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en le lui recommandant fou vent, & on peut suffi
bien l’accoutumer à ne pasfe tenir.à la main,ayant
les bras devant lu i , que placés derrière le dos ; On
peut à la rigueur lui faire abandonner de temps en
temps les rênes.
Enfin les bras font faits pour manoeuvrer & travailler,
ils ne peuvent le faire avec jufteffe , s’ils
ne font entièrement libres ; ils doivent travailler en
entier, & prendre leur point d’appui à l’épaule ,
fans lui communiquer la moindre force , non plus
qu’à aucune partie du corps.
Des Mains.
Les mains ont plufieurs fondions différentes à
cheval; fur le cheval neuf, & qui n’eft pas mis ,
elles font occupées toutes deux ; mais fur le cheval
embouché 8c dreffé , la gauche eft feule occupée
du maniement de la bride , 8c la droite peut être
employée à tout autre ufage , tel que tenir le
fabre, un piftolet, Sec. Nous verrons la pofition
de la main à la bride ; i c i , je les fuppofe tenant
toutes deux un bridon ; chaque main doit empoigner
une rêne, les ongles en-deffous, & les pouffer
fur le plat des rênes , fe regardant * les poignets
bas 8c les bras à demi-tendus ; s’ilsTétoient tout-à-
fait ils feroient roides, 8c le cheval pourro.it d’un
coup de tête un peu fort attirer le corps de l’homme
en avant, & s’ils étoient trop pliés au coude , lorf-
que le cavalier auroit befoin de faire des temps
d’arrêt, fes bras fe trouveroient gênés dans|leur
a dion, & obligés de fe tirer derrière fon corps*
De répine du dos & des reins.
L’épine du dos eft compo-fée de plufieurs vertèb
res, rangées les unes fur les autres , & artifte-
inent emboîtées , quoique douées de Jbeaucoup de
foupleffe ; cette colonne vertébrale règne tout
le long du dos de l’homme , 8c fert à foutenîr fon
corps ; elle peut fe mouvoir en tout fens, 8c principalement
dans fon extrémité inférieure, appellée
reins, formés par les vertèbres dires lombaires.
Réduifons la qualité des mouvements dont elle eft
fufceptible, & qui font aulîi nombreux que les
rayons qu’on peut tirer d’un cercle à une circonférence,
réduifons-les, dis-je, à quatre principaux
; favoir, en avant, en arrière ,.à droite & à
gauche, ce qui occafionne quatre mouvements du
corps i favoir,, corps en avant , corps en arrière,
corps panché à droite , corps panché à g.auche> ,
L’homme à cheval ne doit connoîrre que ces
quatre fondions des reins ; les deux dernières ne
doivent être même employées que dans les mouvements
circulaires , fi le cheval fe panché. Voici
comment le cavalier peut avoir befoin des deux
premières fondions des reins.
Le cheval eft fufceptible de plufieurs mouvements
, fauts Si contre-temps , dans lefquels la po-
fision de fon corps venant à changer, & ne refilant
plus parallèle à l’horifon, fa ligne verticale
fe trouve changée par rapport à fo n . corps * le cap
o s
valîer doit par conféquent changer la fienne, Sc
mettre le corps , foit en avant, foit en arrière , fui-
vant la pofition que prend le cheval , 8c toujours
chercher une pofition , dans laquelle la ligne verticale
8c celle du cheval ne forment qu’une feule Sc
même ligne droite , parce que fans cela, comme je
le ferai v o ir , il n’y auroit point d’union entre les
deux corps.
Ces mouvements du corps, foit en avant, foit en
arrière, doivent être opérés par le moyen d’une
grande foupleffe dans les dernières vertèbres lombaires
; ce pli doit toujours un peu exifter, afin
de tenir la ceinture en avant, & fervir d’arc-boutant
contre quelques mouvements irréguliers du
cheval, qui tendroient à jetter le corps en avant,
tel par exemple qu’un arrêt fubit ; mais , comme
nous l’avous déjà remarqué , ce pli doit être fort
léger, ne s’opérer que fous l’épaifieur des épaules,
& plus il fe fera bas, mieux il remplira fon objet*
Des Jambes.
