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Notions anatomiques de l'homme & du cheval.
L’homme offre un corps perpendiculairement
élevé.
La totalité du cheval préfente une fuperficie circulaire
horifontalement appuyée fur quatre bafes.
Tous deux fe divifent en trois parties qui font,
pour l’homme , le haut, le milieu , le bas du
corps ; pour le cheval , l’avant-main , le corps,
l ’arrière-main.
Le haut du corps commence à la tê te , & finit
aux hanches. Les hanches, la ceinture , le haut des
çuiffes , le rein , le coçcix compofent le milieu du
corps. Le refie de la cuiffe, la jambe entière, le
pied donnent le bas du corps.
A l’égard du cheval , l ’avant-main comprend
'depuis le bout du nez jufqu’au garrot. Le corps eft
entièrement couvert par la felle. Le furplus forme
l'arrière-main.
Chacune de ces trois parties de l’homme & du
cheval a bien la faculté de fe mouvoir indépendamment
l’une de l’autre; mais la nature affreint
autant l’homme que le cheval à ne jouir du mouvement
avec fureté , qu’au moyen du fcrupuleux
entretien de leurs perpendiculaires. O r , l’homme
a deux perpendiculaires qui fe tirent de fes clavicules
aux chevilles du dedans de fes pieds. Celles
du cheval, quadruples en raifon de fes quatre
jambes , partent, dans l’avant-main , de la pointe
des épaules pour arriver au milieu des pieds de
devant, tandis qu’à l’arrière-main, elles s’attachent
à l’extrémité des feffes, & viennent tomber entre
les talons des pieds de derrière. La jufteffe de ces
lignes fi&ives dépend entièrement de la direâion
du centre, d’où réfulte l’aplomb. La poitrine eft
le centre de l’homme ; auffi voyons-nous le portefaix
avancer machinalement le haut du corps ,
tandis que la femme enceinte recule le fien , tous
deux avec l’intention de maintenir leurs perpendiculaires
entre le poids qu’ils portent & leur centre
de gravité, & c e , dans la vue de conferver leur
aplomb. La nature a placé le centre du cheval, vu
fa pofition horifontale, dans la divifion que nous
nommons le corps , enforte que cette portion du
cheval fert de foyer commun aux forces combinées
de l’avant & de l'arrière-main.
Cédons aéiuellement à l’impatience du nouvel
académifte: plaçons l’homme perpendiculaire fur
le cheval horifontal : donnons enfuite au cavalier
les moyens de réfifter.à la vibration fuccefiive des
mouvements de l’animal fournis aux loix de l’équitation
; & traçons la méthode propre à gouverner
ces mêmes mouvements.
Façon de monter fur un cheval.
On aborde le cheval fans s’expofer au danger
d’en être frappé, lorfqu’on évite de paffer derrière
lui pour approcher de fon épaule gauche, nommée
vulgairement l’épaule ou le côté du montoir. Pref-
cue en face de cette épaule, le pied gauche entre
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la troifième & la quatrième pofition , tenant dans
la main gauche , la gaule dont la pointe eft en bas
on prend , avec la main droite, le bouton des rênes
de la bride. On élève ce bouton perpendiculairement
à l’encolure du cheval, afin de rendre
égales les rênes qu’on paffe enfuice de la main
droite dans la main gauche , en les féparant avec
le petit doigt, mais de telle forte que la rêne
droite pofe deffus, & que la rêne gauche foit clef-
fous. On n’affujettit définitivement les rênes mifes
dans la main gauche, qu’après avoir éprouvé fi le
cheval les fent ; puis on en rejette, le bout fur l’épaule
droite du cheval*
De la main droite , devenue vacante par l’abandon
du bout des rênes , on prend une poignée
de crins, ni trop haut, ni trop bas de l’encolure.
