
àballotades. On appelle autrement ce manège»
les airs relevés.
MANÈGE de guerre ( le ) eft le galop inégal ,
tantôt plus écouté, tantôt plus étendu, dans lequel
le cheval change aifément de main dans toutes les
occafions où on en a befoin.
MANÈGE fe dit auffi en général de l’art d’inf-
truire les chevaux à obéir, & les hommes à les
conduire.
Abrégé des principes.
11 faut qu’un homme qui s’exerce au manège ,
foit bel homme de cheval, c’eft-à-dire, qu’il fe
place bien fur le cheval, qu’il y foit ferme, qu’il
y ait bon air. Il efl écuyer parfait , lorfqu’à cette
qualité il joint celle de bon homme de cheval ,
c’eft-à-dire, qu’il a la pratique des chevaux, qu’il fait
les conduire & les dreffer à toutes fortes d’airs &
de manèges ; qu'il connoît leur force ; qu’il étudie
leurs inclinations, leurs habitudes, leurs perfections
& leurs"défauts. Par un bon homme de cheval
, on entend encore celui qui s’applique à con-
noître à quoi un cheval peut être propre, pour
n’entreprendre fur lui que ce qu il pourra executer
de bonne grâce. 11 eft bon de dreffer l’homme plutôt
que le cheval, ou du moins de proportionner
l ’un à l’autre.
On étudiera d’abord le naturel du cheval, quelles
font fes défenfes, comment il fe gouverne dans fa
fougue. Un des points les plus effentiels pour le :
dreffer promptement, eft de ne ^le châtier point
mal-à-propos , fur-tout lorfqu’il n’a befoin que des
aides ; la douceur , les carénés, lorfqu’il obéit ou
qu’il cherche à obéir , & la patience lorfqu’il ré-
fifte, étant les plus courts & les plus fûrs moyens
de le bien dreffer. On ne peut l’appeller dreffé ,
que lorfqu’il répond parfaitement aux aides de la
main & aux deux talons. Pour le faire parfaitement
obéir à ces deux aides, qui font les principales
, il faut d’abord donner au cheval les leçons
les plus difficiles. On commence par l’inftruire à
tourner pour faire de bonnes voltes , terre-à-terre ,
c’eft en quoi confifte la plus grande difficulté ; chaque
cheval ayant naturellement un air particulier,
fans avoir celui de tourner fi on ne l’y inftruit. On
le lui apprend néanmoins três-aifément, fi on le
met à la longe , & qu’on le faffe marcher au pas
- deux où trois jours de fuite fans le battre, puis au
trot pendant dix ou douze jours ; après quoi il
fait connoître fon inflinél, fa force & tout ce qu’il
peut avoir de bon en lui. Il eft effentiel de ne le
point preffer jufqu’à ce qu’il marche & trotte faci-
• l ement, & qu’il s’accoutume à déharraffer parfai-
tement les jambes. On le pouffe enfuite au galop,
où étant affuré'on pourra l’animer davantage pour
l’obliger , en fe mettant fur les hanches , à manier
fe u l, & à faire quelques temps terre-à-terre , ce
qui fe doit pratiquer plutôt à gauche qu’à droite.
Si un cheval eft impatient, malicieux ou colère ,
on fe donnera de garde de le battre, s’il va en
avant. S’il s’arrête , foit en allant en arrière, foît
en fe jettant contre le pilier , il faudra l’intimider
avec la chambrière ; ayant attention pourtant à le
careffer lorfqu’il obéit. Cette alternative le rendra
bientôt docile aux leçons du maître. Il faut vigou-
reufement employer la chambrière , à l’égard d’un
cheval pareffeux & lâche. Ce n’eft que par les ca-
reffes qu’il faut accoutumer à prendre un appui
jufte & à fe mettre fur les hanches , un cheval qui
a la bouche mauvaife. On traite de même avec
douceur les chevaux que la - pefanteur empêche
d’obéir à ce qu’on demande d’eux , ou ceux qui,
à la pefanteur , joignent la malice. ,
Après avoir commencé à lui donner fa leçon à la
longe, on l’attache enfuite entre deux autres. L’écuyer
qui fe met derrière, lui apprend avec le
manche de la houffine on celui de la chambrière ,
à fuir les coups & le faire marcher doucement & de
côté, de-çà & de-là. Si le cheval refufe d’obéir, on
le ramènera autour du pilier, où on racourcit la
corde du caveffon ; on l’y fait marcher doucement
des hanches avec le manche de la houffine ou de la
chambrière. Il y connoîtra bien plutôt ce qu’on lui
demande, qu’au milieu de deux piliers, où il fe
trouve bien plus contraint, & il réfulte de cette
méthode plufieurs avantages considérables. Un cheval
ainfi dreffé n’eft jamais fort en bouche , ni
rétif, ni entier & opiniâtre à tourner à droite & à
gauche.