Les jambes forment la fécondé partie mobile;
nous avons vu qu’étant lâchées, 8t tombant naturellement,
leur poids fervoit à affurer la partie immobile
dans la telle ; je vais démontrer que la pofition
qu’elles prennent, étant lâchées , eft encore
celle qui eft la plus avantageufe pour leurs fonctions*
'
Les jambes fervent d’aides , comme nous le verrons
, 8c c’eft par leur attouchement au ventre du
cheval qu’elles lui font connoître la volonté du
cavalier ; plus elles feront près de la partie fur laquelle
elles font leurs fondions, mieux elles feront
placées , puisqu’il eft des cas où il faut qu’elles
foient promptes à fecourir le cheval, 8c fans à coup t
étant lâchées , elles tombent direélement contre le
ventre du cheval, & vis-à-vis fon centre de gravité.
C ’eft donc la pofition qui leur eft la plus avantage
wfe , tant pour l’affermiffement de la partie immobile
, que pour leurs fondions.
Ainfi logées entre l’épaule 8l le ventre du cheval
, elles fe trouveront être dans la pofition la plus
commode pour l’efcadron.
Il doit y avoir une grande liberté dans le pli dil
genou, afin que les jambes prennent d’elles-mêmes
l'a pofition de leur verticale, qu’elles travaillent
plus moëlkufement, 8c qif elles confervent toujours
leurs fondions par rapport à la partie immobile*
Des Pieds;
Les pieds doivent être parallèles entr’eu-x, ils fe
trouveront naturellement ainfi placés, fi les cuif-
fes & les jambes font fur leur plat ; mais, fi elles-
n’y font font pas, Ë eft inutile 8c même dangereux
de chercher à. tourner fes pieds, parce qu’opne
peut le faire alors qu’en eftropiant la cheville ; c’eft
pourquoi * fi votre cavalier a les pieds en dehors »
regardez fes cuiffes 8c fes jambes.
11 eft cependant des perfonnes qui ont lès pieds
en dehors à cheval, quoique leurs cuiffes Sc leurs
jambes foient tournées ; je ne dirai pas que c’eft
défaut de conformation , car cela eft très-rare ,
quoiqu’en dife M. de Jauçourfà l’article MARCHE
de l’encyclopédie; mais je dirai que c’eft une mau-
vaife habitude contradée dès l’enfance; quand on
apprend à marcher aux enfans , il arrive fouvent
qu’on leur fait tourner les pieds en dehors, fans
faire attention aux genoux, de-là vient cette mau-
vaife habitude, fi défagréable à la vue, & fi perni- j
cieufe à cheval, parce que, dès-lors , pour peu que
les jambes fe ferment, l’éperon porte , 8c un homme
les pieds en dehors feroit très-incommode dans
l’efcadron ; il faut tâcher de réforme» cette habitude
, en recommandant fouvent au cavalier de lâcher
le col du pied , afin qu’à force de temps les
ligaments Sc les mufcles reprennent leur attitude
naturelle*
Si le pied eft bien lâché , la pointe fe trouvera
un peu plus baffe que le talon, ( nous fuppofons
le cavalier toujours fans étrier).
De la tenue à cheval.
Le premier objet qu’on doit avoir en v u e , en
mettant un homme a chevai , ou en donnant des
principes pour l’y mettre , c’eft de lui donner une
pofition dans laquelle il ait de la tenue 8c de la
fermeté , car toute pofture où on ne peut prouver
la tenue doit être réputée mauvaife.
Je diftingue deux efpèces de tenue, l’une que
je nomme vraie, 8c l’autre que je nomme fauffe.
On a vu dans la pofition que je viens de décrire,
l’équilibre du corps de l’homme; c’eft cet
aplomb & cet équilibre qui forme la vraie ténue,
ce n’eft que par la correspondance & l’union de
toutes les parties du corps , que la machine entière
fe maintient dans cette pofition ; donc toutes les
fois que quelqu’une d’elles n’a plus de fondions ,
& ne coopère plus à cet équilibre , il eft bientôt
perdu , Sc alors la vraie tenue ceffe d’exifter ; l’équilibre
perdu , la machine tomberoit au moindre
mouvement, fi on ne fubftituoit des forces de pref-
fion, & ce font ces forces que je nomme fauffe
tenue. Je dis fauffe, non parce que je crois qu’avec
une telle tenue on ne puiffe refter à cheval, mais
parce que , dans cette tenue , le cavalier n’eft plus
maître d’agir, toutes fes parties étant en contraction,
8c c’eft pofitivement l’inftant où les opérations
de fes bras 8c de fes jambes lui font le plus
néceffaires pour manoeuvrer le cheval, & s’oppo-
fer aux dérèglements auxquels ils s’abandonne.
