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Quand il aura refpiré tout à ion a ile , il pourra,
facilement nager dans cette pofture. il faut, pour
cela que les jambes, pendant le mouvement, ne
s’écartent guères du plan horifotnal. Ce mouvement
conftfte tà rapprocher les talons ; des „feffes j,
en écartant les genoux; & à roidir,les.jambes & les
cuiffes s en les étendant avec promptitude. La plante
des pieds éprouvera une réfiftance en raifon de laquelle
le nageur avancera fur le dos.
Nous n’avions encore parlé que d u ;ppids. de
l ’e a u & nous venons d’y. joindre fa réfirtancp.. On
peut employer la réfiftance de: l’eau avec fuecèsi»
pour.fe relever lorfqu’on eft plongé fur le;ventre.
Je reprends mon écolier, à i ’inftant où.fia jtête étoit
a moitié dans l’eau.
Inclinez vos jambes vers le fond , mais.; lente-'
ment & en pliant les reins. Eloignez un peu les
coudes , en rapprochant les mains l’une d.e.Tautre
( mais que la pofiiion horifontale fubfiftetoujours );
donnez à vo^ mains la forme qu’elles prenéroient
fi vous les appuyiez fur un glob.e de fept à;,huit-
pouces de diamètre , en obfervant ■ néanmoins de
tenir les doigts bien ferrés les uns .contre les aur
très. Preffez avec vigueur & d’un feu] çoup l’eau,
qu’elles rencontreront dans leur chemin , comme
fi vous vouliez la faire paffer entre vos cuifiês &
faites un faut par-deffus , les jambes écartées. L ’ap-i
pui fera plus que fuffifant pour vpus remettre debout.
Paflons à la manière fimple d'apprendre à -nage«.
La plupart de ceux qui fe mêlent de donnèr des
leçons, prétendent qu’il eft effentiel de ne pas
chercher un appui dans un corps léger * fous prétexte
que lorfqu’on eft parvenu à déployer fes propres
forces, on enfonce trop dans l’eau, & que
cela fe convertit enhabitude.il ne faut que réfié-«,
chir un moment pour reconnoîtreTabfurdité de
cette prétention. Ce n’eft point une: erreur de leur*
part, c’eft une petite fupercherie qui leur rapporte!
de l’argent. Ils dirigent leurs écoliers plufieurs mois
de fuite , plufieurs années même, en leur tenant la
main fous le menton, fous le ventre , ou enfin en i
les attachant à une corde qu’ils tirent par un bout •.
delà vient peut-être que des gens d’efprit qui n’ônt
jamais pu réuffir à nager , en prenant de ces fortes
de leçons » fe font perfuadés que la nutation xjlun
art rempli de difficultés.
Mais touts les appuis ne font pas également fûrs ,
& toutes les manières de s’en fervir ne font pas
également bonnes.
. Les bottes de jonc empêchent les bras de fe mou-
yoir avec facilité.
Les veflies font fujetres à crever. Les calebaffes
ou bouteilles de pèlerin ont aufii leur inçonvénient i
la chaleur du foleil dilate l’air qu’elles contiennent?
le bouchon faute, & l’eau y pénètre ; d’ailleurs ; un
choc peut les cafter, de même que les boîtes de
fer-blanc ou d’autre métal. J’ai été témoin de plufieurs
accidents occafionnés par toutes ces machines
à vent. On verra plus bas qu’il faudroit encore J
:E~ N a g e r .
les rejetter , quand même elles ne feroient pas dân-
gereufes.
Je ne, connois; que le liège-qui puifte être em*
plçyé.par les commençant. Les tins s’en font une
doubjefiuiraffe qu’ils attachent par les T côtés avec
des;êprd.es:(d’autrestfe:ferventtd’|une feulé planche
qui leur couvre la poitrine & le ventre ; d'autres
mettent la planche par derrière , & laifiènt le devant
,à nud. Ççtte manière eft moins ;màiivaife que
la précédente^ J’ai yu un jeune iiQmme.,q u is ’étant
cuiralfié pardeyant , s’avisa, d© fe tourné1", fur le dos ;
touts.; les efforts ,qu’i], fit,Tpour ’fe-jrem'ewre. fur.île
ventre furetit yamS),j3t il feroit péri T U n ’eutrété
feçouçu.;. ) . îtip 5snr!oY:;-q -.tl fia ti c;. j; A ..
