
5 A I R
mauvaife grâce. Les hommes de cheval ont trouvé
une jufte proportion, en donnant l’efpace de deux
longueurs de cheval, d’une pifte à l’autre des
pieds de derrière ; en forte que le diamètre d’une
volte régulière doit être compofé de quatre longueurs
de cheval.
d e s d e m i -v o l t e s.
La demi-volte eft un changement de main étroit
les hanches dedans, qui fe fait, ou dans la volteV
comme nous venons de le dire $ ou au bout d’une
ligne droite. Une dëmi-volte doit-être compofce
de trois lignes ; dans la première, on fait aller un
cheval de cote deux fois fa longueur , fans avancer
ni reculer ; on tourne enfuite les épaules fur
une feçonde ligne d’égale longueur , & après
I avoir tourné fur la troifième ligne , on porte un
peu le cheval en avant , & l’on ferme la demi-
volte en arrivant des quatre jambes fur la ligné de ■
la muraille pour reprendre à l’autre main. La raifon
pour laquelle il faut que le cheval, en finiflant la
demi-volte, arrive des quatre pieds fur la même
ligne ; ceft qu’autrement la demi-volte feroit
ouverte, & le derrière étant élargi &. écarté de
la pifte des pieds de devant, le cheval ne repren-
droit en avant qu’avec la hanche de dedans &
non avec les deux , ce qui le feroit abandonner
fur les épaulés. Il faut donc, à la fin de chaque
changement de main , ou de chaque demi-volte ,
que le cheval arrive droit, afin qu’il puiffe fe fervir
de les deux hanches , enfemble * pour chafler le,
devant & le rendre léger.
Avant que de-commencer une demi-volte, il
faut marquer un demi-arrêt, le contre-poids du-
corps un peu en arrière , afin que le cheval fe mette
fur les hanches : il ne faut pas que la paradé foit
foible ni défunie, mais vigoureufe & nette autant
que le permet la nature du cheval, afin .que la
demi-volte foit également fournie d’a ir, de j uftefle
6 de vigueur.
Il ne faut point mettre un cheval fur les demi-
voltes , -qu’il ne fçàche auparavant paffa^er librement
fur la volte entière , parce que-, dans une
proportion de terrein plus étroite , il pourroit fe
ferrer & s’acculer ; ce qui n’arrivera pas., s’il a été
confirmé dans un paffage d’une pifte", animé 64
relevé , fur les; quatre lignes du quarré de la volte ;
<& lorfqu’il fe couche pu fe retient, il faut le chaffer
en avant ; & de même s’il s’abandonne trop fur la
main 8c fur les épaules, il faudra le reculer. Lorsqu’il
obéira au palfage fur la demi-volte y-il faudra
l ’animer à la fin de la troifième ligne, pour lui
faire faire quatre ou cinq temps de galop raccourci,
Las & diligent, enfuite le flatter ; & quand on le
fentira bien difpofé , il faudra commencer ÔÇ finir
la demi- volte au galop.
Tant dans les voltes que dans les demi-voltes ,
II faut iouv.ent varier, l’ordre de la leçon , en changeant
dç jnaio de place, j car fl pn fajfoit toujours
A I R
les demi-voîtes dans le même endroit j le cheval
préméditant la volonté du cavalier , voudroit les
faire de lui-même.
S il arriveque le cheval-réfifte aux règles de la
proportion &- de la juftefle des voltes & des demi-
voltes , il faudra le remettre l’épaule en dedans &
la croupe au mur ; par ce moyen il paflera fa colère
& diminuera fa fougue ; mais ces défordres n’arrivent
qu’à ceux qui ne fuivent pas la nature , & qui
veulent trop prefler les chevaux Ôc les dreffer trop
vite : il faut, au contraire , les faire venir à force
daifance & de foupleffe, & non par la violence ;
car a mefure qu’un cheval devient fouple, & qu’il
comprend la volonté du cavalier , il ne demande
qu’à obéir, à moins qu’il ne foit d’un naturel
absolument rebelle, auquel cas , il ne faut point
lui demander de manège régulier , mais une {impie
obéiflance , de laquelle on puiffe .tirer le fer-
vice à quoi on le deftine &. qui convient à fa dif-
pofition.
