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n’eft point bleffée, & fi elle n’a point de duretés
ou de calus.
Si l’encolure eft relevée & tranchante près de la
crinière ; fi elle n’eft point éfilée ou trop épaiffe ,
renverfée, faufie ou penchante.
Si le garot eft long & peu charnu ; s’il n’a point
le coup de hache.
Si les épaules font plates , décharnées , libres &
mouvantes ; fi le cheval n’eft point trop chargé d’épaules
, ou au contraire trop ferré; s’il ne les a
point chevillées.
Si le poitrail n’eft point trop large, trop avancé,
©ù trop étroit.
S’il n’eft point trop élevé fur les jambes ; fi elles
tombent en ligne droite depuis le haut du bras jùf-
qu’au boulet.
Si le bras de la jambe eft large, long & nerveux.
Si le genou eft plat, large & décharné ; s’il n’eft
point phé en avant en forme d’arc (_ ce qu’on appelle
jambe arquée j ; s’il n'eft point couronné ou
enflé.
Si le canon eft gros &, court à proportion de la
taille.
S’il n’y a point de furos , d’offelets, de fufées &
de furos chevillés.
Si le nerf de la jambe eft détaché & éloigné de
Vos , fans dureté ni enflure.
Si le boulet eft nerveux & gros fans enflure ni
couronne ; s'il n’y a point de m o le t te s& s’il n’ eft
point trop flexible.
Si le paturon n’eft point trop court ou trop long,
c’eft-à-dire , court-jointé ou long-jointé.
S’il n’eft jJoint droit fur jambes ou bouleté.
Si un côté du paturon n’eft pas plus haut que
l ’autre ; s’il n’a pas de peignes. •
Si la couronne accompagne la fondeur du pied,
fans être plus haute que le fabot.
S’il ne fe donne point des atteintes.
Si le pied n’eft ni trop grand ni trop petit.
Si la forme du fabot eft ronde, & s’il a la corne
unie & brune.
Si les talons ne font point ferrés, ou l’un des
quartiers plus haut que l’autre.
Si la fourchette eft bien nourrie fans être trop
greffe & trop large ; fi au contraire elle n’eft point
trop petite ou trop defféchée. -
Si le dedans du pied eft creux fans que la foie
foit affoiblie.
Si les pieds ne font point pîats, encaftelés ,
combles , cerclés ; s’il n’y a point de feymes, d a-
valure ; s’il n’a point été fourbu.
S’il place bien les pieds, & que la pince ne foit
ni en dedans ni en dehors.
Il faut enfuite paffer aux parties du corps & de
rarrière-main.
Voir fi les reins font affez courts, & fi l’épine du
dos eft large , ferme & unir.
Si le cheval n’eft point enfellé; fi le tour des
côtes prend bien en. rond, & s’ilne les a point trop
ferrées»
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S’il a trop de ventre ou de boyau , ou an cou»;
traire, s’il n’eft point efflanqué. ; s’il n’a pas le flâne
retrouffé , altéré ou poufiif.
S’il n’eft point fouffleur ou gros d’haleine.,
Si la croupe eft ronde & large, fi elle n’eft point
avalée ; fi le cheval n’eft point cornu.
Si les hanches ne font point trop longues ot*
trop courtes.
S’il a la queue bien placée ; s’il la porte en
trompe;fi le tronçon eft gros & ferme & garni de
poil ; s’il n’a point une queue de rat.
Si les eu mes & les feffes font groffes & charnues
; fi elles ne font point trop ferrées l’une contre
l’autre.
Si les jarrets font grands r larges , nerveux Sc
décharnés.
Si le cheval n’eft point crochu , eu au contraire
fi les jarrets ne font point trop tournés en dehors ;
s’il n’a point de veflïgons , de courbes , &c.
Si les jambes de derrière font larges , plates ,
fèches & nerveufes; s’il n’a point trop de poil aux
jambes.
