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dépend de ne pas baiffer trop vite la pointe de la
lance.
Après avoir paffé la bague, il faut reprendre au
petit galop & lever peu à peu la pointe de la lance,
au bout de la carrière, faire la levée de la même
manière qu’on a commencé, fans regarder derrière
f o i , pour voir fi on a emporté la bague ,
comme font quelques cavaliers , quand même on
auroit fait un dedans. 11 ne faut pas non plus en
parant fon cheval au bout de la courfe , mettre le
corps en arrière. Cette aâion n’eft point belle la
lance à la main. .
On appelle en terme de bague, faire une atteinte,
lorfqu’on touche avec *la pointe de la lance , le
bord de dehors de la bague fans l’enfrler ; & on
appelle faire un dedans, iorfqu’on la prend.
Il arrive quelquefois qu’on la prend au nombril,
qui eft un trou dans la chape où elle eft attachée ,
mais la courfe ne vaut rien , à moins quon n’ait
averti qu’on voüloit la prendre en cet endroit.
A l’égard des prix, tant pour la bague que pour
les têtes, chacun fait troisîeourfespour les remporter.
Celui qui a le plus de dedans ou le plus d’atteintes
>a l’avantage pour la bague; s’ils font égaux
en l’ un & en l’autre , ou qu’aucun n’ait ni atteintes
ni dedans , on recommence les trois courfes.
Pour les têtes , celui qui en enlève le plus remporte'le
prix ; & en cas qu’elles foient toutes prises
par ceux qui courent , .ce fera celui qui les-
prendra entre les deux yeux , ou qui approchera
le plus près de cet endroit.
Il y a dans un caroufel des juges pour cela y
qu’on choifit parmi d’anciens cavaliers, qui fe font
rendus célèbres dans ces exercices.
Il y avoit autrefois pîufieurs prix ; fçavoir , le
grand prix , qu’on donnoit à celui qui avoit fait
plus de dedans, qui avoit emporté plus de têtes, ou
qui avoit fait les meilleurs coups à la quintaine ; il
y avoit enfuite le prix de la courfe des dames ,
celui de la meilleure devife, & le prix de celui qui
couroit de meilleure grâce.
De la Fouie*
On appelle en terme de caroufel faire la foule,
du mot italien » far la fo la , lôrfque pïulïeur* cavaliers
font manier à la-fois un certain ✓ nombre de
chevaux fur différentes figures.
Ce manège eff une efpèce de ballet de chevaux,
qui fe fait au fon de plusieurs inftruments: il a été
' imaginé par les Italiens , qui ornent leurs carou-
fels d’une infinité d’inventions galantes, dont le
fpeâacle eff auffi fnrprenant qu’agréable.
Il faut des chevaux bien dreffés, bien ajuftés ,
& des cavaliers bien habiles & bien adroits , pour
exécuter ce manège, à caufe de la difficulté qu’il y
a d’obferver la jufte proportion du terrain,& d’entretenir
le cheval dans l’égalité de fon air & de fa
cadence. ^ *
Pour donner une idée de toutes les foules qu’on
voudra inventer, il fuffit d’en donner un exemple.
c o u
Il faut placer le long des deux murailles , ou des
deux barrières du manège, fur la même ligne ,
quatre cavaliers de chaque côté, éloignés l’un de
l’autre d’environ dix à douze pas , plus ou moins,
futvant la longueur du terrain, enforte que les uns
foient placés à droite & les autres à gauche , vis-
à-vis les uns des autres. Il en faut encore placer
trois aut/es fur la ligne du milieu du manège, dont
l’un occupera le centre, & les autres fur la même
ligne , 8c éloignés de celui du milieu à égale distance.
Ces-onze cavaliers doivent être rangés fur
trois lignes, 8c ils doivent avoir la tête de leurs
chevaux placée en face d’un des bouts du manège.
Les huit qui font rangés le long de la muraille ,
c’eft-à-dire, les quatre de chaque côté , font des
demi-voltes , changeant & rechangeaht toujours de
main , chacun fur ion terrein J & des trois qui occupent
la ligne du milieu, celui qui eff au centre
tourne à pirouettes , & les deux autres manient
fur les voltes , l’un à droite , & l’autre à gauche.
Ils doivent tous partir, enfemble au lignai que
leur donne celui qui conduit le caroufel, 8c. arrêter
de même, en finiffant la reprife , ou à courbettes ,
ou à l’air auquel leurs chevaux ont été dreffés.