* D E S P A S S A D E S .
La paflade e f t , comme nous l’avons expliqué
dans le chapitre des mouvements artificiels , une
ligne droite fur laquelle' un cheval paffe & repafle
( ce-qui lui a donné le nom de paflade) aux deux
bouts de laquelle ligne on fait un changement de
main ou une demi-volte.
La ligne de la paflade doit être d’environ cinq
longueurs de cheval, & les demi-voltes ne doi-
vent avoir qu'une longueur dans leur largeur ; en
forte qu’elles font plus étroites de la moitié qu’une
demi -voite ordinaire ; parce que comme ce
manege eft fait pour le combat, iorfqu’un cavalier
a donné un coup d’épée à fon ennemi, plutôt
il peut retourner fon cheval après cette aétion ,
plutôt il eft en état de repartir & de fournir un
nouveau coup. Ces fortes de demi-voltes de,combat
fe font auflï en trois temps ; & le dernier doit
fermer la demi-volte : il faut qu’un cheval foit
raccourci-& fur les hanches en tournant, afin
d’être plus ferme fur les pieds de derrière, & de
ne pas gliffer : le cavalier en eft auffi plus à fon
aife & mieux en felle.
Il y a deux fortes de paflades. Celles qui fe font
au petit galop , tant fur la ligne de la paflade que
fur les demi-voltes : & celles qu’on appelle furieulè's,
dans lefquelles on part à toutes jambes , depuis le
milieu de la ligne droite , jufqu’à l’endroit où l’on
marque l’arrêt pour commencer la demi - Volte :
ainft dans les paflades furieufes après avoir fini la
demi-volte , on continue d’aller au petit galop jusqu’au
milieu de la ligne droite , tant pour s’affermir
dans la {elle , que pour examiner les mouvements
de fon ennemi, fur lequel on échappe fon cheval
en partant de vîtefîe ; on je raffemble enfuite
pour l’autre main.
Quand le cheval fera obéiflant • aux paflades
le ■ long de la muraille , & qu’il changera de pied
facilement & fans fe défunir en finiflant clique
A I R
aemi-volte, U faudra les lui faire faire fur la ligne
du milieu du manège ; car comme « t exercice eft
fait pour le combat,« il faut qu il fe faffe en liberté ,
afin de pouvoir aller à la rencontre de fon ennemi.
H H ~ , ,
On fait auffi dans un manege des paflades , dont
les demi-voltes font de la largeur des demi-voltes
ordinaires ; & alors ce n’eft plus un maneee de
guerre , mais d’école , qui fe fait pour le plaiiir ,
ou pour élargir lin cheval qui fe ferre trop ; de
même qu’on fait auffi la ligne de la paflade plus
ou moins longue, félon que le cheval s’abandonne
ou fe retient, afin de 4e rendre toujours attentif à
l ’aélion des jambes & de la main du cavalier.^
Quoique ce manège foit auffi beau que difficile
à exécuter , nous n’entrerons pas dans un plus
grand détail, puifqu’on y emploie les mêmes règles
que dans celui des voltes , dont nous venons de
parler : fi le cheval refufe d’obéir , ce fera ou mau-
vaife nature, ou faute de fouplefle & d’obéiflance,
auquel cas, il faudra avoir recours aux principes
que nous avons établis.
De la Pirouette,
Une pirouette n’eft autre choie qu’une volte
dans la longueur du cheval fans changer de place :
les hanches relient dans le centre, & les épaules
fburniffent le cercle. Dans cette aétion la jambe de
derrière de dedans ne fe lève point , mais tourne
dans une place , & fert comme de pivot, amour
duquel les trois autres jambes &. tout le corps du
cheval tournent.
La demi-pirouette eft une demi-volte dans une
place & dans la longueur du cheval ; c’eft une
efpèce de changement de main , qui fe fait en
tournant un cheval de la tête à la queue, lps hanches
reliant dans une même place.
Les paflades & les pirouettes , de même que les
voltes & les cfemi-voltes, font des manèges de
guerre, qui fervent à fe retourner promptement de
peur de furprife; à prévenir fon ennenft , à éviter
fon attaque , ou à l’a^taqupr avec plus de diligence.
