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que le cavalier tire des effets modérés de la bride ÿ
de l’éperon , du poinçon , du caveçon , de la
gaule, du ion de la voix , du mouvement des
jambes, des cuifles & du talon , pour faire manier
un cheval comme il lui plaît. On fe fert des
aides pour prévenir les châtiments qu’il faut, dans
les occafions, employer pour dreffer un cheval.
Il y a aufli les aides fecrettes du cor^s du cavalier ;
elles doivent être fort douces. Ainff on dit : ce
cheval connoît les aides , obéit, répond aux aides ,
prend les aides avec beaucoup de facilité & de
vigueur. On dit aufli : ce cavalier donne les aides
extrêmement fines, pour exprimer qu’il manie le
cheval à propos, & lui fait marquer avec juftefle
fies temps & fes mouvements. Si un cheval n’obéit
pas aux aides du gras des jambes , on fait venir
l ’éperon au fecours, en pinçant de l’un ou des deux.
Si l’on ne fe fert pas avec diferétion des aides du
caveçon, elles deviennent un châtiment qui rebute
peu à peu le cheval fauteur qui va haut & jufte
en fes fauts &, fans aucune aide. Un cheval qui
a les aides bien fines, -fe brouille ; on l’empêche
de bien manier, fi peu qu’on ferre trop les cuifles ,
ou qu’on laiffe échapper les jambes. Aides du dedans,
aides du dehors; façons de parler relatives
au côté fur lequel le cheval manie'fur les voltes ,
ou travail le long d’une muraille ou d’une haie. Les
aides dont on fie fert pour faire aller un cheval
par airs, & celles dont on fe fert pour le faire
aller fur le terrein, font fort différentes. Il y a
trois aides différentes qui fe- font ayant les rênes
du dedans du caveçon à~la main. La première eft
de mettre l’épaule de dehors du cheval en dedans.
l»a fécondé eff de lui mettre aufli l’épaule de dedans
en dedans ; & la troifième eft de lui arrêter
les épaules.
D E L’USAGE DES AIDES. (L a G uériniere ).
Les cinq fens de la nature, dont touts les animaux
font doués aufli-bien que l’homme , il y en a trois
fur lefque'ls il faut travailler un cheval pour le
dreffer ; ce font la v u e , l’ouie, & le toucher.
On dreffe un cheval fur le fens de la vue, lorfqu’on
lui apprend à approcher des objets qui peuvent
lui faire ombrage ; car il n’y a point d’animal
fi fufceptible d’impreflion des objets qu’il n’a point
encore vus , que le cheval.
On le dreffe fur le fens de l’ouie , lorfqu’oh l’accoutume
au bruit des armes , des tambours, &
des autres rumeurs guerrières ; lorfqu’on le rend
attentif & obéiffant à l’appel de la langue , au
fiiffle ment de la gaule, & quelquefois au fon doux
de la v o ix , qu’un cavalier employé pour les "'ca-
reffes, ou à un ton plus rude , dont on fe fert
pour les menaces.
Mais le fens du toucher eft le plus néceffaire,
parce que c’eft par celui-là qu’on apprend à un
cheval à obéir au moindre mouvement de la main
& des jambes, en lui donnant de la fenfibilité
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à la bouche & aux côtés, fi ces parties en manquent
; ou en leur confervant cette bonne qualité
fi elles l’ont déjà. On employé pour cela les aides
& les châtiments ; les aides pour prévenir les fautes
que le cheval peut faire ; les châtiments pour le
punir dans le temps qu’il fait une faute ; & comme
les chevaux n’obéiffent que par la crainte du châ- *
timent, les aides ne font autre chofe qu’un avertit-
fement qu’on donne au cheval qu’il fera châtié s’il
ne répond à leur mouvement.
D E S A I D E S .
Les aides confiftent dans lés différents mouvements
de la main de la bride ; dans l’appel de
la langue ; dans le fifflement & le toucher de la
gaule; dans le mouvement des cuifles , des jarrets,
& des gras de jambes; dans le pincer délicat de
l’éperon, 8t enfin dans la manière de pefer fur
les étriers.
