
1 (5 2 M A N
jambes i & a à mefure qu’elles reviennent à ferre.
Ain fi tout cheval vient dans la mainy. 8c s’affeoit
fur les hanches , d’après les mêmes procédés qui
lui font régulièrement exécuter le pas d’école : procédés
qui confident dans le préalable d’un raffem-
blér exaél, & dans la fréquence des demi-arrêts.
On parvient plus aifément au pli fur le dedans ,
puifqu’il fuffit, pour le faire paroître , de diminuer
par degrés la tenfion d’une rêne, & d’augmenter
en même raifon la valeur de l’autre.
Des différentes manières de mener le cheval au travail.
Tant que le cheval répète la fuite des mouvements
qui lui font naturels , d’où réfultent fes trois
allures, le cavalier peut, 8c même ne doit faire
ufage que des temps fimples de la main. La première
partie de cet ouvrage en offre fept : la main
placée ; la main rendue ; la main reprife ; la main
arrondie ; la main cambrée ; la main rapprochée
du corps ; la main remontée le long du corps. Aujourd’hui
que notre élève apprend l’art de conf-
truire un nouvel enchaînement des allions du chev
a l, afin d’en obtenir fes allures artificielles , non-
feulement il faut lui décompofer les temps de main
ci-deffus rappellés, & extraire les divers effets que
chaque rêne reçoit féparément de leur combinai-
fo n , mais lui démontrer la puiffance immédiate de
ces mêmes rênes, & fur l’enfemble du cheval, &
fur telle ou telle divifion de fa maffe. En remontant
au principe établi dans les éléments , que les rênes
font deux barrières mobiles entre lefquelles les
jambes-égales du cavalier font cheminer le cheval,
8c fuivant pied à pied les conféquences qui en émanent
pendant les leçons de la bâtie école, on trouve
premièrement que le cheval demeure au milieu de
ces barrières feintes , abfolument droit d’avant-
main , de corps & d’arrière-main , toutès les fois
que Taélivité des jambes égales du cavalier eft équivalente
à la retenue de fa main. Secondement, que
le cheval paffe à travers les rênes, dans la même
direction , lorfque l’a&ivité des jambes égales l’emporte
fur la retenue de la main. Troifiémemem ,
qne le cheval fort d’entre les rênes, toujours fur le
droit, fi la retenue de la main prime à fon tour
l’aéf vite des jambes égales. D e là, les temps de la
main placée, de la main rendue y de la main reprife,
de la main rapprochée du corps, de la main
remontée le long du corps, ne peuvent produire
fur tout l’enfemble du cheval que des effets confia
m ment égaux entre eux , puifque les deux rênes
toujours maintenues dans' la plus fcrupuleufe égalité
, quoique parcourant différents degrés de tenfion
, preffent alternativement , mais très-également
, chacun des côtés du cheval qu’elles gouvernent.
C e ft ainfi que le cheval, balancé par les pul-
fations réciproques de la main & des jambes égales
de fon cavalier, refte dans l'attente du port en
avant ou du port en arrière. Voilà le rafl’embler.
C ’eft ainfi que les rênes détendues permettent au
sheYalde les traverfer, pour fuir les prenions des
M A N
jambes égales du cavalier, qui mollît alors lapuîf-
fan ce de fa main. Voilà le port en avant. C’eft
ainfi qu’une main modérément reprife communique
aux rênes la feule tenfion qu’il leur faut pour
ne pas empiéter fur les preffions réitérées , & né-
ceffairement primantes des jambes égales. Voilà le
. demi-arrêt. C ’eft ainfi que le cheval defcend d’entre
les rênes pour s’en échapper , lorfqu’enfin les
preffions des jambes égales du cavalier cèdent à la
puiffance augmentée de fa main. Voilà le port en
arrière. Conféquemment touts les temps de main
dont je viens de faire l’analyfe, ne réuffiffent à
tenir le cheval droit de tête, d’épaules , de corps
8c de hanches, qu’alors que les deux rênes gliffent
parallèlement, & en raifon proportionnelle, fur
les deux colonnes vertébrales qu’elles maîtrifent
chacune de leur côté. La main arrondie , ainfi que
la main cambrée , qui difpofent le cheval aux deux
évolutions du tourner, lui font éprouVer des fen-
fations bien différentes & plus compliquées. Que
ce foit le port à droite ou le port à gauche qu’on
exige , on fe rappelle qu’il faut toujours commencer
par gagner le bout du nez : aufli, dans l’une &
l’autre de ces circonftances, la main pivote-t-elle
fur fon poignet avec l’intention de tendre une feule
rêne, qui ne devient préparatoire à l’adion projet-
tée qu’à l’inftant où la main du cavalier forme angle
avec l’épaule du cheval. Vient enfuite le port
de la main , qui, loin d’anéantir Ta première tenfion
obfervée dans une rêne , y joint auffitôt, &
d’après le même procédé , la pulfation de l’autre«
Or , l’angle une fois ouvert cle la tête du cheval à
fon épaule, au moyen de la tenfion primitive de
l’une des deux rênes , le port fecondaire de la main
a pour premier effet de prolonger le point de con-
tad de cette rêne tendue , qui fait fucceffivement
rentrer toutes les parties qu’elle atteint : 8c pour
fécond effet, de donner à l’autre rêne une valeur
pulfarive , dont les efforts travaillent à redreffer
les divifions qui bombent, afin qu'elles remontent
dans la nouvelle combinaifon des rênes, à mefure
que les jambes égales du cavalier obligent le cheval
de les traverfer.