Il fe trouve peu de çhevau* qui puiflent fournir
plpfieurs pirouettes de fuite avec la même égalité,
qifl eft la beauté de cet air, parce qu’il y en a p„eu
qui aient les qualités qui conviennent à cet exercice
, dan* lequel un cheval doit être extrêmement
libre d’épaulçs, très-ferme, & alluré fur les hanches.
C eux , par exemple, qpj ont l’encolure & les-
épaules trop charnue*, ne font pas bons pour ce
manège.
i Avant que de diligenter un cheval au galop à
pirouettes, il faut lui faire faire d’abord quelques
demi-pirouettes au pas à chaque main, jtantôt dans
upp place , tantôt dans une autre ; & ji mefure
qu il obéit fans défordre, op le raflemble au paf-
> & on lui en demande d’entieres; enforte que
laps déranger les hanches, la tête & les épaules fe
retrouvent a la fin de la pirouette dan* l’endroit
£quitation, Efcrime & Danje, •
A ï R 9
d’où elles font parties : par ce moyen, il acq uérr
bientôt la facilité de les faire au galop.
Si un cheval après avoir été rendu fuffifamment
fouple & obéiflant, Je défend à cet air, ceft une
preuve que fes hanches ne font pas allez bonnes
pour foutenir fur fon derrière tomes les parties Je
devant, & le poids du cavalier ;mais s’il a les qualités
requifes, il fournira avec le temps, amant de
pirouettes que la prudence du cavalier l’exigera.
Pour changer de main à pirouettes , il faut
promptement placer la tête à l’autre main, foutenir
de la jambe de dehors , pour empêcher la
croupe de fortir du centre ; mais il ne faut pas que
le cheval foit autant plié dans cet air, que fur la
volte ordinaire ; parce que fi la tête étoit trop de-?
dans, la croupe iortiroit du centre en pirouettant.
On varie les pirouettes fuivanr la difpofirion du
cheval : on en fait quelquefois dans le milieu d’un
changement de main fans interrompre l’ordre de
la leçon, que l’on continue à l’ordinaire: mais cç
qui fait bien voir lobéiflance & la juftefle d’un cheval
, c’eft lorfqu’en maniant fur les voltes , on
étrécit de plus en plus le cheval jufqu’à ce qu’il
foit arrivé au centre de la volte, où on lui fait faire
tout d’une haleine autant de pirouettes que fa relV
fource & fon haleine lui permettent d’çn fournir,
Du Terre-à-terre,
Suivant la définition de M. le Duc de Newcaftle,'
qui eft très jufte , le terre-à-terre eft un galop en
deux temps, de deux piftes, beaucoup plus ra-
courci & plus raflemblé que le galop ordinaire , 8c
dont la pofition des pieds eft différente , en ce
qu’un cheval lève les deux jambes de devant enfemble
, & les pofe de même à terre ; les pied& de
derrière accompagnent ceux de deyant d’un même
mouvement, ce qui forme une cadpnce tride &
bafle,dans laquelle il marque tous les temps avec
Un fredon de hanches, qui part comme d’une efpèce
de reflbrt. Pour en avoir une idée encore plus
nette, il faut fe figurer cet air.comme une fuite de
petits fauts fort bas, près de terre, le cheval allant
toujours un peu en avant 8c de côté; comme les
hanches dans cette pofture n’avancent pas tant fous
le ventre qu’au galop, c’eft ce qui en rend l’aâiont
plus tride , plus baffe & plus déterminée.
Il faut encore obferver qu’au terre-àrterre, le
cheval eft plus appuyé fur les jambçs dp dehors
que fur celles de dedans , fefquçlles font un pei*
plus avancées ? & entament le chemin , mais pas
tant qu’au galop : & comme la croupe eft forraflù-
jettie dans un air flprefîe & fl tride des hanches ,
il fç trouve être plus élargi du devant que du derrière
, çc qui met l’épaule de dehors un peu eu
arrière & dpnnp la liberté à pelle de dedans.
Il eft aifé de juger par la fujétion où cef air tient
un cheval, que cet exercice ne laifle pas d’être
violent, & que peu de chevaux font capables de
l’exécuter ayec wute la juftçfle 8c toute la netteté