
4© C H A
d ’éperon qu’on donne au cheval quand il n obéit
pas au cavalier. La chambrière eft aulîl un châtiment
au ma/iège : le maître étant à pied en donne
des coups au cheval quand il ne lui obéit pas^ entre
les piliers ; il en donne aufli au cheval qui réfifte à
Ion cavalier, & quelquefois au cavalier même ,
pour l ’avertir d’avoir attention à fes leçons.
Les aides n’étant, comme nous venons de le
dire , qu’un avis qu’on donne au cheval qu’il fera
p uni, s’il ne répond pas à leur mouvement ;r les
châtimens ne font par conféquent que la punition
qui doit fuivre de près la défobéiffance du cheval
à l’avis qu’on lui donne ; mais il faut que la violence
des ccfups foit proportionnée au naturel du
cheval ; car fouvent les chatimens médiocres, bien
jugés 8c faits à temps , fuffifent pour rendre un
cheval àifé & obéiffant ; d’ailleurs , on a l’avantage
de lui conferver, par ce moyen , la difpofition &
le courage, de rendre l’exercice plus brillant , 8c
de faire durer longtemps un cheval en bonne école.
On emploie ordinairement trois fortes de châti-
jnens ; celui de la chambrière, celui de la gaule, 8c
celui des éperons.
La chambrière eft le premier châtiment dont on
fe fert pour faire craindre \les jeunes chevaux ,
lorfqu’on les a fait trotter à la longe , 8c c’eft la
première leçon qu’on doit leur donner, comme
nous l'expliquerons dans la fuite. On fe fert encore
de la chambrière pour apprendre à un cheval à
piaffer dans les piliers : on s’en fert aufli pour chaf-
fer en avant les chevaux pareffeux qui fe retiennent
& s’endorment ; mais elle eft abfolument néceffaire
pour les chevaux rétifs 8c ceux qui font ramingues
& infenfibles à l’éperon, parce qu’il faut remarquer
que le propre des coups qui fouettent, lorf-
qu’ils font bien appliqués & à temps , eft de faire
beaucoup plus d’impreflion , & de ehaffer bien plus
un cheval malin, que ceux qui le piquent ou,qui
le chatouillent.
On tire de la gaule deux fortes de chatimens. Le
premier, lorfqu’on en frappe un cheval vigoureu-
fement derrière la botte , c’eft-à-dire , fur le ventre
& fur les feffes, pour le ehaffer en avant. Le Ce,-
cond châtiment de la gaule , c’eft d’en appliquer un
grand coup fur l’épaule d’un cheval qui détaché
continuellement des ruades par malice , & ce châtiment
corrige plus ce vice que les éperons, auxquels
il n’obéira que lorfqu’il les craindra & les connoîtra.
Lé châtiment qui vient des éperons, eft un grand
remède pour rendre un cheval fenfible 8c fin aux
aides, mais ce châtiment doit être ménagé par un
homme fage & favant ; il faut s’en fervir avec v igueur
dans l’occafion , mais rarement, car rien ne
défefpère 8c n’avilit plus un cheval que les éperons
trop fouvent & mal-à-propos appliqués.
Les coups d’éperons doivent fe donner dans le
ventre environ quatre doigts derrière les fangles |
car fi on appuyoit les éperons trop en arrière, c’eft-
à-dire , dans les flancs, le cheval s’arrêteroit 8c
fuerofi au lieu d’aller en avant, parce que cette
partie eft trop fenfible & trop chatouilleufe ; 8c au
contraire, fi on les appuyoit dans les fangles ( défaut
de ceux qui ont la jambe raccourcie & tournée
trop en dehors ) , alors le châtiment feroit inutile 8c
fans effet.
Pour bien donner des éperons , il faut approcher
doucement le gras des jambes , enfuite appuyer
les éperons dans le ventre. Ceux qui ouvrent les
jambes 8c appliquent les éperons d’un feul temps ,
comme s’ils donnaient un coup de poing , furpren-
nent & étonnent un cheval, & il n’y répond pas Ct
bien, que lorfqu’il eft prévenu 8c averti par l’approche
in fenfible des gras de jambes. Il y en a
d’autres qui, avec des jambes ballantes , chatouillent
continuellement le poil avec leurs éperons,
ce qui accoutume un cheval à quoailler, c’eft-à-
dire, à remuer fans ceffe la queue en marchant ,
aâion fort défagréable pour tofctes fortes de che-,
vaux, ôc encore plus pour un cheval dreffé.
