
parce que le cheval pliant les hanches dans le
temps qu’on abandonne l’appui, il tant né ce fiai renient
qu’il demeure léger à la main, n’ayant point
de quoi appuyer fa tête.
Il y a encore une autre manière de fe fervir des
rênes, mais elle ,eft peu ufitée ; c'eft d’attacher
chaque rêne à l’arc du banquet, & alors la gourmette
ne fait aucun effet. Cette façon de fe fervir
des rênes s’appelle travailler avec de faujjes rênes ;
on s’en fert encore quelquefois pour accoutumer
les jeunes chevaux à l’appui du mors lorfqu’on commence
à leur mettre une bride.
M. le duc de Newcaftle fait une differtatîon fur
les rênes de la bride, où il paroît quelque vraisemblance
dans la fpéculation ; mais qui, félon moi ,
fe détruit dans l’exécution. « 11 dit que de quelque
» côté que les rênes foient tirées, l’embouchure
jj va toujours du côté oppofé à la branche ; que
a lorfque la branche vient en dedans, l’embou-
.» chure va en dehors, enforte , continue-t-il, que
yt les rênes étant féparées , lorfqu'on 'tire la rêne
» droite , l’embouchure fort dehors de l'autre côté,
n -& oblige le cheval de regarder hors de la volte ,
w & on preffe auffi la gourmette du côté de de-
» hors » .
Ce principe eft détruit par l’ufage, qui nous
prouve que le cheval eft déterminé à obéir au mouvement
de la main du côté qu’on tire la rêne. En
tirant, par exemple , la rêne droite, le cheval eft
obligé de céder à ce mouvement& de porter la
tête de ce côté. Je conviens qu’en tirant fihnple-
înent la rêne, fans ramener, en même temps là
main près de foi, comme on le doit, l’appui fera
plus fort du côté oppofé ; mais cela n’empêchera
pas le cheval d’obéir à la main .& de porter la tête
de ce côté, parce qu’il eft obligé de liiivre la plus
forte impreflion , laquelle ne vient pas feulement
de l’appui qui fe fait du côté de dehors, mais de la
rêne qui fait agir toute Femboiichiirela tire , &
par conféquentla tête du cheval aufli, du côté où
on veut aller. D’ailleurs en fe fervant de fa main à
propos , on accourcit un peu la rêne de dedans, 8c i
alors le mors appuie fur la partie qu’on veut déterminer.
Il faut encore remarquer que lorfqu’on fe fert
de la rêne de dehors en portant la ma>n en dedans
, cette aélion détermine l’épaule de dehors en
dedans, & fait pafter la 'jambe de dehors par-def-
fus celle de dedans > & lorfqu’on fe fert de là rêne
de dedans en portant la main en dehors , ce mouvement
élargit l’épaule de dedans, c eft-à-d'ire ,
fait croifer la jambe de dedans par-deffus celle de
dehors. On voit par ces différents effets de la rêne
de dehors & de celle de dedans , que c’eft le port
de la main qui fait aller les parties de l’avant-main
du cheval , & que tout cavalier qui ne connok pas
l’ufage des rênes de la bride, travaille fans règles
& faas principes*
Première connoissance des rênes ( D upaty };
Jufqu’ici j’ai tourné mon cheval comme il pou-
voit & fans le contraindre , parce qu’il ne diftin-
guoit pas affez bien les deux rênes ; mais il faut enfin
les lui faire connoître fuffifamment pour qu’on
puiffe s’en fervir.
Je commence par lui faire fentir la rêne de dedans
un peu plus que celle de dehors, que je relâche
même s’il'faut, afin que l’animal comprenne
mieux. Averti par la fenfation fur une feule barre,
il donne la tête & plie un peu le cou. Cette opération
fe fait en trottant toujours fur le droit. Les
deux jambes de 1 homme le portent toujours en
avant dans le même train. Loriqu’il a fait quelques
pas ainfi à une main ,. je le mets à l’autre de la
même manière, & je tâche qu'il réponde également
des deux côtés , ce qui eft difficile & rare.
Auffi il eft à propos de travailler davantage le
côté qui fe prête le moins à cette leçon.