Après avoir ainfi détaillé toutes les parties d’un
cheval, il faut le faire monter , pour voir s’il mar-
; che bien , c’eft-à-dire, s’il lève les jambes avec facilité
, fans fe croifer ni billarder. Celui qui fe
croife, porte les deux pieds de devant en dedans ,
en les paffant l’un par-deffus l’autre en marchant
& celui qui billarde fait le contraire, il les jette en
dehors, & lève les pieds fort haut. Le premier défaut
fajt qu’un cheval fe coupe en marchant, &
celui qui billarde fe fatigue & fe ruine bienîôtv
Pour mieux s’appercevoir de ces défauts, il faut
faire venir un cheval droit à foi au pas , & non en
tournant ni au galop , comme font les Maquignons
; lorfqu’ils veulent vendre ces fortes de chevaux.
Il faut enfuite voir s’il tient les reins droits fans
fe bercer ; s’il marche la tête haute & bien placée ;
s’il ne pèfe point à la main ; s’il ne donne point des
coups de tête ; s’il a un pas hardi fans broncher ;
s’il galopé légèrement & furement ; s’il prend
bien l’éperon ; s’il raffemble facilement fes forces à
l’arrêt après qu’on l’a échappé de la main.
Un cheval qui auroit toutes les qualités qu’on
vient de décrire, fans en avoir les défauts , feroit
fans contredit un animal parfait ; c e qui eft rare a
trouver : mais comme il eft effentiel à un connoif-
feur de tout favoir, j’ai jugé à propos de mettre:
cette récapitulation à la fin de cet article.
Remarques fur les chevaux de différents pays.
Tous les auteurs ont donné la préférence atî
cheval d’Efpagne , & l’ont regardé comme le premier
de tous les chevaux pour le manège , à caufe
de fon agilité, de fes refiorts , & de fa cadence naturelle
: pour la pompe &. la parade, à caufe de fa
fierté, de fa grâce & de fa nobleffe; pour la guerre
dans un jour d’affaire , par fon courage & fa docilité.
Quelquçs-uns s’en fervent pour la çfaàffe &
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pour le carroffe ; mais c’eft dommage de facrifier à 1
l cg dernier ufage un fi noble animal.
M le duc de Newcaftle, qui donne de grands
1 éloges au cheval d’Efpagne , ne lui trouve qu’un
défaut, qui eft d’avoir trop de mémoire , parce
! qu’il s’en fert pour manier de foi-meme & pour
! prévenir la volonté du cavalier ; mais ce deniut,
: fi c’en eft un, n’eft que l’effet de fa gentilleffe &
d e là reffource, dont il eft aifé de profiter , en fiu-
I vant les principes de la vraie école. ,
ï C ’eft des haras d’Andaloufie que fortent les
[ meilleurs chevaux. La race en avoir été bien abâtardie
dans les derniers temps, par l’avarice de ceux
I qui les gotivern oient, & qui prèferoient les mu-
■ Jets aux chevaux , parce qu’ils en tiroient plus de
«profit ; mais depuis quelques années, on a remédié
1 à cet abus.
I Le cheval barbe eft plus froid & plus négligent
f dans fon allure; mais lorfqu’il eft recherche ,^on I lui trouve beaucoup de nerf , de légèreté & d ha-
I leine. Il réuflit parfaitement aux airs releves , &
I dure long-temps dans une école. En France, on
I fe fert plus volontiers de chevaux barbes , que de
| chevaux d’Efpagne pour les haras. Ce font d excel-
f ients étalons pour tirer des chevaux de chaffe .* les
1 chevaux d’Efpagne ne v réufliffent pas de meme ,
. parce qu’ils produifent des chevaux de plus petite
taille que la leur; ce qui eft le contraire du Jjarbe.
Les napolitains font pour la plupart indociles , &
par conféquent difficiles à dreffer. Leur figure ne
prévient pas d’abord, parce qu’ils ont ordinairement
la tête trop groffe & l’encolure trop epaiffe ;
mais ils ne laiffent pas avec ces défauts , d’être fiers
1. & d’avoir de beaux mouvements. Un attelage^ de
\ chevaux napolitains bien choifis & bien dreffes à
'r cet ufage eft fort eftimé.
Les chevaux turcs ne font pas fi bien proportionnés
que les barbes & les chevaux d’Efpagne.
