
qui au moment où il fe nient & fe porté ért àVânt
pour effectuer fa battue, mène & entame d’accord
avec le pied de devant du même côté , dé manière
que dès lors les quatre jambes procèdent par une
fuite de mouvements qui n’a rien de diffemblable }
& qui eft précifément la même que celle qui conf-
titue véritablement le galop.
Pour découvrir la raifon-de ce changement fubit
& indifpenfable, il fuffit d’obferver que dans un
trot médiocrement vite, l’intervalle ou le pied de
devant doit fe détacher de terre-, à l’effet''de livrer
la place qu’il occnpoit fur le fol au pied de derrière
qui le fuit immédiatement , eft en quelque
façon imperceptible. O r , foit fenfiblement diminué,
à raifon d’une augmentation confidérable de
célérité, l’efpace dé temps néceffaire & accordé
par l’accompliffement des deux doubles foulées
diagonales qui cara&èrifent cette allure ; il eft évident
que l’inftant donné à chaque bipède latéral
pour completter fon a&ion, fera fi court & fi limité
, que le pied antérieur qui doit toujours céder
le terrein , ne pouvant affez promptement s’é lever,
& étant conféquemment atteint , rencontré &
heurté à chaque pas par le pied poftérieur qui le
chaffe, la chûte de l’animal fera inévitable : telles
font donc les bornes prefcrites à la rapidité du
tro t, que fi elle eft portée à un extrême degré , le
cheval, par une efpèce diftjnéf, paffe de lui-même
à une autre .allure, dans laquelle les jambes qui
compofent les bipèdes latéraux , fourniffant enfem-
ble 8c de concert au mouvement progreflif, ne peuvent
abfolument s’entre-nuire , & qui lui donnant
encore, au moyen des percuffions plus obliques ,
Taifance de porter par l’effort de chacun de ces
membres, dont l’aâion n’eft néanmoins pas réellement
plus prompte , la maffe totale de fon corps
beaucoup plus avant, le met en état de répondre
& de fatisfaire fans crainte & fans danger à l’excès
de vîteffe dont le trot n’eft pas fufceptible.
Mais parce que cette interverfion forcée & fug-
géréepar la nature, a conftamment & généralement
lieu dans touts les chevaux qui trottent, lorf-
que leur marche eft vivement hâtée , s’enfuit-il
que l’allure née de cette interverfion doive toujours
effentielîement reco'nnoître pour fondement
celle à laquelle elle fuccède dans cette rirconf-
tance ? Le duc de Neucaftle l’a penfé, & j’avoue
qu’une déférence trop aveugle pour fes fentimens
Jn’a induit en erreur , dans un temps o ù , par un
défaut de philofophie, de réflexion & de lumières ,
je jugeois indifcrètement & fans examen, du mérite
d’une opinion, fur la foi du nom & de la réputation
de fon aiiteur. ( Nouv. Newcajlle, édit.
1744.) Conclure du changement qui réfulte de la
véhémence du trop , que cette aélion eft le principe
du galop , c’eft avancer & foutenir que la célérité
feule en eft la baie ; or rien de plus faux que
cette maxime. Nous voyons en effet que , quelque
lente que foit l’allure de l’animal, pourvu qu’elle
foit foutenue , elle eft plus prochaine du degré redjuîs
pouf le porter à ce mouvement prompt 5c
preffé , que celle qui, étant abandonnée, eft dans
un pins grand degré de vîtefi’e. Supposons, par
exemple , un cheval dans l’aâion tardive d’un pas
parfaitement écouté & d’un trot exaélement uni,
il eft inconteftable que, malgré la lenteur de la
progreftïon dans l’un & dans l'autre de ces cas, fes
forces fe trouvant raffemblées , il fera plus libre 6c
plus difpofé à paffer de ces jnouvements à une action
rapide 8c diligente, que du pas allongé ou de
campagne , ou que d'un trot fimplëment déterr-
mine : il faut donc néceffairement convenir que
le fondement & la condition réelle d’un vrai galop
fe rencontrent principalement dans le point d’union
ou d’où naît la polfibilité & la plus grande
facilité que l’animal a de percuter & de s’enlever
& non dans une célérité qui-, s’éloignant de cet
enfemble, ne fauroit produire qu’une a&ion baffe,
rampante, & également précipitée fur les épaules
& fur l’appui.
