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contre-poids de toutes ces parties, fans avoir recours
à des forces étrangères qui le fatigueroient
trop , & dont il lui feroit impoffible de faire ufage,
un certain temps.
C ’eft dans cette jufteffe feule que peut fe trouver
l’aifance, c’eft-à-dire, cette liberté dans chaque
partie du corps* qui permet-au cavalier d’en faire
lufage qu’il defire. Il y a un principe bien vrai &
connu de touts les favants maîtres d’exercice de
corps , c’eft que la plus grande jufteffe produit la
plus grande aifance ; & réciproquement, la plus
grande aifance produit la plus grande jufteffe.
De la Grâce.
Ces deux articles fe fuivent, par le grand rapport
qu’ils ont enfemble ; on nomme grâce, une certaine
aifance qui, fe trouvant dans toutes les parties
du corps, fait qu’elles agiffent avec un concert
qui flatte l’oeil ; je ne crois pas qu'on puiffe définir ,
fous un autre point de vue ce qu’on nomme
grâce.
Tout le monde ne peut y prétendre; on voit
touts les purs des gens biens faits , & auxquels on
ne faurpit trouver des défauts, qui cependant ne
flattent pas l’oeil autant que d’autres ; cette qualité
eft naturelle à de certaines perfonnes , & je dis
qu’on ne peut que l’aider par l ’art. .
Cet art confiile à donner de l’aifance à toutes les
parties qui compofent la machine, car toute pof-
ture gênée eft défagréable à la vue.
M. d’Auvergne, lieutenant-colonel de cavalerie,
commandant l’équitation de l ’école royale militaire
, s’eft rendu célèbre par la folidité de fes principes
, 8c par l’intelligence fupérieure avec laquelle
il les enfeigne & les met en exécution. Voici la dé-
monftration qu’il donne de la meilleure pofition de
l’homme fur le cheval.
Le centre de gravité de l’homme eft dans une
verticale, qui prend du fommet de la tête & fe
termine à l’os pubis.
Le centre de gravité du cheval eft dans une ligne
verticale , qui prend au milieu du dos de
l ’animal & fe termine à la pointe du fternum.
11 faut que l’homme foit placé à cheval de manière
que la ligne verticale, dans laquelle fe rencontre
for. centre de gravité, fe trouve direâement
oppofée à la ligne verticale du cheval, dans laquelle
fe rencontre anflï fon centre de gravité, &
quelles ne forment plus qu’une feule & même
ligne droite ; les deux corps feront par conféquent
en équilibre.
Dans touts les mouvements de l’animal., fa ligne
verticale changeant, celle de l’homme doit
changer auffi, & ne former qu’une feule & même
ligne droite ; fi elles formoient un angle , les deux
corps fe choqueroient à chaque inftant, & par conféquent
perdroient de leur force & de leur vîteffe.
( axiome ).
Ce que nous venons de dire eft pour la pofition
du corps feulement ; fi ce corps n’avojt rien qui le
contînt en équilibre, il tomberoit au moindre mou-
mouvement de l ’animal ; les cuiffes Sc les jambes
qui embraffent le cheval, lui fervent de contrepoids
, & ces parties unies avec le corps du cheval
forment l ’équilibre de toute la machine.
Les jambes & les cuiffes ne peuvent former l’équilibre
avec le corps , qu’au moyen de leur poids,
ces parties doivent donc être abfolument fans force
ni roideur , pour en obtenir toute la pefanteur.
Planche 4 ( fig. 4 ) , nous confidérons le corps
comme une' puiffance' P , qui tire verticalement &
avec l’effort de la pefanteur du corps.
Nous confidérons les cuiffes comme une autre
puiffance Q , qui tire fuivant une verticale prife du
centre de gravité de la cuiffe, & qui fait l’effort de
la pefanteur de la cuiffe,
Nous confidérons de même les; jambes comme
une puiftance R , qui tire verticalement & avec
l’effort de leur pefanteur.
Ces trois puiffances font parallèles , étant toutes
verticales ; il fera aifé dé leur trouver une ■ réfui«
tante.