On met ces crins dans la main gauche , & on finit
par en entourer le doigt appellé l’index , dont on
fe fait un point d’appui. Enfuite , avec la même
main droite, on prend l’étrivière qui foutient l’étrier
dans lequel on apporte la pointe du pied gauche
, en obfervant de lever la jambe fans baiffer
le corps. A la précaution de tenir la pointe du pied
perpendiculaire au genou , quoique direâe au ventre
du cheval, il faut ajouter le plus grand foin
d’éviter- qu’elle ne le touche ,~de peur que le cheval
ne fe porte du côté oppofé*
. Dans cette fituation ,.on allonge le bras droit fur
le derrière de la felle , dont on empoigne l’arçon
avec la main droite autant avancée qu’il eft polîi-
ble. On s’élance enfuite , foutenant toujours lé
corps droit ; s’étayant de la main gauche, qui à
pour appui la poignée de crins ; s’attirant avec la
main droite qui eft cramponnée à l’arçon de derrière
de la felle ; & s’enlevant fur le pied gauche ,
dont la pointe abfolument défions le genou du cavalier,
& droite au ventre du cheval, fait reffort,
& conféquemment prête beaucoup à l’élaflicité.
Elevé à la hauteur de la felle , après avoir lâché
l’arçon de derrière tenu avec la main droite, on
étend la jambe droite de façon que , fans être trop
haute , elle puiffe paffer au-deffus delà croupe, Si
cependant ne touche point au cheval. Ce paffage
de la jambe droite fe fait avec grâce , aifance &
fureté, toutes les fois qu’on a l’attention de maintenir
le corps droit , de porter les hanches en
avant, de creufer le rein , & de tendre la pointé
du pied. Cette dernière précaution regarde ceux
qui portent des éperons , parce qn’alors , niché
dans le creux du talon, l’éperon droit ne peut
pas inquiéter le cheval. Enfin on s’aftied en lelle.
Pour n’y pas tomber lourdement, on pofe la main
droite, qui a quitté l’arçon de derrièreA fur la batte
droite de l’arçon de devant ; & afin de rendre plus
folide le nouveau point d'appui qu’elle forme , on
réunit les forces de l’avant-bras, du poignet, de
la main & des doigts , en ferrant le coude contre
la hanche, en bombant le dedans du poignet, &
en inférant les doigts entre la batte & la cuiffe , de
manière que le pouce fe montre feul en dehors.
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Pofition du haut du cotps•
Lorfqu’on eft affisen felle, la maili droite reprend
.par-deflbus la gauche, 8c la gaule quelle
Life deffus l’encolure du cheval, & le bout des
rênes de la bride qui flotte fur fou épaulé droite.
Prefque du même temps on remet les renés dans
le plat de la main gauche , qui s’en eft deffame , oc
qui laiffe aller le crin pour les recevoir une fécondé
fois. Quand elles font féparées par le petit
doigt ., on appuie le pouce direftement deffus , ahn
d’empêcher qu’elles m’échappent. Il faut obferver
que les rênes , fans être flafques ni trop tendues ,
font à leur vrai degré lorfque le cheval marque
qu’il les fent. Quant à leur excédent., on s en de-
barraffe en le laiffant retomber fur l’épaule droite
du cheval, ainfi qu’on a fait pendant qu’on te pré-
paroit à le monter. Le cavalier place enfuite la
main gauche, faifie des rênes comme il vient d erre
dit, à la hauteur & vis-à-vis du nombril , eloignee
du ventre ainfi que de la felle, d'environ quatre
doigts , les jointures, qui lient la troifième phalange
des doigts à la main , perpendiculaires à l arçon
de la felle , & parallèles à l'encolure du cheval.
Par ce moyen , le pouce, diagonalement pôle
fur la fécondé jointure qui partage 1 index, fe
trouve abfolument au-deffus du petit doigt & au
niveau du pli du coude , les quatre ongles regardent
le ventre , & chaque rêne , également difr
tante de l’encolure , correfpond en ligne directe a
chaque branche du mors , dont les talons repo-
fent immédiatement fur les barres du cheval ;
endroits fenfibles qui fervents le diriger. Les commençants
ont le plus grand interet de vérifier fou-
vent fi leur main garde la pofition qu’elle a reçue :
auffi confeille-t-on aux élèves de la rapprocher
fréquemment de leur ventre , afin de s’affurer que
les quatre doigts s’y plaquent a-la-tois. Le pouce
arrive-t-il le premier , la main eft dite couchée ; &
renverfée, fi le petit doigt commence a toucher le !
ventre. Dans l’un ou l’autre cas, la main déplacée
entraîne vifiblement l’inégalité des rênes, fource
ordinaire de la réfiftance du cheval inquiet des
fenfations inverfes qui lui parviennent. Au lieu
que toutes les difficultés s’évanouiffent devant une
main dont les doigts , abfolument au-deffus les
uns des.autres, enlèvent les rênes avec la meme
égalité qu’un fléau de balance attire les plateaux
qu’il foutient.