D'après toutes ces obferVatrons , qu’une multitude
d’expériences met au rang des faits les mieux
prouvés , on a reconnu d’abord quatre divifions
mobiles dans l’enfemble du cheval ; fçavoir, la
tête que l’encolure fait agir , les épaules qui fe
meuvent d’elles-raêmes , ainfi que le corps 8c les
hanches. On s’eft enfuite aflùré que chacune de
ces divifions du cheval cédoit au gré du cavalier,
dès que fa main éloignoir ou rapprochait les rênes
d’une des portions mobiles de la maffe qu’il vouloir
diriger. En conféquence, les principes du tra*
va il ont été fondés fur la fcience de ménager les
angles rentrants ou fortants qui peuvent réfulter
des différentes pofitions des rênes. La méthode où
on apprend l’art de mener le cheval à fes allures
artificielles en préfente huit, quatre pour chaque
côté : la tenfion qui régit la tête & l’encolure, la
M A N
preffion (jui mène les épaules , l’écart qui contient
le corps , le foutlen qui gouverne les hanches. i-a
tenfion a lieu chaque fois qu’une main arrondie ou
cambrée augmente en valeur la rêne qu elle tient.
Pour que la preffion opère fur le cheval, il faut que
le cavalier approche la rêne de l’épaule qu il veut
preffer. L’écart fe fait fenrir auffitôt qu’une rêne arrive
à la hauteur de la cuiffe du cavalier ; & la
même rêne écartée paffe au foutien , fi de fa cuiffe
le cavalier la remonte au niveau- de fa hanche.
Comme il y auroit amant d’injuftice à vouloir
qu’un èlève , quoique montant un cheval bien mis
aux airs, traçât avec la feule main de la bride ,
l ’immenfité des combinaifons qui peuvent fortir
de ces huit effets des rênes , que d’exiger qu’un
écuyer fût reftreint au même expédient vis-à-vis
du jeune cheval qu’il inftruit, on a divifé les huit
temps de main , qui leur donnent l’exiftence dans
trois manières de les compofer. La première s’appelle
mener les rênes féparées. On connoît la fécondé
fous la dénomination de mener les rênes
réunies dans la main du dehors , en s-’aidant de la
main du dedans. La troifièmefe nomme mener de
la feule main gauche. Je vais enfeigner comment
on mène .un cheval les rênes féparées.
Première façon de mener le cheval au pas d'école, les
rênes féparées.
La pofirion à donner aux deux mains pour mener
les rênes féparées , n’embarraffe pas longtemps
un élève qu’on avertit qu’elles doivent re-
préfenter la .main feule. Accoutumé, dès la première
leçon des éléments , à placer fa main gauche
à la hauteur & vis-à-vis du nombril ; à la tenir
éloignée de la Telle, ainfi que du corps , d’environ
quatre doigts ; à maintenir les ongles tournés vers
le ventre;à conferver le petit doigt exa&ement au-
deffous du pouce; enfin , à laiffer les jointures du
milieu des doigts abfolument oppofées à l’os du
coude ; il avance, fans héfiter , les mêmes phalanges
des doigts de la main droite auprès de celles
^■ de la main gauche , & il ne lui refte , pour arriver
au fini de la pofition des deux mains , qu’à les reculer,
juiqu’à ce que les pouces , dontalors les extrémités
fe regardent, foient perpendiculairement au-
deffus des épaules du cheval. Je pourrois peut-être
ne pas ajouter que chaque rêne entre , comme dans
la main feule , par le petit doigt de la main qui la
dirige , & fort par le pouce qu’on appuie de même
ferme deffus, afin d’empêcher qu’elle n’échappe.