Avant que de faire monter le cheval, il faut
qu'il ohéiffe fans répugnance aux leçons qu’on lui
donne, & lorfqu’on le voit ainfi affuré, on le
monte avec la felle & la bride. Si on le travaille
avec la felle & la bride feulement fans le monter,
on aura foin d’abattre les étriers. L’écuyer <jui
monte un cheval pour commencer à le dreffer ote
d’abord fes éperons , & l’accoutume , fans fe remuer
du tout & fans lui faire fentir la bride, à
* porter fon homme volontairement, tandis que ce-1
lui qui tient la chambrière continue à lui donner la
leçon. Dès que le cheval a pris cette habitude , il
faut lui donner un cavalier qui entende un peu le
manège, & qui ait de la pratique à la main & aux
talons ; qui l’accoutume peu-à-peu à fentir la main
& à s’ y laiffer conduire, qui le fa ffem a is avec
beaucoup de difcrétion , manier tout feul, tandis
que l’animal commencera à prendre l’appui de la
main. Il s’inftruit toujours bien, quand on commence
par le faire obéir à la main , plutôt qu'aux
talons , qu’on n’emploie que dans la dernière ex*
trémité : par exemple, lorfqu’on voit le cheval
affuré au pas , au trot ou au galop , & jamais terre-
à-terre. On oblige le cheval à prendre une cadence
; terre-à-terre, loVfqu’après fa leçon on l’attache entre
les piliers. Après l’avoir fait aller de côté, deçà
& de-là , le cavalier defcend , lui frappe doucement
la poitrine avec là houffine, & à l’aide de
la langue , lui apprend à faire des courbettes.
Le cheval eft-il colère & ftupide , le cavalier le
frappe de la houffine fur une iambç de derrière»
Ai ' 011
! éu fur toutes les deux, pour le fôire ruer. Si de
| ® oven n’ôpéroit rien , & que le cheval ne voulut
Doint lever le devant, on fera tenir un gros bâton
I haut de terre d’environ un pied & demi, & tenant
1 une des cordes du cavefl'on, on obligera le cheval
K fallter par deffus ; & à mefure qu’il s en appro-
I chera , le cavalier l’aidera de la langue & de la
houffine fur l’une & fur l’autre de fes épaules : c’eft
i un moyen infaillible de lui apprendre à faire une
■ bonne courbette ; & par une bonne courbette, il
I faut entendre une courbette que le cheval faitlibre-
[ ment, à l’aide de la langue feule , toutes les fois
I qu’il plaît au cavalier de la lui demander; & lorf-
| qu’il accompagne bien enfcmble le devant & le
| derrière. On n’oubliera pas-fur-tout de careffer le
I cheval toutes les fois qu’il obéit & qu’il exécute
P bien ce qu’on lui demande; rien ne l’encourage
mieux à bien faire •, & rien ne le rebute plus que la
! févérité. Lorfque le cheval fait franchement trois
| OU'quatre bonnes courbettes de fuite , on fera al-
I longer, pendant cinq ou fix leçons, les cordes du
| caveffon, afin qu’il prenne un bon appui dans la
[ main. On le fera marcher de côté, de-çà & de-là ,
| des hanches feulement ; & de pas, en approchant
[ tantôt un talon & tantôt l’autre. On fera la même
t chofe à courbettes, deux ou trois de chaque côté ;
| & on lui apprendra à manier de côté pour les talons
, lorfqu’il s’appuie de la main , en l’aidant de
la houffine, au cas qu’il ne fe lève pas affez de devant
de derrière. Un bon écuyer, au-refte, entretient
toujours un cheval à la cadence qu’il prend
lui-même, foit cabrioles, foit balotades, foit crou-
[ pades.
