
farder le paffage de ces angles , avant qu’une pratique
confommée des huit temps de main ait rendu
mâitre des quatre divifions mobiles du cheval ?
Toutes font miles à contribution. Après avoir fti
gagner le pli, ne faut-il pas fçavoir l’entrerenir ?
Ne faut-il pas encore fçavoir pouffer les épaules
du dedans fur le dehors , & puis les repoufier à
propos du dehors fur le dedans ? Ne faut-il pas
en fuite fçavoir donner au corps cette tournure
demi-circulaire qui lui fait imiter lavant-main dans
fa marche , & montrer l’exemple à l’arrière-main ?
Ne faut-il pas enfin fçavoir imprimer fur les hanches
les deux impulfions inverfes qui mènent & ramènent
les ..épaules ? Je le redis avec confiance, la
prife exaéle d’un coin eft la mère-évolution de toutes
celles qu’on exige au travail fur le droit. Le premier
changement de main à faire de gauche à
droite en donne une preuve inconteftable.
La cômparaifon du travail avec la danfe une
fois admife, on fent que la fcrupuleufe régularité
de l’exécuter a feule le droit de commander l'intérêt
des fpeélateurs. En çonféquençe, on doit attendre
patiemment, que l’avant-main du cheval
loit au niveau du timbre qui marque le changement
de main , & que le cheval, ainfi qu’à l’entrée
dans le coin , s’appuie fur la jambe i. On fait alors,
à peu de chofe près, ufage de la combinaifon des
rênes ci-devant enfeignée pour demander la fortie
du cgin , tant ayec les épaules qu’avec les hanches.
On dit, à peu de chofe près , parce qu’au moyen
de la demi évolution projettée , il faut fe contenter
de fixer d’abord la rêne droite fur l’épaule du
cheval, au lieu d’ajouter la prefiion de cette rêne
du dedans à fa tenfion, & fi bien proportionner
enfuire , foit la prefiion, foit 1 écart de la rêne
gauche , que lès jambes 2 8{ 4 embraffem ftride-
inent dans la diagonale le terrein néceffaire pour
arriver tranfverfalement au-deffus de celles 1 &
3. On auroit rort de ne pas s’aflùrer du placement
à terre des jambes du cheval, avant que d’etfayer
à lui demander l’ouverture du changeaient de
main ; car , c’efi en comptant une pour le port de
la jambe de devant du dedans , qu on doit fixer 4a
rêne droite ; de même qu’il ne faut pas biffer
échapper l’intervalle qui le trouve entre une comptée
deux à compter , pour faire agir la rêne
gauche.
Malgré l’ennui que peuvent caufer les répétitions
trop fréquentes , j’aime mieux encourir ce
léger reproche , & rappeller à mes kéfeurs que les
maffes de chaque colonne vertébrale font toujours
en oppofition oblique : qu’ainfi les 12 de favant-
main entièrement balancées fur la jambe 1 , d’après
la prefiion de la rêne gauche , & contenues
fur cette jambe du dedans , conféquemment au
fixer de la rêne droite, les 12 de .barrière-ma in portent
auflitôt à-plomb fur la jambe 4, pendant le
jeu tranfverfal & fuccefiif des jambes 2 & 3. La
jambe 2 entrée la première dans la diagonale , &
roife 3i*-dçfiù§ dç la jambe 1 , on yoit la jambe 3
M A N
defceftdre à terre, afin de recevoir à fon tour [g
12 de la colonne de derrière., que l'écart de la
rêne gauche repouffe du dehors fur le dedans, tandis
que la prefiion continuée par le fixer de la rêne
droite fait repaffer les 12 de la colonne de devant
du dedans fur le dehors. A cette tranfpofition des
24 de la mafle, actuellement étayés par les jambes
2 & 3 , fuccède l’enlever des jambes 1 & 4. Celle
"'de devant file à côté de la jambe 2 fur la diagonale
où celle de derrière arrive également, en fe pla.
ç.inr au deffus de la jambe 3.
i-orfquele bipède de devant abandonne la diagonale
du premier changement de main ouve.rt de
gauche à-droite, & pâlie fur la pifte qu’on val
trayer de droite à gauche, on détruit le - pii par
une delcente abfolue des deux mains. L’élève n’a
pas oublié qu’au travail , defceridre la main , c’eft
precifément ce qu’on appelle aux éléments la rendre.