Après avoir ftatué fur la pofition de la main
gauche, il eft jufte de fixer celle que doit prendre
la droite. On n’a fûrement pas oublié qu’auffitôt
qu’on eft aflis en folle, la main droite s’eft emparée
de la gaule qu’elle tient encore la pointe en
bas. Or, comme on emploie cette main a tenir le
bridon , nonobftant la gaule qui l’occupe , il faut
«éceffairement ufer d’un peu d’adreffe pour l’aider
à s’acquitter des deux fonétions dont elle eft chargée,
fans qu’elles fe nuifent réciproquement. En
conféquence , o!n élève l’avant-bras droit qu’on
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étend jufqu’à ce que la main droite outre-paffe la
gauche, afin que la première puiffe prendre le bridon
par-deffus les rênes de la bride alfujetties dans
la fécondé , & feulement avec les premiers doigts
les ongles en deffous, le deffus du poignet haut &
bombé, & le cofide médiocrement éloigné de la
hanche. Il eft à propos de faire remarquer que
l ’extenfion de l’avant-bras n’eft régulière qu’au-
tant qu’elle ne caufe aucun dérangement dans le<
haut du corps , ni même dans la fituation de la
gaule q u i, lorfqu’elle ne fert pas, doit conftam-
ment demeurer entre l’épaule du cheval & la cuiffe
du cavalier. Leconfeil que je donne i c i , de tenir
le bridon avec la main droite, paroitra fans doute
au moins inutile à ceux qui favent apprécier fon
ufage en équitation. Mais* avant que de me juger,
je les prie dobferver que, fi j’engage mes élèves à
s’en emparer dès la première leçon , c’eft feulement
afin que les deux mains occupées entretiennent
les épaules du cavalier égales entr’elles , & parallèles
à celles du cheval, & auffi pour avoir la certitude
que le haut du corps pofe intimement fur le-
milieu du corps.
La pofition de. l’avant - bras droit met fur la
voie pour arriver à celle de l’avant-bras gauche ;
c’eft-à-dire, qu’il faiit également quede coude foit
à une modique diftance de la hanche , mais lepoi-,
gnet, fcrupuleufeme.nt au bout de l’avant-bras ,
doit un peu creufer en deffus , afin de laiffer la
main au niveau du coude. Quant au refte du haut
du corps , la tête haute & placée droite invite le
cavalier à regarder, fans affeâation entre les oreilr
les du cheval, lapifte qui, en terme de manège,
eft le chemin où on veut le mener. D ’ailleurs , il
faut avoir les épaules baffes & égales ; que les bras
tombants foient affujettis contre le corps depuis la
pointe de l’épaule jufqu’au coude , & détachés du
corps à partir de cette dernière jointure jufqu’au
bout des doigts. Enfin la poitrine doit être ouverte,
le ventre gonflé, & la ceinture en avant. t
Pofition du milieu du corps.
Si on confidère que les préceptes analogues à la
pofition du milieu du corps doivent indifpenfable-
ment dériver de la forme que le cheval a reçue de
la nature , on ne regardera pas comme fuperflue
les réflexions qu’on va lire. La feule infpe&ion du
cheval apprend que fon corps eft un cercle fur lequel
le cavalier cherche à fe placer. Perfonne n’ignore
qu’un cercle eft compofé d’une continuité
de points arrangés de manière que, de quelque
côté qu’on les envifage, il s’en trouve toujours un
fupérieur aux autres ; vérité mathématique qui réduit
à un feül point la bafe que préfente un cercle
quelconque. Comme il eft démontré qu’on ne
peut occuper la fuperficie d’un point, à moins que
d’être porté par trois étaies deffinées en équerre #
il eft très-effenriel que la méthode qui conduit à U
' recherche de ces trois points d’appui précède celle
qui facilite f ufage qu’on en doit faire.