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s’étend , pour lors vos deux bras relient dans leur '
fituation, fans faire aucun mouvement pendant
les deux jettés-chaffés qui terminent l’étendue de
ce pas.
Quoique le pirouetté foit de ces pas qui fe font
en place , & qu’ il lémble que l’on ne doit pas y
faire beaucoup de façon, néanmoins il demande
autant d’application que les autres pas , & c’eft en
cela que je trouve l’étendue de la danfe ; puifque
de ces pas mêmes qui nous paroiffent les moins
difficiles, naiffent des grâces infinies , quand on
veut s’adonner à bien danfer ; & c’eft à quoi
j ’exhorte touts ceux qui voudront s’y perfeélionner.
Mais comme ce pas eft ordinairement prévenu
par un autre pas qui vous prépare à faire le fui-
vant comme un coupé : par exemple , en pofant la
pointe du pied, ou une ouverture de jambe qui
fe termine la jambe en l’a ir, ces différens pas vous
conduifant à faire le pirouetté , je vais donc vous
donner la manière d’en faire les bras.
Vous ferez.pofé fur le pied droit, la jambe gauche
en l'air , le bras droit étendu , le bras gauche
plié , la tête tournée’du côté gauche.
Lorfque vous pliez fur le pied droit, & que le
gauche en même temps fe croife , eh vous relevant
fur la pointe des pieds , le Bras s’étend en faifant
un rond du coude & du poignet ; ce qui accompagne
le corps dans le tour qu’ il fait, 8c le bras fe
tournant doucement de bas'en haut en un tour entier
, revient dans la même attitude qu’il avoit auparavant.
Vous devez auffi obferver que votre tête foit
fort droite, pour conferver le corps dans ton équilibre
, parce qu’il doit tourner fur un feul pied
comme fur un pivot, & c’eft ce que j’ai tâché
d'exprimer dans ma figure , en la faiiànt porter à
plomb fur un feul pied , & regarder le bras gauche
pour le conduire avec la jufteffe 8c la douceur
que demande cette aâion.
Il fe fait auffi des’pirouettés qui font fautês , ou
les bras fe conduilent à-peu-près de même : excepté
que le mouvement du bras imite celui de la jambe,
en ce que lorfque vous fautez, le mouvement fe
relève plus vite : auffi le bras s’étend vivement ;
ce qui facilite le corps à fe tourner du même côté
çù«4e bras- s’étend.
Ces mouvements cependant quoique fautes r
doivent être modérés ► car ce pas* étant fait en
tournant, & pour ainft dire en place » fi vous le
fautez trop haut il dérangeroit le corps de fon équilibre
, par les efforts que vous feriez obligé de
faire pour vous élever. De plus » c’eft que les
danfes de ville qui ne font que gracieufes par
elles-mêmes, ne demandent que des mouvemens
doux 8c remplis de beaucoup de noblefle.
Le balancé eft un des pas les plus faciles qui fe
faftent en danfant , & auquel on peut ajouter plus
d’agrément. Il fe place dans quelque air que l’on
veut 3 où il fait toujours- un fort bon effet,, mais
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comme j’ai ditqù’on le fait différemment , je dora-
nerai.auffi deux manières d’y faire les bras;
C ’eft pourquoi, lorfque vous portez votre pas à
la fécondé pofition ( ce pas fe faifant apres un autre
pas , qui vous oblige à avoir un bras oppofe )
le bras qui eft oppofé devant, s’étend de haut en
bas , & l’autre bras qui eft étendu Lait un petit
mouvement du poignetde haut en bas, auffi parce
qu’il faut que vous tâchiez quand vous faites un
mouvement d’un bras , que celui que eft étendu
faffe une petite aâion qui accompagne ; ainfi c eft
jufques dans ces moindres parties,que^naiffent: cette
grâce 8c cette délicateffe dont j’ai parlé ci devant.