Touts les exercices dont nous venons de donner
les règles 8c la description dans ce chapitre, furent
inftitués pour donner une image agréable & infime-
tive de la guerre, & pour entretenir l’émulation
parmi la noblefle. Ils étoient fort en ufage en Italie
vers la fin du Seizième fiècle. Rome & Naples étoient
le féjour des plus célèbres académies , dans lesquelles
les autres nations venoient fe perfectionner
; & c’eft dans la pratique de ces exercices ,
qui faifoient autrefois les divertiffemeuts des princes
8c de la nobleffe, qu’on cherchoit à fe diflin-
guer pour fe rendre capables de fervir fon prince
avec honneur, & pour acquérir des vertus & des’
talents, qui doivent être inféparables de touts ceux
qui font profeffion des armes.
COURSE. Ce mot, en parlant du cheval, n’eft
pas ufité dans les manèges. Hors de-là il fignifie un
grand galop à toute bride. Les- barbes , les anglois
Sont très-vîtes à la courfe.
COURT. Un cheval court, eff un cheval dont
le corps a peu de longueur .du garct à la croupe.
COURTAUD. Cheval de moyenne taille, auquel
on a coupé la queue & les oreilles.
' COURT-JOINTÉ. C eff un cheval qui a le paturon
court, qui a les jambes droites depuis le genou
jufqu’à la couronne. Les chevaux court-jointes
fatiguent mieux que les iong-jointés ; mais ils ne
manient pas fi bien. Les chevaux court-jointés Sont
ordinairement bonletés & boutés.
COUSU Se dit auffi d’un cheval fort maigre : on
dît , il a les flancs eoufus , ce qui fignifie qu’il y-a
fi peu d’épaifleur d’un flanc à l’autre, qu’on croiroit
qu’ ils font eoufus enfemble.
CRÉÂT. Gentilhomme qui eff élevé dans une
académie pour fe mettre en état d’epfeigner l’art
dç fliomer à cheval. Il Sert auffi de fous*écuyer*
C R O
ï r n OCHU. Cheval crochu , c’eft celui qui a es
jarrets trop près l'un de l’autre. Dprchna.re les
èhévaux crochus font bons. Dans quelques provinces
, on dit Jarretier pour crochu.
CROIX Faire la croix à courbettes, a ballotades,
c’eft lorfqu’on fait ces fauts en avant, en arr.ere &
“ x côtés, tout d’une haleine .parce que cela fait
u figure d’une croix. Quelques-uns ont dit auffi
faire la Croix à cabrioles, ce qui ne fe peut pas;
car les chevaux qui feroient des cabrioles en arriéré,
fembleroient tenir du ramineue & du rétif, & ne
travailleroient pas félon la jufteffe du manege, outre
qu’un cheval, quelque vigoureux qu il fo n , ne
peut faire d’une haleine toute la croix a cabrioles.
r CROUP ADF.. C ’eft un faut plus relevé que la
Courbette, & qui tient le devant & le derrière du
cheval à une hauteur égale, enforte qu il troufïe
les jambes de derrière fous le ventre , fans nouer;
l ’aiguillette, c’eft-à-dire, fans s’éparer, én allongeant
les jambes , fans montrer, fes fers ; 8c c eff
qui met delà différence entre cet air la ballo-
tade où le cheval s’épare à demi, 8c la cabriole ou
le cheval s’épare de toute fa force. Les hautes crou-
pades font des croupades plus relevées que les
crôupades ordinaires. Manier à croupades. Mettre
un cheval à l’air des croupades. Cheval qui fe pre-
fente à croupades * qui fait des croupades.
