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féquences. Au forplus, la convi&iôn devient com-
plette , lorfqu’on parcourt la décompofition des
allures précédentes, où le cheval, d’après ce principe
, a toujours foin de répartir la portion dont il
foulage les jambes qu’il veut mettre en mouvement
, fur celles qu’il deftine à fervir de point d’appui.
Ainfi le cheval, au pas, eft alternativement
porté par trois jambes, qui ballotent entre elles les
24 de fa maffe, tandis que la quatrième, exempte
des 6 qui lui font affeéles, entretient l’allure entamée.
Ainfi le cheval, au trot, s’enlève fur deux
jambes tranfverfales , qui, dès ce moment, partagent
entre elles les mêmes 24 , afin que le tro-
teur détache aifément les deux autres jambes , affranchies
des 6 perfonnels à chacune d'elles , & les.
décoche auffitôt proportionnément à l’étendue de
cette allure. Ainfi le fauteur entre les piliers commence
par alléger le bipède de devant, qu’il a def-
fein d’élever à la fois, en faifant fupporter à l’ar-
tière-mainles 12 de la colonne de devant, &,lorf-
iqu’il déliré lancer le bipède de derrière, non-feulement
il rapporte les 12 de la colonne de devant
fur l’avant main, mais il y ajoute encore ceux de
la colonne de derrière. A la faveur d’une remarque
auffi importante, on découvre dans l’enfemble de
ces diverfes répartitions , que fi la nature intime au
cheval l’ordre exprès de rendre légères les jambes
trn’ïl doit faire jouer , elle lui commande en outre
de compotier du total de fa maffe une ligne de
force qui lui tienne lieu d’un contre-poids. L’utilité
de cette ligne, dont la gravité fait la puiffance ,
fe manifefte toutes les fois que , traverfant diago-
nalement le point central, fa correfpondance tranf-
verfale entretient l’aplomb des autres parties du
corps , que le cheval peut alors faire agir avec
toute fécurité. Quelqu’allure qu’on veuille con-
fulter, il n’en eft point qui fourniffe, à cet égard ,
de preuve moins équivoque que celle du pas ,
pùifque, malgré le plan équilatéral des 24 de la
maffe , on petit cependant toujours appercevoir
leur propenfion diagonale. En effet, comme le
cheval qui marché , îeve fucceffivement une jambe
de devant & celle de derrière oppofée , il eft un
moment où cës deux jambes tranfverfales , fans
‘être tout à-fait en l’air , ne font'pourtant pas absolument
à terre, & ce moment exifte, lorfque la
jambe de devant fraule la pifte, parce qu’elle y
revient, pendant qu’au contraire la jambe de derrière
l’effleiire, parce qu’elle l’abandonne* Or ,
tant que ce léger intervalle fubfifte, les 24 de la
maffe repofent évidemment fur les deux autres
jambes tranfverfales. Afin de diffiper jufqu’à l’ombre
du doute, on croit devoir réprendre au moins
les premières opérations du cheval qui cherche à
s’ébranler au pas. Si nous continuons à prêter au
cheval l’intention d’entamer par la jambe 1, après
avoir entièrement fait paffer les 12 de la colonne
de devant fur la jambe 2 , le cheval , dont le bipède
de devant incline en conféquence à gauche ,
lève à la vérité la jambe 1 , qu’il vient d’alléger ,
avant que de toucher à l’arrangement des jî dé
l’arrière-main; mais auffi n’a-t-il pas encore totalement
remis cette même jambe 1 à terre , qu’avec
l’intention de lui faire fuccéder la jambe 4 , les 12
de la colonne de derrière , déjà répartis fur la
jambe 3 , font pencher le bipède de derrière à
droite. Comment alors ne pas reconnoître la ligne
de force qui coupe diagonalement le centre , pour
atteindre, d’un côté, la jambe 2 que la jambe 1
vient retrouver, & , de l’autre, la jambe 3 que la
jambe 4 s’apprête à quitter ?