Quant aux autres balancés que l’on porte en devant
à la quatrième pofition , par exemple , fi vous
le commencez du pied droit, le bras droit qui eft
devant, s’étend en prenant fon mouvement de haut
en bas , & le bras gauche fe 'tournant en-deffous ,
fe plie 8c s’oppofe au pied droit en revenant de
bas en haut, ce qui eft le mouvement contraire de
l’un à L’autre ; mais au fécond-demi-coupe la tête
fe tourne un peu du côté droit, puis fe baiffe doucement
& fe relève de même; ce qui accompagne
ce pas, puifque dans le temps ou vous v ous re>
levez fur le pied gauche , la tête le relève auffi &
fait voir un accord parfait de l’un avec l’autre.
Vous ayant donné l’explication la plus facile
pour bien faire ce pas, il vous refte celle de mouvoir
les Bras avec cette douceur qui doit accompagner
les pas, d’autant que ce pas fuccède à un
autre , 8c que chaque pas a fon oppofition.
Suppofé que vous ayez le pied gauche devant,
par conféquent le droit fe trouve oppofe ; alors en
prenant votre premier mouvement , votre bras
droit fait auffi du même temps fon mouvement en
le prenant de haut en bas, 8c le gauche dans le moment
fe tourne en-deffous, & fe plie en faifant
’/oppofition au pied droit qui fe croife devant le
gauche , & fur lequel vous faites un fécond faut,
fans que le bras gauche change fon oppofition,
puifque ce fécond faut fe relève deffus le pied
droit qui eft devant; ce qui fait le contrafte du
pied au bras.
J’ai dit qu’il fe fait d’uue autre façon, en place,
& voici comment ; c’eft au premier faut de tomber
fur les deux pieds ; au fécond, vous relever
fur le pied de derrière , ce qui ne- change point
pour cela cette maniéré de bras , en ce que le pied
droit fe trouve devant ; ainfi l’oppofition y eft
conforme. , ; ' . . *
Pour ceux qui fe font en tournant, ce doit être
le iras oppofé qui vous faffe tourner, & vous en
■ trouver plufieurs exemples-dans les danfes de ville
par exemple , dans la mariee à la fin du premier
couplet ou il fe trouve deux contre-temps , de cote
■ fur le pied droit, le bras gauche oppofé qui , e“
s’étendant , vous fait faire par fon mouvement le
demi-tour à gauche ; mais comme le pied droit le
1 croife derrière y c’eft le bras droit auffi qui le plie?
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j n ce qu’il fe trouve oppofé au pied gauche qui eft
devant.
Une règle générale eft que pour les pas en tournant
, il faut que ce foit le bras du côté que vous
voulez tourner qui vous en donne la facilite , parce
que par fon mouvement il oblige le corps a le
tourner du côté où il s’étend. i
A l’égard de ceux qui fe font en arriéré , c elt la
même règle que celle des attires pas qui s y font
ainft, fçavoir , le même bras & le même pied.
Je confeillerois volontiers à ceux qui font curieux
de faire les bras avec liberté , lorfqu’ils commencent
à les faire , d’exercer auffi plufieurs de
ces pas avec les bras , parce qu’outre que, ces pas
donnent de la légèreté au corps , ils donnent aimi
aux bras cette liberté. „
Les bras de ce pas font les moins embarralians ,
& la raifon en eft facile à comprendre, comme je
vais vous l’expliquer en peu de mots ; ce pas fe tait
en place & ne marche pas, il ne fait point non plus
de grands mouvemens qui demanderoient beaucoup
de force; ce n’e f t ,à proprement parler, quun
jeu du cou-de-pied qui engage les autres jointures
à faire auffi quelques mouvemens ; aînü dans les
bras ce ne font que les poignets qui fe meuvent,
fçavoir, une fois de bas en haut, 8c 1 autre de haut
en bas. r. -, , ,
Premièrement j lorfque vous pliez lur les deux
jambes pour lever le pied droit, en prenant ce
mouvement vous pliez les poignets de haut en bas ,
& vous les étendez en vous relevant ; mais lorl-
que vous pliez fur les deux pieds pour faire votre
dernier faut, vous pliez auffi vos deux poignets _en
les relevant de bas en haut ; ce qui fait l accord des
bras avec le pas.
On doit remarquer dans ce pas la relation qu il y
a des poignets avec le cou-de-pied , puifqu il n y a
qu’eux qui fe plient. .