On fe fert, le long du Rhône: & ailleurs , devef-
tes de^.toilèvpiqRéps de liège * èf.- -fixées par une
bande ^qpi paffe* entre; les quiftes, qu Amplement de
eprfeints fabriqués'aveç; des bpu.chpnsrde grpftêur
inégale, do-nt p;n fait',une ,efpèce_,de-itiffu avec de
la:ficelie ; ces ,inftrumenis font commodes pour al?
1er fur l’eau , jp fuis , fort', afteliqu’op >les :ait fait
connpître àjPqris j?mais^ je. nej^Voudrpis. p^S: qu’on
: leur,eût donné un no nu gr ec. Cependant1 ileur:uti-
. litéfe.bpLP® su moment préfent, & J ’çnjâe.par?
vient pas plus: à devenir nageur en en fai faut ufage ,
i qu’on n’y parviendrait en -fe prpmeoant • dans .une
f b^arq.uç. . ab i feaçj • i?.......
\oic i la manjère qui me paroît ; la i plus; fûre , la
plus commé'de,, 1 a moin s coûteufe, fia feule, „ca-*
pable de mettre un homme d’une conformation or*
dinaite.en état. de. nager; feuhau !bout: de huit jours.
Je ne ,me donne pas pour en être l’inventeur'; le
petit nombre de combinaifons qu’on peut faire fur
cette matière, eft fans doute, èpyifé depuis bien des
ftèeles.,-..,- ;
Enfilez à une eôrdegroffe comme le petit doigt J
& longue de deux pieds>t& demi ', plus ou moins |?
un morceau de liège eoupé-en rond , & qui ait un
pouce & demi de diamètre fur neuf à dix lignes
d’épaiffeur ; qu’un : autre, morceau d’ün diamètre
plus confidêrablè vienne après ; que celui-ci foit
fuivi d’un troifième , &, ainfi de fuite jufqu a ce que
vous ayiez formé une efpèce de cône Ou pain de
fucri de cinq à fix pouces de hauteur fur neuf à dix
.pouces1 de bafe.
Cè cône fera arrêté à fon fommet par un double
noeud que'vous ferez à l’extrémite: de la ebrde, &
à travers lequel vous planterez une cheville que
vous affujettiréz avec delà ficelle pour plus de fo-
lidité.
L ’autre extrémité de la corde fera garnie d’une
autre cône difpofé comme celui-là.
, Etendez cette corde fur l’eau , & mettez-vous
üeffus en travers : vous vous fentirez furnager au
point que ce ne feroit qu’avec effort que vous parviendriez
à mettre le vifage dans, l’eau. Cependant
fi vous êtes mince, il faudra raccourcir la corde :
& .dans touts les cas, vous la difpoferez de manière
que vos liages ne flottent pas trop près des-
L ’ a r t d
diftelles, ce qui poiitroît gêner le mouvement de
vos bras.
Ici vous avez un feul accident à craindre, mais
il eft fi grave, que le plongeur le plus exercé n’au-
roit que de foibles reflources à y oppofer. La corde
peut abandonner la poitrine , glifter le long du
ventre, s’arrêter à la nàiftancé des coiffes ; la tête
plonge.; le,tronc la fuit; les jambes demeurenyiuf-
pendues ; & la mort fé'préfehte. '
J’ai vu des maîtres imbécilles faire faire cette
culbute à leurs écoliers, pour avoir le plaifir de
les relever un inftant après. Si Tón fe perfua.de
qu’on accoutumera un homme à l’eau en le traitant
d elà forte , on fe trompe.lourdement; ileft certain
aü contraire qu’il n’y auroit pas de. moyen plus af-
furé de Ja lui faire prendre en horreur.
Voici le remède. Préparez deux anneaux de corde
qui aient lé double de la grandeur dont vous auriez
befoin pour y faire entrer vos bras jufqu’aux épaules.
Fixez ces anneaux à la corde principale avec
de la ficelle, en laiffant entre deux la largeur né-
ceffairepour affeoir commodément votre poitrine.
Avant de vous abandonner à l’eau fur çët inftru-
mem, vous aurez foin dèpaffer un bras dans chaque
anneau jufqü’a l’épaule.
Pour ménager la poitrine des dames, je leur
fais paffer fur le dos la corde principale, & je fabrique
les anneaux avec de fortes treffes de laine
garnies de velours ; ainfi l’ardculaHon de l’épaule
cft la feule partie de leur corps qui éprouve quelque
frottement, & encore ce frottement eft-il pref- Î[ue infenfible ; j’appelle cela nager à la lifière. Je ne
ais fi les Grées ou les Romains ont connu ce
moyen de faciliter au beau fexe un exercice aufii
utile qu’agréable ; mais je me fais bon gré. de le lui
avoir fait connoître dans ce fièçle.