On en trouvera d’abord une de la puiftance du
corps avec celle de la cuiffe, enfuite une îutre
compofée de cette réfultante avec la puiffance de
la jambe ; cette dernière réfultante attirera tout le
corps de l’homme en avant, ce qui doit être pour
l’empêcher de tomber en arrière , quand le cheval
fe porte en avant.
La maffe de la machine animale étant portée en
avant, & foutenue par le moyen de ces quatre colonnes
, le corps de l’hommefomberoiten arrière,
s’il n’étoit attiré en avant par le contre-poids des
cuiffes & des jambes ; mais ce contre-poids, ou les
puiffances des cuiffes & des jambes , dont nous venons
de parler, font portées en avant avec la maffe
de l’animal.
La réfultante qui attire le corps de l ’homme en
avant , l’y attirera dans le moment où l’animal fe
porte eh avant , & empêchera le corps de tomber
en arrière ; donc c’eft la pefanteur des cuiffes &
des jambes qui contient le corps , & l’empêche de
faire des mouvements irréguliers qui contrarie-
roient ranimai.
La ligne verticale du corps de l’homme le partageant
en deux parties égales, il fuit de-là que
la cuiffe & la jambe droite font équilibre avec la
partie droite du corps , 8c que la cuiffe & la jambe
-gauche font équilibre avec ja partie gauche; c’eft
pourquoi il eft effentiel pour conferver ces équilibres
, d’embraffer également fon cheval avec les
deux cuiffes. Si on ne l’embraffe pas également, il
n’y a plus d’équilibre , cel^ fe fent aifément, parce
que plus de pefanteur dans l’un des deux poids attire
l’atitre 8c. fait pencher la machine.
Parce que nous venons de dire , on voit que
l’homme eft divifé en trois parties , en corps , cuiffes
jambes. Le corps 8c les jambes font deux
parties qui doivent être , mobiles , les cuiffes. doi-
P O s
vent être immobiles, & ne. former qu’ un feul &
même corps avec le cheval. '
Le corps de l’homme doit être mobile, pour
que fa ligne verticale puiffe toujours fe démontrer
en ligne droite avec celle de l’animal, 8c changer
ainfi que htfienne à chaque mouvement qu’il
fait. 1
La partie mobile des jambes eft faite pour porter
le cheval en avant, Sc lui faire exécuter touts-
les mouvements dont il eft fufceptible.
Dans leurs opérations , il faut qu’elles gardent
leur pefanteur , pour conferver leur fonélion d’équilibre
; ainfi elles doivent fe fermer fans roi-
tleur: fi on en employoit, le corps fe porteroit
n.éceffairement en arrière quand on fermeront les-
'jambes;.' ' ' ■
Les bras , qui ont l’effet des deux extrémités
d’un balancier, doivent tomber également, pour
ne pas déranger l’équilibre du corps. Si dans leurs
différents mouvements, en eft obligé d’en éloigner
un plus que l’autre, ou d’employer plus de
force dans l’un que dans l’autre, il faut que le corps
n’ait point de part à leurs mouvements : fans quoi
l'équilibre fe .perdroit.
Si toutes les parties du corps font dans la pofition
indiquée , la machine entière feftera en équilibre
, dans Tétât de repos 8c dansd’état de mouvement
du cheval.
POTENCE. Règle de fix pieds de haut, divi-
fce 8c marquée par pieds 8c pouces. Une autre rè-
. gle qui fait l’èquerre avec celle-là, 8c qui y tient
de manière qu’elle coule tout du long , détermine
là mefüre de la hauteur des chevaux. On pofe la
règle de fix pieds droite le long de l’èpaùle, po-
fânt à terre prèslefabot; on fait defcendre enfuite
1 autre règle jufqu’à ce qu’elle pofe fur le garrot,
puis regardant à Tendroit où ces deux règles fe joignent',
8c comptant les pieds 8c pouces de la grande
règle jufqu’à cet endroit, on connoît précifement
la hauteur du cheval.
POTENCE eft auffi un bâtis de charpente en
forme de potence , au bout de laquelle on laiffe
pendre la bague quand 011 veut courre la bague.
