
rils étoit une autre ouverture , à laquelle on avoit
attaché an tuyau de cuir affez long pour pendre au- 1
deffus du bondon, lorfqu’il étoit abaiffé par le poids
dont on l’avoit chargé ; de forte que IVir, étant
pouffé dans la partie fupérieure du barri!, à mefure
que l’eau montoit, ne pouvoit s’échapper par le
haut du tuyau, lorfquele barril defcendoit, à moins
que l’extrémité qui pendoit en bas ne fût relevée.
On attachoit à des cordages ces barrils pleins d’air,
pour les faire monter & defcendre alternativement ;
de petites cordés attachées au bord de la cloche,
fervoient à ies diriger dans leur defcente , de manière
qu’ils fe préfentoient fous la main du plongeur
, placé fur le plateau pour le recevoir. Alors,
celui-ci relevoît les extrémités des tuyaux ; & auffi-
tôt tout Pair renfermé dans la partie fupérieure des
barrils, s’élançoit avec violence dans la cloche, &
étoit remplacé par l’eau.
Lorfqu’on avoit ainfi vuidé un des barrils, le fi-
gnal annonçoit qu’il falloir le retirer. L’autre lui
iuccédoit aulîitôt. Par le moyen de cette alternative
continuelle, on renouvelloit l’air avec la plus grande
abondance. M. Halley étoit fi perfuadê qu’on n’avoît
tien à craindre dans cette machine, qu’il ne fit aucune
difficulté de fe mettre lui - même du nombre
des cinq plongeurs qui l’effayèrent. llsdefcendirent
dans l’eau jufqu’à la profondeur de neuf à dix braf-
fès , où ils refièrent une heure & demie, fans y
éprouver la moindre incommodité.
La feule précaution que prit M. Halllèy en cette
occafion , fut de laiffer defcendre la cloche peu à
peu & de fuite jufqu’à la profondeur de douze pieds.
Il la fit arrêter enfuite , prit, avant de defcendre
plus bas ,*de l’air frais dans quatre ou cinq barrils , !
& fit fortir toute l’eau qui étoit entrée dans la cloche.
Lorfqu’il fut arrivé à une profondeur fuffifan-
te , il laiffa évaporer, par le robinet placé au haut
de l? cloche, l’air chaud qui avoit été refpiré r pour
lui fubftituer le frais qu’il tira de chaque baril. M. Halle
y remarque que , quelque petite que fût cette ouverture
, l’air en fortit avec tant de violence , qu’il
fit bouillonner la furface de la mer.
Indépendamment de l’avantage qu’oflre cette machine
de s’y tenir fans fe mouiller , la fenêtre pratiquée
au haut de la cloche permet à la lumière de
s’y introduire affez, pour que l’on puiffe y lire & y
écrire aifément, fur-tout quand la mer eft calme, &
qu’il fait un beau foleii. Lorsqu’on retiroit les barrils
d’air , M. Halley envoyoit des ordres écrits avec
une plume de fer ; & , fi l’eau - de la mer étoir troub
le , ou l’air obfcùrci par des nuages , il avoit la facilité
de tenir dans la cloche une bougie allumée*
L e même auteur affure avoir inventé un autre expédient
, propre à donner au plongeur la liberté de
fortir de la cloche , & de s’en éloigner à une affez
grande diftance, ert lui fourniffant un torrent d’air
continuel par de petits tuyaux, qui lui fervent aufft
de guides pour le ramener vers la cloche.
Si l’on en croit. M. B o y le , le célèbre Corneille
Ekebell a trouvé dans Lé quinzième fiècle: un fecr.ec
N a g e r .
bien fupérieur à celui-ci. Cet alchymifte hollanctois
imagina, dit-on , un vaiffeau propre à être conduit
fous l’eau , à la rame , & une liqueur qui fuppléoit
à l’air frais , dont on étoit privé dans ce vaiffeau.
On ne peut guère douter que cette liqueur ne fût
l’air dépnlogifiique, que nous connoiffons aujour-,
d’hui*
De l’art de nager avec la seule aide des
MEMBRES.
Manière d'entrer d a n s Veau.
Ceux qui veulent fe former dans l’art de nager j
s’effrayeront fans doute de la froideur de l’eau. Elle
nous incommode en effet aux premières approches,
au milieu même des chaleurs de l’été ; mais nous
nous y accoutumons peu à peu & fans beaucoup de
difficulté ; 8c les fenfattons délicieufes qui paffent
fucceflivement dans touts nos membres, cette fraîcheur
douce & falutaire qui les pénètre , & ce précieux
baume qui s’introduit dans lamaffe du lang
& lui donne un nouveau reffort, nous font bientôt
oublier l’efpèce de faififfement que nous avons
éprouvé en commençant.