Voyons un homme dans cette dernière tenue ;
pour peu que le cheval en fautant enlève le devant
, comme il a la charnière des reins extrêmement
roide, fon corps fe porte en arrière , fitôt que
le corps eft en arrière, il fe tient à la main, les cuiffes
fe ferrant Sc les jambes fe roidiffent ; fi le cheval
rue en fautant, comme il a les reins tout d’une
pièce, il met le corps en avant, les feffes deviennent
en l’air 2 les genoux fç ferrent ? Sç le corps veliant
en avant, il faut néceffairement que les talons
fe mettent dans le ventre. Toutes ces chofes
font immanquables , & indifpenfablesà un homme,
qui, pour fa tenue , employé de la force, 8c il eft
aifé de comprendre le mauvais effet que doit produire
la tenue de la main 8c les éperons dans les
flancs du cheval, au momment où il faute ; c’eft ce
qui fait que , loin de s’appaifer, le cheval, qui
n’auroit fait qu’une pointe ou une ruade, fe défend
pendant une heure; on bat l’animal, on lui
impute la faute, 8c on ne s’apperçoit pas de fon -
ignorance.
Revenons à la première tenue, que je nomme
vraie. N’étant qu’équilibre, les bras Sc les jambes
confervent leur liberté, travaillent le cheval, Sc
s’oppofent à fes dérèglements ; pour lors , l’animal
trouvant toujours des obftacles à fes fottifes, 8c
n’ayant rien de la part du cavalier qui l’y excite,
il n’eft pas douteux que , fous un tel homme , il
ne peut que fe corriger , au lieu-que fous l’autre,
tout l’excitant à fe débarraffer d’un fardeau qui le
gêne par fa fauffe attitude, il ne fera (âge que lorf-
que les forces lui manqueront.
Je fuis bien loin de dire que la vraie tenue eft
aifée à avoir, 8c qu’il n’y a qu’à fe lâcher pour
être ferme, ce n’eft point ce que j ’entends ; il faite
de l’ufage en toute chofe, Sc l ’art de monter à cheval
a toujours été reconnu pour en demander beau-
. coup. Il faut, pour avoir la vraie tenue, qu’un
homme foit parfaitement placé, que tonte crainte
foit bannie. C ’eft pourquoi on ne fauroit avoir trop
d’attention dans les écoles , à mener les commençants
peu-à-peu ; car fi vous donnez à votre cavalier
, les premiers jours , un cheval qui faute, vous
l’obligerez malgré lui à avoir recours à la faufte
tenue, êc il eft même certain que s’il vouloitfe lâcher
il tomberoit. 11 faut attendre qu’il foit bien
placé, avant de lui demander de la tenue.
Perfonne ne peut fe flatter de la perfe&ion, c’eft
pourquoi il peut très-bien arriver qu’un excellent
homme de chëval foit dérangé par un faut inattendu
; une fois l’équilibre de' la machine perdue , il
faut néceffairement qu’il emploie de la force , mais
alors je lui recommande de n’en employer que
dans les parties où elle eft néceffaire, 8c que la
quantité fuffifante pour fe tenir, fe relâche auffitôc
que la bourrafque eft finie, Sc qu’il fe fent d’aplomb.
Le degré de tenue eft plus ou moins grand ; celui
qui en a le plus eft celui qui peut fe paffer le
plus long-temps delà fauffe; au refte, cette tenue
de force eft bien fautive, puifque touts les gens qui
tombent de cheval s’en fervent!
Quand on eft une fois en état de monter des
chevaux qui fautent, il faut en monter beaucoup,
cela donne de la tenue, de la hadieffe 8c de l’ai-
fanee.
De la JufleJJe & de VAi fanec.
On nomme jufteffe ce parfait équilibre qui fais
quç l’iioinmç lie a fon cheval par les poid?