Brider la potence , c’eft toucher en courant la bague
avec la lance, le bras de la potence auquel pend
la bague.
POUDRE ou poujfîere. Battre la poudre ou la
pouffière , c’eft lorfque le cheval ne fait pas à cha-
I que temps ou à chaque mouvement , affez de chemin
avec fes jambes de devant ; c’eft lorfqu’il pofe
fes pieds de devant tout près de, l’en droit d’où il les
alevés. Un cheval bat la poudre au terre-à-terre,
lôrfqu’il n’embraffe pas affez de terrein avec les
| épaules , 8c qu’il fait touts fes temps trop courts ,
comme s’il les faifoit en une place. Il bat la poudre
[ aux courbettes , lorfqu’il les hâte trop 8c qu’il les
fait trop baffes. Il bat la poudre au pas , lorfqu’il
va un pas court 8c qu’il avance p eu, foit q.u’il aille
311 pas par le droit ou fur un rond , ou qu’il paf-
fège. Battre la poudre ou la pouffière > eft Je çon-
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traire d’embraffer beaucoup de terrein. On clitaufii
cheval qui trépigne , qui bat la poudre avec les
pieds de devant , en maniant fans embraffer la
volte.
PRÉSENTER la gaule eft un honneur qu’on
rend aux perfonnes-. de considération, lorfqu’ils entrent
dans une (.curie pour y voir les chevaux. L ’écuyer
où un des principaux officiers lui prélentene
une gaule..
PROMENER un cheval fur ou par le droit, pour
dire le faire marcher fur une-ligne droite , le promener
au pas , au trot, fur les v.oltes entre deux
talons , la tête 8c les hanches dedans , pour dire le
faire marcher de côté entre deux lignes où piftes.
On. dit auffi. fe promener ,, prendre l ’air à cheval ,
en carrofle,. Passéger , Y oltes , T alon.
QUARRÉ. Volte quarrée & large , de manière
que le cavalier farte marcher fon cheval de cûié
fur une des lignes du quarré. Quelquefois les
jécuyers imaginent ce quarré parfait1, d’autres fois’
Sis font ufi quarré;long , & c’eft fur les angles de
'ces quarrés qu’ils inltruifent le cheval à tourner ,
en faifant en forte que les pieds de devant fartent
un, quart de rond pour gagner l’autre face du quarré
fans que les pieds de derrière fortent de leur
place, & quils fartent un angle prefquedroit. On
dit travailler en quarré , quand au lieu de conduire.
le cheval en rond & fur une pille circulaire
‘autour du pilier, on l!e mène par .les quatre lignes
droites & égalés qui forment le quarré, tournant
la main a chacun des angles, qu on iuppole qu elles
forment a. une égale diftance du centre , ou du
pilier qui le repréfente.
QUART-EN-QUAR T. Travailler de quart-en-
q.uart, c eft conduire un cheval trois fois de fuite
;fur chaque ligne du quarré qu’on fe figure autour
du pilier, le changer enfuite de main , le faire partir
, le conduire trois fois fur la féconde ligne , &
en faire autant fur les autres angles & lignes.
Q U A R T de volte ou de rond. Pour apprendre
au cheval à tourner & a plier fur les voltes , ou
partage la volte en quatre ; on arrête le cheval
droit & jufte fur quatre parties. Lorfqu’il eft inf-
truit dans cet ufage , il faut chaque fois que le cavalier
l’arrêtera, qu’il le lève en une place, quatre
courbettes feulement fans tourner j puis continuer
tournant de pas, arrêtant & levant quatre courbettes
en une place, jufqu’à ce qu’il facile parfaitement
bien cette leçon. Lorfque le cheval eft arrivé
à ce point, au lieu défaire les quatre courbettes en
une place, il faut que le cavalier tourne doucement
la main , & s il aide bien à propos , il obligera
le cheval à tourner & à faire le quart de volte
fans difeontinuer les courbettes. Voy:^ Q uarré ’
Q UA TR E - COINS. Travailler fur les quatre
cotas ou faire les quatre-coins, c’eft diyifer la volte