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P.
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l'expérience aura donnée pour P. ( M. Dez , pro-
feffeur de mathématiques à l’école royale militaire
).
MOUVEMENT. Cheval qui a un beau mouvement.
Cette expreffion déftgne particulièrement
la liberté du mouvement des jambes de devant,
lorfqu’en maniant il les plie bien. On fe fert du
même terme pour défigner la liberté de l’aâion de
la main en avant, lorfque le cheval trottant par le
d ro it, fe foutient le corps droit & la tête haute ,
&. qu’il plie les jambes de devant. On dit aufli un
mouvement dur.
N.
NUD. Monter un cheval à nud, c’eft le monter
fans felle8c fans étriers , 8c fans couverture.
O .
ONGLES du#poing de la bride, c’eft la differente
fttuation des ongles de la main gauche du
cavalier, qui donne au cheval la facilité de faire
les changements de main , 8c de former fon partir
& fon arrêt, parce que le mouvement de la bride
fuit cette pofition des ongles. Pour laiffer échapper
un cheval de la main , il faut tourner les ongles en
bas. Pour le changera droite , il faut les tourner
en haut, portant la main à droite. Pour le changer
à gauche , il les faut tourner en bas & à gauche ; &
pour arrêter le cheval, il faut tourner les ongles
en haut 8c lever la main. ,
O R E IL LAR D. Epithète qtfon donne aux chevaux
qui ont la naiffance ou le bas de l’oreille trop
bas , ou qui l’ont trop large, ou qui agitent trop
les oreilles , qui les branlent à chaque pas , à chaque
temps , à chaque mouvement qu’ils font.
OREILLE. Les oreilles du cheval doivent être
petites, délieés & bien placées. Les chevaux qui
les ont trop épaiffes , larges 8c pendantes s’appellent
oreillards. Pour être bien placées elles doivent
être au haut de la tête, peu distantes l’une de
l ’autre; 8c, lorfqu’un cheval marche, il doit .porter
les pointes des oreilles en avant, ce qu’on appelle
oreille hardie,
OUTRÉ. Cheval pouffif outré, eft celui qu’on
rend fi pouffif à force de travail, qu’il eft im-
poffible de le guérir. On dit auffi cheval outré,
cheval à bout, cheval épuifé diialeine, en parlant
d’un cheval dont la fatigue a épuifé les forces.
Voye[ Poussif.
OUTRER. C ’eft laffer, fatiguer démefurément
un cheval. Outrer trop les çhevapx, c’eft rifquer
de les rendre pouflifs,.
O U V E R T , ou bien ouvert du devant ou du
derrière, fe dit d’un cheval dont les jambes de devant
ou de derrière font fuffffamment écartées
l’une de l’autrç, (
PAYS. Cheval de pays , eft un cheval provenant
de père 8c de mère du pays même; on dit qu’un
cheval n’eft bon qn’à aller par pays, quand il n’a
pas grande reffburce, mais qu’il marche commodément.
PALEFROI. Cheval de parade 8c de pompe fur
lequel les princes 8c les grands feigneurs faifoient
leur entrée. On le dit aufli des chevaux fur lefquels
les femmes étoient montées. Autrefois on diftin-
guoit les chevaux en trois manières. Les deflriers
étoient les grands chevaux de bataille. Les palefrois
étoient des chevaux de pas pour voyager à
l’aife. Les Rouflins étoient des chevaux de foinme
pour porter le bagage.
PARTAGER les rênes , c’eft prendre une rêne
d’une main 8c l’autre de l’autre main , 8c conduire
ainfi fon cheval.
PARTIR. Faire partir un cheval , ou le faire
échapper de la main , c’eft le pouffer avec impétuo-
fité. On dit faire partir un cheval de bonne grâce.
On dit auffi partez, pour dire pouffez & piquez
votre cheval. Un beau partir de la main fe dit de la
courfe qn’on fait faire au cheval fur une ligne
droite, fans qu’il s’en écarte ou qu’il fe traverfe.