Si la ligne de force, adinife au nombre des vérités
qui font la bafe des principes de l’équitation
préfente le germe des divers mouvements du cheval
, ce n’eft qu’en vertu de fa correfpondance
tranfverfale qu’elle peut acquérir le degré de con-
fiance, d’où naît la fécurité du cavalier. En vain
l’ignorance cherche-t-elle à couvrir de fleurs les
accidents inféparables de toute direéfion parallèle ,
l ’é lè ve , en garde contre leurs effets pernicieux ,
loin de fe laiffer éblouir par les titres impofams
dont elle décore les allures défe&ueufes qui en
émanent, fait les apprécier à leurjufte valeur. Pour
lui l’amble, malgré le fafte qui l’entoure , n’eft que
le trot faux , puifque la ligne de force , indifpen-
fablement étayée par une jambe de devant & celle
de derrière du même côté, an lieu de contrebalancer
les efforts de chaque bipède , n’agit que pour
hâter la chûte de l’ambulant, obligé d'enlever en-
femble les deux autres jambes parallèles. L’amble
une fois démafqué , de quelles confidérations peuvent
être fes dérivés, tels que l’entre-pas, beaucoup
mieux nommé le traquenard, engendré de
l’amble & dil pas: l’aubin que produifent l’amble &
le galop, & tant d’autres d’autant plus perfides
qu’ils doivent leur exift'ence moins à la volonté
qu’à la foibleffe du cheval ? Mais c’eft trop nous
appefanrir fur des combinaifons tellement déçou-
fues qu’elles n’ont pas même été jugées dignes du
nom d’allures; il faut promptement retourner à
celle du galop, & démontrer les hafards périlleux
que fait courir la pofition du cheval qui l’entame
-à faux.
Dans la feâion précédente , où on efquiffe le
cheval qui fe prépare à prendre le galop , on dif-
tingue , premièrement, l’avant-main penché fur la
jambe 2 , & l’arrière-main incliné fur la jambe 3 ,
conféquemment le centre obliquement traverfé, de
gauche à droite , par la ligne de force qu’on vient
de rendre palpable , & chaque bipède réciproquement
contre-balancé l’un par l’autre. On eft en-
fuite frappé de la précaution du cheval qui, pour
entamer fon premier élan, ramene fur fe centre
les 12 de la colonne de devant qu’il affeoit en entier
fur le bipède de derrière. Enfin , d’après cette
dernière répartition, on voit les deux jambes de
devant fe détacher de terre prefqu’à la fois, vu que
la jambe 2 , qui fe reffent encore d’avoir fopporte
les 12 de l’avant-main , pendant la première dif-
tribution des maffes , ne peut que fuivre la jambe
G A L
, dont la fupériorité conferve au bipède de devant,
quoiqu’en l’air, la même inclination a gauche
qu’il avoit étant à terre. Pour achever lebau-
che du galop, il ft ffit de rappeller qu auffitôt 1 enlever
des jambes t & 2, le cheval, dreffe fur la
iambe 4 afin de repouffer horifontalement a travers
le centre les 24 de la maffe fur la jambe 1 ,
met en jeu la jambe 3 , enforte que les deux enu-
nences oppofées de l’épaule droite qui prime la
gauche, & de la hanche gauche plus élevée que la
droite, forment une efpèce de Ht diagonal, dans
lequel la ligne de force coule, tantôt de la jambe
1 a la jambe 4 , & tantôt de la jambe 4 à la jambe
1. Mais, lorfque la répartition de l’arrière-main ne
qiiadre plus avec celle de l’avant-main , & qu’à
la place du point d’appui de la jambe 4 tranfverfale
de la jambe t , c’eft fa parallèle la jambe 3 qui,
libre à contre-fens des 12 de la colonne de derrière,
arrive la première fous le centre pour y
attendre le poids de la colonne de devant, joint au
I retour du volume de la colonne de derrière , auffitôt
l’allure devient fauffe, parce que le cheval,
fans ceffe entraîné par le débordement de la ligne
de force parallèlement épanchée fur les jambes 1
& 3 , eft évidemment en danger de s abattre à
droite , faute d’avoir , à gauche , une puiffance
tranfverfale qui lui facilite les moyens de fe .retenir
au moment où l’une de fes bafes vient a lui
manquer.