Il ne faut pas que les éperons foient trop pointus
pour les chevaux rétifs 8c ramingues ; au lieu d’ap-;
porter remède à ces vices, on y en ajouteroit d’autres.
Il y en a qui, lorfqu’on les pince trop vertement
, piffent de rage, d’autres fe jettent contre le
mur, d’autres s'arrêtent tout-à-fait, 8c quelquefois
fe couchent par terre. Pour accoutumer aux éperons
les chevaux qui ont ces vices, il ne faut les
appliquer qu’après la chambrière, 8c dans le mi-,
lieu d'un partir de main.
L’aide du pincer délicat de l’éperon , devient
aufli châtiment pour certains chevaux, qui font très-
fins aux aides , 8c même fi fenfibles , qu’il faut fe
relâcher tout-à-fait 8c ne point fe roidir fur eux ;
car autrement, ils feroient des pointes 8c des élans :
ainfi le pincer, quelque délicat qu’il foit, produit
le même effet fur ces fortes de chevaux 8c même
un plus grand, que les coups d’éperon bien appliqués
ne pourroient faire fur ceux qui n’ont qu’une
fenfibilité ordinaire.
Il faut bien connoître le naturel d’un cheval pour
fçavoir faire un bon ufage des châtimens, en les
proportionnant à la faute qu’il fait, 8c à la manière
dont il les reçoit , afin de les continuer , de les
augmenter, de les diminuer, 8c même de les ceffer
félon fa difpofition 8c fa force : 8c il) ne faut pas
prendre toutes les fautes qu’un cheval fait pour des
vices , puifque la plupart du temps elles viennent
d’ignorance, 8c fouvent defoibleffe.
On doit aider 8c châtier fans faire de grands
mouvements ; mais il faut beaucoup de fubtilité &
de diligence. C ’eft dans le temps que la faute eft:
commue qu’il faut employer les châtiments : autrement,
ils feroient plus dangereux qu’utiles, fur-
tout il ne faut jamais châtier un cheval par humeur
8c en colère, toujours de fens froid. Le ménagement
des aides 8c des châtiments eft une des plus
belles parties de l’homme de cheval. ( La Guéri-
nière ).
CHATOUILLEUX. Bouche chatouilleufe. Oti
appelle un cheval chatouilleux, celui qui peut être
trop
trop fenfible à l’éperon 8c trop fin, né le fuit pas
franchement 8c n’y obéit pas d’abord ; mais y réfifte
en quelque manière, fe jettant deffus lorfqu’on
approche les éperons pour le pincer. Les chevaux
chatouilleux ont quelque chofe des ramingues , excepté
que le ramingue recule, faute 8c ru e , pour
ne pas obéir aux éperons ; 8c le chatouilleux y réfifte
quelque temps, mais enfuite il obéit, 8c va
beaucoup mieux par la peur d’un jarret vigoureux,
lorfqu’il fent le cavalier étendre la jambe,
qu’il ne va par le coup même.
CHAUSSÉ trop haut Ce dit d’un cheval dont les
balzanes montent jufques vers le genou 8c vers le
jarret; ce qui paffe pour un indice malheureux ou
contraire à la bonté du cheval.
CHAUSSER les Etriers, c’eft enfoncer fon pied
dedans, jufqu’à ce que le bas des étriers touche
aux talons. Cette façon d’avoir fes étriers a très-
mauvaife grâce au manège : il faiit les avoir au
bout du pied. Se chauffer eft la même chofe à l’égard
du cheval, que fe botter.
CHERCHER la cinquième jambe, fe dit d’un cheval
qui a la tête pefanre , 8c peu de force, 8c qui
s’appuie fur le mors pour s’aider à marcher.
CHEVAL. Pour conduire parfaitement un cheval
, il eft de néceftité abfolue d’en connoître à
fond toutes les parties, leur jeu réciproque, 8c
leurs différents uiages. Quant à l ’anatomie , voyez
le diélionnaire d’hiftoire naturelle 8c celui d’hip-
piatrique. Quant aux ufages, à la perfeâion 8c aux
défauts des parties, relativement à l’équitation, je
vais raffemblei; dans cet article ce que les meilleurs
auteurs en ont écrit jufqu’à préfenr.