Entre le partir 8c l’arrêt de ce cheval, il y %bien
300 pas. Cheval qui a le partir prompt, 8cl*arrêt
jufte. Autrefois que les académies étoient gouvernées
par des écuyers italiens , on faifoit un verbe
aâif du mot partir, & on difoit partez çe cheval,
partez-le droit ; aujourd’hui ©n lui joint le verbe
auxiliaire, 8c on dit faire partir , ou on fe contente
de dire partez de la main , partez droit. Pour faire
partir un cheval de bonne grâce, il faut baiffer la
bride de trois doigts , en tournant les ongles en
bas, & appuyer délicatement les talons,ou feulement
le gras des jambes. Partir Réchapper font
deux verbes fynonymes dans le manège.
PAS fe dit de l’allure d’un cheval la moins vite
8c la mo.ns élevée, quand il lève en même temps
fes jambes diamétralement oppofées, une devant
8c l’autre derrière : ce qui eft le mouvement du
trot. On dit : ce cheval a un beau pas. Achever au
pas une demi-volte. Commencer une leçon au pas,
6c la finir de pas. On dit aufli élégamment commencer
une leçon au pas 8c la finir au pas. Ces ex*
prefîions promener ou mener un cheval de pas,
de trot, de galop, ont été introduites par les anciens
écuyers italiens , au lieu de dire au pas, au
trot, au galop. On les trouve néanmoins fréquemment
employées dans des traités modernes de manège.
Quand on apprend à un cheval à changer de
main ; que ce foit d’abord au pas, puis au trot, &
enfuite.au galop. On dit aufli un bon ch.evalde
pas , qui obéit au pas, qui a un pas relève. On ap*
pelle aufli un pas averti, ou un pas écouté, un pas
d’école réglé &. foutenu. M. de Labrewe difoit dans
le
P A S
1« même fens un pas racolt, dérivé apparemment
de l’italien raccolto ; mais ce ternie n a point ete
adopté par l’ufaee. Un pas écouté ou d’ecole ou
averti, ïe dit lorfque le cavalier promène fon cheval
dans la main & dans les talons. Un pas raccourci
eft lorfque le cheval écoute les talons ; demeure
balancé entr’eux , fans.fe jetter m fur 1 un ,
ni fur l’autre : ce qui arrive quand il prend finement
les aides de la main & des talons. Un pas &
un faut, eft un manège par haut d’un cheval ,
qui entre deux cabrioles marque une courbette ,
qui, en cette occafion, eft appellée un pas. Deux
pas & un faut, eft un manège compofé de deux
courbettes terminées par une cabriole. A chaque
cabriole , ou après deux cabrioles que le cheval a
faites, il lève le devant, 6c les hanches fuivent
s’éparant ou rugnr à la fin de chaque faut. On achemine
le cheval qui a de la difpofition à ce maneg’e
par les aides de la main , du gras des jambes, du
poinçon 6c du talon, qui doivent être employées
à propos pour lui faire lever le devant 6c le derrière
, 6c lui donner un bon appui.
Du Pa s . ( l a G uérinière ).
Quoique je regarde le trot comme le fondement
de la première liberté qu’on doit donner aux chevaux
; je ne prétends pas pour cela exclure le pas,
qui a aufli un mérite particulier.
Il y a deux fortes de pas : le pas de campagne
8c le pas d’école.
Nous avons donné la définition du pas de cam- !
pagne dans le chapitre des mouvements naturels , |
6c nous avons dit que c’eft l’aâion la moins élevée,
6c la plus lente de toutes les allures naturelles , ce
qui rend cette allure douce 6c commode, parce que
dans cette aâion , le cheval, étendant fes jambes
en avant, 6c près de terre , il ne fecoue pas le cavalier,
comme dans les autres allures, où les mouvements
étant relevés 6c détachés de terre, on eft
continuellement occupé de fa pofturc, à moins
qu’on n’ait une grande pratique.
