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fait le contrafte au pied droit qui eft devant. Mais
ïorfque vous portez le pied gauche devant le droit
à la cinquième pofition , c’eft le droit qui s op-
pofe ; par conséquent dans l’étendue de ce pas il
fe trouve deux oppofitions différentes dans une
feule ; ce qui n’eft caufè que par un Seul pas, Soit
devant, Soit derrière.
Pour les b r a s , il faut en commençant votre pas ,
étendre lesÆrar, & ne faire l’oppofirion qu’au dernier
pas ; au lieu qu’aux autres pas, il faut oppo-
fer en les commençant.
Ce contre-temps eft un pas des plus gais : aufli
eft-il fort en ufage dans les dan tes de ville,. La
manière d’en faire les b ra s n’eft pas fort embar-
raffante, & on ne doit faire qu’une oppofition. Il
eft vrai qu’il n'a qu’un pas ; mais dans ce Seul
pas il y a deux mouvements, comme je l’ai déjà
dit ; ce qui le rend vif & brillant.
Si vous le prenez en avant, & que vous ayez
le corps pofé fur le pied gauche, vous pliez def-
fus en levant le droit, & le bra s droit dans l’iliftant
fe contourne d e h a u t en b a s , & le gauche
vient de bas en haut ; ce qui fait le contrafte à
la jambe qui fe paffe devant : mais en vous jet-
tant fur le droit pour ce fécond mouvement, il
ne faut pas changer vos b ra s .
Vous devez aufli obferver , en faifant ce pas
en avant , 4’avoir le-corps fort en-arrière, &
la tête un peu tournée du côté où le bra s eft
oppofé.
Mais Ïorfque vous le faites en arrière, il faut
fuivre la même règle qu’aux autres pas ; c’eft à-
dire, qu’en partant du pied droit en arrière , comme
il eft devant, le b ra s gauche s’oppofe : ainfi
clans le temps où vous prenez votre premier
mouvement, pour pafler le pied droit derrière,
le bra s gauche fe contourne de h a u t en b a s , & le
b ra s droit revient d e b a s en h a u t ; ce qui fait tout
le changement de b ra s que vous devez obferver
dans ce pas.
Quant à celui qui fe fait de côté , il eft différent
en ce qu’il ne faut pas d’oppofition : parce
que fon premier mouvement fe prend de la troi-
iième ou cinquième pofition , & au fécond vous
vous jettez à la deuxième qui ne demande point
d’oppofition ; c’eft pourquoi il fuffit de faire un
petit mouvement des deux poignets, Voilà toutes
‘ les manières les plus convenables pour les bra s
‘ avec ces différents pas.
Après vous avoir donné les moyens les plus
aifés pour faire touts les chaffés qui fé font dans
les danfes de ville, il eft néceffaire aufli que je
vous explique la manière d’y faire les bra s de plufieurs
façons,
Je vais donc commencer par ceux qui fe pratiquent
dans la mariée , parce qu’outre qu’elle eft
connue de tout le monde , c’eft qu’elle eft à jufte
titre une des plus belles danfes que l’on ait jamais
dan fées.
Çes chaffés s’y trouvent au commencement du
B R A
troifième couplet, où ils font précédés d’un coi*.'
pé : ainfi dans ce coupé vous pliez les deux bras,
& vous les étendez au premier mouvement du
chaffé ; mais au fécond mouvement qui fe relève
lur le pied contraire à la jambe qui fe lève , il fe
plie ., parce qu’ordinairement à la fuite de ce pas
c eft un pas en tournant ; & comme j’ai dit ci-devant
dans le chapitre des pirouettes, que c’eft le
bras qui donne au corps la facilité de fe tourner
du côté où il s'étend ; c’eft pour cela que l’on fait
cette oppofition : car fi c’étoit comme à l’allemande
, où il s’en fait plufieurs de fuite, il n’y fau-
droit pas d’oppofition ; il eft vrai que l’on ne fait
pas de bras dans les chaffés de cette danfe , à caufe
qu’e.le eft parfaitement caradérifée.
Il .y a une autre manière de^ chaffés dans l’aimable
vainqueur, qui ne font que des jettés-chaf-
fés , dont on en fait trois de fuite , qui ne renferment
dans leurs trois mouvements que-le temps
d’un feul pas ; mais il fuiiit à ce pas une feule oppofition
qui le commence dès le premier mouvement
& qui fe contient dans les deux autres' pas.