Nous avons expliqué dans le'chapitre précédent
les différents mouvements de la main, de la bride
& leurs effets ; ainfi nous paffons aux autres aides»
L’appel de la langue eft un fon qui fe forme
en recourbant le bout de la langue vers le palais,
& en la retirant enfuite tout-à-coup , en. ouvrant
un peu la bouche; Cette aide fert à réveiller un
cheval, à le tenir gai en maniant, & à le rendre
attentif aux aides ou aux châtiments qui fuivent
cette aâion , s’il n’y répond pas. Mais on doit
fe fervir rarement de -cette aide , car il n’y a rien
de fi choquant que d’entendre un cavalier appeller
continuellement de la langue ; cela ne fait plus
alors d’impreflion fur l’ouie, qui eft le fens fur
lequel elle doit agir. Il ne faut pas non plus appeller
trop fort : ce fon ne doit, pour ainfi-dire , être
entendu que du cheval. Il eft bon de remarquer
en paffant qu’il ne faut jamais appeller de la langue
lorfqu’on eft à pied, & que quelqu’un paffe à cheval
devant nous : c’eft une impoliteffe qui choque
le cavalier ; cela n’eft permis que dans une feule
occafion , qui eft lorfqu’on fait monter un cheval
pour le vendre.
. Quoique la gaule foit plus pour la grâce que
pour la néceflitê, on ne laiffe pas de s’en fervir
quelquefois utilement. On la tient haute dans la
main droite , pour acquérir une manière libre de
fe fervir de fon épée.
La gaule eft en même-temps aide & châtiment.’
, Elle eft aide lorfqu’on la fait fiffier dans la main ,
le bras haut & libre pour animer un cheval ; lorfqu’on
le touche légèrement avec la pointe de la
gaule fur l’épaule de dehors pour le relever ; lorfqu’on
tient la gaule fous main , c’eft-à-dire, croifée
par-deffous le bras droit , la pointe au-rdeffus de
la croupe , pour être à portée d’animer & de
donner du jeu à cette partie ; & enfin lorfqu’un
homme a pied touche de la gaule devant, c’eft-
à-dire , fur le poitrail pour faire lever le devant
ou fur les genoux, pour lui faire plier les bras*
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La gaule n’eft pas propre pour les chevaux de
guerre, qui doivent obéir de la main a la main;
en avant pour les jambes , à caufe de l’épée
qui doit être à la place de la gaule dans la main
droite, qu’on appelle aufli pour cela la main de
l’épée. Dans un manège, on doit tenir la gaule
toujours oppofée au côté où l’on fait aller le cheval,
parce qu’on ne doit s’en fervir que pour animer
les parties de dehors.
Il y a dans les jambes du cavalier cinq aides ,
c’éft-à-dire , cinq mouvements : celui des cuifles ,
celui des jarrets, celui des gras de jambes, celui du
pincer délicat de l’éperon, & celui que l’on fait en
pefant fur les étriers.
Plaide des cuifles & des jarrets fe fait en ferrant
les deux cuifles, ou les deux jarrets, pour chaffer
un cheval en avant, ou en ferrant feulement la
cuiffe ou le jarret de dehors , pour le preffer fur le
talon de dedans, ou en ferrant celui de dedans ,
pour le foutenir , s’il fe preffe trop en dedans. Il
faut remarquer que les chevaux qui font chatouilleux
, & qui retiennent leurs forces par malice ,
• fe déterminent plus volontiers pour des jarrets
vigoureux, que pour les éperons, & ordinaire«-
ment ils fe retiennent quelque temps à l’éperon
avant que dé partir.
L ’aide des gras de jambes , qui fe fait en les approchant
délicatement du ventre , eft pour avertir
le cheval qui n’a point répondu à Y aide des jarrets
<juè l’éperon n’eft pas loin, s’il n’eft point fenfible
a leur mouvement. Cette aide eft encore une des
plus gracieufes & des plus utiles dont un cavalier
puiffe fe fervir, pour raffembler un cheval dreffé ,,
& par conféquent fenfible , lorfqu’il rallentit l’air
de fon manège.