Si l ’on vouloit faire nager à là lifière un individu
chargé d’-une boffe ( earil eft fion de tout prévoir,
afin que le public ne foit pas étourdi dès prétendues
découvertes de certains perfeâionneurs ) , on
fubftitueroit à la corde un morceau de bois courbé,
en arc., aux deux bouts duquel on attacheroit les
anneaux & les pains de fucre.
Pour vous préparer à vou§ porter en avant, vos
bras doivent être pliés, & vos mains bien rendues ,
îa paume tournée contre le fond ; elles feront rapprochées
de forte que les deux pouces & les doigts
qui les fuivent ( index ) le toucheront mutuellement
par le bout. Ayez les coudes au . niveau des
épaules ,& les mains au niveau des coudes; ( j’in-
fur ce précepte , parce que c’eft celui dont les
écoliers (ç reffouviennent le moins dans l’aâion.
L ’habitude où nous fommes de porter les mains à
terre pour nous retenir lorfque nous faifons une
chqte, me parôît être la caufe de ce méchanifme ,
q u i, à la moindre peur, difpofe les membres d’un
écolier comme pour marchera quatre pattes y Que
Vos mains foient rapprochées de votre corps de
manière que la main droite forme en dehors un
?ngle rentrant, d’environ cent quarante-cinq dé-
E N A G E R . . 4 4 î
grés , avec l’avant-bras droit, & réciproquement.
Que vos talons fe touchent , ou à-peu-près, &
qu’ils foient. rapprochés des feffes ; que vos genoux
foient, éloignés l’un de l’autre le plus qu il
fera poffible,
Tenez-vops prêt a chaffer vigoureufement de la
plante des pieds l’eau qui fe trouvera dans leur di-
reâion.; & retenez-bien ceci :
Comme fi .un même reffort faifoit partir à la
fois vos pieds & vos mains, que vos bras & vos
jambes fe déplbient au même infiant. Vos mains fe
porteront en avant & à la hauteur des épaules, &
ne cefferpnt de le toucher même lorfque vos bras
feront déployés dans toute leur longueur..
Cet élan , auquel vos membres feuls doivent
avoir participé , vous a fait avancer en raifon de
la promptitude.que vous y avez mile. Il ne faut
pas vous hâter de raffemblervos membres , parce
que votre mouvement fubfifte encore , quoique la
caufe qui l’a produit ne fu b fi fie plus. Attendez 9
pour changer de pofture, qu’il foit prefque fini : ce
que vous reconnoîtrez à l’augmentation de votre
poids, qui vous fera un peu enfoncer.
Alors vous djfpolerez vos membres comme ils
étoient avant de faire l’élan ; mais il faut tirer parti
de ce nouveau travail, en l’employant a avancer
encore ; vos cuiffes , vos jambes, ni vos pieds ne
peuvent vous fervir pour cela i vos bras & vos
mainsy fuppléeronti
Eloignez d’abord très-lentement vos mains 1 une
de l’autre, obfervant de tenir les bras bien tendus ;
& lorfque les mains fieront éloignées entre elles
d’environ deux pieds & demi, pour un homme de
cinq pieds fix pouces , inclinez-les de forre que le
côté du petit doigt de chacune foit un peu plus
élevé que celui du pouce. Mettez alors de la vigueur
à la continuation dp mouvement de vos
; bras, vous avancerez. Vos mains n’ont pas encore
ceffé d’être au niveau des épaules ; mais lorfqu’elles
feront diamétralement oppofé.es , il faudra que
Textrémité des bras , fans qu’ils ceffent d'être tendus
, pénètre plus avant dans l’eau à mefure que
vous agrandirez la portion de cercle qu ils décriront,
Ici le mouvement doit être rapide ; car ce
n’eft que par la réfiftance de l’eau non-feulement
que vous continuez d’avancer, mais encore que
vous vous foutenez fans faire la culbute Je fup?
pofe dans cet inftant qu’on n’a pas de lièges , &'
qu’on veut nager dans une lîtuation horifontale»
Cependant fi touts vos mouvements ont été bien
ménagés, vous aurez du temps derefte pour plier
vos bras , les rapporter devant votre poitrine ( obfervant
de leur faire reprendre , ainfi qu’aux mains *
leur pofition horifontale pendanî ce trajet ) » &
vous élancer une.feconde fois. /
Malgré les efforts que j’ai faits pour me rendre
intelligible, je ne me flatte pas d’être entièrement
compris à la première le&ure ; mais j efpère qu en
me lifanr avec attention une fécondé fois, on entendra
facilement tout ce qui n’aura pas été en-
K k k i j