Parvenu à fe plier volontiers pour la rêne de
dedans qui, dans ce travail doit primer ,, on commencera
à fentir un peu ■ la rêne de dehors , afin
que le cheval puifle être enfemble ; il n’y feroit
jamais , fi une feule rêne agiffoit, A mefure " qu'il
obéit aux deux rênes , félon leur valeur , je le re-
dreffe-, & je tâche de lui fixer la tête fans force,
en l’alignant autant qu’il fe peut avec le bridon ,
& en lui demandant un petit pli.
On pourroit à la rigueur tourner le cheval avec
une feule rêne ; mais ce feroit un travail fans goût,
fans jufteffe, & qui fatiguéroit le cheval fur la partie"
de dedans. En effet cette partie auroit bien des
efforts à faire pour foutenir la inafte qui fe porte-
roit toute fur les jambes de dedans : il eft donc à
propos que nos jambes viennent au fecours.
Première coanoijfance des jambes.
Après avoir plié le cheval delà rêne de dedans
avoir arrêté le degré de pli qu’on veut lui laiffer,
il faut ranger un peu les. hanches en dehors , en
lui faifant fentir la jambe de dedans un peu plus
que celle de dehors.
Quand il commencera à répondre facilement à
ce travail, on pourra.penfer a le tourner , & on
n’aura autre chofe. affaire qu’à fentir^ la jambe de
dehors & la rêne de dedans ; mais on ne lâchera
pas les opérations oppofées qui doivent contenir le
cheval; la jambe de dedans empêche le cheval de
trop céder à. l’aélio» de celle de dehors , & le
porte en avant ; & la rêne de dehors l’empêche de
fe jetter fur l'épaule de dedans.
JLorfque le cheval a plus d’inftruélion ,on tourne
cl’une manière plus analogue au vrai droit ; mais
dans les commencements on ne peut pas exiger
tant de jufteffe. .
Il y a des chevaux qui ont une grande difficulté
pour tourner , & qui même • refufent de tourner a
une main ; c’eft qu’ils ne font pas encore allez fpu^
R E N
pies. II fout les remettre aux leçons precedentes,
jeS y tenir longtemps.
Quelquefois aufli on veut les tourner pour la
,Ane de dedans & la jambe du meme cote ; a.ors il
leur en coûte trop d’obéir s parce qu ils ne peuvent
conferver de force après avoir dérangé la direction
naturelle des vertèbres des rems Ce du dos. Il
cft à propos de leur faire fentir beaucoup la jambe
<Je dehors , qui fixe les hanches , & donne parla les
moyens au cheval de fe mettre en force.
Il y a d’autres chevaux q u i, an lieu de le prier
du côté où il s’agit de tourner , fe plient de 1 autre
& -tournent en fe jettant fur la jambe de .dedans.
A ceux-là il faut éviter de leur faire fentir
cette jambe ; mais on doit leur bien faire cofinoi-
tre & craindre la jambe oppofée , & ne les tourner
que iorfqu’ils fe plient & rangent les hanches convenablement.
_ I . ___
Si on s’appercevoit que le cheval refusât de tourner
par malice, comme cela arrive quelquefois,;
& qu’il reculât pour éviter la fujétion qù exige
cette aétion , il faudroit alors le pincer vertement
& le jetter en avant ; par ce moyen , on le corrigera
de fes caprices , & on le décidera à faire docilement
ce qu’on exige de lui,
En général, c’eft une excellente méthode, lori-
qu’ttn cheval refufe à une leçon, de reprendre la
précédente ; car c’eft une preuve que 1 animal n y
eft pas encore bien confirme , Sc qu il a befoin
qu’on l’y remette.
Du TOURNEE ( T hIROUX ).
Lorfqu’un cheval trouve dans fa courfe quelque
obftacle qui le forcé à fe détourner, il y parvient
en prenant la tournure d’un demi-cercle ouvért,
fuit de gauche à droite ( ce qui conftitue le tour*
ner à droite ) , foit de droite à gauche ( ce qui ca-
raétérife le. tourner à gauche }.
Le toutner de gauche h droite.