Laide du pincer délicat de l’éperon fe fait en
l’approchant fubtilement près du poil du ventre ,
fans appuyer ni pénétrer jufqu’au cuir : c’eft un
avis encore plus fort que celui des cuifles, des
jarrets & des gras'de jambes. Si le cheval ne répond
pas a toutes ces aide s , on lui appuie vigou-
reufemenf les éperons dans le ventre , pour le
châtier de fon indocilité.
.s. Enfin Y aide de pefer fur les étriers eft la plus douce
de toutes les aides. Les jambes alors fervent de
contre-poids pour redreffer les hanches, & pour
tenir le cheval droit dans la balance des talons.
fm-r ^uPP°fe dans un cheval beaucoup d’o-
fcéiiïance & de fenfibilité ; puifque, par la feule
preflion qu on fait en appuyant fur un étrier plus
cjue fur i’autre, on détermine un cheval à obéir
a ce mouvement, ce qui fe fait en pefant fur
1 etrier de dehors, pour preffer & fairé aller de
J0*, cheval en dedans ; en pefant fur celui
de dedans , pour foutenir & retenir un che val qui
le prelle trop en dedans ; ou bien en pefant également
fur les deux étriers, pour l’avertir de diligenter
la .cadencelorfqu’il fe retient plus qu’il
ne doit, r n
Il ne faut pas croire que cette grande fenfibilité
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| de bouche & de côtés puiffe lé conferrer longtemps
dans les chevaux, lorfqu’ils font abandonnés
• à l’école ; les différentes mains qui les mènent leur
font bientôt perdie cette fineffe & cette juftefle
qui font tout le mérite d’un cheval bien dreffé -
le fentiment fi délicat du toucher s’émouffe avec
le temps. Mais, s’ils ont été dreffés fur des principes
folides , lorfqu’un homme de cheval vient
à les rechercher , il fait bièntôt revivre ce qu’une
fauffe pratique avoit amorti.
D E S A I D E S . ( D e B o h a n . ).
On appelle aides les avertiffements dont fe fert
le cavalier pour faire connoître fes volontés au
cheval.
^ infuffifance de l’art dans fon origine les a voit
multipliées à l’infini.
Le clieval dreffé, comme je le ferai voir par
la juite , n en doit connoître que deux, fçavoir la
main & les jambes de fon cavalier; ce font^es
feules dont il fera queftion dans cette première
partie ; car le cavalier, que je fuppofe inftruire ,
ne fera de longtemps dans le cas de fe fervir des
autres aides auxquelles nous avons recours pour
dreller le cheval , & qui trouveront leur place
dans la fécondé partie : il fuffit feulement de lui
expliquer ici les moyens qu’il doit employer pour
former, fi je puis m’exprimer ainfi, fes demandes
a l’animal, & le forcer à y répondre par le châtiment
qui doit fuivre le relus aux aides.
On a toujours regardé le corps , les cuifles &
les jarrets comme des aides, je nie qu’ils puiffent
en etre, puifque , d’après la pofture que j ’ai décrite
, ces parties doivent être fans force.
J’ai démontré à l’article du corps | la fauffeté
des aides qui en proviennent, j’en démontrerai
par la luite l inutilité.
J’ai fait voir le danger de ferrer les cuifles &
les jarrets , & au contraire , j’ai démontré la né-
celhte d’avoir ces parties lâchées, afin d’en obtenir
la pefanteur. Je crois ces raifons fuffifantes
pour ne reconnokre aucune efpèce d'aides provenant
du corps, des cuifles, ni des jarrets. Les
feules aides bonnes & véritables font les jambes
& la bride.
Je dis que les aides des jambes font bonites ;
puifque les jambes étant une partie mobile, elles
peuvent travailler fans déranger l’équilibre, pourvu
qu’elles n’employent aucune force dans leurs opérations
: je regarde aufli la bride comme une aide,
puifqu’elle fert fouvent à avertir le cheval fans
le punir ni le forcer.
C ’eft par l’attouchement des jambes au ventre
du cheval qu'elles deviennent aides , fuivant la
pofition que nous avons donnée aux jambes ;
étant lâchées elles fe trouvent tomber entre U'd
paule & le ventre du cheval , & même les premiers
points de la jambe, c’eft-à-dire, immédiatement
au-deffous du jarret, touchent l’animal ;
cette pofition leur eft très favorable. en ce quelles