L’élève , vivement affeâé des malheurs que l’am
ble mène à fa fuite .doit envifager avec encore plus
d’effroi ceux qui accompagnent le galop faux. En
effet, fi on sonftdère , qu’au moyen de fon dandi-
; nement, l’ambleur- fe réferve toujours l’ufage de
deux jambes parallèles, il refte au moins l’elpoir,
pourvu toutefois qu’il chemine fur un terrein bien
| égal, que la précipitation avec laquelle il berce les
i 24 de la maffe, peut aider à la cqnfervation d’une
démarche auffi périlleufe. 11 n’en eft pas ainfi du
galop'pris à faux, de regarde chaque pas qui s’achè-
1' ve comme un vrai miracle, puifque non-fenlement,
; ainfi qu’à l’amble, la direétion parallèle de la ligne
[ de force détruit jufqu’à l’apparence d’aucun contrepoids
, mais qu’en outre, après l’enlever du bipède .
de devant, lé cheval, qui ne peut exécuter le faut,
, de celui de derrière , qu’en reliant en équilibre fur
| une feule jambe de derrière, eft obligé de le con-
; fier à celle que les 24 de fa maffe fatiguent en rai-
t fon de leur chûte direéle ; car il eft reconnu qu’un
; volume quelconque, directement lancé , double
j en vîteffe & en puiffance la mèmè quantité qui n’arrive
au but que par le tracer d’une diagonale.
Pour nous réfumer : au galop vrai, le cheval doit
prendre fon point d’appui fur la jambe de derrière
oppofée de celle de devant qu’il veut enleverla première
, afin que pendant l’élan du bipède de devant
& le faut du bipède de derrière, cette jambe de derrière
, chargée des 24 de la maffe , refte forcément
la dernière a terre : finon l’allure eft fauffe , puif-
qu alors la jambe de derrière que le cheval ne dé.
G A L ii?
tache la quatrième, que parce qu’elle fupporre malà
propos la totalité de fa maffe, fe trouve la parallèle
de celle de devant, qui revient la première à
terre pour attendre le retour du même volume. La
différence entre ces deux efpèces de galop provient
uniquement de la répartition des 12 de chaque
bipède, que le cheval à faux , balance dans fa
préparation , fur les jambes de devant & de derrière
du même côté, de façon que les ^24 delà
maffe offrent une ligne parallèle ; tandis qu au galop
vrai, la même quantité , portée par une jambe de
devant & celle de derrière oppofée , préfente la
ligne de force diagonalement appuyée fur deux
jambes tranfverfales. Ainfi , lorfque la jambe 4
avance la première fous le centre, il faut, de toute
néceflité, que les 12 de l’avant-main viennent de la
jambe 2 , pour que la jambe 1, première allégée ,
après avoir entame l’allure , foit immédiatement
fuivie, & dans fon départ, & dans fon retour, par
les jambes 2 & 3 , conféquemment à l’ordre qui
doit régner entre quatre êtres qui fe meuvent tranf-
verfalement. Mais , fi la jambe 3 précède la jambe
4, & s’empare des 12 de l’avant-main, que la jambe
2 rejette fur le centre , aufli-tôt le jeu des jambes
1 & 2, en a le chagrin de voir la jambe 4 venir
inconfidérément troubler l’ordre tranfverfal, pour
y fubflituer le jeu parallèle qui rend le galop
faux.
Comment on met un Cheval au Galop.
Il eft inconteftable que la nature, en donnant
an cheval la faculté de prendre le galop , lui laiffe
le choix des jambes qu’il deftine à cet ufage.fotts
la feule condition que la jambe de devant’, qu'il
élève la première, doit être la tranfverfale de celle
de derrière , dont il fait fon point d’appui. Ainfi ,
l’allure eft parfaitement égale , foit que le cheval
entame par la jambe 1, & qu’il s’élance à l’aide, de
la jambe 4., ou que ce foit la jambe 2 qu’il enlève,
d’abord, pourvu qu’il emploie le reffort de la jambe
3 , puifque, dans l’une & l’autre circouftance , la
plus légère des deux jambes de devant, & la moins
chargée des deux jambes de derrière font toujours
tranfverfales , & pendant la préparation , & pendant
l’aâion. Mais toutes les fois que cette allure
s’exécute fur un terrein dont la circonfcription
oblige le cheval à tourner fouvent du même côté,
tel que la carrière d’un manège, il eft alors de fon
intérêt d’abjurer le libre arbitre , pour fe foumettre .
avec réfignation aux règles diétées par l’art. Ceux
qui confulteront, à cet égard, le code de l’équitation
, liront l’injonflion formelle d’embarquer un
' cheval au galop par la jambe de devant du dedans,
afin, dit la loi,que la jambe de derrière du dehors,
plus avancée fous le centre que fa voifine, fe
trouve placée , 8c pour recevoir avec fureté les 24
de la maffe à chaque enlever du bipède de devant,
& pour les repouffer avec avantage à chaque faut
du bipède de derrière. En effet, au moyen de ce
que la fucceffion rapide des coins donne une nté-
• P ‘j