Les perfonnes qui ne fiivent pas nager ', doivent
entrer tout doucement dans l’eau ; mais ceux qui
font inftruits de cet art n’ont pas les mêmes précautions
à prendre. Tantôt ils s’y précipitent tout
droit & les pieds, à-plomb, tantôt après avoir fait
quelques pas dans l’eau, ils s’y couchent , en étendant
le corps. & les bras ; d'autres-, tenant ta main
droite ^quelquefois toutes les deux derrière le cou,
prennent leur fecouffe vers le bord de la rivière »
; dans laquelle ils fe jettent la tête la première »
& battent l’eau fucceflivement du gras de leurs
jambes; #
Il y en a q u i, après avoir pris leur eourfe d affez
loin du rivage , fe précipitent dans l’eau fur le côté
droit ou fur le gauche ; d’autres s’y jettent les pieds
les premiers ,& tenant ainfi le corps droit & ferme ,
ils s’étendent fur l’eau qu’ils battent avec force dur
gras de leurs jambes. Cette façon eft très-fûre & la
meilleure de toute&celles que l’on pourrait adopter.
Il faut pourtant obferver que toutes ces manières
d’entrer dans l’eau fj quoique bonnes , offrent ut»
wicoavément affez dangereux , c’eft que ceux qui
les pratiquent courent rifque d’être jfuffoqués par
l’eau, qui leur entre par le nez & par les oreilles.
Pour éviter cette incommodité, qui pourrait coûter
la vie à ceux qui commencent, il faut avoir
foin de retenir fon haleine. Mais comme il ferait
d’autant plus difficile de mettre ce remède en
ufage , que plufieurs nageurs vont an fond de-
l’eau en des endroits, d’une grande profondeur, il
eft effentiel de fe tourner fur le dos lorfqu’on fe-
fent gêné ; & cette précaution feule empêchera;
qu’on ne defcende plus bas.
Première leçon fur Part de nager.
II eft prudentj lotfqu’on. veut apprendre à nz*
ger,^ de prendre un guide exercé & habile, qui
veuille vous fuivre pas à pas, & en vous montrant
les principes les plus sûrs , vous avertiffe en même
temps de touts les dangers à éviter. £
Celui qui fe charge de cette fon&ion , doit d’ abord
reconnoître l’endroit qu’il a choifi pour vous
donner fes leçons. Son examen doit fur-tout porter
fur la profondeur de l’eau ; & ce préliminaire
eft auffi important pour le maître que peur le disciple.
Cette précaution prife , entrez hardiment
dans l’eau ; couchez-vous-y doucement fur le ventre
; tenez la tête & le cou droits, la poitrine avancée
& le dos-courbé en forme de demi-cercle. Retirez
vos jambes, que leur poids retient au fond de
l’eau; étendez-les fur fa furface; avancez les bras ,
étendez-les, écartez-les & les rapprochez fucceflivement
fans trop de précipitation vers votre poitrine.
Dans cet état, avancez fièrement au milieu
de l’arène, en vous aidant des pieds & des mains,
avec le plus de foupleffe & d'agilité que vous le-
pourrèz. Banniffez fur-tout la crainte, fatal obftacle
qui ne retarde que trop communément les progrès
des nageurs ; & j’ofe vous promettre que, pour
peu que vous ayez de difpofitions, vous ferez bientôt
en état de maîtrifer l’élément, qui vous paraît
d’abord fi formidable.
A y ez foin de vous foutenir de manière que l’eau
ne monte pas plus haut que votre poitrine, 8c ne defcende
pas au-deffous des reins. Vous avalerez fans
doute beaucoup plus d’eau que vous ne voudrez ;
peut être même vous tourmenterez-vous beaucoup
fans fuccès. Ne penfez pas pour cela avoir moins de
difpofition à bien nager. C ’eft le fort commun à
touts ceux qui entrent dans cette carrière, d’être fuf-
foqués par l’eau , avec laquelle ils ne font pas encore
familiers. On peut d’ailleurs pour animer votre
courage, vous donner du fecours en pareille
occafion. Rien n’empêche que votre maître ne
vous fontienne le menton , 8c ne vous conduife
ainfi, comme par la main. Si vous apprenez feu l,
vous pourrez vous aider d’un faifceau de jonc , ou
de veflies de porc pleines de v en t, ou de calebaf-
fes. Ces fortes d’inftruments font les meilleurs guides
dont on puiffe fe fervir , quand on commence
à nager, fi l’on eft privé d’un Mentor.
