180 M A N
même rêne, en affujettiffant les 12 de lavant-main,
inclinés déjà fur la jambe 2 , qui, dans la circonf-
tance aélueile eft celle de devant du dehors , indique
la répartition oblique des 12 de l’arrière-main
qui partent fur la jambe 3 , enforte que le foutien
. lubféquent de la rêne du dehors fixe à terre cette
jambe de derrière du dedans, pour qu’elle ferve de
. pivot à la jambe 4 pendant qu’elle avance , de gau-
' e h e à droite, fur la crête de la pifie. Audi-tôt que
les deux temps de la rêne droite preffée fur l'épaule
du cheval, & de la rêne gauche foutenue à la hauteur
de la hanche du cavalier, ont ébranlé les
jambes 1 & 4, on fait promptement fuccéder les
.deux temps oppofés de la rêne gauche preflee , &
de la rêne droite écartée ; & le cheval, qui pofe la
jambe a dans le milieu de la pifte à côté de la jambe
1, retire la jambe 3 de deffous fa voifine pour l’ap-*
porter fur le dedans, & la mettre en dehors de la
pille pofitivement à la place qu’occupoit la jambe
1 pendant la combination de lepauîe en dedans.
Tels font les procédés qui defîinent un cheval, la
hanche ou les deux bouts en dedans , & telle eft la
manière dont le cheval eft obligé de marcher poùr
. entretenir, à la fois la tête & la croupe placées fur
le dedans.
Autant j'ai cru devoir approfondir les deux pre-
. miers airs du travail, autant j'eflime devoir abréger
l'analyfe du troiftème. En çffet, je regarde comme
rrès-ffiffifant de répétera mes leâeurs, inftruits des
caufes produélrices de l’épaule en dedans, que nous
opérons à préfent par les contraires, & pour la
préparation, & pour l’aâion de la hanche, ou des
deux bouts en dedans , fans décompofer encore le
jeu tranfverfal des quatre jambes du cheval, &
pefer minutieufement les quantités qui les chargent
alternativement au gré du cavalier. Il ne me relie
donc plus, jufqu’à ce que l’élève foit auprès du :
premier angle qu’il va rencontrer à gauche, qu’à |
lui recommander de faire correfpondre les pref-
fions de fes jambes toujours égales avec le travail
de fes mains, afin que la colonne de derrière
maintenue deflbus le centre, en facilitant
l’exécution du cheval, écarte même l’idée d’une
défobéiffance.
Prendre un coin qui fe préfente à gauche,
L’inverfion obfervée entre Tépaule & la hanche
en dedans auroit été gauchement apperçue, mal
digérée , feroit établie fans fondement, & dénuée
de preuves fatisfaifantes, fi toutes les évolutions de
ces deux airs ne fe reflentoient pas de la même
©ppofition. L’élève vient d’éprouver, dans la précédente
leçon , combien la prife des coins efl épi-
meufe, tandis que les changements de main n’offrent
aucunes difficultés. Il doit donc efpérer de
pafler actuellement les angles avec la plus grande
aifance, & s’attendre, en revanche, que les deux
changements de main exigeront toute fon attention,
héais, malgré la facilité dont nous nous flattons,
M A N
réfervons la nôtre pour le premier coin qui fe pr£,
fente à gauche.