Du NOM ET DE LA SITUATION DES PARTIES
EXTÉRIEURES DU CHEVAL. ( LA G uÉRINIÈRE ).
Pour faciliter la connoiffa.nce du cheval, je le
divife en trois parties principales ; fçavoir, l’avant-
main , le corps 8c l’arrière-main.
Les parties qui compofent l’avant-main, font la
tête, l’encolure, le garot, les épaules ; le poitrail
ou la poitrine, 8c les jambes de devant.
Les parties du corps, font les reins, les rognons,
les côtes ou les côtes, le ventre 8c les flancs.
Celles de l’arrière - main, font la croupe, les
hanches, la queue, les feffes, le graffet, les cuiffes,
le jarret 8c les jambes de derrière.
De la Jituation & de la divifion particulière des
Parties de F Avant-main.
La première partie de l’avant-nrain, e$ la tête,
qui a une divifion particulière, étant compofée
des oreilles, du front, des tempes, des falières,
ces fourcils, des paupières, des yeux, de la ganache
8c de la bouche.
De toutes ces parties , ‘je ne donnerai la définition
que de la ganache & de la bouche, parce que
les autres font affez connues.
La ganache eft une partie compoifée de deux os
Equitation, Efcrïme 6* D an fe.
de la mâchoire inférieure qui touchent le gofier-
Cette partie eft mouvante 8c fert à mâcher 1?
aliments.
La bouche a fes parties extérieures & fes parties
intérieures.
Les parties extérieures , font les lèvres, les na-
zeaux , le bout du n e z , le menton & la barbe,
qui eft l’endroit où porte la gourmette.
Les parties intérieures de la bouche, font la
langue, le .canal, le palais , les barres 8c les dents.
Le canal eft le creux de la mâchoire inférieure
où eft fituée la langue.
Les barres, font l’endroit de la bouche où il
n’y a jamais de dents , 8c où fe doit faire l’appui
du mors.
Les dents ont aufli une divifion particulière, par
laquelle on connoît l’âge du cheval ; mais on ne
parlera de cetté divifion que dans le chapitre
troifième.
L’encolure où eft attachée la tête , eft la fécondé
partie principale de l’avant-main. Elle eft bordée
dans fa partie fupérieure par le crin ou la crinière »
8c elle fe termine au garot.
Le crin qui tombe fur le front entre les deux
oreilles, & qui fait partie de la crinière , s’appelle
toupet.
Le gofier eft la partie inférieure de l’encolure. Il
commence entre les dèux os delà ganache, 8c finit
à la partie fupérieure 8c antérieure du poitrail.
Le garot eft placé à l’extrémité de la crinière, 8c
au haut des épaules.
Les épaules commencent au garot 8c finiffent au
haut du bras;
Le poitrail eft la partie antérieure delà poitrine ,
contenue entre les deux épaules, laquelle commence
au bas du gofier, 8c nuit entre les deux bras?
Les jambes de devant font attachées aux épaules,
8c ont encore une divifion particulière , étant com-
pofêes du bras, du coude, de l’ars , du genou ,
du canon , du nerf , du boulet, du paturon, de la
couronne 8c du pied.
Le bras eft cette partie fupérieure de la jambe ,
qui eft depuis l’épaule jufqu’au genou.
Le coude eft l’os du haut de la jambe, qui eft:
fitué entre les côtes.
L’ars eft une veine apparente , fituée au-devant
8c au-dedans du bras.
Tous les cAevtf»* ont au-deffus du genou en dedans
, uneefpèce de corne tendre, fans p oil, qu’on
appelle chateignes , plus ©u moins greffes , mai«
toujours apparentes. Elles fe trouvent également
aux jambes de derrière, avec cette différence cependant,
qu’à celles-ci elles font placées au-def-
fous des jarrets aufli en dedans.
Le genou eft la jointure du milieu de la jambe,
qui affemble le bras avec le canon.
Le canon eft la partie de la jambe, qui commence
au genou 8c finit au boulet.
Derrière le canon , il y a un tendon qu’on appelle
communément le nerf de lajambe, qui règne