On en fait encore de côté, comme je les ai marqués
dans ma première pa cie , def quels. il y a deux
figures qui en expriment les mouvements; à ce pas
il iuffit d’avoir les bras étendus : par exemple , fi
vous le prenez en revenant du côté gauche, la
jambe droite doit fe lever pour ch.,fier la gauche :
c’eft pourquoi le bras & l’épaule droite doiVtnt être
levés plus que le bras & l’épaule gauche , quoiqu’é-
tendus les uns Ôi les autres ; parce que les brus ne
fervent dans ce pas que de balancier. Us ne laif-
fent pas néanmoins de faire une petite adion des
poignets au premier mouvement, &. c’eft pour éviter
cette roideur où ils paroîtroient, s’ils n’en fai-
foient aucun.
J’ai dit aufii qu’il y avoit d’autres chaffés ; mais
comme je n’en ai point trouvé de çette forte dans
aucune danfe de v ille , je ne parlerai pas de la
manière d’y faire les bras.
Cette forte de pas eft particulière dans fa manière
, il tient pour ainfi dire du pas tombé , en ce
qu’il faut être levé fur la pointe du pied pour le
commercer ; mais comme j’ai donné l ’intelligence
pour le faire, & qu’il ne me refte plus
que de vous inftruire fur la manière d’y faire
les bras ; je vous dirai feulement , que , Ïorfque
vous le commencez ayant les pieds l’un devant
l’autre à la quatrième pofition , par conféquent
un bras oppofé qu’il faut faire dans votre premier
mouvement : alors ce bras qui eft oppofé
doit s’étendre de haut en bas, St l’autre dans le
même temps vient de bas en haut, mais ne change
pas au fécond faut : enfuite en faifant le troifième
qui eft un affemblé , vous laiffez tojnber-Vos deux
bras à côté de vous ; puis vous faites un petit
mouvement de la tête en la baiffant, & vous la
relevez de même que les bras , Ïorfque vous faites
i;n autre pas comme de bpprrée, ou tel que la danfe
C A B
le demande. Cette petite adion , quand elle eft
fitite à propos, donne beaucoup d’agrément ,
mais fur-tout point d’affedation.
Je n’ai pas parlé de la manière de faire les bras
avec les tours de jambe & avec les ouvertures
de jambe parce que ce font de ces adions ou les
bras comme le corps doivent obferver de la tranquillité.
CABRIOLE , faut léger & agile-, après lequel
©n ne retombe que fur un pied. Les danfeurs la
font ordinairement à la fin des cadences.
F r if e r la c a b r io l e , c’éft agiter les pieds avec vî-
teffe tandis qu’on eft en l’air.
CADENCE, d a n s n o s d a n f e s m o d e rn e s ,, lignifie
la conformité du pas des.danfeurs avec la me-
furé marquée par l’inftrunrent : mais il faut obferver
que la cadence ne fe marque pas toujours
comme fe bat la mefure. Ainfi le maître de mu-
fique marque le mouvement du menuet en frappant
au commencement de chaque mefure ; au
lieu que le maître à danfer ne bat que de deux
en deux mefures , parce qu’il: en faut autant pour
former les quatre pas de menuet. ( S )
Cadence , d a n s l a d a n f e , fe prend dans le
même fens que mefure & mouvement en mufique ;
c’eft fentir la mefure & fuivre le mouvement
d’un air. S o r t ir d e c a d e n c e , c’eft ceffer d’accorder
fes pas' avec la mefure & le mouvement d’une
pièce de mufique.-Les danfeurs diftinguent deux
fortes de mèfures, une vraie une fauffe, &
conféquemment deux fortes de c a d e n c e s , l’une
v ra ie & l’autre fa-uffe. E x em p le : dans le menuet
la mefure vraie eft la première mefure, & la fécondé
eft la fauffe ; & comme les couplets du menuet
font de huit ou de douze mefures, la v ra ie
cad en c e eft en commençant & la f a u j f e en finif-
fànt. La première fe marque en frappant de la
main droite dans la gauche , & la- fécondé ou
f d u f je cad en c e en levant, ce que l’on continue par
deux temps égaux.