La règle , au manège, étant de permettre l’en*
trée dans les coins aux feules jambes qui fraient la
pifle, & le cheval, efquiffé la hanche en dedans,
ne laifTantau milieu de cette pifte que les deux jam-
bes de devant, puifque celles de derrière,chemi-
nent pins ou moins fur le dedans, il en ré fuite
• qu’il doit fuffire de renouveller les deux temps de
main préparatoires de l’air qu’on exécute , qui font
la preffion modérée de la rêne du dedans , & le
foutien très-marqué de la rêne du dehors, pour
que les épaules entrent feules dans le coin ouvert
a gauche. D’après ces deux temps de main , dont
le premier commande la répartition des mafles
de la colonne de devant fur la jambe 3 , con-
féquemment engage le cheval, balancé de droite
à gauche, à porter la jambe 1 jufqu’au fond
du coin ; pendant que le fécond charge obliquement
la jambe 3 du volume de la colonne
de derrière, ce qui détermine lé placement rranf-
verfal de la jambe 4 en face du point fàillant
de l’angle , il faut opérer la fortie du coin à gauche,
encore avec les feules épaules. Or, on obtient
la réuffite, en employant la preffion de la
rêne du dehors , immédiatement’fuivie du foutien
un peu fenti de la même rêne : foiitien de la rêne
gauche , qu’on fubflitue, cette fois, à l’écart de
la rêne droite', qui n’a , pour le moment, que la
' fonâion d’entretenir le pli, dans la vue de re-
poufler viélorieufement le cheval incliné de gauche
à droite. Alors la jambe 1 , qui fujjporte à fon tour
la totalité des 1 1 de l’avant-main, fouffre que la
jambe 2 s’avance au-deffus d’elle, & vienne fe
mettre la première dans la nouvelle pifle qu’on va
chercher à droite. Quant à la jambe 3 , conflam-
ment chargée des 12 de l’arrière-main, tous fes
efforts fe réduifent à tourner feulement fur elle-
même. Au moyen du jeu tranfverfal des jambes 2
& 3 les épaules du cheval fe trouvent direéles
à la nouvelle pifte qu’il va parcourir de gauche à
droite : enforte que les deux temps, ci-devant
confeillés , de la rêne du dedans modérément preffée
fur l’épaule droite du cheval, & du foutien de
•la rêne du dehors élevée au niveau de la hanche
gauche du cavalier, font reprendre la marche analogue
à l’air qu’on figure. Ainfl le cheval attentif
aux impulfions que fon conduôeur fait lui communiquer,
retire d’abord la jambe 1 de deflbus la
jambe 2 , & l’apporte à côté d’elle au milieu de la
nouvelle pifte qu’il entame. Vient enfuitele renouvellement
du chevaler oblique de la jambe 4, qui
reprend fon premier pofle en dehors de la pifte.
Bref, on voit le cheval achever le pas de la hanche
, ou des deux bouts , en dedans, avec l’enlever
fucceffif des jambes 2 & 3 pofêes, l’une dans la
pifte même d’où l’autre s’éloigne.
Des changements de main exécutés fur deux pi fief.
Il étoif dans l’ordre que la découverte des quatre
M A" N
divifioos mobiles du cheval fît imaginer quatre différents
airs de manège, qui radient ces port.ons
mouvantes, pour ainii dire, en detail dans la nfëgp
■ du cavalier .{L’élève en connoît déjà trois*, le pas d e-
[ cole, dont l’empire fe borne au pli : l'épaule en de-
[ dans, qui maîtrife l’avant-main entier : la hanche, I autrement les deux bouts en dedans, avec lefquels
I ; on gouverne defpotiquement l’arrière-main. Refte
! à prendre connoiffance d’une quatrième manière de
I tendre les rêfforts du cheval, qui l’excite à con-
I duire diagonalement chacun de les bipèdes, qu’on
I ! voit alors frayer deux piftes très diftinftes. Confi-
■ dérée feulement comme air de manège , cette det-
9 nière façon de marcher peut paroître extraordinaire; ,jj mais la bifarrerie qu’on fe croit en droit de lui re-
H procher difparoît, aufli-tôt qu’on fe rappelle qu’il
S efl de règle ftrifte , en équitation , de tellement en-
■ tretenir la combinaifon conftitutive de chaque le-
I çon, que les évolutions qui leur font propres, loin
1 d’en altérer le caraélère primitif, doivent toutes en
'4 émaner. O r , où feroit la poflibilité de conferver
i au cheval la figure demi-circulaire que lui donnent,
I & la tête & la hanche en dedans , fi les change- j
1 ments de main de la troiftème leçon du travail
B avoient encore lieu fur une feule pifle, comme aux
» .précédentes ? Aufli ne fe permet-on jamais de di-
M vifer ce troiftème air terre-à-terre autrement que
I -par le jeu des deux bipèdes conjointement dirigés
H fur un plan diagonal. Lorfque j’adapte les change-
,1 ments de main exécutés fur deux piftes à l’air de
B la hanche, ou des deux bouts en dedans, je ne
B prétends pas en priver les autres airs de manège. B .Cependant j ’obferve que, conformément à la règle
H générale ci-deffus rapportée de tirer les différentes I évolutions du fond même de chaque leçon, celle
B de l’épaule en dedans eft évidemment la feule avec B . laquelle la marche fur deux piftes foit incompati-
X ble : incompatibilité qui met la dernière main à l’op-
if pofttion intrinsèque toujours exiftante entre l’épaule
|l & la hanèhe en dedans.