Le pas d’école eft différent de celui de campagne,
en ce que l’aâion du premier eft plus foute-
nue, plus raccourcie 6c plus raffemblée ; ce qui
eft d’un grand fecours pour faire la bouche à un
cheval, lui fortifier la mémoire, le rapatrier avec
le cavalier, lui rendre fupportable la douleur 6c la
crainte des,leçons violentes qu’on eft obligé de lui
donner pour l’affouplir, 8c le confirmer à mefure
qu’il avance dans l’obéiffance de la main 8c. des
jambes. Voilà les avantages qu’on tire du pas d’école
; ils font fi grands, qu’il n’y a point de cheval,
quelque bien dreffé qu’il fo it, auquel cette leçon
né fpit très-profitable.
Mais comme un jeune cheval au fortir du tro t,
où il a été étendu 6c allongé , ne peut pas fitôt être
raccourci dans une allure raffemblée , commè celle
du pas djécole ; je n’entends pas non plus qu’on le
tienne dans cette fujettion, avant qu’il y ait été
préparé par les arrêts 8c les demi-arrêts dont nous
Equitation , Efcrime 6* Danfe,
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parlerons dans le chapitre fuivant.
C ’eft donc au pas lent 6c peu raccourci, qu’il faut
mener un cheval qui commence à favoir trotter,
afin de lui donner de l’affurânce 6c de la-mémoire;
mais afin qu’il conferve au pas la liberté des épaules,
il faut le mener fur de fréquentes lignes droites,
en le tournant^ tantôt à droite, tantôt à gauche ,
fur une nouvelle ligne, plus ou moins longue, fui-
yant qu’il fe retient ou s’abandonne. >
Il ne faut pas tourner tout le corps du cheval
fur ces différentes lignes droites, mais feulement les
épaules, en le faifant marcher en avant,après 1 avoir
tourné..„Cette manière de tourner les épaulés au
pas fur de fréquentes lignes droites aux deux mains
indifféremment, fans aucune obfervation de ter-
rein , que celle de tourner 6c aller droit,J fuivant
la volonté du cavalier, eft bien meilleure que
celle de mener un cheval fur un cercle ; parce que,
fuivant cette méthode , on tient toujours les hanches
fur la ligne des épaules ; 8c fur la ligne du cercle
, le cheval eft couché & hors de la ligne droite.
Il* faut pourtant revenir au cercle, lorfque le cheval
fe roidit, s’endurcit, ou fe défend à une main :
c’eft le feul remède, aufli le regardai-je comme un
châtiment ; 6c c’eft pour cela que je confeille de
remettre à la longe tout cheval qui fe défend dans
les commencemens qu’on le dreffe : cette punition
fait plus d’effet, 6c corrige plus un cheval, que
touts les châtiments qu’on pourroit lui faire en
liberté.
Quoique la leçon de mener un cheval fur de
nouvelles 6c fréquentes lignes droites foit excellente
polir former un cheval à tourner avec facilité
, il faut, quand il fera obéiffant à cette leçon ,
6c qu’on en voudra faire un cheval de promenade,
le mener fur une longue 6c feule ligne droite, afin
de lui donner un pas étendu 8c allongé, le tournant
feulement de temps en temps, pour lui coa-
ferver l’obéiffance de la main, & la foupleffe des
épaules. Mais il faut pour cela le mener en pleine
campagne ; le terrein d’un manège eft trop borné.
Si on s’apperçoit que le pas foit contraire au naturel
d’un cheval pareffeux 8c endormi , parce
qu’il ne fera point encore affez affoupli, il faudra
le remettre au trot vigoureux 6c hardi, 8c même
le châtier des éperons 8c de la gaule , jufqu’à ce
qu’il prenne fin pas fenfible 6c animé. ( La Guérinière
).
D u Pas d’école. ( D u pa t y ).
Ce n’eft point à une allure prompte 6c étendue
qu’on peut commencer à placer le cheval : plus il
il va vite , plus il eft difficile de le maintenir dans
fon équilibré. Il falloir donc trouver une démarche
dans laquelle le cheval, étant uni,, bien d’accord
, placé félon les indications de la belle nature ,
pût développer fes membres les uns après les autres
, 6c fléchir chaque articulation félon les defirs
du cavalier inftruit 8: adroit.
Le pas d’école eft up pas plus foutenu, plus rac-
F £