Le pied fait tout le contraire de la main. En
effet, dans le temps que l’on relève fur la pointe
du pied droit, c’eft dans le même temps que vous
frappez ; ainfi on doit plier fur la fin de la dernière
mefure, pour fe trouver à portée de relever
dans le temps que l’on frappe.
La ca d en c e ' s’exprime de deux manières en dan-
fant: i°. les pas qui ne font que pliés & élevés
font relevés en ca d en c e : 2,0. ceux qui font famés
doivent tomber en ca d en c e . Il faut donc toujours
que les mouvements la préviennent, & plier fur
la fin de la dernière mefure, afin de fe relever
lorfqu’elle fe doit marquer.
CHASSÉ ; c’eft un pas qui eft ordinairement
précédé d’un: coupé, eu d’un autre pas qui conduit
à lù deuxième pofition- d’où il fe prend. Il fe
fait en allant de côté, foit à droite foit à gauche.
C H O 385
Si Ton v e u t, par exemple , faire ce pas du côté
gauche , il faut plier fur les deux jambes & fe relever
en fautant à demi : en prenant ce mouvement
fur les deuxpieds , la jambe droite s’approche de la
gauche pour retomber à fa place , & la chaffe par
conféquent, en l’obligeant de fe porter plus loin
à la deuxième pofition. Comme on en fait deux de
fuite, au premier faut l’on retombe & l’on plie , &
du même temps on reflaute en portant le corps fur
■ le droit ou fur le gauche , félon que 1« pas qui le
fuit le demande.
Mais lorfqu’on en a plufieurs de fuite, comme
dans l’allemande, on fait les fauts de fuite, fans fé
relever fur un feul pied., comme il fe pratique
quand il n’y en a que deux.
Ce pasfe fait de même en arrière, en changeant
feulement les pofitions : étant à la quatrième pofition,
la jambe droite devant, on plie & on fe relève
en fautant & en reculant, & la jambe droite
s’approche de la gauche en retombant à fa place ,
ce'qui la chaffe en arrière à la quatrième pofition ï
mais comme on tombe plié au fécond faut qui fe
fait de fuite, on fe relève foit fur le droit foit fur le
gauche , félon le pas qui fuit ; en obferyant toujours
au premier faut, que ce foit la jambe qui eft devant
: qui chaffe l’autre, & fe pofe la première en re-r
. tombant.
CHORÉGRAPHIE. Art décrire îa danfe. Les
' anciens ont ignoré cet a r t, ou il n’a pas été tranf«-
mis jufqu’à nous. Aucun auteur connu n’en fait
mention avant le didionnaire de Furetière : il y eft
parlé d’un traité curieux fait par Thoinot Arbeau ÿ
imprimé à Langres en 1588, intitulé Orchéfographie«
Thoinot Arbeau eft le premier 8c peut-être le feul
qui. ait penfé à tranfmettre les pas de la danfe avec
les notes du chant : mais il n’a pas été fort loin. Son
idée eft la chofe qui mérite le plus d’éloge. Il por-
toit l’air fur des lignes de mufique à l'ordinaire, &
il écrivoit au - deflùs de chaque note les pas qu’il
croyoit qu’on devoir exécuter : quant au chemin
qu’il convenoit de fuivre , & fur lequel ces pas dévoient
être exécutés fucceflivemenr, ou il n’en dit
rien, ou il l’explique à-peu-près en difequrs. Il ne
lui vient point en penfée d’en faire la figure avec
des lignes, de divifer ces lignes par des portions
égales , correfpondantes aux mefures , aux temps 9
aux notes de chaque temps ; de donner des carade*
res diftindifs à chaque mouvement, & dé placer
ces caradères fur chaque divifion correfpondante
des lignes du chemin, comme on a fait depuisr
comme l’a fait Beauchamps , qu’un arrêt du parle«*
ment a déclaré inventeur de cet art. Feuillet a tra»
vaille aufli à le perfedionner > & a làiffé quelques
ouvrages fur cette matière.
L’ordre que nous fuivrons dans cet article, eft
donc déterminé par l’expofition même de l’art. Il
faut commencer par l’énumération des mouve-
; nrents, pafferà la connoiffance des caradères quï
défignent ces mouvements t & finir par l’emploi de