Mais avant que de reprendre le cheval, dont
la tête & les épaules font feulement entrées dans
la nouvelle pifte , on a deux observations effen-
tielles à faire. La première nous apprend que tout
changement de mainrefte imparfait, ou pour parler
la langue de l’équitation , n’eft point fermé, tant
que le bipède de derrière ne fe remet pas examinent
à la fuite de celui de devant. La fécondé
avertit notre élève qu’il chemine à préfent de
droite à gauche ; qu’en çonféquençe , la rêne
droite & les jambes 1 & 3 , de dedans qu elles
étoient, deviennent du dehors; comme , par la
même raifon , la rêne gauche , ainfi que les jambes
2 & 4 , font, du dedans. Cette dernière remarque
engagea donner aux deux mains une pofition totalement
inverfe à celle " qu’elles avoient avant le
changement de main. Eu égard à la nouvelle direction
du cheval, le cavalier emploie fa main gauche
, qu’il laiffe au-delfous de fa droite, à faire re-
paroitre le pli fur le nouveau dedans, & c’eft la
main droite , aéiuelle du dehors , qui fe.charge de
mener. Les effets qui fortent de Tinverfion des rênes
s accordent en tout point avec la première ob-
fervation. A moins que, pendant la traverfée de
la diagonale , le cheval n’ait dérangé l’ordre tranfverfal
de fes jambes, il eft évident que, forti de
l’ancienne pifte avec les jambes 2 4 alors du dehors
, & ce d’après la prefiion Sç l’écqrt de la rêne
gauche aidés par le fixer de la rêne droite, il eft
évident, dis-je , que les premiers pas qu’il forme
dans la nouvelle pifte doivent être imprimés, de
gauche à droite , par les mêmes jambes du dehors ,
puifqu’elles font encore foumifes à la même combinaifon
des rênes. Qr , la jambe 2 pouffée dans
la pifte au-deflus de la jambe 1, nul doute que ce
foit la jambe 3 qui vienne obliquement fe mettre
derrière elle. Voilà l’inftant où les rênes détendues
perdent leur valeur avec leur nom , pour remonter
en puiffance & dénomination ïrçverfe. De-là le
prolongement du premier changement de main ne
peut avoir lieu que par le port intermédiaire de la
jambe 1 , & la clôture de cette évolution par
!eu de la jamfce 4. L’élévatien delà rêne draite
permet à la jambe 1 de venir le ranger le long du
mur à côté de la jambe î. A 1 egard de la jambe
A elle cède indifpenfablement a 1 impulhon > quoi-
l e récente de la rêne gauche, à qui fa nouvelle
Qualité de rêne du dedans communique allez de
puiffance , & pour donner le pli, & pour chaffer
Jette jambe de derrière, au moment ou elle de-
' vient du dedans , à la place quelle doit occuper
dans la pifte parallèlement à la jambe 3* Pour peu
qu’on veuille approfondir la combinaifon des relies
qui ferme le changement de main de gauche à
droite , on apperçoit que le pli formé à gauche détermine
le cheval à s’appuyer fur les jambes 1 &
4 , dernières mifes en aétion : par conféquent on a
la fatisfaèion devoir le cheval entamer la nouvelle
pifte, qu’il fuit a&uellement de droite à.gauche ,
par la jambe 2 , devenue du dedans , avec la même
aifance qu’il a débuté dans l’ancienne par la jambe
Prendre un coin qui fe préfente à droite.
Les procédés qui font prendre au cheval les coins
Si droite , étant exactement calques fur ceux qu on
a ci-devant détaillés , foit pour I entrée dans les
coins à gauche , foit pour leur fortie , l’élève peut
exécuter de lui-même révolution qui fe prefente ,
puifqufil ne s’agit que d’adapter à la rêne gauche
les temps de main qui influoient auparavant fur la
rêne droite , & d’attendre de cette dernière les effets
émanés de la première à l’autre main. En fui-
vant avec attention le jeu tranfverfal des quatre
jambes du cheval , on voit les deux bipèdes fournis
à cette nouvelle combinaifon des rênes , entrer
alternativement avec les jambes 2 & 4 dans le
coin qui fe préfente à droite, d’où les mêmes di-
:yifions fortent enfuite avec les jambes 1 & 3«
Second ch jfixement de main de droite à gauche.'