C ’eft fur cette vérité que porte évidemment la
règle qui nous prefcrit de ne point galoper un
'cheval qu’il ne fe préfente aifément 8c de lui-
même à cette allure, & qui, fixant d’une manière
pofitive les progrès qui dans l’école doivent précéder
cette leçon , nous aftreint à ne l’y exercer
qu’autant qu’il a acquis la franichife, la foupleffe
& l’obéiffance qui doivent en favorifer l’intelligence
8c l’exécution ; il eft temps alors de l’y fol-
liciter : l’a&ion du galop étant infiniment moins
coûteufe & moins pénible à l’animal par le droit
qu’en tournant, on le travaillera d’abord fur des
lignes droites.
La difficulté qu’il éprouve fur des cercles , eft
néanmoins une reffource dont un homme de cheval
profite habilement dans une foule d’occurrences.
11 eft des chevaux naturellement ardents , qui
s’animent toujours de plus en plus en galopant ;
qui s’appuient & qui tirent de manière qu’à peine
le cavalier peut les maîtrifer ; il en eft encore qui,
doués de beaucoup d’agilité & de fineffe, fe dé-
funiffent fouvent : plufieurs, non moins fins &
non moins fenfibles que ceux-ci , mais dont le
corps pèche par trop de longueur, communément
falfifient ; quelques-uns ne partent jamais du pied
qui doit amener le moyen d’appaifer la vivacité des
premiers, de donner aux féconds l’habitude de la
jufteffe des hanches, & aux autres, celle de la juf-
teffe des épaules, & de les entamer préférablement
fur un rond dont l’efpace foit toujours relatif à
leur aptitude & aux vues qu’on fe propofe ; parce
que; la pifte circulaire exigeant une plus grande
réunion*de forces , & occupant, pour àinfi parler t
toute l’attention de l’animal, en modère la fougue ,
& captive tellement fes membres, qu’ il ne peut
que reffentir une peine extrême , lorfqu’il veut fe
livrer aux mouvements défordonnés d’u.ne allure
fauffe. & défuoie. Après qu’ils, ont été exercés
ainfi, & lorsqu’ils font parvenus au point defiré de
tranquillité & d’affprançe ,* il eft b<?fl (Je les galoper
devant eux , de même ,que de pisrter infenfible-
ment fur les cercles ceux qu'on a commencés par
le droit ; car 1 aifance & la perfeaion de cette action
dans un cheval qui d’ ailleurs y a été préparé ,
dépend véritablement de la fucceffion & même
du mélange éclairé des leçons fur ces terreins di-
yerfement figurés.
Le trot a paru ep général, eu égard aux premières
inftruéfions , l’allure la plus propre 8c la plus
convenable pour partir & pour enlever l’animal.
Elle eft telle en effet, quand elle eft foutenue ,
parce que la vîteffe 8c l’.enfemble étant alors réunis,
pour peu que les aides ajoutent au degré de per-
euflion qüe l’onè & l’autre fufeitent, le cheval eft
bientôt & facilement déterminé.-Il importe cepen-
dant d’en mefurer 8c d’en régler avec art la véhe-
mènce.&le foutien ; elle ne doit être abandonnée
dans aucun cas : mais relativement à des chevaux
qui tiennent du ramingue , ou qui font pourvus
d’une union naturelle, ou qui n’ont pas une certaine
fineffe, elle doit être plus ou*moins allongée ,
fa célérité ne pouvant que combattre la difpofition
qu’ils ont à fe retenir & fuppléer dims ceux qui
n’ont poinf affez de fenfibilité, à la force qu’on
feroit obligé d’employer pour les réfoudre à l’action
qu’on leur demande. S’il s’agit de chevaux
chargés d’épaules , ou bas de devant, ou longs de
corps , ou qui ont de l’ardeur, & qui font conféquemment
enclins, les uns à s’appuyer confidéra-
blement fur la main, )és autres à s’étendre & à
pefer , 8c les derniers à tirer, à s’échapper 8c à
fuir ; il faut qu’elle fôitproportionnémentracçour-
cie. Il arrive fouvent, j’en conviens, que l’impatience
& la vivacité de ceux ci leur rendant infup-
portable la contrainte la plus légère , ils fe gendarment
& s’enlèvent continuellement & plufieurs fois
à la même place , fans fe porter en avant. On ne
peut pas néanmoins favorifer, en les preffant, leur
penchant à fe dérober ; mais il eft effentiel, dans
ces moments. de défenfe, de rendre la main avec
affez de délicateffe & de fubtilité pour les engager
à fuivre r.aâion entamée du galop ; à moins qu’on
ne les parte de l’allure modérée du pas, plutôt que
du(trot, dont la promptitude les, anime toujours
davantage ; cette voie étant la meilleure & la plus
courte pour les tenir dans le calme, & pour obtenir
d’eux l’application qui en affure l’obéiffance.