Les jettés font encore de ces pas qui fe ront par
l’articulation du cou-de-pied ; c’eft pourquoi il n y
a que les poignets qui agiffent ; par exemple , vous
faites un jettè du pied droit & un du gauche, en
ce que l’on en fait deux de fuite pour la valeur
d’un autre pas, les deux rempliffant une mefure a
deux temps ; de forte qu’en les comm^içant du
droit , vous prenez feulement un petit mouvement
des poignets de haut en bas , les bras demeurent
étendus dans le cours du fécond pas ;
mais comme ces deux pas fe fuccedent 1 un à 1 autre
, & que ce font des mouvements très-légers ,
les bras par conféquent rie fe doivent pas tourmenter.
i • ' > à i
Quand vous faites vos jettés en arriéré, c eft la
même chofe pour les bras , en obfervant fur tout
d’en prendre les mouvements avec douceur , pour
ne point faire perdre au haut du corps cet air gracieux
qu’il doit avoir. t
Ce pas eft un des principaux que 1 on fane en
danfant, tant par fon ancienneté que par les différentes
manières dont il fe pratique ; car il fe fait
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tantôt en avant & en arrière, tantôt de plufieurs
côtés 8c en tournant ; enfin dans quelque mefure
qu’on le mette , il s’y place avec facilité , & anime
la danfe par fon mouvement fauté & fa variation.
Commençons par ceux qui fe font en avant,
comme les plus faciles à faire. Mais pour fuivre
toujours le point de fiélion que je me luis fait d a-
bord par le pied droit, je le fuppofe , 6c par confisquent
le gauche eft devant a la quatrième pofition ;
ainft vous devez avoir le bras droit oppofé; pour
lors en pliant fur le pied gauclje pour fauter demis „
le bras droit du même temps s’étend en prenant
fon contour de haut en bas , 6c le poignet du bras
gauche fe plie auffi de haut en bas ; mais fes trois
mouvements fe doivent prendre conjointement en-
femble , c’eft-à-dire , lorfque vous pliez fur le pied
gauche , les bras par conféquent prennent leurs
mouvements dans l’inftanr.
Pour les faire en arrière, c’eft la même maniéré ,
8c pour les bras auffi.
Quanta ceux de côté , ils fe font différemment,
tant à l’égard des jambes que des bras.
Lorfque vous avez les pieds à la fécondé pofi~
non , 6c le corps pofé fur les deux jambes , les deux
bras font étendus 6c fe doivent plier.
Lorfque l’on prend le mouvement du contretemps,
le corps doit être droit fur les deux jam-
bes , la tête droite, les genoux pliés * 6c la ceinture
ferme , mais en vous relevant en fautant, voi>s
retombez fur le pied gauche, 6c vos bras s etendent
en même temps.
Les bras doivent être étendus après le faut, 8c la
jambe droite s’étend à côté , lorfque vous fautez
fur la gauche ; puis vous la croifez de fuite devant
la gauche à la cinquième pofition , 8c vous portez
le pied gauchéà la fécondé ; mais pendant ces deux
pas le bras refte étendu fans faire aucun contrafte.
Quant à la tête , lorfque vous vous relevez, elle
fe doit tourner un peu du côté où vous allez: quoique
ce ne foit pas une règle que I on obferve toujours
, car ft vous danfez avec une perfonne ^ oc
que Vous faffiez de ces contre-temps en paffantlun
devant l’autre , il faut bien que vous vous regar-
dieztous deux. Lorfque je dis quelà têre foit fort
droite, je n’entends pas non plus qu elle ne fe doive
mouvoir que par refforts, mais au contraire , il faut
que ce foit fans gêne , fans roideur 6c fans affèéla-
tion.
Le contre-temps de chaconné fe prend de la troisième
ou quatrième pofition, je l’ai déjà dit: ainfi il demande
une oppofition; c’eft pourquoi fi vous avez le
pied gauche devant, c’eft le bras droit qui fe trouve
oppofé : 6c dans cette attitude ayant le corps pofé
fur le pied gauche , il faut plier deffus , 8c fauter
en étendant le bras droit, puis porter le pied droit
à côté à la fécondé pofition en allant ^ droite
fi vous portez le pied gauche derrière à la troi-
fième, qui eft votre fécond pas , dans le même
temps le bras gauche fe plie de bas en h a u t ; ce qui