Différentes manières de fe retourner en nageant*
On met ordinairement en ufage plufieurs façons
de fe retourner en nageant. D’abord, tournez la
paume de la main droite en dehors ; étendez le bras-
de même, & faites un mouvement contraire de la
main & du bras gauche. Enfuite, penchez peu-à-
peu la tête & tout le corps fur le côté gauche , 8c
infenfiblement votre évolution fe trouvera finie.
Voulez-vous que je vous apprenne une autre
manière plus facile encore que cette dernière ? Inclinez
la tête 8c le corps du côté que vous aurez
choifi pour retourner. Tournez enfuire les jambes
de la manière que je viens de vous indiquer , pour
laeonverfion ordinaire. Si vous voulez vous tourner
fur la gauche , inclinez le pouce de la main
droite vers le fond de l’eau, courbez les doigts,
étendez la main droite ,-avee laquelle vous chaffe*
rez de côté les eaux de devant. Pouffez en même
temps cés mêmes eaux en arrière avec la main gauche
étendue & les doigts joints, & retirez tout d’un
coup votre corps & votre vifage fur la gauche.
Pour fe retourner fur la droite, il faut obferver les
mêmes précautions en fens contraire*
Remarquez, & cette obfervation eft importante ,
lorfque vous voulez vous tourner de cette manière,
de ne pas écarter les jambes , & qu’il y ait
affez d’eau pour que vous n’ayez pas à craindre de
vous heurter le dos contre les bancs qui tapiffent
le fond de la rivière. Le coup violent que vous re*
cevriez ainfi par votre faute , pourrait en vous
étourdiffant vous plonger dans les bras de la mort.
Il y a une troifième façon de fe retourner dans
l’eau f 8c que l’on pratique en faifant la cloche. On
ri’a befoin que d’une fort médiocre, étendue d’eau
pour y réuflir. Elle fe fait avec autant de fnccès
quand on nage, fur le ventre que lorfqu’on nage
fur le dos ; 8c dans l’un & l’autre cas , on prend un
chemin contraire à celui qu’on fuivoit auparavant^
Si vous nagez fur le ventre, retirez précipitamment:
vos pieds , rejettez-les en avant, étendez les mains
en arrière, & tenez votre corps ferme 8c affiné.
Nagez-vous fur le dos ? ployez tout d’un coup les
pieds fur vos feffes, 8c en les rejettant aufîitôt vers
le fond, élancez-vous avec force pour vous porter
le ventre fur l’eau. Obfervez fur-tout qu’en pareille
occafion , l’eau ait une profondeur affez con-
fidérable , & que vous n’alliez vous embarraffer
dans la vafe bu les herbes , où vont quelquefois
malheureufément fe perdre les plus habiles.
Il y a une quatrième manière de fe tourner , qui
s’exécute en roulant de droite à gauche 8c de gauche
à droite, comme fait un globe fur fon axe.
Voici comment il faut s’y prendre pour y réuflir.
Si vous nagez fur le ventre , & que vous vouliez
tourner fur la gauche , il faut étendre fortement 1s
bras droit, 8c le pouffer le pins que vous pourrez
en avant. Renverfez enfuite le vifage, la poitrine
8c tout le corps vers la gauche ; 8c en élevant ainfi
la droite à fleur d’eâu , vous vous trouverez fur le'
. dos , d’où vous pourrez paffer fur le ventre avec la
même rapidité, fi vous le jugez à propos. Pour mettre
plus de célérité , de sûreté même dans ces différents
changements, il ne faut pas négliger de
rapprocher les jambes l’une de l’autre le plus qu’il
vous fera poflible , & d’étendre fur la poitrine les
bras fur la même ligne ,& fort près l'un de l’autre.
J’ajouterai enfin une dernière manière de fe-
tourner ; c’eft celle que l’on met en oeuvre quand
©neftfurle dos, pour paffer fur le ventre. Cette
évolution, femblable en apparence à celle qu’on-
exécute en roulant, eft tout-à-fait différente. Celle-
ci exige la plus grande rapidité. Celle-là , au contraire
y s’exécute avec d’autant plus de fuccés y
. qu’on y met plus de lenteur & de eirconfpeéfioiir