CROUPE. La partie du derrière du cheval qui
comprend depuis l’endroit ou la. la Telle porte, juf-
qua la queue. On a dit qu’il faut qu’un cheval , en
faifant des voltes, ait les épaules oppofées a la
croupe ; & on a voulu dire pardà que , le cheval J
cheminant de côté 8c fur deux pifles, il faut que
fes épaules tracent un chemin, tandis que, fans
fe traverfer , fa croupe en trace un autre. Cette façon
de parler, n’eff pourtant pas tout-à-fait jufte ,*
car alors les épaules ne font pas oppofées en droite
ligne à la croupe ; parce que la moitié des épaules
marche vers le dehors & avant la croupe qui-s’approche
vers le centre; & que le cheval regarde
dans la volte en pliant un peu le cou. Gagner la
croupe, c’eft lorfqu’un cavalier eff en préfence
d’un autre, & qu’il fait un demi-tour pour le prendre
en croupe. Dans un combat, il faut faire la
demi-pirouette au bout de la paffade jjj pour gagner
la croupe d’un ennemi qui preffe. Sans que la croupe
échappe. On fe fert de cette expreffion pour les
voltes & pour le galop, & elle fignifie, fans que le
cheval fe traverfe , fans que la croupe forte de la
volte ou de la pifte du galop. Lorfque le cheval a
les cuiffes fournies & proportionées à la rondeur
de la croupe , il s’appelle bien gigoté ; & mal gigoté
, lorfque cette proportion ne s’y trouve pas.
CRUD, à crud ; un homme armé à crud, botté a
crud, c’eff-à-dire , fans bas, fur la peau. Monter un
cheval à crud, c’eft le monter à poil, fans Telle ni
couverture.
D.
DÉBOURRER un cheval, c’eft rendre les mou-
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Vôfflents d’un jeune cheval fouples & liants, par
l’exercice du trot. Débourrer les épaules d’un cheval
, c’eft, pour âinfi d ire, les dégeler, quand il
n’y a pas affez de mouvement.
DEDANS. Terme employé de plufieurs façons
dans (e manège. Avoir un, deux , crois dedans?
c’eft en courant la bague, l ’enlever une , deux,
trois fois. Le talon du dedans, la rêne du dedans,
la jambe du dedans, par oppofition à celle de dehors.
Cette façon de parler eft relative à plufieurs
chofes, félon que le cheval manie à droite ou a
gauche fur les voltes, ou félon qu’il travaille le
long d’une muraille, d’une haie ou de quelque
autre chofe femblable ; ainfi, elle fert à diftinguer
à quelle main » ou de quel côté il faut donner les
aides au cheval qui manie. Auprès d’une mitraille ,
la jambe de dedans eft la jambe du côté oppofé au
côté de la muraille. Sur les voltes, fi le cheval
manie à droite, lé talon droit fera le talon du dedans
, la jambe droite fêta la jambe du dedans.
Quelques académiciens , poiir fe faire mieux entendre
, fe fervent ordinairement des expreflions a
droite, à gauche, & diferit : Aidez le cheval du
talon droit, de la fêne droite , de la jambe droite,
félon la fituation des talons & des rênes au refpeél
de la volte. Un cheval a la tête & les hanches dedans,
quand on fait paffager» ou que l’on porte
un cheval de biais , otr de côté, fur deux lignes.
Mettre un cheval dedans, c’eft le dréffer, le mettre
bien dans la main & dans les talons. Cheval
qui s’eft bien mis dedans, c’eft-à-dire » cheval qui
s’eft bien dreffé.
DÉFENDRE. Se défendre fe dit d’un cheval
qui réfifte, en fautant ou en reculant, à ce qu’on
veut qu’il faffe : c’eft fouvent ligne ciu’il n’â pas la
force de l’exécuter. Se défendre des lèvres , c’eft la
mêmç cliofe que s’armer de la lèvre. Voyeç A rmer.
DEHORS. Terme de manège , c’eft le côté oppofé
à celui fur lequel le cheval rourne ; fi le cheval
tourne à droite, toutes les parties gauches du
cheval & du cavalier, comme les hanches, ta
main, l’épaule., &c. font les parties de dehors ;
enfin, c’eft l’oppofé de dedans.
DÉLIBÉRER fe dit d’un cheval qu’on accoutume,
qu’on réfout, qu’on détermine à certains
airs, comme au pas, au trot, au galop, ou à quelques
manèges relevés. U ne faut point délibérer
un cheval à cabrioles , qu’on ne Tait bien délibéré
au manège de guerre, & au terre-à-terre. Il ne faut
point faire lever le devant d’un cheval qu’il ne
fort délibéré , & n’obéiffe à la main & aux aides du
talon ; qu’il n’échappe de vîteffe 8c forme bien fon
arrêt.
DEMEURER fe dit du cheval lorfque l’écolier
ne le détermine pas affez à aller en avant, alors le
maître d it , votre cheval demeure.
DEMI-ARRET ( le ) eft un arrêt qui n’eft pas
achevé par une pelade; deforte que le cheval,
après avoir falqué trois ou quatre temps fur les