Mais je crois indifpenfable de rappeller que la
condition exprefte du pli exige la tenfion plu^ ou
moins continue de la rêne du dedans. Or , dans la
fuppofition de la feule main gauche , cette tenfion
ne pouvant jamais avoir lieu qu’avec l’arrondiffe-
ment ou le cambrer, fuivant la direâion où on
eft , & ces deux opérations de la main mettant toujours
la rêne du dedans au-deffous de- celle du dehors
, il faut, tant qu’on travaille les rênes fépa-
yees , que la niain du dehors prime çoriftamment
MA N , 163
celle du dedans. En conféquence» après avoir fa-
lué, au lieu de prendre le bridon avec la main
droite, on fépare les rênes tel que je viens de l’indiquer
, mais en même temps on a l’attention de
baiffer la main du dedans, de manière que le pouce
de cette main fe trouve au niveau du petit doigt
de la main du dehors. Reprenons actuellement la
fuite ordinaire aux leçons de manège ,& repré-
fentons-nous l ’élève entrant, de gauche à droite ,
avec l’intention de travailler au pas d’école.
A peine le cheval a-t-il formé quelques pas droit
de tête , d’encolure, d’épaules , de corps & de
hanches, qu’on voit l’élève faifir avec adreffe la
pofition avantageufe de fes deux mains perpendiculairement
placées au-deffus des épaules du cheval
, pour chercher à le mettre dans la main , 8c
fucceffivement àTaffeoir fur les hanches. Lorfque
la répétition calculée des demi-arrêts, qu’on fait être-
le raffembler de l'aétion , a fait exécuter ces deux
conditions préliminaires du travail ,on fonge auffitôt
à remplir la troifième. C ’eft alors que la main
droite, aéluelle du dedans , non-feulement abandonne
à la main du dehors la primauté qui lui convient
, 8c qu’elle doit conferver , mais encore
qu’elle raccourcit la rêne du dedans» 8c afin de la
placer très-près de l’épaule droite du cheval, 8c
afin que fa tenfion lui donne le pli du même côté.
Comme je ne foupçonne pas qu’on ait oublié les
pofitions indicatives de la tête du cheval venu dans
la main, & régulièrement ployé, & que j’ai ci-
devant appris à diftinguer le cheval qui travaille
fur les hanches , d’avec celui qu’on écrafe impitoyablement
fur les jarrets, je mç contente de renvoyer
aux feéïions précédentes les lecteurs dont la
mémoire feroit en défaut , & je pourfuis.
Le cheval bien mis dans la main , fuffifamment
affis fur les hanches, & noblement ployé fur le
dedans , le cavalier doit s’occuper du foin intéref-
fant de rendre & reprendre très fou vent, dans la
crainte que la fenfibilité des barres ne s’émouffe
deffous la preffion trop continue du mors. La première
fois que j’ai fait fentir la néceffité de rendre
la main 8c de la reprendre, c’étoit aux éléments ,
où l’élève menoit de la feule main gauche. On lui
confeille alors de baiffer 1 avant-bras , en augmentant
le creux du diffus du poignet ; comme , pour
reftituer aux rênes la quotité que la main rendue
leur ôte , il eft enjoint de remonter l ’avant-bras ,
en bombant la même furface du poignet. Aéluelle-
ment qu’on mène les rênes féparées , & fur-tout
d’après l’obfervation précédente , qu’a cette manière
de mener, les deux mains doivent reprefenter la
main feule, on pourroit en conclure qu’il faut encore
baiffer & remonter les mains, pourvu néanmoins
qu’elles reftent dans la proportion où elles
fe trouvent, c’eft-à-dire , celle du dedans confer-
vçe plus baffe , 8c plus près de l’épaule du cheval
que celle du dehors. Toute jufte que paroît cette
induâion , je vais démontrer qu’au travail la façon
Çl’opérer çes deux allions , fendre 8c puis reprendre