranger leurs plumes
avec le bec., les unes après les autres.
C ouleurs du plumage. ïl n’y a point d’objets
dans rhiftoire des oifeaux, qui foit plus digne
de notre admiration que la couleur de leur
plumage. II femble que la nature ait pris plaifir
à ne rafiembler, fur fia pallette, que des couleurs
choifies, pour les répandre avec autant
de goût que de profufîon, fur l’habit de fête
qu’elle a deftinéà cet ordre d’animaux. Sur les
uns, on voit briller t otites les nuances de
bleu, de violet, de rouge , d’orangé, de pourpre
, de blanc-pur & de noir velouté ; fur d’autres
, c’efl le bleu du fiaphîr , le verd éclatant
de l’éméraude 8c le glacis de l’ôr 8c de
l’argenr.
Toutes ces couleurs, tantôt aflbrties & rapprochées
par les gradations les plus douces ,
tantôt bppofées & contraflées avec une entente
admirable , mais prefque toujours multipliées
par des reflets fans nombre, où la
lumière du foleil fe joue en mille maniérés,
forment une parure fi brillante , fi variée,
que l’art ne pourroit ni l’imiter, ni la décrire.
Tous les oifeaux, il eft vrai, ne font point
également riches en couleurs; il y en a, fur-
tout dans nos climats, dont le plumage eft uniforme
j terne & décoloré; c’eft fur tes oifeaux
de l’AGe , de l’Afrique & de l’Amérique, que
la nature femble avoir épuifé fies pinceaux :
c’efl: dans les terres de l'Inde que le paon étale
ce magnifique plumage,qui réunit tout ce qui
flatte les yeux dans le coloris tendre & frais
des plus belles fleurs, tout ce qui les éblouit
dans les reflets petillans des pierreries , 8c
tout ce qui les étonne dans l’éclat majeflueux
de l’arc en ciefic’efl dans tes contrées les plus
chaudes du nouveau monde qu’on admire ,
la légéreté , la grâce & la robe ébfouiflante
(1) Les oifeaux de nos baffes-cours font peu fournis de
cette liqueur ; au contraire, les cygnes , les oies , les canaris
, & tous les autres oifeaux deftinés à vivre fur l’eau ,
ont leur réfervoir graiffeux , très-abondant ; & une de leurs
plus grandes occupations eft de pafTer leurs plumes à l'huile
continuellement.
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