I C ’eft fur la connoiffance de la mécanique du
. galop,qiie doit être fondée la fcience des aides ,
qui peuvent en fuggérer & en faciliter les moyens.
Renfermez le cheval en arrondiffant la main & en
..tournant les ongles en haut; ce qui opérera une
tenfion & un raecourciffement égal des deux rê-
£es ; & approchez ;dans le même jnftant vos jam-
. ^ d u corps, de l’animal : Vous déterminerez infailliblement
l’une & l.Vutre de fes extrémités à un
mouvement contraire , car le devant étant retenu ,
oc le derrière étant cliaffé , l’antérieure fera nécef-
airement détachée,de terre , tandis que, l ’extré-
mite pofterieure, occupée du poids de la maffe ,
fera baiffèe. 8c pliera à raifon de ce même poids ;
l’antérieure eft en l'air : maïs les foulées de deux
jambes qui la recevront dans fa chute , doivent
être fucceflives & non fimultanées ; l’aélion de
votre main 8c de vos jambes, aélion que vous
avez dû proportionner au plus ou moins de fenfibilité,
plus ou moins de foupleffe du cheval, & à
la réunion plus ou moins, intime de fes membres ,
lors de l’inftant qui précédôir le partir, fera'donc
fubitèment fuivie du port de votre rêne’ gauche à
vous , s’il s’agit d'un galop, à droite ; ou de votre
rêne gauche à droite , 8c de votre rêne droite à
vous , s’il s’agit d’un galop à gauche ; l’effet des uns
ou des autres de ces rênes s’imprime fur l ’épaule
de dedans, étant mue fur le côté où la main l’a
conduit, & celle de "dehors étant arrêtée , le devant
fe trouve rétréci , 8c la retombée en fera inconref-
tablement fixée fur la jambe de dehors , dont la
battue précédera celle de la jambe de dedans , qui ,
.attendu le rejet de l’épaule fur- le dehors , fera
forcée dans la progreflion d’entamer, c’eft-à-dire ,
de devancer l’autre.; en même temps que le rétre-
ciffement du devant a lieu , l ’élargiffement du derrière
s’effe&ue; l’extrémiré antérieure ne pouvant
être portée d’un cÔté , que l’extrémité poftérieure
ne fe meuve du côté contraire, 8c les hanches en
: étant follicitées dans cette circonftance , non-feulement
par l’opération des rênes dont l ’impreffion
s’eft manifeftée fur l’épaule de dehors & fur celle
de dedans, mais par l’appui de votre jambe de
dehors , dans laquelle le premier degré de force
a dû fubfifter dans fon entier , à la différence de
qelui qui réfidoit dans l ’autre, 8c qui a dû fenfiblement
diminuer. De cette détermination de la
croupe dans un fens oppofé à celle de l’avant-
main, il réfulte que la jambe de derrière de dehors
^ft gênée, & que celle de dedans étant en liberté,
accompagnera exa&ement celle avec laquelle elle
forme un bipède latéral ; de manière que les deux
jambes de dehors ne pouvant qu’être chargées, &
celles-çi mener enfemble, la précifion & la juf-
.teffè ^ én çe qui concerne l’arrangement & l ’ordre
.fucceftif des membres , feront inévitables,
Confidérons encore cet arrangement. L’épaule
de dedans eft beaucoup plus avancée que celle de
dehors, 8c la jambe de dehors de l’extrémité pof-
'térieure , 'beaucoup plus en arrière que celle de dedans.
La première de ces jambes eft toujours oc-
:cupée du fardeau de la maflè; l ’autre, au moment
du renverfement de l ’épaule, s’eft approchée delà
direéfioii du centre de gravité ; elle a été déchargée
de celui qu’elle fupporroit, & n’a pu en être chargée
de nouveau, vu fon extrême flexion : auflî les
fuites d e ‘.leur pereuflion font-elles differentes*
Celle.de la jambe de dehors, qui d’ailleurs eft invitée
par l’aide de la jambe du cavalier à line ex-
tention fubite & violente, s’exécutera d’abord ;
mais ,par elle le corps du cheval fera porté feulement
en avant, tandis que la fécondé pereuflion ,
opérée par l ’appui de la jambe de dedans fur le fo l,