;I Du Changement de main exécuté fur deux pijles.
On dit qu’un cheval change demain fur 2 piftes, S lorfqu’au lieu d’entrer droit d’épaules, de corps,
B de hanches , dans chaque ligne oblique qui divife
B la carrière , il s’y préfente de profil, enlorte que
|8 le corps gîiffe fur la diagonale; que les épaules
1; paffent au-deflus , & que les hanches reftent au-
i deflbus. Il faut donc, pour avoir un changement
' de main fur deux pifies, exécuté félon toutes les
I règles de l’équitation, que le cheval, ployé fur le
f dedans , entame l’évolution par le chevaler de la
? jambe de devant du dehors, & qu’il l’achève avec
| une enjambée pareille & proportionnelle de celle
I de derrière du dehors, afin que le jeu des. jambes 3
I & 4 imite parfaitement l'aâio.n des jambes 1 & 2.
Comment on exécute un Changement de main fur
deux pifies.
Rapprochons les deux circonftances eflentielles
M A N 181
au changement de main exécuté fur deux piftes,
& nous appercevrons que cette évolution dépend
uniquement de l’adrefle avec laquelle on répart
les 12 de chaque colonne vertébrale fur les deux
jambes du dedans , à mefure qu’on veut avoir le
chevaler fucceffif des deux jambes du dehors. Ainfi,
le pli donné par la tenfion de la rêne du dedans ,
ce fera d'abord à la preffion dé la rêne du dehors ,
non-feulement qu’on fera redevable de la répartition
des 12 de l’avant-main fur la jambe de devant
du dedans , mais la puiffance pulfatîve de la même
rêne déterminera les 12 de l’arrière-main à charger
la jambe de derrière du dehors : première opération
des deux'rênes, qui engage la jambe de devant
du dehors à chevaler celle du dedans, & d’où
réfulte aufli-tôt l’eSart tranfverfal de la jambe de
derrière du dedans. Ce feront enfuite, & la pref-
fion légère de la rêne du dedans, & le foutien uiî
peu ‘marqué de la rêne du dehors/, qui, produifan*
la contré-pofition des 24 de la maffe, aâuellemenc
étayés par les jambes de devant du dehors & de
derrière du dedans , qui, dis-je , favoriferont autant
l’écart de la jambe de devant du dedans,
que le paffage imitatif de la jambe de derrière du
dehors.
Des contre-changements de main exécutés fur deux
pifies.
La tournure demi-circulaire que le cheval combiné
, la hanche ou les deux bouts en dedans, eft
obligé de fe donner, reconnue très - analogue à
I l’exécution des changements de main fur deux
piftes, on ne doit pas trouver étonnant que le troisième
air terre-à-terre réunifie les variétés fuccef-
fivement imaginées, & pour rendre le travail plus
intéreffant, & pour faire valoir la précifion du cavalier
, & pour faire admirer l’obeiflance du cheval.
Tels font les contre-changements de main ;
les renverfements d’épaule ; les voltes, toutes va-,
riantes du changement de main fur deux piftes,
qui portent le même caraftère d’exécution , & dont
je vais rendre compte avant que de reprendre le
fil de notre leçon, dans la crainte que des digref-
fions trop multipliées ne puiffent diftraire les lecteurs.
Ce que ce f l qu'un contre-changement de main exécuté
fur deux pifies.
Quelle que foit la manière dont on fe décide à
contre-changer de main , c’eft- toujours interrompre
l’aètion d’un cheval qui traverfe diagonalement
la carrière par un changement de main, & l’obliger
à revenir fur fes pas, en fe fervantde la même
combinaifon , comme s’il partoit de la pifte où on
avoit intention de le mener. Au moyen de quoi ,
l’évolution aâuelle n’étant autre que la précédente,
mais exécutée en fens contraire , le dedans prend
la place du dehors, qui devient à fon tour le dedans.
En conféquence , lorfqu’on veut contre-
dhanger de main fur deuiç piftes, fans enfreindre
les loix du changement de main également fur