L’élèv« eft pareillement^ même de fepafferde
confiais pour figurer le fécond changement de main
de droite à gauche. La parfaite reffemblance entre
l’évolution à demander & celle précédemment opérée
, indique affez les feuls temps de main dont on
puiffe faire ufage. Je me borne donc à répéter ici
qu’auflitôt que la colonne de devant eft rentrée
dans la pifte par où on entame la reprife , il faut
foigneufement fermer le fécond changement de
main , afin que, les hanches remifes à la fuite des
épaules, le cheval reparoiffe ployé à droite comme
en commençant.
V Arrêt.
A cette première leçon du travail, ainfi qu’à
toutes celles qui vont fuivre , la condition expreffe
de ployerde cheval fur le dedans entraîne l’obligation
indifpenfable de faire précéder l’arrêt par F’a -
«éantiffement total du pli. En çonféquençe , quelques
pas avant que de marquer un arrêt, on y prépare
le cheval, au moyeu d’uae dwaiautioa gra-
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duelle de la tenfion de la rêne du dedans, & augmentant
en proportion égale la puiffance de celle
du dehors. Les deux mains revenues dans la pofition
où elles étoient ramènent le bout du nez du
cheval direét à la pifte qu’il fraie. Voilà l’inftant
marqué pour former un arrêt définitif.
Du Manier en place*
L’accord parfait qui doit régner entre les temps
impulfifs de la main & des jambes égales.du cavalier
, & les temps impulfés des quatre jambes du
cheval : cette unité d’aâion, qui donne toute prééminence
à la belle expreflion du travail, demande
que les différents airs dont il eft compofé ne perdent
jamais la cadence qui fait leur caradère diC-
tindifi Bien .loin de fouffrir qu’elle fe ralentiffe
pendant les évolutions des coins, ou celles des
changements de main , on ne permet pas même
aux élèves d’interrompre fubitement les mouvements
du cheval qu’ils travaillent ; de là , l’ufage
reçu de clorre les airs terre à-terre par le manier
en place.
Ce que c*efi que le Manier en place.
On reconnoît le manier en place à ce que le
cheval entretient le jeu fuccefiif & traafverfal de
fes quatre jambes qu’il fair mouvoir pofitivement
comme pour former le pas, & que, cependant,
il ne fe porte ni en avant ni en arrière. L’avantage
que procure le manier en place, fubftitué au reculer
, eft de prouver qu’on a fu maintenir le
cheval dans ce jufte aplomb qui lui conferve l’ai-
fance de répondre promptement & précilément
aux feules indications de fon cavalier.
Comment on met un cheval au Manier en place.
L’explication précédente'amèneles vrais moyens
qui font exécuter le manier en place. En effet, dès
qu’à cet air, le cheval doit mouvoir fes quatre
jambes comme à l’allure du pas, mais fans avancer
ni reculer, on ne peut donc exciter un cheval à
manier en place, qu’en opérant comme pour le
portèr en avant, & contrariant à la minute ces
mêmes opérations par d’autres qui les annullenr.
Chaque fois qu’on veut établir un principe, on
ne fauroit répandre trop de clarté fur les préceptes
qui le développent. En çonféquençe , je crois
' devoir reprendre le cheval dans la fuppofition
d’un arrêt le mieux formé, ce qu’on appelle au
manège , parer un arrêr. Alors , dans la main & fur
les hanches , d’après l’exaéle réunion des deux
colonnes vertébrales au centre , le cheval eft réellement
balancé dans les mains & les jambes de foq
cavalier. Il n’exifte plus de pli : difpofition des 24
de la maffe qui met fi bien le centre en équilibre fur
les quatre jambes, que la moindre liberté offerte à
la colonne de devant feroit renouveller au cheval
les temps du pas d’école; de même qu’il reculeroit
au plus petit relâchement de la prefiion des jambes
j égales d,u cavalier. Or, fi ce dernier profite de