Suppofons pour un moment 1 obftacle d un angle
à gauche, il eft évident, qu a moins de reculer,
le cheval ne peut l’éviter qu en fe portant a
droite. Or \ la première opération naturelle au cheval
en liberté , opération qui nous eft commune &
à tout être mouvant, lôrfque-nous croyons devoir
nous détourner d’un objet que nous appercevons à
gauche , c’eft de regarder à droite, pour reconnût-:
tre la nouvelle carrière dans laquelle nous allons
chercher un abri. En réfléchiffant fur les fuites de
ce premier" mouvement, on trouve qu’il produit
le double effet, & d'affurérà l’animal qu’il ne court
aucun rifque de s’engager dans la nouvelle route
gu’il veut fuivre, & de laiffer fous le centre la
jambe fur laquelle il va tourner; conféquemment
qu’il facilite l’évolution du tourner, dans toute la
féenritè phyfique & morale. Quant au dernier effet
du port de la tête , rien de-plus aifé que d’en
vérifier le réfultat, puifque touts les individus qui
eompofejit le règne animal, rentrent forcément la
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partie du corps qu’ils regardent. Le cheval commence
donc par tourner la tête à droite. Ce port
de tête , qui attire la jambe i abfolument fous ,1e
bipède de devant, entame d’abord l’ouverture du
demi-cercle figuré de gauche à droite, & la pente ,
que l'avant-main en reçoit, difpofe enfu’rte tout le
refte du corps à prendre fucceffivement la même
forme. La colonne de devant, ainfi balancée de
gauche à' droite, alourdit vifiblement la jambe i
plus que la jambe 2 ; enlorte que cette jambe 1 ,
fixée à terre , fert de pivot indifpenlabié à fa compagne
la jambe 2, jufqu’à ce que les épaules du
cheval foient diredes à la nouvelle pifte quil eft
à la veille de parcourir. Aufîitôt après le p a filage
de la jambe 2 fur la jambe 1 , le cheval avance
rranfverfalemem fions le centre la jambe 3 ; muni,
d’un fecours auffi néceflàire, il retire la jambe 1 de
deflous la jambe 2 , & après avoir pofé fes- deux
jambes de devant à côté l’une de l’autre, il finit l’évolution
du tourner à droite par le jeu de la jambe
4 qui achève d’effacer la figure dcmi-cintiée de
gauche à droite , en plaçant le cheval dans la nouvelle
pifte droit d’épaules & de hanches , tel qu’il .
étoit avant que de quitter celle dont il eft forti par
le tourner de gauche à droite.
Le tourner de droite à gauche.
Les moyens que le cheval emploie pour le tourner
de droite à gauche , font exadement pareils à
ceux dont on vient de donner les détails , fi c e n'eft
qu’ils font inverlement combinés ; c’eft-à-dire ,
que le cheval commence par regarder à gauche. La
colonne de devant chargée fur la jambe 2 que le
cheval approche en la regardant, aide au paffage
de la jambe 1 , qui fait prendre au cheval la tournure
du demi-cercle ouvert de droite à gauche ;
enfuite la jambe 4 s’avance tranfverfalement pour
étayer le poids du corps , & afin que la jambe 1 ,
retirée de deffous la jambe 1 , permette à la jambe
- ^ de terminer l’évolution du. tourner de droite à
gauche.
Calquons a&uellement les temps des mains „
créateurs des preffions du mors,. fur les combinai-
fons naturelles au cheval pour tourner à droite &
à gauche , & enfeignons au cavalier l’art de tendre
à fon gré les refforts dont il vient de prendre con-
noiffance, de manière que l’exécution du cheval
femble moins tenir de l’obéiffance , qu’être le réfultat
d’une volonté déterminée de fa part.
Comment on tourne un cheval de gauche a droite.
Pour fe conformer en tout point aux loix diftées
par la nature , lorfqu’on veut tourner un cheval dé
gauche à droite, il faut, d’après le principe ci-devant
pofé, que les deux rênes font deux barrières
mobiles dans lefquelles la preffion des jambes égales
du cavalier fait continuellement p^ffer le cheval,
il faut, dis-je, s’occuper du foin de rétrécir
la barrière droite , & d’augmenter l’efpace que
peut donner la barrière gauche. On n’a donc ri.en