! Le cheval naît toujours avec un air qui lui eft
i naturel & particulier ; il faut l’étudier, il faut l'y
[inftruire, pour dreffer cet animal promptement &
parfaitement. I l faut auffi fe donner bien de garde
de le battre, quand il prend quelque cadence de
bonne volonté ou par défenfe. Q u’on le faffe fauter,
| & qu’on l’y maintienne , fi on obferve qu’il fe dé-
I fonde des fan fs. Il fe rabaiffera affez de lui même,
quand il n’aura plus affez de force pour continuer
les cabrioles, les balotades & les croupades, à
i courbettes ou au terre-à-terre. On fe reffouviendra
auffi de continuer & de finir entre les deux piliers
j la leçon qu’on donne au cheval ; c’eft le feul .en-
t droit où l ’on trouve tout ce qui eft néceffaire pour
I - le bien inftruire, & toutes les jufteffes dépendent
! de celle de ferme-à-ferme. Attacher un chevalentre
I les deux piliers avec les longes d’un filet qu’il aura
Iilans la bouche au lieu de bride, l’y faire manier
S &ns folle & l’y châtier foi-même, eft un excellent •
j? moyen de lui affermir promptement la tête, de
| lui faire prendre un bon appui à la main de la
| ùride, de le faire manier fur les hanches, de lui
| gagner 1 haleine fur les courbettes,
i Une des leçons les plus effentielfos & les plus
| utiles, à plufieurs égards, qu’on puiflè donner à un
I cheval irretolu & peu affuré de fa cadence , de fon
! appui & de fes, aides, c’eft de le remettre autour
” Æÿuiiation, Efc-rime & Danfe»
du pilier avec une longe attachée au banquet du
mors comme une fauffe rêne, & de l’y faire lever
demi-à courbettes & demi-terre-à-terre. Cela fe
pratique en l’obligeant à lever le devant & à chaf-
fer fort en avant. Rien ne contribue mieux à le réfoudre
& à le déterminer à bien embraffer la volte ;
rien ne le relève & ne l’allège davantage ; rien dé
plus propre à lerendre fouple &prompt à donner tout
ce qu’on lui demande. Pincer un cheval délicatement
& le fçavoir faire à propos , eft une des principales
aides , & des plus néceffaires à fçavoir à l'homme
& au cheval. Sans cette connoiffance , il eft impof-
fible qu’un cavalier puiffe faire manier fon cheval
de bonne grâce. Suppofez qu’on ait à accoutumer
à l’éperon, un cheval qui y eft extrêmement fen-
fible ; ce n’eft que par degrés qu’on Surmonte cette
fenfibilité. Voici comment il tant s’y prendre. On
le fait attacher entre les deux piliers, tenant les
cordes courtes, après avoir commencé fa leçon au*
tour du pilier foui, pour l’entretenir feul dans fa
bonne cadence. Le cavalier ôte les éperons, ou
lie deux balles à jouer à la paume à leurs molettes!
Il oblige , en appuyant du talon feu l, ou avec fes
balles, le cheval à aller doucement de côté, de-çà
& dç-là. # r !
Quand le cheval a pris l ’habitude d aller de côté
au pas, il faut le tenir droit en une place, & approcher,
de fois à autres, les deux talons enfem-
ble , afin qu’il les fente en même-temps ; & quand
il eft accoutumé à les fentir de cette manière fans
manier, on commence à lui donner fa leçon entre
les deux piliers, de crainte qu’il ne rompe fa cadence
, en faifant quelque défordre. 11 faudra alors
lui approcher doucement à tous les temps, les deux
talons, ou feuls , ou armés de balles. Lorfque le
cheval fouffrira l’une & l ’autre maniéré , on prendra
des éperons qui ne piqueront point ; & enfuite,
en continuant les mêmes leçons qu’on lui aura
données, on.reprendra les éperons ordinaires,
qu’on lui appuiera doucement ou for t, s’il en eft
befoin.
11 n’eft point cTe cheval, quelque impatient qu’il
foit, qui ne s’habitue enfuite à fouffrir les aides du
talon au contentement du cavalier. Le cheval eft-il
réduit à ce point, on commence toujours à lui
donner fa leçon autour du pilier & furies voltes.
On l’attache enfuite entre les deux piliers , en ob-
fervant de tenir les cordes un peu plus longues.
Enfin , on commence à le faire aller doucement de
côté , au pas , de-çà & de-là, & à reprendre fa cadence
au feçours des deux talons , fans s’arrêter.
Le cheval qui ne fait pas manier de côté , n’eft que
par hafard capable de faire de bonnes voltes. Lorfqu’il
vient à s’élargir, quoique bien inftruit à faire
fes voltes,, l’éperon le refferre; & lorfqu’en maniant
par le droit, il lui arrive de fe jetter d’un
Icôté ou d’autre, l’un ou l’autre des éperons l’obli- - ge d’aller droit. Lorfqu’un cheval manie à courbettes
d é jà même pile, celui qui le monte doit
l’aider des deux talons, pour lui faire porter fes
| R