Us ont pour la plupart l’encolure éfilée, le dos
trop relevé; ils font trop longs de corps, & avec
cela ont la bouche fèche , l’appui mal-aifé , peu de
mémoire , font colères , pareffeux , & quand ils -
font recherchés , ils partent par élans, & à l ’arrêt
| ils s’abandonnent fur l’appui & fur les épaules ; ils
| ont encore les jambes très-menues , mais très-ner-
| veufes, & quoique les paturons foient longs, ils
f ne font pas trop flexibles. Ils font grands travail-
[ leurs à la campagne avec peu de nourriture , dé
[ longue haleine , peu fujets aux maladies. Par ces
I qualités & par ces défauts , il eft aifé de juger que
[ les chevaux turcs font plus propres pour la coir*e
que pour le manège.
Les haras d’Allemagne font entretenus d’étalons
1 turcs , barbes , efpagnols & napolitains ; c’eft pour-
1 quoi il y a dans ce pays de parfaitement beaux
I chevaux ; mais peu réufliffent bien à la chaffe ,
f parce que ceux qui y font nés, n’ont pas ordinai-
I rement beaucoup d’haleine.
M. de la Broue dit que les chevaux allemands font
| naturellement’ malicieux & ramingues. Ce qu’on
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a t tribu oit de fon temps à leur mauvais naturel ,
proverfoit peut-être de l’imprudence de ceux q ui,
en les exerçant, les recherchoient d’abord avec
trop de violence & de fujédon.
Les chevaux danois font bien moulés & ont de
beaux mouvements ; on en fait de braves fauteurs.
Us font excellents pour la guerre, & on tire de ce
pays de fuperbes attelages.
Il y a deux provinces en France d’où on tire de
fort beaux & bons chevaux, le LimoufnTBc la Normandie.
Les chevaux Limoufins tiennent beaucoup
du barbe, aufli font-ils excellents pour la chaffe-
Le cheval normand eft meilleur pour la guerre que
pour la chaffe. Il a plus de deffous, c’eft-à-dire plus
de jambes, & eft plutôt en état de rendre fervice
que le Limoufin , qui n’eft dans fa force qu’à huit
ans. Depuis qu’on a mis en Normandie des étalons
de taille & étoffés , on en tire de parfaitement
beaux chevaux de Carroffe , qui ont plus de légèreté
, plus de reffource, & une aufli belle figure
que les chevaux d’Hollande.
Les chevaux anglois font les plus recherchés pour
la courfe & pouf la chaffe y par leur haleine , leur
force, leur hardieffe & la légéreté avec laquelle ils
franchiffent les haies & les foffés. S’ils.étoient affou-
plis par les règles de l’art avant de les faire courre
( ce qu’on pratique peu ) , les refforts en feroient
plus lians, fe conferveroient plus longtemps , &
le cavalier s’en ferviroit plus commodément; ils auraient
la bouche plus affurée, & ils ne feroient pas fi
fujéts , comme le dit M. le duc de Newcaftle, à rom*
pre le col à leur homme , quand ils ceffent de galoper
fur le tapis , c’eft-à di're, furie terrein uni.
Les meilleurs font de la province d’Ybrkshre.
On fe fert communément en France des chevaux
d’Hollandepour le carroffe. Ceux de la Nort-
hollande ou de Frife font les meilleurs.
Il y a beaucoup de chevaux flamands qu’on veut
faire paffer pour chevaux de Hollande: mais pref-
fque tous ont les pieds plats ; ce qui eft un des plus1
grands défauts qu’un cheval de carroffe puifle avoir.
Des qualités 6* des vices du cheval.
La connoiffance du naturel d’un cheval eft urt
des premiers fondements de l’art de le monter , &
tout homme de cheval en doit faire fa principale
étude. Cette connoiffance ne vient qu’après une
longue expérience, qui nous apprend à développer
la fource de la bonne ou de la mauvaife inclination
de cet animal.
Quand la jufte ftature, '& la proportion des parties
font accompagnées d’une force liante , &
qu’avec cela on trouve dans un cheval du courage ,
de la docilité & de la bonne volonté , on peut
avec ces bonnes qualités mettre aifément en pratique
les vrais principes de la bonne école r mais
quand la nature eft rebelle , & qu’on n’eft point en
état de découvrir d’où naît cette opiniâtreté, on
court rifque d’employer des moyens plus capables.